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Stado-TPR : Entretien exclusif avec Dom Einhorn

vendredi 12 mai 2023 par Rédaction

ERRATUM : Mille excuses à nos fidèles lecteurs qui étaient en ligne à 6 heures ce vendredi matin et qui n’ont plus retrouvé l’article à 8h30. Il ne s’agit pas d’une pression quelconque pour retirer l’article mais d’une erreur de timing. Ce texte était à usage interne et n’était pas destiné à être diffusé. Plus de trois heures d’entretien demandent énormément de temps pour être retranscrits, souvent mot pour mot. Voici donc l’intégralité de l’interview, non soumise à relecture par Dom Einhorn qui nous a fait pleinement confiance après avoir lu notre premier article sur sa venue et notre respect de la parole donnée.

Le MAKING-OFF : Notre premier article sur la venue de Dominique Einhorn au Stado-TPR, nous avait valu un appel peu amène de Thomas Monzie, l’homme qui est à l’origine de l’intérêt du milliardaire américain pour Tarbes. Après nous être expliqués franchement et longuement au téléphone, nous avons convenu de nous rencontrer autour d’un café dans un établissement de la banlieue tarbaise. Nous nous sommes engagés à ne plus rien publier jusqu’à ce qu’un accord soit trouvé entre Lionel Terré et Dom Einhorn. En homme de parole Thomas Monzie, qui devait être le futur président du Stado-TPR, « première version du projet », nous a tenu informés de l’évolution des négociations, sous réserve d’une entrevue en tête à tête avec l’homme d’Affaires franco-américain, lorsque l’accord aurait été présenté au Maire de Tarbes. Nous devions nous rencontrer mercredi après l’entretien avec Gérard Trémège, mais le temps manquait car M. Einhorn devait aller au TGB et le rendez-vous à été repoussé à jeudi matin. Nous nous sommes retrouvés à 9h30 à « Couleur Café » en compagnie de Thomas Monzie. L’entretien, très cordial et franc, s’est déroulé à bâtons rompus pendant plus de deux heures devant un café, un chocolat chaud et un thé à la menthe. Dom Einhorn est en tenue sportwear décontractée très simple. La poignée de main est franche et cordiale, son regard amical vous fixe droit dans les yeux. La règle du jeu, fixée par nous est très simple, j’enregistre l’intégralité de l’entretien et lui me dit ce qui est en OFF que je m’engage à ne pas divulguer. Dom Einhorn ne me demande pas de lui soumettre l’interview avant parution, la confiance est totale.

J’aime les gens qui ne lâchent pas

Dom Einhorn explique sa venue en Bigorre : « J’ai été contacté tout d’abord par Thomas (Monzie) et ses amis sur un projet sportif omnisport plutôt que rugbystique. Au départ j’étais très sceptique vu ce qui s’était produit à Sarlat et je me suis dit que je n’allais pas me relancer dans ça. Sauf qu’eux, ils ont été très persistants. Ils sont revenus à la charge plusieurs fois, contrairement à d’autres et ça m’a plu. » Homme d’affaires, à la mentalité anglo-saxonne, Dom Einhorn a apprécié cette persévérance qui n’est pas, selon lui, une des qualités principales des Français. « Les gens qui persistent, qui ne lâchent pas, qui sont féroces dans le combat, sont des gens qui m’intéressent. Je suis descendu à Tarbes, on s’est rencontrés et il s’est créé des liens d’amitié avant tout. » Des contacts ont été pris ensuite avec la Mairie et Lionel Terré. Les premiers rendez-vous ont été plutôt froids. « Au fur et à mesure, les choses ont progressé. On s’est revus plusieurs fois, on a pu s’expliquer, on a pu expliquer ce qu’on avait en tête, pour voir si on pouvait travailler ensemble. On s’est focalisés sur nos points forts réciproques et l’idée c’est de les allier pour être plus performants. » Une fois l’accord trouvé il a été présenté à la Mairie pour « que tout le monde soit sur la même longueur d’ondes. »

Apporter des ressources financières supplémentaires

Cet accord prévoit que les dirigeants actuels et la structure sportive restent en place, avec son propre budget. D’ailleurs une réunion est prévue au club la semaine prochaine pour présenter le projet en interne. Dom Einhorn et ses associés interviendront sur le développement commercial avec une structure indépendante financièrement au niveau des salariés. Cette structure indépendante, créée pour démarcher de nouveaux partenaires et apporter des ressources financières supplémentaires, va signer une convention avec le club. « Il nous reste huit semaines pour essayer de dynamiser le plus petit budget de la Nationale 1, pour que le club et le sportif, puissent devenir plus performants. » Une ressource difficile à chiffrer pour l’instant mais qui devrait apporter un plus au Budget initial du club. « L’idée de départ, c’est d’avoir un budget que nous maîtrisons et que nous gérons qui va se greffer sur le budget du club. A nous d’abonder, de quelques centaines de milliers d’euros, peut-être plus sur la saison en fonction du développement commercial et de la liberté qu’on aura de faire notre travail, sur ce qui n’est pas fait aujourd’hui. » Pour autant Dom Einhorn n’entend rien imposer de lui-même et il présentera ses idées novatrices pour qu’elles soient adoptées collégialement, notamment pour faire du club une véritable Marque.

Tisser des liens et faire progresser le club

L’objectif est de faire progresser le club au niveau des résultats et du classement. « L’idée, c’est de faire progresser le club, en comparaison à cette année. Et qui dit progression sportive dit forcément ressources supplémentaires. » Dom Einhorn ne veut pas brusquer les choses et froisser les susceptibilités. « L’idée c’est de continuer à tisser ces liens et de faire progresser ce club. » Au-delà des nouveaux partenaires qui vont être démarchés, Dom Einhorn assure : « Un de mes investisseurs associés ou moi, si j’en ai la possibilité d’ici fin juin, entreront probablement au capital de la SASP, en guise aussi de bonne foi. » Pour lui, tout gros investisseur, doit entrer au Capital. « Je veux être présent au capital du club, pour que les gens sachent que je m’investis dans ce projet à long terme et pas comme un associé qui peut se retirer à n’importe quel moment. C’est très important aussi pour rassurer les partenaires potentiels. Je ne suis pas là aujourd’hui pour disparaître demain. » Dom Einhorn compte sur le soutien des investisseurs étrangers qui l’avaient suivi à Sarlat et qui lui font toujours confiance. Il ne cache pas qu’il n’a pas de relations avec les partenaires locaux ou français parce qu’il a passé vingt-cinq ans en Amérique. « Mon vrai réseau, c’est Etats-Unis d’abord, Canada, Angleterre et dans la moindre mesure l’Allemagne. Je connais avant tout des investisseurs anglo-saxons qui m’ont suivi à Sarlat. »

Un partenariat n’est pas à sens unique

L’homme d’affaires est conscient de la difficulté de recruter des nouveaux partenaires que ce soit à Tarbes ou dans d’autres villes moyennes qui se posent tous la question du retour sur investissement dans un club qui a peu de visibilité médiatique. « Un partenariat, ce n’est jamais à sens unique, il faut que le partenaire ait un retour sur investissement ». Avec des logiciels et des applications qu’il développe au travers de ses sociétés digitales, Dom Einhorn peut apporter cette visibilité, peu exploitée encore en France. La Billetterie électronique permet d’attirer plus de spectateurs qui ne souhaitent pas faire la queue et qui se décident au dernier moment. Et ce, couplé à une application gratuite qui permet d’avertir systématiquement les supporters des dernières actualités du club, de recevoir des promos. « L’outil sera offert aux clubs pour qu’ils puissent se développer. » Une application multi-langues, destinée à l’ensemble des clubs, tous sports confondus, dans la France entière, sous réserve d’un pourcentage sur les retombées financières induites. « En Angleterre une centaine de clubs sont déjà clients, avec un impact qui est mesurable, avec un accroissement en billetterie de 70% en moyenne » assure Dom Einhorn. « Le nerf de la guerre, c’est l’engagement des supporters. » Des supporters qui doivent être « motivés » sans cesse par la communication avec un outil capable de lui fournir, d’un clic, toutes les informations dont il a besoin. « Notre avantage, c’est que nous avons déjà développé ce genre de solutions, qui fonctionnent ailleurs, avec des process qui sont déjà en place. » Au niveau des Entreprises, l’Intelligence Artificielle permet aujourd’hui de mesurer assez précisément leur visibilité du club où ils investissent. La DATA permet de voir le nombre de fois que le Logo de l’entreprise a été vu tous supports confondus (Presse, réseaux sociaux, internet…).

 Dom Einhorn joue cartes sur table

Dom Einhorn ne cache pas ses ennuis judiciaires et joue cartes sur table. « Je suis toujours sous le coup d’un contrôle judiciaire qui m’interdit de gérer jusqu’à la levée de mon contrôle judicaire. » Une interdiction de gestion qui s’étend à toutes les activités commerciales, même du sponsoring et qui pourrait être levée le 22 juin 2023 par le Tribunal de Bordeaux, pour cause de nullité de la procédure, demandée depuis février 2022… Quand on évoque l’Affaire Lescloupé pour lui faire comprendre la méfiance avec laquelle il a été accueilli, Dom Einhorn éclate de rire. « Moi aussi, j’ai mes Lescloupé et à moi aussi ça m’est arrivé de me faire avoir », en allusion à ses tracas judiciaires à Sarlat, partis d’un de ses salariés, condamné par la justice américaine, le 24 octobre 2022, à verser plus de 845 000 $ à Exponential pour escroquerie, vol, appropriation de propriété intellectuelle et détournement de secrets commerciaux. Dom Einhorn, cette fois ému, éprouve le besoin de se disculper de nouveau. « Avant ma mise en examen en France, je n’ai jamais eu le moindre article discriminatoire sur internet, ça m’a fait un choc. » En battant, Dom Einhorn, a décidé de repartir de l’avant à Tarbes pour aller au bout de ses idées de développement sportif autour du digital et du numérique.

Il y a tout à faire en Bigorre

Depuis son arrivée à Tarbes, Dom Einhorn s’est rendu deux fois au TGB, une fois à Pau dans la Loge de Lionel Terré, et à Bagnères. C’est par passion du sport, puisque l’homme d’affaires a joué au basket et il a pratiqué la Boxe Française et même les Arts Martiaux Mixtes à son arrivée aux Etats-Unis. Il est intarissable sur le Basket américain et la MMA, qui a envahi la planète toute entière et qui bat les records d’audience et de fréquentation. Même Tarbes a un club de MMA et deux Bigourdans ont disputé un titre mondial en 2019 à Singapour. Tarbes a même organisé en février dernier « Le Fight Championship » au Parc des Expos. La Bigorre et Tarbes en particulier, ont la particularité d’avoir des clubs de rugby, de basket, de foot, de boxe, etc…, des cols où passe régulièrement le Tour de France, qui intéresse au plus haut point ce passionné de sport et de digital qui a vu tout l’intérêt qu’il y avait à tirer d’un tel potentiel omnisport et touristique. « Ce qui m’intéresse avant tout, c’est l’impact qu’on peut avoir sur ces sports en sachant qu’il y a tout à faire. C’est une feuille blanche au niveau du développement commercial qui est le nerf de la guerre pour les clubs. » Pour avoir rencontré des élus de tous bords de plusieurs villes et des présidents de clubs de divers sports, Dom Einhorn a constaté qu’il y avait « un énorme problème de financement ». L’autre grand problème, bien français, c’est de faire des constats mais pas d’amener des solutions. « En tant qu’entrepreneur, notre job, c’est de mettre des solutions en face des problèmes. »

 Le surplace, c’est la mort

Dom Einhorn n’est pas un philanthrope et il ne s’en cache pas. C’est avant tout un homme d’affaires qui veut développer son business dans le digital au travers d’un club qui doit aussi y trouver des avantages, en termes de retombées financières. « Mon intérêt personnel n’a jamais changé, c’est de développer des équipes pour qu’elles soient performantes. » C’est ce qu’il a réussi à faire à Sarlat, modeste équipe de Fédérale 3, rendue, comme bien d’autres exsangues à cause du Covid. Dom Einhorn tient à remettre les choses en place. « Ce n’est pas moi qui est pris en charge le club de Sarlat, on est venu me démarcher pour donner un coup de main financier et commercial. » Après avoir examiné les comptes et la situation, l’homme d’affaires a décidé de s’engager en apportant son savoir faire pour faire bouger les choses. « Un projet en mode statut quo, ne m’intéresse pas, ce n’est pas dynamique. Le surplace, que ce soit en affaires ou dans le sport, c’est la mort. L’idée c’était vraiment de voir si on arriverait à mixer un projet sportif avec un projet commercial et un développement économique qui tiennent la route. »

Une expérience marquante

Un essai qui a été transformé à Sarlat, avec des retombées économiques pour le club avec un budget passé de 300 000 à 1 200 000 euros et sportives avec vingt-deux victoires sur vingt-deux matchs avec des scores fleuves. Une réussite qui a suscité des jalousies et des rancœurs qui ont débouché sur une mise en examen en février 2022 et les comptes bloqués. Une histoire qui l’a marqué, qui l’a blessé, qui a ruiné sa réputation et son intégrité morale mais dont les accusations pourraient être démontées le 22 juin prochain à Bordeaux. Heureusement l’aventure humaine vécue avec ses joueurs l’ont conforté. Alors qu’il restait six matchs à jouer, les joueurs qui n’étaient plus payés ont mouillé le maillot jusqu’au bout. « Il y a quand même un lien humain qui s’est tissé. Les joueurs ne se sont pas cassés du jour au lendemain. Chapeau à eux. » Des joueurs et un entraîneur qui n’avaient pas été payés depuis le mois de janvier puisque les comptes ont été bloqués en février. « C’est ce qui m’a ému. Je suis un homme d’affaires au départ mais j’ai trouvé dans ce sport une émotion que je n’avais trouvée nulle part ailleurs. »

Sans impact économique aucune richesse n’est créée

Dom Einhorn ne cache pas qu’il compte retirer, à moyen terme des retombées financières de son engagement au service du sport. « Je recherche avant tout d’avoir un impact. Ce qu’il faut comprendre aujourd’hui, c’est que sans impact économique aucune richesse n’est créée. Sans impact économique, le social ne peut pas exister. Il faut bien que la richesse soit créée quelque part pour quelle puisse être récupérée par ailleurs. Je ne me positionne pas en tant que politique mais en tant qu’investisseur. » Un raisonnement que Dom Einhorn souhaite appliquer aux clubs sportifs amateurs qui se meurent faute de solutions internes. « On pointe tout le monde du doigt, les politiques, les chefs d’entreprises, sans prendre le recul nécessaire pour voir vraiment ce qu’il se passe et quelles sont les solutions qu’on peut apporter pour résoudre ces problèmes. Quand je parle d’un projet économique, c’est ça. Si dans cinq ou dix ans, il y a un retour financier, tant mieux. »

L’expertise américaine

C’est ce que compte appliquer Dom Einhorn à Tarbes dans un club professionnel structuré qui est confronté aux mêmes problématiques. L’homme d’affaires croit qu’il est possible « de gagner de l’argent dans le rugby. » Tarbes est l’archétype du club professionnel qui stagne et qui face à des adversaires dont les budgets augmentent sans cesse, est de plus en plus en difficulté au plan sportif. La force de Tarbes, c’est d’avoir un Président qui gère au plus près et qui ne dépense pas l’argent qu’il n’a pas, ce qui réduit les risques de relégation financière mais pas sportive. Pour cela le club a dû réduire drastiquement la part du personnel administratif et cela, malgré les bonnes volontés, se ressent sur le marketing, la communication, ce qui engendre mécaniquement une diminution des recettes (abonnement, billetterie, buvette, repas, partenariat…). Et c’est là que Dom Einhorn peut beaucoup apporter. « Mon expérience business vient des Etats-Unis où un match « des petites ligues » de n’importe quel sport, attire énormément de monde et les sponsors sont partout. » Et d’expliquer que des matchs de Foot Américain, niveau 5ème ou 6ème Division en France, attirent vingt-cinq mille personnes. « Il y a un engouement général qui se cristallise autour de ces petites équipes. Toutes les personnes viennent au Stade en maillot aux couleurs du club. »

L’exemple sarladais

Cet engouement, Dom Einhorn a su le provoquer à Sarlat en ouvrant une cinquantaine de boutiques partout en ville, avec des maillots attrayants et toute une gamme de produits dérivés. Des points de vente aussi divers que dans des grandes surfaces alimentaires ou de Bricolage, des débits de Tabac, des petits commerces… « Tout cela ne se produit pas du jour au lendemain » explique l’homme d’affaires. « C’est une question d’offre et de demande. » D’où l’importance d’avoir accès à une large gamme d’une soixantaine de produits accessibles facilement dans de multiples points de vente ou sur internet, vendus dans une cinquantaine de pays. Un long travail de fonds qui a fini par payer en moins de deux ans à Sarlat, « avec 150 000 euros reversés au club dès la première année. » Un dynamisme qui a attiré de nouveaux partenaires locaux et étrangers. Le modèle de Sarlat, était de confier la partie marketing à des joueurs pluriactifs, salariés dans la Société créée par Dom Einhorn et qui lui a valu une partie de ses ennuis judiciaires. Un modèle économique inédit, au niveau amateur, qui a déclenché la foudre judiciaire.

Considéré comme un étranger

Une mentalité américaine qui a du mal à passer en France et qui est aussi à l’origine de ses soucis judiciaires où les solutions apportées détonnaient dans un monde amateur de rugby de clocher, dans un environnement rural où on se méfie de tout ce qui est étranger et américain de surcroit. Surtout quand on dérange le microcosme local en chamboulant tout le système économique local en place depuis des dizaines d’années. Dom Einhorn a aussi été déçu d’être considéré à Sarlat comme un étranger. « On m’appelait l’Américain, alors que je suis né en Alsace et on appelait mon épouse la Chinoise, alors qu’elle est Vietnamienne d’origine et qu’elle a grandi aux Etats-Unis. »

Propos recueillis par Jean-Jacques Lasserre