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Pascale Phal, directrice de la Banque de France, fait le point sur la conjoncture économique dans le département des Hautes-Pyrénées

mercredi 27 septembre 2023 par Rédaction

Pascale Phal, directrice départementale de la Banque de France, avec à ses côtés son adjoint Yohan Antonio, a fait le point sur la conjoncture économique dans le département après avoir apporté des éléments d’actualité sur l’économie française, l’inflation, et sur l’économie régionale.

Comment se porte l’économie française (1)  ?

Selon les chefs d’entreprise participant à notre enquête (environ 8 500 entreprises ou établissements interrogés entre le 29 août et le 5 septembre), l’activité a progressé en août dans les services et le bâtiment et s’est repliée dans l’industrie, sous l’effet notamment de fermetures estivales prolongées dans certains secteurs. Pour septembre, les chefs d’entreprise anticipent une progression de l’activité dans les trois grands secteurs, avec néanmoins un ralentissement dans les services. Dans l’industrie, la reprise de septembre serait alimentée par le report de productions non réalisées en août dans les secteurs de l’automobile et de l’aéronautique notamment. Au-delà, les carnets de commandes se dégradent à des niveaux en deçà de leurs moyennes de long terme. Les difficultés d’approvisionnement continuent de diminuer dans le bâtiment (10 % des entreprises les mentionnent en août, après 13% en juillet) et dans l’industrie (17 %, après 21 %). Pour le cinquième mois consécutif, les industriels jugent que les prix sont en nette baisse pour les matières premières et que ceux des produits finis se stabilisent. Dans les trois grands secteurs, la proportion d’entreprises ayant augmenté leurs prix le mois précédent continue de reculer et de se rapprocher de ses niveaux pré-Covid. Les difficultés de recrutement reculent quelque peu mais concernent encore la moitié des entreprises (50 %, après 52%). Notre indicateur d’incertitude recule dans le bâtiment et demeure stable dans l’industrie et les services marchands. La situation de trésorerie reste jugée dégradée dans l’industrie et dans les services. Sur la base des résultats de l’enquête, complétés par d’autres indicateurs, nous estimons que le PIB continuerait de progresser au troisième trimestre 2023, mais sur un rythme sensiblement plus modéré (compris entre +0,1 % et +0,2 % en variation trimestrielle, après +0,5 % au trimestre précédent).

L’inflation va-t-elle continuer d’augmenter en France (2)  ?

Par rapport à notre prévision de juin, nous anticipons une croissance cumulée très proche d’ici 2025, mais avec une séquence modifiée : plus élevée en 2023, suivie par une reprise plus progressive. L’économie française parviendrait donc à sortir progressivement de l’inflation sans récession, même si un contexte international peu favorable pèserait sur la reprise. Pour l’année 2023, portée par une croissance soutenue au premier semestre, notre prévision de croissance du PIB est rehaussée à 0,9 %. Ensuite, la révision à la hausse des prix de l’énergie sur notre horizon de prévision, et surtout celle à la baisse de la demande mondiale adressée à la France, nous conduisent à abaisser légèrement nos prévisions pour les années 2024 (0,9 %) et 2025 (1,3 %).

Après avoir atteint son pic début 2023, l’inflation totale continuerait de refluer pour s’établir à 4,5 % sur un an au quatrième trimestre de cette année. En effet, les nouvelles hausses des prix de l’énergie de l’été 23 sont différentes de celles observées en 2022 et seraient, d’après les anticipations actuelles des marchés, temporaires. Au-delà des soubresauts toujours possibles sur les composantes les plus volatiles, l’inflation baisserait clairement sur tout l’horizon de notre prévision, avec une généralisation de la tendance qui s’est enclenchée d’abord sur le prix des biens industriels, puis alimentaires, et qui gagnerait enfin les services. En l’absence de nouveau choc sur les matières premières importées, l’inflation totale reviendrait autour de 2 % en 2025.

L’économie régionale est-elle engagée dans la même dynamique ?

La production industrielle s’est maintenue en août, avec un marché domestique mieux orienté que l’export. Les prix des intrants et des produits finis ont confirmé leur stabilisation. Les effectifs sont demeurés identiques. Les stocks sont généralement importants au regard des commandes en carnets qui s’érodent lentement. Les prévisions de rentrée sont bonnes en matière d’activité stimulée par le report de productions non réalisées dans l’aéronautique, avec des embauches et un maintien des prix. Dans les services marchands, l’activité est restée identique à celle du mois de juillet mais cette stabilité globale masque de fortes disparités sectorielles. Aucune évolution notable n’a été observée en termes de prix ou de trésoreries, qui restent encore équilibrées. Les équipes ont été un peu renforcées. L’activité augmentera dans les prochaines semaines avec des recrutements prévus. Les prix connaîtront une hausse très modérée.

Quant au secteur du Bâtiment, on constate que l’activité a été résiliente dans le second oeuvre et a reculé dans le gros oeuvre par un déficit de la demande et des congés plus longs qu’à l’accoutumée. Les prix des devis ont été peu revalorisés dans l’ensemble. Les effectifs sont restés globalement stables. Les carnets de commandes se sont légèrement contractés. En septembre, l’activité rebondira avec une rentrée dynamique attendue dans le second oeuvre.

Quels sont les principaux enseignements à tirer de l’enquête régionale de la Banque de France réalisée en juillet et août dernier auprès d’un panel de 1.400 chefs d’entreprises ?

La révision des prévisions de début d’année par les chefs d’entreprises d’Occitanie montre une bonne résilience de l’économie régionale et une augmentation des prévisions d’investissement dans un climat général de modération de la consommation des ménages, d’une inflation encore marquée sur l’année, de l’augmentation des taux d’intérêt, et de la poursuite des difficultés de recrutement. Les difficultés d’approvisionnement se sont, elles, largement détendues au cours du 1er semestre. Parallèlement, la rentabilité des entreprises resterait majoritairement préservée même si le solde .d’opinions positives s’amoindrirait en cours d’année.

Les entreprises des Hautes-Pyrénées connaissent-elles des évolutions conjoncturelles particulières qui les démarquent de la tendance régionale ?

L’activité économique du département est, de manière habituelle, partiellement dépendante du tourisme, secteur qui représente plus d’un tiers des revenus du territoire, tout comme de ses services au sens large au premier rang desquels l’hôtellerie-restauration. Son industrie compte également quelques sous-traitants de l’aéronautique.

L’activité des hôtels et restaurants sur le secteur de Lourdes a bénéficié d’une bonne fréquentation, avec un agenda de manifestations sportives et religieuses riches et favorables, notamment durant la période estivale. Les autres secteurs ne semblent pas se démarquer significativement de la tendance régionale.

Le nombre de défaillances a progressé significativement sur le mois de juin 2023 (+14,4% par rapport à mai) et affiche une évolution de +73% sur une année glissante.

Cette reprise des défaillances a été plus tardive sur le département, pour connaître une accélération depuis janvier 2023 et retrouver un niveau de base équivalent à celui de la région.

Cependant le nombre de défaillances n’a pas atteint son niveau d’avant COVID et reste inférieur de près de 19%.

Les secteurs les plus impactés sont : l’Hébergement-Restauration (de façon plus prononcée qu’au niveau régional) et le Commerce-Réparation automobile (de façon à peu près équivalente au niveau régional). Le secteur de la Construction est moins touché au plan département que régional par le nombre de défaillances (en proportion de l’ensemble des défaillances survenues).

Le financement de l’économie départementale a t-il été correctement assuré ?

Sur le plan du financement bancaire, 262 M€ de Prêts Garantis par l’État ont été accordés à 2.706 entreprises du département. Les TPE du département représentent 80% des entreprises bénéficiaires de PGE. Au 31 mai 2023, sur les 262 M€ de PGE versés aux entreprises du département, 42,4% des encours sont d’ores et déjà remboursés (40% au niveau de l’ensemble des entreprises françaises).

L’accès au crédit d’investissement se maintient alors que le financement des besoins d’exploitation se réduit, à l’image de la tendance observée en Occitanie.

À fin juin 2023, l’encours de crédits bancaires mobilisés dans le département ressort en progression globale de 2,9 % à un an d’intervalle (tirée par les activités immobilières, le commerce et l’industrie). Les encours de crédits court terme reculent de 20% globalement, avec une contraction très forte pour les micro-entreprises, et plus contenue pour les PME.

Dans le même temps le montant des incidents de paiement des entreprises dépasse désormais le niveau d’avant crise, avec une forte progression sur une année glissante à fin juillet 2023 (+87%). L’évolution, en nombre est plus réduite (+42%). Le montant par incident est donc plus élevé que l’an passé.

Quel a été jusqu’ici l’impact de la situation économique sur les ménages du département ?
Avec un taux de chômage de 7,7% (donnée provisoire INSEE - trim. 2023), la situation de l’emploi dans le département apparaît plus favorable que celle constatée sur la région Occitanie (taux de 8,5%). L’encours des dépôts des ménages affiche une évolution de +4% sur une année glissante mais s’est stabilisé au mois de juin 2023 (0,06% par rapport à mai), signe d’un ralentissement du rythme de la consommation et du comportement de précaution des ménages dans le contexte actuel.

La distribution de crédits aux particuliers se poursuit sur un rythme de +3,4% en glissement annuel à fin juin 2023 (+2,7% pour les crédits à la consommation et +3,5% pour les crédits à l’habitat), plus contenu qu’au niveau régional et proche du national.

Ces éléments, ainsi que la typologie socio-démographique du département, peuvent expliquer la progression de 3,7 % du nombre de dossiers de surendettement sur les 8 premiers mois de l’année 2023 qui reste contenue et inférieure à celles sur la région (+9,4%) et sur le France (+6,2%).

    (1)Enquête mensuelle de conjoncture Banque de France —septembre 2023

    (2)Publications « Projections macroéconomiques pour la France établies par la Banque de France —septembre 2023

La situation lourdaise


Documents joints

27 septembre 2023
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