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Le point avec Philippe Bigot, directeur de la banque de France à Tarbes, sur la conjoncture économique dans le département des Hautes-Pyrénées

vendredi 23 septembre 2022 par Rédaction

Bonne résilience de l’activité pour 2022 en région Occitanie

Enquête réalisée par la Banque de France auprès d’un panel représentatif de 1400 chefs d’entreprise 1

À l’occasion de la publication des résultats régionaux de l’enquête BDF sur les atterrissages d’activité des entreprises en 2022, Philippe Bigot, directeur départemental, a évoqué, ce jeudi après-midi, lors d’une conférence de presse, la situation économique et financière du département des Hautes-Pyrénées, au travers divers indicateurs régulièrement suivis par l’institution. En préambule, il a commenté une enquête réalisée par la Banque de France auprès d’un panel représentatif de 1400 chefs d’entreprise

Dans un environnement marqué par de fortes incertitudes, les chefs d’entreprise de la région OCCITANIE, interrogés par les services de la Banque de France en juillet et août, révisent à la hausse leurs prévisions, formulées en début d’année, de chiffre d’affaires pour l’année 2022, dans l’industrie (+8% en 2022 soit +2 points par rapport à la prévision de début d’année) et dans les services marchands (+11% soit +3 points). En revanche, le secteur du bâtiment abaisse d’1 point ses prévisions de chiffre d’affaires qui s’établissent désormais à +2%.

En raison des fortes tensions sur le marché du travail et de perspectives d’activité moins favorables, les recrutements programmés sur l’année 2022 par les chefs d’entreprises ont été revus à la baisse dans l’industrie (+1% soit - 2 points). En revanche, les effectifs seraient renforcés dans les services marchands (+6% soit +2 points). Enfin, le bâtiment ne prévoit plus la hausse modérée de ses effectifs annoncée en début d’année (0% soit -1 point). De leur côté, les programmes d’investissement ont été revalorisés dans l’industrie et les services marchands. Cette dynamique d’investissement est soutenue par la filière aéronautique, alors que les prévisions sont revues à la baisse dans le BTP. Enfin, les projections de rentabilité d’exploitation formulées en début d’année par–les chefs d’entreprise des trois secteurs étudiés, industrie, services marchands et bâtiment, ont été fortement dégradées.


(1) Enquête réalisée en juillet-août 2022 par la Banque de France auprès d’un échantillon de 1400 entreprises et établissements de la région Occitanie (secteurs Industrie, Services marchands et BTP), pour un effectif total de 173 390 personnes. Les secteurs du commerce ne sont pas inclus dans l’étude.

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Le point sur la conjoncture économique
dans le département des Hautes-Pyrénées

Comment se porte l’économie française ?

Dans un environnement économique toujours très difficile et incertain (crise énergétique, difficultés d’approvisionnement et de recrutement), l’activité continue globalement de résister. En effet, selon les chefs d’entreprise participant à l’enquête nationale de la Banque de France (environ 8 500 entreprises ou établissements), l’activité au mois d’août a progressé, légèrement dans l’industrie et plus nettement dans les services marchands ; elle est en revanche quasi stable dans le bâtiment.

Pour le quatrième mois consécutif, les difficultés d’approvisionnement se tassent, cette fois plus nettement ; elles restent néanmoins élevées dans l’industrie (51 % en août après 57 % en juillet) et le bâtiment (43 % après 48 %). La hausse des prix des produits finis ralentit. Les difficultés de recrutement s’établissent à un niveau encore élevé (57 % après 58 %).

Pour le mois de septembre, notre indicateur d’incertitude repart à la hausse ; les chefs d’entreprise remontent leurs inquiétudes quant à la problématique énergétique (prix et disponibilité) et au comportement de consommation des ménages, en lien avec l’inflation. L’érosion des carnets de commandes dans le bâtiment et de certaines trésoreries constituent également des signaux de vigilance pour les prochains mois. Dans ce contexte, les chefs d’entreprise anticipent néanmoins une légère progression de l’activité en septembre.

Après un premier trimestre 2022 marqué par la vague épidémique Omicron et le début de la guerre en Ukraine, la croissance s’est montrée plus dynamique que prévu au deuxième trimestre, pour atteindre 0,5 % par rapport au trimestre précédent. Après avoir été stable en juillet, le PIB augmenterait en août puis en septembre. Dans un contexte toujours très incertain, nous estimons à ce stade que la progression du PIB pour le troisième trimestre 2022, par rapport au trimestre précédent, pourrait s’établir autour de + 0,3 %. Selon les projections de la Banque de France, l’économie française devrait traverser trois périodes bien distinctes : une résistance meilleure que prévue au cours de la plus grande partie de l’année 2022 (anticipation de croissance de 2,6%), un net ralentissement à partir de l’hiver prochain dont l’ampleur est entouré d’incertitudes très larges (anticipation de croissance de -0,5% à +0,8% en 2023) et une reprise attendue de l’activité économique en 2024 (anticipation de croissance de +1,8%). À travers ces trois années, l’économie française montrerait une résilience de l’emploi, du pouvoir d’achat des ménages et du taux de marge des entreprises : au-delà des variations de court terme, chacune de ces trois variables serait meilleure en 2024 que dans la situation pré-Covid.

L’inflation va-t-elle continuer d’augmenter en France ?

La hausse de l’inflation mesurée par l’IPCH (indice des prix à la consommation harmonisé) s’est poursuivie atteignant 6,6% en août. Cette inflation élevée est en majeure partie directement imputable aux prix de l’énergie dont la hausse a été amplifiée par la guerre en Ukraine. Mais les autres composantes de l’inflation s’affichent aussi toutes en progression avec une transmission des prix de l’énergie aux prix des biens manufacturés, de l’alimentation et des services de transport. Les projections de la Banque de France tablent sur une inflation totale qui évoluerait à 5,8% en moyenne annuelle en 2022. Ce niveau élevé resterait néanmoins le plus bas de la zone euro grâce notamment à la mise en place du bouclier tarifaire qui permet de plafonner l’évolution des prix du gaz et de l’électricité. Dans notre scénario de référence pour l’année 2023, l’inflation d’ensemble de la France devrait évoluer autour de 4,7% en moyenne du fait de la diminution progressive du bouclier tarifaire, d’une normalisation très progressive des prix des biens alimentaires et des produits manufacturés et d’une hausse des prix dans le secteur des services entretenue par des revalorisations salariales. En 2024, dans un contexte d’accalmie sur les prix des matières premières énergétiques et alimentaires, l’inflation totale se replierait à 2,7% en moyenne annuelle compte tenu d’une inflation sous-jacente qui reviendrait à 2,5%.

L’économie régionale est-elle engagée dans la même dynamique ?

En août, l’activité industrielle s’est globalement stabilisée pour le second mois consécutif malgré le repli constaté dans l’industrie agro-alimentaire et les autres produits industriels. Soutenue par le dynamisme de la demande domestique, la croissance de l’activité des services marchands a de nouveau accéléré. Enfin, la production du BTP a légèrement progressé.

Du fait des difficultés de recrutement et de l’importance du « turn-over », l’augmentation des effectifs ralentit. De nouvelles hausses des prix des produits finis ont été passées qui compensent partiellement les hausses de matières premières et de l’énergie. L’opinion des chefs d’entreprise sur la situation de trésorerie se dégrade et des tensions sont ponctuellement apparues dans la majorité des secteurs couverts par l’enquête.

Pour septembre, les chefs d’entreprise anticipent une progression de la production dans les trois secteurs étudiés (industrie, BTP et services marchands), progression accompagnée de nouvelles hausses de prix et des effectifs.

Quels sont les principaux enseignements à tirer de l’enquête régionale de la Banque de France réalisée en juillet et août dernier auprès d’un panel de 1.400 chefs d’entreprises ?

Dans un environnement marqué par de fortes incertitudes, les chefs d’entreprise de la région Occitanie révisent à la hausse leurs prévisions, formulées en début d’année, de chiffre d’affaires pour l’exercice 2022 dans l’industrie (+8% en 2022 soit +2 points par rapport à la prévision de début d’année) et dans les services marchands (+11% soit +3 points) du fait, pour partie, d’un effet prix intégrant des revalorisations tarifaires. En revanche, le secteur du bâtiment abaisse d’un point ses prévisions de chiffre d’affaires qui s’étalonnent désormais à +2%.

En raison des fortes tensions sur le marché du travail et de perspectives d’activité moins favorables, les recrutements programmés sur l’année 2022 par les chefs d’entreprises ont été revus à la baisse dans l’industrie (+1% soit -2 points). En revanche, les effectifs ont été renforcés dans les services marchands (+6% soit +2 points). Enfin, le bâtiment ne prévoit plus la hausse modérée de ses effectifs annoncée en début d’année (0% soit -1 point). De leur côté, les programmes d’investissement ont été revalorisés dans l’industrie et les services marchands. Cette dynamique d’investissement est soutenue par la filière aéronautique alors que les prévisions sont revues à la baisse dans le BTP. Enfin, les projections de rentabilité d’exploitation formulées en début d’année par les chefs d’entreprise des trois secteurs étudiés, industrie, services marchands et bâtiment, ont été fortement dégradées.

Les entreprises des Hautes-Pyrénées connaissent-elles des évolutions conjoncturelles particulières qui les démarquent de la tendance régionale ?

L’activité économique du département est, de manière habituelle, partiellement dépendante du tourisme tout comme de ses services au sens large au premier rang desquels l’hôtellerie-restauration. Son industrie compte également quelques sous-traitants de l’aéronautique.

Au vu de ces spécificités, la reprise d’activité est très fortement différenciée dans le département avec de très belles progressions d’activité pour les entreprises ouvertes à l’international (ferroviaire, médical, ingénierie, ...) et des rattrapages plus ou moins rapides pour d’autres. Ainsi, l’activité des hôtels et restaurants sur le secteur de Lourdes peinera à atteindre, sur l’ensemble de l’année 2022, les deux tiers de son niveau d’avant crise en raison d’une moindre fréquentation de la clientèle de groupes et des touristes étrangers. Il s’agit ici d’une problématique spécifique locale liée à la faiblesse de la demande et au frein plus structurel de l’insuffisance de l’offre de travail disponible particulièrement sensible dans les secteurs des services marchands et du bâtiment travaux-publics.

La hausse généralisée des matières premières et matériaux contraint comme ailleurs les entreprises départementales à revaloriser les tarifs de leurs devis et à ajuster leurs niveaux de marge.

Le financement de l’économie départementale a t-il été correctement assuré ?

Les mesures de soutien public et bancaire (Prêts Garantis par l’État, activité partielle, moratoires fiscaux, sociaux et bancaires, fonds de solidarité, ...) ont permis de soutenir la trésorerie des entreprises. Certaines de ces mesures ont d’ailleurs été prolongées dans le plan de sortie de crise. Sur le plan du financement bancaire, 287 M€ de Prêts Garantis par l’État ont été accordés à 2.316 entreprises du département avec une courbe de distribution dans le temps qui est restée dynamique à la différence des observations au niveau national où un relatif tassement a été observé depuis le printemps 2021. Une deuxième vague de demandes de Prêts Garantis par l’État est intervenue de manière ciblée dans le département notamment sur le secteur de Lourdes ou des compléments de PGE saison ont été mis en place jusqu’en juin 2022. Les TPE du département représentent 83% des entreprises bénéficiaires de PGE pour 43% des montants accordés. Au 31 juillet 2022, sur les 259 M€ de PGE versés .aux entreprises du département, 28,5% sont d’ores et déjà remboursés (24,8% seulement de remboursements au niveau de l’ensemble des entreprises françaises). noter toutefois que le capital restant dû sur les PGE accordés aux entreprises du département intervenant dans le secteur de l’hôtellerie restauration approche les 84% alors que cette proportion est de 71,5% tous secteurs confondus ce qui peut traduire des mises en place de prêts plus tardives mais aussi des plans d’amortissement plus longs. Les demandes de restructuration de PGE au travers du dispositif de médiation du crédit n’ont concerné que deux dossiers dans le département.

À fin juillet 2022, l’encours de crédits bancaires mobilisés dans le département ressort en progression globale de 5,3% à un an d’intervalle (avec des hausses significatives dans l’agriculture, la construction, les, activités immobilières, l’information et la communication et le commerce) et de 36,1% par rapport au 31 décembre 2019. Toujours à fin juillet 2022, les dépôts bancaires des entreprises du département ont augmenté de 15% sur les trois dernières années alors que les crédits ont augmenté de 35%. La dette nette de la trésorerie active des entreprises du département a donc augmenté, à la différence des observations régionales.

Le contexte de sortie de crise présente-t-il des risques de défaillances pour certaines entreprises du département ?

Les défaillances d’entreprises enregistrées par le Tribunal de Commerce de Tarbes sont en progression cumulée de près de 40% sur les huit premiers mois de l’année 2022 (+50% au niveau national).

Cette évolution s’observe dans tous les secteurs, hormis l’agriculture, et pour la plupart des catégories d’entreprises, sans que cela puisse être véritablement analysé d’un point de vue économique car cette évolution est la conséquence directe de la période de confinement sur le fonctionnement des

juridictions commerciales, des évolutions réglementaires qui ont modifié temporairement les dates de caractérisation et de déclaration de l’état de cessation de paiement, des apports de liquidités aux entreprises via les PGE et de l’absence de poursuites de l’URSSAF au titre du recouvrement des arriérés de dettes sociales. La sortie progressive de ces dispositions particulières génère logiquement une progression des défaillances départementales à un an d’intervalle mais ne semble pas encore traduire à ce stade un retournement de tendance, les défaillances cumulées étant encore bien inférieures à celles des années 2019 et 2020.

La période d’inflexion de la courbe départementale pourrait toutefois se situer à l’automne 2022 lorsque les entreprises qui ont bénéficié d’une seconde année de pause dans le remboursement d’un PGE devront commencer à décaisser leurs premières échéances ou assumer de manière pérenne des remboursements plus réguliers.

Quel a été jusqu’ici l’impact des crises récentes pour les ménages du département ? 

Le premier impact se situe au niveau de l’emploi salarié dont la progression de 1,1%, par rapport à la situation pré-Covid, est la plus faible de la région Occitanie du fait principalement de l’absence de reprise d’activité significative dans l’hôtellerie restauration sur le secteur de Lourdes. Cela étant, pour ce qui est des ménages, nous relevons dans le département, à fin juin 2022, une augmentation globale des dépôts à vue sur les comptes bancaires et sur livrets de 13% sur les deux dernières années représentant une accumulation de 400 M€ d’épargne supplémentaire. Comme ailleurs, ce constat résulte principalement d’une épargne forcée durant les périodes de confinement sanitaire et d’une crainte dans l’avenir qui ralentit le rythme de consommation.

Les difficultés de trésorerie des ménages s’inscrivent, de manière globale, en très légère progression : à fin juin 2022, les encours des découverts bancaires des particuliers progressent de 1,4% à un an d’intervalle.

De leur côté, les dossiers de surendettement des ménages déposés dans le département des Hautes-Pyrénées ressortent en diminution de 7 ;2% sur les 8 premiers mois cumulés de l’année 2022 par rapport à la même période de 2021. La tendance de long terme reste orientée à la baisse si l’on considère que la référence n’est pas l’année 2020 ni l’année 2021, marquées par une épargne forcée faute du fait de l’impossibilité de consommer un certain nombre de produits et de services, mais bien l’année 2019. Sur cette base, la diminution cumulée des dépôts de dossiers de surendettement dans le département sur les huit premiers mois de l’année est de 21,5%.



Documents joints

23 septembre 2022
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352.8 kio