ALTAÏR : un statut qui nous réussit !
La Scop Altaïr, clôture cette année sa dixième année d’exercice. Bureau d’étude spécialisé dans les politiques de l’habitat et du logement, Altaïr s’est engagé auprès des élus et aux côtés des collectivités locales pour travailler au développement des territoires. Présente sur les départements des Hautes Pyrénées, du Gers, des Pyrénées Atlantiques, mais aussi plus largement sur le grand Sud, cette entreprise a montré son efficacité et son professionnalisme dans ses missions d’expertise et d’animation.
• CDDE : Présentez-nous la SCOP Altaïr ?
Nicole Gibaud : Altaïr a été créé en octobre 1999. Nous assistons les collectivités locales et les organismes institutionnels dans la définition et la gestion des politiques de l’habitat et du logement. Notre activité est large et à la fois très spécialisée puisque l’habitat est au centre d’une organisation spatiale. Si notre action est limitée au territoire local, elle s’inscrit dans le global, de la même façon, nous sommes tout à la fois dans la prospective comme dans l’opérationnalité immédiate.
• CDDE : Quelle est votre histoire ?
Nicole Gibaud : Brièvement, au départ nous étions 3, nous venions d’être licenciées d’une association régionale qui se restructurait et qui ne nous offrait pas de possibilités de reclassement sur le département des Hautes Pyrénées. Or nous savions, par nos parcours professionnels, par nos réseaux, qu’il y avait un potentiel d’activité et nous y avions notre place. De plus, nous étions fortement encouragés par des élus et des responsables d’organismes institutionnels à reprendre l’activité laissée par l’association. Le marché était là, nos réseaux étaient actifs, il suffisait que nous nous lancions !
En 2002, nous nous sommes retrouvées à deux (Francine et Nicole) et très vite nous avons cherché à recruter. Nico a intégré Altaïr en 2005 et Lucie en 2007, ils sont devenus associés de la SCOP très rapidement après leur embauche.
Aujourd’hui, 10 ans après sa création, nous avons constitué une équipe pluridisciplinaire : Francine Touzaa Castex et Nicole Gibaud associées fondatrices respectivement sociologue et architecte, Nico Dembinski aménageur et Lucie Boscq géographe.
• CDDE : quelles valeurs vous ont séduit dans le statut SCOP ?
Nicole Gibaud : Le statut SCOP a été un choix délibéré, nous avions eu l’occasion de tester les limites de l’associatif dans le champ économique (conseil d’administration omnipotent, cadre fiscal flou,…) et nous voulions pouvoir contrôler totalement notre outil de travail. Par ailleurs, le statut SCOP nous permettait de porter nos valeurs, nos ambitions et notre projet d’entreprise (gestion démocratique, salariat co-entreprenarial, épargne salariale, répartition équitable du résultat,..). La logique d’organisation que nous imposait le statut SCOP nous a largement séduite.
• CDDE : la gestion au quotidien est-elle simple ?
Nicole Gibaud : Nous avons choisi d’aller au bout de ce que ce statut nous permet de réaliser. Par exemple, nous pratiquons une gestion tournante ainsi, tous les 3 ans, chaque associé prend à tour de rôle la fonction de gérant. Ça permet d’une part, à chaque associé de se pencher sur la gestion comptable et d’autre part, de partager la charge de l’administratif qui reste relativement lourd. Pendant cette période le gérant est juridiquement responsable, mais il a avant tout une fonction d’organisation. Ce fonctionnement oblige chacun de nous à ne pas se reposer sur une seule personne, à intégrer les rouages de l’entreprise.
Autre exemple : chez nous, tous les associés perçoivent la même rémunération qu’ils aient 5 ou 20 ans d’expérience, qu’ils soient gérant ou chargé de mission ! Nous partons du postulat que tout le monde a la même valeur, ce qui nous permet d’être exigeants les uns envers les autres !
Les décisions qui déterminent le futur de l’entreprise (orientations, marchés, formation,…) sont prises collectivement et l’organisation de notre SCOP permet cette collégialité. Bien évidemment le préalable à tout ce processus étant que tous les salariés deviennent associés et qu’à l’inverse il n’y ait d’associé qui ne soit pas salarié !
Concernant le travail proprement dit, nous partageons la responsabilité d’études et d’opérations selon nos expériences, les territoires et suivant nos plans de charge !
• CDDE : Avez-vous fait appel à l’union régionale des SCOP Midi-Pyrénées pour monter votre dossier ?
Nicole Gibaud : Lorsque nous nous sommes créés, le réseau Scop a été efficace puisque l’Union Régionale nous a permis de constituer les statuts en un mois (stage de créateur de sSop compris !). Pour le montage financier, nous n’avions que peu de besoins, nous avons commencé avec notre matériel informatique, du matériel d’occasion, un loyer très bas … Par contre, le CDDE nous a permis de financer une trésorerie, nous avions emprunté 35.000 F (à 0%) chacune en fond propre. Depuis le début nous nous sommes attachés les services d’un expert comptable et d’un cabinet social.
• CDDE : avec le recul, quel regard portez-vous sur ce statut ?
Nicole Gibaud : Aujourd’hui, force est de constater que le statut
SCOP nous réussit. Notre équipe se construit sur le respect, la solidarité, la bienveillance.
Nous nous revendiquons entreprise du "social business", c’est à dire que contrairement aux associations, fondations ou autres organismes à but non lucratif dépendantes de financements extérieurs, nous sommes une entité auto-suffisante financièrement. Mieux ! Nous cherchons à être rentable, dans le but d’atteindre un objectif de mieux-être social et de maximiser notre impact positif sur un système, sur un territoire.