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Plus de 1800 manifestants à Tarbes contre la loi « Travail » et action des agents de centrales hydrauliques

jeudi 26 mai 2016 par Rédaction

La contestation sociale contre le projet de loi El Khomri gagne du terrain dans les Hautes-Pyrénées. Ce jeudi 26 mai, plus de 1800 personnes, 2800 selon l’intersyndicale CGT-FO-FSU-Solidaires, ont défilé dans les rues de Tarbes. Pendant ce temps, les agents CGT et FO des centrales hydro-électriques de quatre départements du bassin de la Garonne, dont les Hautes-Pyrénées, ont procédé à des baisses de charge sur l’outil de production hydraulique.

« El Khomri, ta loi, on n’en veut pas ! ». Le cri de révolte des opposants à la loi « Travail » a encore retenti, ce jeudi matin dans les rues de Tarbes, avec une puissance croissante. Plus de 1800 personnes, 2800 selon les syndicats CGT, FO, FSU et Solidaires, se sont mobilisés pour accentuer la pression sur le gouvernement. Fait nouveau, les agents des centrales hydro-électriques des Hautes-Pyrénées, comme leurs collègues des départements voisins, ont arrêté la production hydraulique à 15h, pour une durée d’au moins quatre heures. Plusieurs centaines de manifestants ont aussi organisé une opération « péage ouvert » sur la sortie de Tarbes Ouest, avant de retarder le départ du seul TGV de la journée à la gare SNCF de Tarbes.

Les salariés du secteur privé ont défilé jeudi matin aux côtés des agents de la fonction publique. Bien en vue au sein du cortège, la banderole « polyclinique de l’Ormeau en action » annonce la couleur. « Nous défilons pour demander le retrait de la loi El Khomri, et aussi pour défendre le Code du travail », résume Laurence, déléguée de la CGT à la Polyclinique. « Un grand projet de réorganisation est en cours sur Ormeau Pyrénées, et nous avons des craintes pour l’avenir de nos emplois. Quelle sera la prise en compte des personnes, comment les patients seront-ils respectés ? ». Vincent travaille dans une centrale hydraulique du Val d’Azun. « Nous avons arrêté la production entre 8h et 12h, et nous allons recommencer à partir de 15h jusqu’à la tombée de la nuit. Onze piquets de grève ont été mis en place dans le département ». Les agents ont répondu à l’appel de la CGT et de FO, « contre la loi El Khomri, et aussi pour protester contre l’ouverture à la concurrence des barrages hydro-électriques, et contre la baisse du financement des œuvres sociales dans la fonction publique ». Eric Lolagne, délégué CGT du Groupement d’Exploitation hydraulique de Garonne, basé à Saint-Lary, précise que les 37 centrales du « GEH Garonne » sont concernées par ces arrêts de production. « Cela représente un potentiel de 480 mégawatts, soit la consommation d’une ville comme Toulouse ». Il ajoute que l’appel de la CGT et de FO implique « l’ensemble du parc hydraulique du Sud-Ouest, pour la journée de ce jeudi 26 mai ». Ces arrêts de production n’entraîneront pas de délestage pénalisant pour les usagers, mais « ils obligeront la direction d’EDF à importer de l’électricité pour compenser les baisses de charge sur le réseau hydraulique ».

Valentine, lycéenne à Marie Curie, est venue manifester avec un groupe de copines de son établissement tarbais. « Nous ne voulons pas de cette loi, nous sommes contre les idées qu’elle met en avant. Nous n’avons pas envie de travailler 12 heures par jour, de ne pas avoir assez d’argent pour payer le loyer à la fin du mois, et de cumuler les contrats précaires ». Aussi, les jeunes filles sont déterminées dans leur action. « Nous étions déjà là au début des manifestations, et nous continuerons jusqu’au bout ».

Dans le défilé, plusieurs agents des médiathèques du Grand Tarbes sont présents. « C’est une mauvaise loi, elle n’est pas négociable. Nous manifestons pour son retrait pur et simple. Etant agents d’un service territorial, nous ne sommes pas concernés de prime abord par cette loi. Mais elle ouvre la voie à une dérèglementation générale qui finira par toucher aussi toute la fonction publique ».

Véronique Courtois, secrétaire de Sud Santé-Sociaux, l’un des syndicats de la confédération « Solidaires », est chargée cette fois-ci de lire la déclaration intersyndicale. « L’inversion de la hiérarchie des normes est le cœur du projet El Khomri. Aucune des pseudos concessions gouvernementales de ces dernières semaines ne l’a remis en cause. Son maintien dans le texte de loi suffit à justifier notre combat ». Les syndicats évoquent aussi la facilitation des procédures de licenciement : « cette sinistre gestion de la précarité n’a d’autre objectif que de permettre aux entreprises d’accroître leur rentabilité immédiate au détriment de leur personnel ».

L’intersyndicale souligne l’entrée dans le mouvement social de nouveaux secteurs d’activités, comme les raffineries de pétrole ou le transport routier. Elle rappelle aussi l’extension des arrêts de travail dans le commerce, la construction, l’industrie, la Poste, la culture, la santé et les ports. Les organisations syndicales appellent à une journée de grève le 14 juin, ponctuée par une manifestation nationale, au démarrage de l’examen de la loi El Khomri au Sénat. « Nous avons aussi décidé une grande ‘votation’ dans les entreprises, les administrations et au-delà, afin de poursuivre avec les salariés, les privés d’emploi, les jeunes et les retraités le débat sur la loi « Travail ». Les syndicats concluent leur intervention en assurant que « désormais, le gouvernement n’a plus d’autre issue que celle du dialogue avec celles et ceux qui luttent pour le retrait pur et simple de son projet de loi ». François Dousseau, secrétaire de l’UD CGT, appelle les manifestants à soutenir les « Quatre d’Air France » qui passent en jugement le 27 mai. Et un jeune invite les participants à rejoindre l’assemblée générale de « Nuit Debout » ce même 27 mai à 20h, devant la Mairie de Tarbes.

Dans la foule, Stéphane arbore en souriant une pancarte avec la « Une » de Charlie Hebdo, datée de février 2016. Trois caricatures de Nicolas Sarkozy, Alain Juppé et Jean-François Copé y proclament : « j’ai changé ». La quatrième caricature, censée représenter François Hollande, affirme aussi avoir changé. Elle arbore les traits du président du MEDEF, Pierre Gattaz …

Jean-François Courtille