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IMPRIMERIE IMAGES : conserver l’esprit social et solidaire

mercredi 9 juin 2010 par Rédaction

L’imprimerie Images existe depuis 1985. D’abord sous forme d’association à vocation d’insertion sociale professionnelle, ce statut s’est vite avéré pénalisant pour la bonne marche de l’entreprise. En 2000, les salariés se sont posé la question d’une transformation de statut afin de pérenniser l’activité. Pour conserver la philosophie économie sociale et solidaire qui régnait au sein de l’organisation, le statut de SCOP s’est vite imposé. Et c’est ainsi que pour la première fois en France, une association se transformait en SCOP.

Philippe Lassalle gère Images et se félicite chaque jour d’être en SCOP. "Aujourd’hui, nous sommes 5 coopérateurs sur 9 personnes travaillant dans l’imprimerie et l’atelier de PAO. Nous continuons notre vocation d’entreprise d’insertion" explique t’il.

CDDE : Pour vous, quels sont les avantages de la SCOP ?

Philippe Lassalle : Si je compare au statut associatif, la SCOP nous offre plus de souplesse. Les circuits de décision sont beaucoup plus courts, plus besoin de réunir le conseil d’administration pour investissement à réaliser. Les associés coopérateurs se réunissent plus souvent et les discussions sont plus "saines". Dans un tout autre registre, le choix du statut SCOP nous a entouré de toute une organisation solidaire autour de la finance. Nous avons pu réaliser d’importants investissements dans le parc machines grâce à la confiance de la banque, le Crédit Coopératif.

Nous avons également gagné une reconnaissance sociale en tant qu’entreprise notamment au niveau des chambres consulaires en nous inscrivant à la Chambre de Métiers. Enfin, nous avons un bail commercial ce qui nous protège.

Pour l’entente dans l’entreprise, l’identification d’un "patron" était plus simple à vivre. En devenant coopérateur, c’était aussi développer la responsabilité individuelle et prendre en main sa propre entreprise
Aujourd’hui, face à la crise, la SCOP permet de mieux résister. Nous gérons notre imprimerie comme une entreprise familiale. Ce n’est pas neutre, ça change la conception du travail. S’il faut faire des heures en plus, venir travailler un week-end, personne ne rechigne. Nous nous serrons les coudes.

CDDE : Et quelle est la différence par rapport aux autres statuts d’entreprise ?

Philippe Lassalle : dans les grandes lignes, les décisions sont les mêmes. Dans toute entreprise, il y a un comité d’administration qui donne les grandes directives. En SCOP, c’est pareil, le gérant assume ses responsabilités pour la gestion courante et réunit ses associés coopérateurs pour tout investissement important.
Par contre, la différence se retrouve dans le rapport de force au niveau des parts sociales de chacun : une part = une voix. De fait, nous expliquons plus et nous devons convaincre car au final, il y a vote de chacun. C’est un peu comme une assemblée politique...
La décision commune est plus pesée. Elle apporte plus de force qu’une décision unilatérale.

CDDE : Quelles sont les avantages du statut SCOP ?

Philippe Lassalle : Ce n’est pas le statut d’une entreprise qui fait sa richesse, ce sont les personnes à l’intérieur ! Le rapport social n’est pas le même donc il faut avant tout aimer partager avec les autres. Par contre, il est vrai que la coopérative ouvrière est basée sur le fruit du travail donc la rémunération est en lien direct . L’outil appartient au collectif, c’est une bonne chose. Si je pars à la retraite, cela ne lèsera pas les coopérateurs. Autre avantage, le patrimoine industriel est exonéré de taxe professionnelle car il n’appartient à personne en propre. En contrepartie, nous finançons chaque année une vérification de statut pour s’assurer que les règles SCOP soient bien respectées.

CDDE : Et quelles sont vos relations avec l’Union régionale des SCOP Midi-Pyrénées ?

Philippe Lassalle : Lors de la transformation de l’association en SCOP, l’UR SCOP nous a accompagnés tout au long de la procédure. Elle a mis à notre disposition un juriste. Elle nous a également aidés pour le montage financier grâce au crédit SOCODEN.

Enfin, l’Union nationale des SCOP est organisée en trois grandes fédérations : BTP, communication, industries mécaniques et électriques, communication. La force du réseau nous permet de bénéficier de tarifs spécifiques notamment dans l’approvisionnement papier, encre etc...

Ensuite, en cas de coup dur, nous pouvons appeler n’importe quelle autre imprimerie en SCOP. Elle nous aidera. C’est intrinsèque au gens des SCOP. On est en recherche de solidarité et de structuration de groupe plutôt que de concurrence.

CDDE : les inconvénients de ce statut ?

Philippe Lassalle : Le risque de monter une SCOP est de ne pas trouver un collaborateur qui se "moule" à la philosophie SCOP. La participation est un concept que nous avons en nous dès le départ. Du coup, si l’entreprise repose seulement sur un ou deux coopérateurs, notamment en cas de coup dur, cela amène forcément une mauvaise ambiance et la SCOP ne tient pas.
Enfin, le " jusque boutisme " empêche parfois de prendre de mauvaises décisions surtout si elles doivent être radicales comme le licenciement d’un coopérateur. C’est malheureusement parfois nécessaire pour sauver la structure.

CDDE : Et l’avenir ?

Philippe Lassalle : Je pense que le statut SCOP devrait se développer beaucoup plus dans la vie économique française. Pour ma part, cela fait 25 ans que je fais de l’économie sociale et solidaire notamment avec l’insertion professionnelle, j’ai donc développé une certaine philosophie qui me permet de penser que tous les problèmes sont surmontables. Ils le sont d’autant plus facilement si nous travaillons dans un esprit de coopération et de solidarité.