Site d’informations en ligne, sur Tarbes et le Grand Tarbes

  Informations Lourdes et Grand Tarbes  Informations Lourdes et Pays de Lourdes  Informations Bagnères de Bigorre  Informations Argelès-Gazost Vallées des Gaves  Informations Pays de Lannemezan  Information Pays du Val Adour  Informations Hautes-Pyrénées     
         

Les salariés de la Polyclinique en grève mardi pour demander la réintégration d’une collègue

vendredi 3 mars 2017 par Rédaction

Les salariés de la Polyclinique de l’Ormeau-Pyrénées à Tarbes ont voté une journée de grève mardi 7 mars 2017. Ils réclament la réintégration d’une collègue licenciée pour un motif qu’ils jugent abusif. Ils estiment que le protocole d’accord de fin de conflit n’est pas respecté par la direction, concernant les conditions de travail et le climat de reprise d’activité. La manifestation organisée mardi à Tarbes par l’intersyndicale CGT-FO-Solidaires des personnels de santé des Hautes-Pyrénées débutera devant la clinique de l’Ormeau-Centre à 9h45, avant de se diriger vers l’ARS, puis vers l’Hôtel de Ville. De son côté, la direction de la Polyclinique réfute les accusations de mauvaise volonté concernant l’application de l’accord. Et elle renvoie son personnel à l’arbitrage du Conseil des Prud’hommes.

Une salariée de la Polyclinique de l’Ormeau-Pyrénées, âgée de 54 ans, présente au sein de l’établissement depuis 15 ans, et participante à la grève de 64 jours cet automne, vient de se voir notifier par la direction son licenciement pour « faute grave ». Une mesure jugée abusive par la CGT, principal syndicat présent au sein de la Polyclinique, et par de nombreux salariés. Réunis en assemblée générale jeudi soir, ils ont voté la grève pour le mardi 7 mars 2017, à l’occasion de la Journée nationale d’action des personnels de santé. Objectif : demander la réintégration de leur collègue, ainsi que l’application du protocole de fin de conflit signé le 10 janvier 2017 par la direction et par la CGT. Une manifestation à l’appel de l’intersyndicale CGT-FO-Solidaires partira ce mardi de la clinique de l’Ormeau-Centre à 9h45. Elle rassemblera les salariés de la Polyclinique et les personnels des hôpitaux et des autres établissements privés des Hautes-Pyrénées. Le cortège fera étape vers 10h devant le siège de l’Agence Régionale de Santé de Tarbes, puis se dirigera vers l’Hôtel de Ville. Plusieurs prises de parole s’y dérouleront entre 11h et 13h, émanant des syndicats de personnels de santé et des syndicats de la fonction publique.

Le torchon brûle donc à nouveau entre la direction de la Polyclinique de l’Ormeau-Pyrénées et les ex-grévistes, toujours soutenus par la CGT. « Le Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail (CHSCT) a saisi Monsieur Cyril Dufourcq, notre directeur, pour une situation de danger imminent », révèle Laurence Charroy, secrétaire générale du syndicat CGT de la Polyclinique. « Les conditions de reprise du travail ont été mauvaises. Dans de nombreux services, les absences non remplacées se multiplient. Récemment, une infirmière s’est retrouvée seule pour assurer deux services, accompagnée par une aide-soignante qui venait pour la première fois dans l’établissement. La prise en charge des patients est fragilisée. Et les personnels eux-mêmes sont en situation de stress permanent. De nombreux points du protocole d’accord de fin de conflit, touchant aux conditions de travail, n’ont toujours pas été mis en place. Et désormais, la décision prise par la direction de licencier cette collègue, à six ans de la retraite, crée une situation d’anxiété parmi les salariés. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Nous avons décidé de débrayer le 7 mars et de descendre dans la rue pour exprimer notre mécontentement ». Dénonçant la « mauvaise volonté de la direction concernant l’application du Protocole, qui a pourtant valeur d’accord d’entreprise », Laurence Charroy rappelle l’article 3.3 du document. La direction s’y engage à « n’opérer aucune sanction, aucune pression, poursuite judiciaire, ni mesure discriminatoire sur les salariés, en raison de leur exercice du droit de grève, ainsi que leurs représentants ».

José Navarro, l’un des responsables de l’UD CGT, situe ce nouveau conflit social au sein de la Polyclinique dans un contexte plus global. Celui de « la loi « Santé » de Marisol Touraine, qui aboutit à une dégradation du service public de santé, et à la marchandisation des soins dans le secteur privé ». Il évoque le Groupement Hospitalier de Territoire qui vise à englober la totalité des hôpitaux bigourdans au sein d’un seul et même établissement. Avec selon lui, à la clé, « une diminution des effectifs de personnels soignants et une baisse de la capacité d’accueil et de prise en charge des patients ». Il évoque aussi le prochain rachat du groupe Médipôle Partenaires, propriétaire de la Polyclinique de Tarbes, par le groupe Elsan, émanation d’un fonds d’investissement basé au Luxemburg. « Pour quelle raison l’Etat, qui participe au financement de la Polyclinique, n’exerce-t-il aucun droit de regard sur la manière dont cet établissement est dirigé ? Pourtant, l’Ormeau-Pyrénées assume une bonne partie de la mission de santé sur notre territoire en cardiologie, urologie, oncologie et obstétrique ». José Navarro dévoile aussi un courrier surréaliste envoyé par les services de Marisol Touraine à une salariée de la Polyclinique le 16 février 2017, plusieurs semaines après la fin de la grève. Ce courrier lui précise qu’un « médiateur devrait être nommé prochainement pour intervenir dans le champ du droit du travail » ! La salariée avait envoyé un « appel au secours » au Ministère par mail le 24 décembre 2016 … Agnès Larribau, autre responsable de l’UD CGT, siège au sein du Conseil d’administration de la Sécurité Sociale dans les Hautes-Pyrénées. Elle évoque « les déserts médicaux dans notre département, et l’impossibilité pour de nombreuses personnes dans les zones rurales d’accéder aux soins de santé de proximité ». Elle souligne aussi que les frais de dossier administratifs de 11 euros ont été demandés à plusieurs reprises à la Polyclinique de Tarbes à des patients « pourtant bénéficiaires de la Couverture Maladie Universelle, et disposant de très faibles moyens financiers ».

De son côté, Cyril Dufourcq, directeur de la Polyclinique, réfute les accusations de « mauvaise volonté », estimant qu’il « respecte totalement l’accord signé le 10 janvier 2017 ». Il précise que « de nombreuses réunions de services avec les salariés ont eu lieu au sein de l’établissement depuis la fin de la grève, et cela prend du temps ». Il ajoute qu’il espère « revenir à un climat serein dans un futur proche ». Cyril Dufourcq évoque aussi la salariée licenciée pour « faute grave », dont la réintégration est demandée par ses collègues. « Si ce licenciement pose problème, le conseil des Prud’hommes est en capacité de donner un avis juste concernant cette situation ».

La journée d’action du mardi 7 mars 2017 à Tarbes sera l’occasion, pour les personnels de santé, mais aussi pour tous les agents de la fonction publique, de réclamer un « véritable service public de santé, et au-delà, de défendre un service public de qualité, dans tous les secteurs où il est menacé depuis plusieurs années ». Cheminots, postiers, agents des centrales hydrauliques, du Pôle emploi, des finances publiques ou des collectivités territoriales se joindront aux agents hospitaliers et à leurs collègues de la Polyclinique de l’Ormeau-Pyrénées pour défiler dans les rues de la ville. L’avenir de la santé et du service public fait ainsi une entrée remarquée dans le débat qui précède l’élection présidentielle.

Jean-François Courtille