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« Mustang » jeudi soir au Ciné des CE et des COS à Séméac avec les associations de défense des femmes

jeudi 24 novembre 2016 par Rédaction

Le très beau film de Deniz Gamze Ergüven, « Mustang », qui évoque la condition féminine en Turquie, est projeté ce jeudi 24 novembre 2016, à 20h30, dans le cadre du Ciné des CE et des COS, au Centre Albert Camus de Séméac. Il sera suivi par un débat en présence de plusieurs associations qui luttent pour la défense des droits des femmes. Cette soirée est organisée à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence faite aux femmes.

Le destin de cinq jeunes filles, en lutte pour leur émancipation dans un village turc et confrontées à la violence, au machisme et au traditionnalisme : c’est le sujet du film « Mustang », œuvre de la réalisatrice Deniz Gamze Ergüven. Vous pourrez le découvrir ce jeudi 24 novembre, à 20h30, au Centre Albert Camus de Séméac, pour le prix d’entrée de 2 euros. La soirée est organisée par l’équipe du « Ciné des CE et des COS des Collectivités Territoriales », en partenariat avec trois associations : le Collectif 65 Droits des Femmes, le Planning Familial 65 et Amnesty International. Elle s’inscrit dans le cadre de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Un débat aura lieu avec les associations présentes, à la suite de la projection du film.

« Une femme meurt sous les coups de son conjoint tous les deux jours et demi en France. 86 000 femmes sont victimes de viol chaque année, et seulement 10 000 portent plainte. 143 000 enfants vivent dans un foyer où une femme a déclaré être victime de violences », révèlent Elsa et Christine Lapalisse, du Collectif 65 Droits des Femmes. « Les dépôts de plainte sont peu nombreux, et ils ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Les commissariats de police sont insuffisamment formés sur ces questions. Les officiers de police judiciaire, habilités à recueillir ces plaintes, sont peu nombreux. Et le fait de déposer une main courante ne sert à rien. Il arrive parfois à des femmes traumatisées de repartir avec un simple questionnaire sous le bras ! ». Pour les femmes victimes de violence, il est toujours difficile d’effectuer la démarche de se rendre au commissariat. L’autre problème qui les touche est le manque de centres d’hébergement d’urgence pour accueillir les femmes en danger, seules ou avec leurs enfants. « Contrairement à un préjugé, les violences touchent tous les milieux sociaux, tous les âges, toutes les religions et toutes les origines », précisent Elsa et Christine Lapalisse. « C’est à chaque citoyen d’agir et de faire pression sur les pouvoirs publics, pour que les cadres nécessaires à l’accueil et à la protection des femmes victimes de violences soient enfin mis en place ». Le Collectif 65 Droits des Femmes évoque aussi l’impact de la crise sur la condition féminine dans notre pays. « Elle frappe durement les femmes qui sont précarisées et rendues encore plus vulnérables par les politiques d’austérité, la casse des services publics, les attaques généralisées contre l’ensemble des droits ».

Dans les Hautes-Pyrénées, selon la Préfecture, 325 faits de violence au sein des couples ont été enregistrés pour l’année 2015. Le nombre de dépôts de plainte a augmenté de 31,7% entre 2010 et 2015. « Nous avons ouvert deux centres d’accueil d’urgence dans la région Occitanie », explique Micheline Gouadebaix, du Planning Familial 65. « L’Escale des Femmes du Monde à Montpellier, et un centre pour les jeunes filles à Montauban. Mais il faudrait que l’Etat mette en œuvre les moyens nécessaires pour faire face à ces urgences dans toutes les villes de la région ». Le Planning Familial attire l’attention sur la persistance des mariages « arrangés ou forcés » dans notre pays. De son côté, Amnesty International évoque les violences de toutes sortes qui frappent les femmes sur les routes de l’exil. « Le nombre de femmes migrantes est en hausse constante. Compte tenu des dangers de mort immédiate dans les pays du Moyen-Orient, d’Afrique et parfois, d’Europe de l’Est, ce sont des familles entières qui prennent le risque de s’exiler », détaille Katherine Leroyer, d’Amnesty. Quand les femmes arrivent en Europe, elles se retrouvent parfois à la rue. Certaines d’entre elles sont alors vouées à la prostitution, notamment quand elles se font confisquer leurs papiers d’identité par les réseaux mafieux ». Ces femmes ont souvent peur de la police, quand leur demande d’asile n’a pas encore été acceptée. De plus, si elles sont victimes de violence de la part d’un homme de leur communauté, elles n’osent pas non plus aller porter plainte, de peur d’être ensuite rejetées par tout le monde. « Une députée européenne a réalisé récemment une enquête à ce sujet et va tenter de proposer une loi pour améliorer la situation des femmes exilées au sein de l’Union européenne ».

Les associations de défense du droit des femmes dénoncent aussi la diminution des moyens accordés à l’accompagnement des jeunes filles en France. « Dans le milieu scolaire, le nombre d’infirmières est en baisse constante. Les subventions attribuées à des associations comme le Planning Familial sont en chute libre. Autre problème : la disparition progressive des gynécologues sur nos territoires. Par exemple, à Tarbes, pour une ville de 45 000 habitants, il ne reste plus que trois médecins gynécologues en activité. Il faut parfois attendre un an pour obtenir un rendez-vous ». Le Collectif 65 Droits des Femmes, le Planning Familial 65 et Amnesty International appellent les habitants des Hautes-Pyrénées à se rassembler pour une manifestation, samedi 26 novembre 2016, à partir de 15h, entre la Préfecture et la place de la Mairie à Tarbes. « C’est à la société de signifier clairement l’interdiction des violences faites aux femmes, de protéger les victimes, de les secourir ».

Jean-François Courtille