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Les opposants à la loi Travail s’invitent à l’Hôtel du Département et rencontrent le président Pélieu

mercredi 11 mai 2016 par Rédaction

Plus de 60 opposants à la loi El Khomri se sont invités mercredi après-midi dans les locaux de l’Hôtel du Département. Le président des Hautes-Pyrénées, Michel Pélieu, est venu à leur rencontre. Après un échange très vif, le dialogue s’est instauré entre les manifestants et Monsieur Pélieu. Il s’est engagé à évoquer une éventuelle motion sur le projet de loi Travail vendredi 13 mai, devant la Commission permanente du Conseil départemental.

Les gendarmes attendaient les opposants à la loi El Khomri devant la permanence du député Jean Glavany à Maubourguet. Finalement, c’est l’Hôtel du Département que les manifestants ont décidé de visiter ce mercredi après-midi. Après avoir déployé à l’entrée de l’Hôtel et au balcon du premier étage les banderoles apostrophant Jean Glavany et Jeanine Dubié, ils entrent dans la salle de délibération du Conseil départemental. Le conseiller Gilles Craspay s’éclipse discrètement. La réunion de la commission culture s’achève plus tôt que prévu. François Giustiniani, directeur départemental du patrimoine, accueille avec philosophie cette « action syndicale qui intervient alors que la réunion était presque finie ». Trois autres participants à la commission continuent leurs discussions avant de quitter la salle à leur tour.

Drapeaux de la CGT et de la FSU en tête, les opposants au projet de loi El Khomri prennent le temps de découvrir cette salle de délibération, que beaucoup d’entre eux visitent pour la première fois. « Tiens, c’est la place de Jean Glavany », s’amuse l’un d’entre eux, lisant le nom du député sur le premier siège à gauche (sic !) en entrant dans la salle. François Dousseau, secrétaire de l’UD CGT, amorce un débat avec les personnes présentes sur l’organisation de cette action. « Nous proposons de contacter Michel Pélieu, ainsi que les présidents des groupes politiques du Département, pour leur demander de dialoguer avec nous sur le projet El Khomri. Le Grand Tarbes a adopté une motion contre cette loi, nous pourrions leur demander de procéder à la même démarche ». Il rappelle aussi que les Hautes-Pyrénées sont le département où les salaires de la métallurgie sont les plus bas de la région, ce qui n’a pas empêché les licenciements dans les grandes usines. « Cela prouve bien que l’argument selon lequel la création d’emploi serait facilitée par la baisse des salaires ou du paiement des heures supplémentaires est absurde ». José Navarro, l’un des responsables de la CGT, pointe le « déni de démocratie que constitue l’utilisation de l’article 49.3 pour faire adopter en force une loi que la majorité des citoyens rejette ». Claude Martin, responsable de la FSU, rappelle que « Michel Pélieu appartient à la même formation politique que la députée Jeanine Dubié. C’est l’occasion de l’interpeller en tant que membre du PRG sur la position de son parti à l’Assemblée Nationale ». L’échange se poursuit sur la question de savoir s’il faut passer la nuit dans l’Hôtel du Département. « Il faut rester sur place tant que les élus ne sont pas venus nous voir », lance Gilles, un des participants. Eliane, une autre manifestante, confie sa colère. « Le 49.3, c’est une énorme trahison de la gauche. Ce n’est pas respecter le peuple, ni la démocratie. Pour nos enfants et pour l’avenir, il faut continuer à se battre ».

Une rumeur parcourt alors l’assemblée. « Il arrive ! ». Le président Michel Pélieu entre dans la salle, très en colère. Il reproche aux manifestants de ne pas lui avoir demandé rendez-vous. José Navarro et François Dousseau lui répondent que leur objectif a changé au dernier moment, « car trois camions de gendarmerie nous attendaient devant la permanence de Jean Glavany ». Le ton monte pendant quelques minutes, les esprits s’échauffent, puis se calment. Michel Pélieu accepte finalement d’écouter les demandes de ses interlocuteurs, et de répondre à leurs questions, après avoir assuré : « je pratique le dialogue social en tant qu’employeur, j’ai beaucoup de respect pour les travailleurs ».

José Navarro ouvre la discussion en résumant ainsi les souhaits des manifestants : « nous attendons une expression politique du Conseil départemental sur la loi El Khomri, et aussi sur l’utilisation du 49.3 ». Michel Pélieu répond : « je suis prêt à informer la commission départementale concernant votre demande, vendredi matin, et à organiser, une rencontre avec les présidents des groupes politiques du Département ». Une personne de son équipe assure avoir contacté par téléphone tous les présidents en question. Seul, Jean Buron, le président du groupe communiste, acceptera de faire le déplacement dans la soirée. Michel Pélieu confie ensuite son malaise à propos de la brièveté du débat parlementaire sur le projet de loi El Khomri. « Je ne comprends pas pourquoi le 49.3 a été utilisé aussi vite, après une simple après-midi de discussion. Cela aurait pu attendre quinze jours, et laisser le temps aux députés de débattre sur la loi en profondeur ». Mais le Président des Hautes-Pyrénées se garde bien de remettre clairement en question l’utilisation du 49.3, malgré les questions répétées des manifestants à ce sujet.

Du coup, un autre sujet est abordé par un agent de l’EDF. Celui de l’ouverture à la concurrence des barrages hydro-électriques, avec le risque de voir les concessions attribuées à des sociétés privées, au détriment d’EDF. Michel Pélieu répond qu’il a exprimé sa position lors d’une réunion publique à Saint-Lary Soulan. « Je ne verrai aucun inconvénient à voir EDF garder ses concessions ». Plusieurs manifestants l’apostrophent alors sur le démantèlement du service public dans les Hautes-Pyrénées comme ailleurs. « J’ai avoué ma colère à la préfète, en lui faisant remarquer que la situation de l’emploi dans notre département a encore été aggravée par les nombreuses suppressions de postes dans les services publics », reconnaît alors Michel Pélieu. Il confie aussi avoir « une vision critique de la position de l’Agence Régionale de Santé, concernant la pérennité de l’hôpital de Tarbes ». Certains manifestants lui reprochent aussi son refus de défendre une « position progressiste » en acceptant les « 32 heures payées 39 ». Le président des Hautes-Pyrénées justifie son point de vue par la menace judiciaire que représente, selon lui, la Cour des Comptes, pour un élu local. « J’essaie de répondre à une demande de cette Cour à propos de l’organisation du temps de travail dans le Département. Mais cela se fera dans la concertation », affirme l’élu, soulevant des commentaires sceptiques parmi les agents des collectivités territoriales présents dans la salle.

Au terme de plus d’une heure d’échange, Michel Pélieu prend congé, après avoir fixé rendez-vous aux responsables syndicaux vendredi 13 mai à 12h15, à l’issue de la commission permanente du Département. Au moment où le président quitte la salle, un manifestant farceur lui lance : « rendez-vous ce jeudi matin, à 10h30, devant la Bourse du Travail, pour la manifestation ! ». Puis, les opposants au projet de loi El Khomri, rejoints par de nouveaux militants en début de soirée, s’installent en vue d’une longue nuit dans l’Hôtel du Département …

Jean-François Courtille