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Philippe Dintrans a été fait chevalier de la Légion d’Honneur
Beaucoup de monde vendredi soir sous le chapiteau du stade Maurice Trélut pour la cérémonie de remise de la Légion d’Honneur à Philippe Dintrans, une grande figure du rugby national et international. Il y avait bien sûr sa famille, de nombreux joueurs (notamment les anciens du Stado) qui l’ont côtoyé tout au long de son épopée ovalistique, ses entraîneurs, le président de la Fédération Française de Rugby Pierre Camou, des amis supporters, les personnalités du monde politique et économique et surtout Pierrot Châ qui est un peu son père spirituel, l’ayant vu grandir en tant que voisin et Jean Glavany. Ce sont tous les deux qui ont demandé cette distinction dont Philippe Dintrans est particulièrement fier. Le colonel Nabias, président de la Société des membres de la Légion d’honneur des Hautes-Pyrénées, Jean Glavany ont prononcé deux allocutions puis Pierrot Châ a décoré son ami Philippe, empreint d’émotion.
L’allocution de Philippe Dintrans
L’ancien capitaine du XV de France a retracé toute sa carrière. Il l’a fait avec humour. Voici ci-dessous de larges extraits de son allocation :
« Merci Jean, Merci Pierrot de m’avoir épinglé,
Je vous remercie à tous d’être là aujourd’hui où je reçois la plus haute distinction de l’Etat.
Pour moi, c’est un très grand honneur qui vaut bien un bouclier de Brennus.
Je vous avoue que j’en suis très fier !
J’ai bien évidemment une pensée pour celui qui m’a amené à l’école de
Rugby : Mon Grand Père, Henri Capdecomme, qui s’inquiétait de me voir rester dans les jupes de ma mère à faire du canevas.
J’avais 10 ans, j’étais très introverti et très timide.
Mon grand-père, mon père et mon oncle ont tous joué et ils souhaitaient
aussi que je partage avec eux les valeurs du rugby, toutes les valeurs
du rugby !!!
Ô combien ils ont eu raison !!
Une passe, un plaquage, le lien était fait avec ce sport.
J’étais né pour être sur un terrain de rugby.
J’ai eu la chance de rencontrer des entraineurs qui nous mettaient en situation de jeu, le plus important pour profiter pleinement de sport. De Jeannot PEREZ, Dédé BERGES quand j’étais benjamin, minime, Cadet, au Stado, à Jacques FOUROUX quand j’étais international, en passant par Mitou Fourcade, Pierrot Châ, Jeannot Sillières, Nono Dargelès, Gérard Fournier et Paul Cassagne, je reconnais que j’ai eu de bons entraineurs.
Quand j’étais Cadets, j’ai inventé alors le terme « La vaillantise » (par rapport à la fainéantise)
Cette qualité m’a suivi tout au long de ma carrière !!
A mon entrainement de Junior, à la mi- temps, Nono Dargelès « Toi le petit blondinet tu passes de l’autres coté »
L’autre côté c’était l’équipe type des juniors du Stado !!
Le défi a été relevé, j’ai gagné ma place !
D’ailleurs en rentrant manger le poulet dominical, mon père voyant mon visage tuméfié, i1 m’a demandé si je m’étais battu. Non, Papa, j’ai juste joué et gagné ma place.
Je passe une enfance dorée grâce à mes parents qui me donnent tout !!!.
Comme dis Maurice TOESCA « la vraie richesse c’est le superflu du nécessaire ».
Je n’ai manqué de rien.
Au Stado, on joue, on s’amuse, tout est léger, mais tout reste très sérieux sur le terrain avec un grand sentiment de liberté.
On nous donne certes, un cadre de jeu mais on déborde très souvent.
Je vivais pleinement chaque entraînement comme un match, sans me retenir et je pense avoir fait mal à quelques-uns de mes partenaires de jeu quand on travaillait en opposition !!
N’est-ce pas José Estebanez et Jacques Schneider !!
J’ai toujours été fidèle au STADO et j’ai aussi demandé à mes amis de rester avec moi, quand bien même ils auraient pu avoir une grande carrière ailleurs.
Michel Hondagné, Thierry Janeczek, nous avons été récompensés en 1988 !!
J’ai eu aussi l’honneur de porter les couleurs de la France, ce maillot bleu frappé du coq gaulois, partout dans le monde.
Que j’étais fier d’être Français !
En 1978, l’été va commencer, Midol sort dans le secret des dieux la composition de l’équipe de France : j’en suis !!!
C’est la grande pour la Tournée : Japon, Hong Kong et Canada
Incroyable mais vrai !!
Je côtoie ceux de 77 : RIVES, PAPAREMBORDE, BERTRANNE
1979 : Tournée All blacks
14 juillet : Jean-Pierre téléphone à ma mère à laquelle je peux dire « je ne sais pas si je serai bon mais je serai vaillant »
Vaillant, vaillant, vaillantise...ce mot que j’ai inventé quand j’étais môme pour motiver mes petits copains de jeu.
J’embrasse l’arbitre à la fin du match. La seule et dernière fois !!!
Le maillot d’Andy Dalton est d’ailleurs derrière moi aujourd’hui.
Il y a eu aussi le CREPS de grands moments, avec Jacques GRATTON, BERBIZIER, PAPY FORT, JANECZEK ...
Ma vie de sportif, est passée aussi par le bataillon de Joinville où j’ai passé de fabuleux moments avec d’autres grandes pointures du rugby, FORT GRATTON et le petit nouveau MONTSARRAT.
1980 : Tournoi des 5 nations avec PACO, qui n’est pas présent au dernier match et m’appelle pour me dire qu’il arrête !
On parle, on parle, je raccroche et je crois rêver je prends sa place !
L’Angleterre nous bat et je redescends vite les pieds sur terre.
Eté : Tournée en Afrique du sud 1er match de mon ami Serge Blanco Mon 1er essai et dernier, mais pas pour Serge.
1981 : Grand Chelem. Revanche chez les Anglais à Twickenham sur leur terrain et 3ème mi-temps avec mon ami Peter Wheeler. Toute l’équipe reste à Paris le dimanche sur l’initiative de Jean-Pierre Rives
Tournée en Australie
A mon retour, c’est la triste nouvelle. Mon grand-père, Papi CAPDECOMME qui m’a amené au rugby est décédé alors que j’étais en tournée.
1982 : Beaucoup de difficultés dans le tournoi.
Les Irlandais viennent faire le grand Chelem
Naissance de ma fille Camille
On récupère les grognards Paparemborde et JF Imbernon
Début du Zèbre : 2 tests match ensemble
1983 : Arrivée de Jean Pierre Garuet et arrêt de Patou
1984 : Jean Pierre Rives est énervé, l’arbitre Whiston Jones nous vole le grand Chelem
C’est mon 1er Capitanat en Nouvelle-Zélande. Score 10 à 9
1985
Décembre blessure hernie discale, jambe paralysée
C’est ainsi que le coup du sort, et les ferrasseries m’ont tenu éloigné du terrain pendant quelques années.
Mais c’était sans compter sur ma rage de prendre ma revanche et l’envie rivée au corps que j’avais de jouer de nouveau sous les couleurs de ma patrie.
J’ai pu revenir ainsi au plus haut niveau.
En 1987 Coupe du Monde, je reste invaincu car je ne joue qu’un seul match contre la Roumanie.
1988 : J’attends patiemment sur le banc de reprendre ma place prise par Dubroca.
Finale à Paris Tarbes/Agen avec mes potes
1989 : Retour sur le Tournoi à Paris ! BERBIZIER m’offre mon dernier essai.
1990 : La Ultima à Auch
Naissance de mon fils Jean
1992 : Mon dernier match au Stado
1993 : C’est l’année de mon jubilé.
Moment extraordinaire en communion avec toute la ville de Tarbes Raymond Erraçarret me fait citoyen d’honneur de la ville de Tarbes.
Et le rugby s’arrête là !!
C’est comme si on avait enlevé son piano à un pianiste et qu’on lui dit : « à partir de maintenant tu écoutes ! »
Je ne peux plus jouer, partager, la liberté de créer s’arrête là !!!
Partir en car, partie de cartes, casse-croûtes, une jeunesse glisse vers le souvenir.
Après 23 ans de jeu, commence alors 23 ans dans l’automobile
Dommage que je n’ai pas cotisé au rugby, je serai déjà à la retraite.
Du Prof de Gym pendant 8 ans, en passant par la grande distribution chez mon ami fidèle DARQUIER,( 5 ans) et mon arrivée chez Renault en 1992, du petit timide qui faisait du canevas à aujourd’hui il s’en est passé des choses !!!
Depuis, mes globules rouges ne sont plus en forme de ballon de rugby mais en forme de losange.
Loyauté, partage, abnégation, solidarité, humanité, respect, abnégation... tout cela servi par la vaillantise.
Merci Monsieur CAMOU de maintenir le cap avec ces valeurs ancestrales du jeu de rugby.
J’ai le sentiment depuis toujours d’appartenir à la même communauté d’hommes.
Je remercie tous les joueurs, entraineurs, dirigeants, bénévoles, supporters, ma famille sans lesquels je ne serai pas ce que je suis aujourd’hui ».
Pour terminer, Philippe Dintrans appelait ses amis du XV de France dont Pascal Ondarts, le président Pierre Camou et Tony Marin pour entonner La Marseillaise et retrouver ainsi son jardin secret.
Il ne restait plus alors qu’à partager autour d’un excellent buffet d’agréables moments en la compagnie d’un homme heureux.