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« Le service public, c’est la seule richesse de ceux qui n’ont plus rien dans ce pays ! »

samedi 26 novembre 2016 par Rédaction

Les syndicats des Hautes-Pyrénées vont participer ce mardi 29 novembre à la Journée d’expression nationale dans la Fonction Publique. L’intersyndicale CGT-FO-FSU-Solidaires y voit l’occasion d’expliquer aux usagers les menaces qui pèsent, selon elle, aujourd’hui, sur l’avenir du service public dans notre pays, et par conséquent, sur la République.

Ils ont tous la mine des mauvais jours, face aux attaques répétées qui touchent, selon eux, la fonction publique dans son ensemble, depuis plusieurs mois. Et les annonces des deux candidats à la « Primaire » de la droite ne sont pas de nature à les rassurer. Réunis pour présenter la « Journée d’expression nationale de la Fonction Publique », Félix Ayllon, Gilles Haurie et Alain Estrade, de la CGT, Francis Costa et Gérald Murat, de Force Ouvrière, et Michel Torres, de la FSU, dénoncent « le concours Lépine de celui qui supprimera le plus de postes de fonctionnaires ». Pourtant, souligne Michel Torres, « un rapport récent sur l’état de la fonction publique en France montre que la situation est préoccupante. De plus, si l’on compare avec nos voisins européens, le pourcentage de fonctionnaires par rapport au nombre d’habitants est inférieur en France à celui des pays scandinaves, et il est équivalent à celui du Royaume-Uni ! ». Le leader de la FSU estime que « le service public, c’est la richesse de ceux qui n’ont plus rien, dans ce pays. Au moins, grâce au service public, ils ont un accès quasiment gratuit à la santé et à l’éducation ». Michel Torres regrette que « l’on essaie de nous mettre dans la tête une vision de la société où tout serait marchand ». Et il affirme que « le service public reste le seul rempart contre les inégalités sociales ».

Pour Gérald Murat, de Force Ouvrière Hospitaliers, « le service public, c’est la garantie d’avoir accès à l’école, aux soins, à la poste ou aux impôts, que l’on soit dans une ville ou au fond de la vallée du Louron. Mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. On assiste à la mise en place d’un service public à deux vitesses, entre le rural et le citadin. Quand on attaque la fonction publique, on menace aussi la République ». Gérald Murat rappelle que la plupart des fonctionnaires, souvent pointés du doigt par les responsables politiques, touchent des salaires autour du SMIC, et qu’ils sont aussi pourvoyeurs de richesse pour l’économie nationale.

Félix Ayllon, du bureau départemental de l’UD CGT, souligne de son côté que le secteur privé bénéficie des mesures qui frappent le secteur public. Il évoque ainsi la fermeture des maternités dans les hôpitaux de Lourdes et de Lannemezan. « Du coup, beaucoup de femmes se replient sur la Polyclinique de l’Ormeau, à Tarbes, qui profite ainsi de ce désengagement de l’Etat dans les hôpitaux publics. Mais cela s’effectue au détriment d’une prise en charge de proximité pour les femmes enceintes ». Gilles Haurie, responsable des agents territoriaux CGT à la mairie de Tarbes, situe le débat à un niveau plus global. « Auparavant, l’économie était au service de la République et de l’égalité territoriale. Désormais, le territoire sera au service d’une économie capitaliste. Ce sera donc la richesse pour un petit nombre de territoires et la mort annoncée pour la plupart des autres, notamment dans les zones rurales. Et l’INSEE a montré que l’abandon des territoires favorise la montée du vote en faveur du Front National. Le refus des pouvoirs publics de débattre à propos des réformes territoriales en cours est en train de faciliter le retour de ce que l’on a connu de pire dans l’histoire de notre pays ! ».

Gilles Haurie relate aussi la dégradation de la situation professionnelle des agents territoriaux, en raison de la baisse des effectifs. Il cite par exemple la diminution de 30% du nombre d’agents pour les espaces verts à Tarbes en l’espace de cinq ans. Il évoque les salaires situés en moyenne entre 1200 et 1300 euros pour les agents, et le blocage des carrières pour beaucoup d’entre eux. « Et pendant ce temps, l’évasion fiscale explose dans notre pays ! ». Il déplore aussi le manque de démocratie dans le processus d’adoption de la loi NOTRe, « en plein cœur de l’été, et sans concertation avec les agents qui travaillent sur les territoires, ni avec les usagers ».

Alain Estrade, de la CGT des Finances Publiques, reprend la balle au bond pour stigmatiser « les 60 à 80 milliards d’euros d’évasion fiscale en France, alors que nos effectifs ne cessent de baisser, avec 37 000 emplois de moins en l’espace de 13 ans. Nous représentons 6% de la fonction publique, et nous supportons 72% des suppressions de postes ! ». Alain Estrade évoque aussi la réforme des domaines, qui va pénaliser en premier les petites communes du secteur rural. « Sans les domaines, comment ces communes pourront-elles évaluer un bien ? ». Il rappelle que les Finances Publiques, malgré leur fragilité actuelle, permettent encore de collecter 99% de l’impôt sur le revenu en France. Francis Costa, de Force Ouvrière Communication, assure de son côté que « l’usager est le premier concerné par la désagrégation du service public ». Il dépeint la situation inquiétante au sein de la Poste, où 50% des personnes ont encore le statut de fonctionnaire, avec la fermeture de nombreux bureaux dans les zones rurales, la dégradation des conditions de travail, et une reprise des suicides. « Le facteur était un lien entre les personnes dans les communes rurales. Tout ceci risque de disparaître ». Francis Costa évoque aussi la situation des policiers. « Tout le monde réclame davantage de sécurité. Mais là encore, les effectifs sont en baisse au sein de la police ».

Gérald Murat reprend la parole pour dénoncer les projets de Groupement de Territoire Hospitalier. « Nous faisons face à une baisse de 22 000 postes et à la suppression de 14 000 lits dans les hôpitaux. Pourtant, au sein de la fonction publique hospitalière, nous soignons tout le monde, ce qui n’est pas le cas dans le secteur privé. Demain, il faudra avoir des moyens financiers pour pouvoir être soigné correctement. Le GHT est, selon la ministre Marisol Touraine, le plus gros plan de réforme de la santé depuis l’après-guerre. En luttant contre ce plan, nous défendons la qualité du service rendu au public ».

Après ce sombre tour d’horizon, les syndicats expliquent leur démarche pour la journée d’expression nationale du mardi 29 novembre. Ils distribuent leur motion intersyndicale, qui sera remise à la Préfecture. « En l’état actuel », précise notamment le texte de la motion, « les projets de lois de finances et de financement de la sécurité sociale 2017 restent marqués par l’austérité budgétaire, la poursuite des suppressions d’emplois, de nouvelles et conséquentes amputations de crédits. Ceci au détriment de la qualité et du financement de l’action publique, et plus particulièrement, celle mise en œuvre par l’Etat dans les collectivités territoriales et les hôpitaux. Dans un tel contexte », conclut la motion, « nos organisation syndicales décident de s’adresser à Madame Annick Girardin, Ministre de la Fonction Publique, afin d’exiger que les discussions sur ces revendications soient rouvertes. Notre département n’est pas épargné, loin de là. Nos organisations syndicales sont solidaires avec les salariés des secteurs publics en lutte, et notamment dans les finances publiques et la santé ».

Mardi 29 novembre sera donc, non pas une journée de grève et de manifestation, mais plutôt une journée d’expression, au cours de laquelle les syndicats s’adresseront aux usagers, et déposeront des motions auprès des décideurs du service public. « Les agents territoriaux de la Mairie de Tarbes prévoient un rassemblement et le dépôt d’une motion à l’Hôtel de Ville mardi midi », annonce ainsi Gilles Haurie. Et les responsables syndicaux lancent un ultime appel : « des services publics de qualité avec des agents traités correctement, c’est la garantie d’une société plus juste ».

Jean-François Courtille