Rencontres Destination Pyrénées : Vers un tourisme durable

A l’heure où les enjeux du développement durable et de la transition énergétique se traduisent peu à peu par des initiatives et des actes concrets, et à quelques jours de l’ouverture de la COP 21, la CCI Tarbes et Hautes-Pyrénées, dans le cadre des travaux de sa Commission Développement Durable a organisé le 24 novembre 2015 dans ses locaux un colloque sur le thème : « Destination Pyrénées : vers un tourisme durable »

Discours d’ouverture de François-Xavier BRUNET,
président de la CCI 65

Je suis heureux de vous accueillir aujourd’hui, à la Chambre de Commerce et d’Industrie de Tarbes et Hautes-Pyrénées, et vous remercie de votre présence à ces rencontres,

Destination Pyrénées Vers un tourisme durable

Le tourisme représente un secteur d’activité essentiel, pour la vitalité économique des Hautes-Pyrénées

•Près de 117 000 lits touristiques marchands

•Plus de 14 millions de nuitées touristiques dont 9 millions en hébergement marchand

•2 424 000 journées skieurs

• Plus de 5000 emplois salariés

• 656 millions d’€ de dépenses touristique dont 528 millions d’€ pour les séjours en hébergement marchand

•23,5 millions d’E de CA généré par la filière thermalisme et bien-être

Comme d’autres, le tourisme est une activité fortement contributrice au développement économique de nos territoires et par conséquent confrontée au défi de la durabilité pour assurer sa pérennité.

Intégrer le développement durable à tous les niveaux de l’activité touristique, constitue dès lors l’un des enjeux fondamentaux du tourisme de demain, en particulier pour une destination telle que les Pyrénées qui tire son attractivité de ses paysages et sites naturels d’exceptions.

C’est pourquoi la Chambre de Commerce et d’Industrie de Tarbes et Hautes-Pyrénées, a souhaité organiser cette manifestation dans une dimension massif.

Positionner les Pyrénées comme destination de tourisme durable revêt des enjeux de taille :

• L’industrie touristique représente un secteur clef de notre économie et constitue une source d’emplois non délocalisable qui contribue au maintien du tissu économique de nos territoires ruraux et de montagne

• Relever les défis liés aux mobilités : renchérissement du prix du pétrole dans l’avenir, qui va influer sur le prix des produits touristiques, impact sur l’environnement, croissance des émissions de CO2, développement des mobilités douces

• Préservation de la ressource en eau : le prélèvement de l’eau est un point critique qui risque de s’aggraver avec le changement climatique

• Protéger les milieux naturels : les milieux les plus riches en biodiversité, sont aussi les plus attractifs pour le tourisme et les plus sensibles à son impact, concentré dans le temps et l’espace

• Limiter les pollutions et les déchets : le tourisme est émetteur de pollutions dans l’air, l’eau et les sols et impacte les paysages (architecture,...)

• Répondre aux enjeux sociaux et culturels valorisation des salariés, accueil de tous les publics, responsabilité sociale des entreprises

• Lutter contre le changement climatique

• Sensibilité accrue des clients à la prise en compte du développement durable dans leur consommation touristique

Comprendre les attentes des clientèles en matière de tourisme durable, réfléchir à une stratégie de positionnement et d’évolution de son offre, bien communiquer et distribuer ses produits, réduire ses consommations d’énergie, rendre accessible sa structure, favoriser l’impact économique local, mieux impliquer son personnel,... sont autant de problématiques qui se posent aux chefs d’entreprises et sur lesquelles cette journée se propose d’apporter un éclairage.

A travers une vision â 3 entrées (économie, social, environnemental), les témoignages d’entreprises et les interventions d’experts et scientifiques qui émailleront cette journée, visent à offrir des clefs de lecture et de compréhension pour mettre en mouvement et en pratique cette approche du tourisme dans les entreprises et les territoires.

Je vous souhaite de bons travaux et espère que cette journée sera riche d’échanges fructueux porteurs d’actions pour développer et promouvoir notre destination Pyrénées dans une approche durable.

Cette journée a été l’occasion de présenter dans le premier département touristique de Midi-Pyrénées, les enjeux du développement durable et de faire témoigner tous ceux qui œuvrent en faveur d’une nouvelle approche de l’économie touristique à l’échelle du massif pyrénéen.

Tous les acteurs de l’économie touristique étaient conviés ainsi que les collectivités territoriales à venir échanger et débattre sur les enjeux et les opportunités d’un tourisme durable.

Eléments de contexte sur le développement durable dans le tourisme

Le sujet d’une économie durable, s’il s’inscrit aujourd’hui pleinement dans une réflexion plus globale sur la préservation de la planète, fut dès 1972 un thème de réflexion dont s’était saisi notamment le Club de Rome en s’interrogeant sur les limites de la croissance (cf. le rapport Meadows).

Vingt ans après, le premier sommet de la Terre à Rio permettait de partager les enjeux universels et citoyens du développement durable. Cette année, la COP 21, 21e conférence des Nations Unies sur le changement climatique, consacre l’exigence d’engagement de toutes les parties prenantes de l’humanité pour limiter le réchauffement de la planète à 2 degrés Celsius à l’horizon 2100.

Parmi ces parties prenantes, les professionnels du tourisme, invités dès 1979 à investir dans la qualité plus que dans la quantité de leur croissance, dans un rapport de l’UNESCO intitulé « Tourisme, passeport pour le développement ? ». En 1995, la Charte internationale du Tourisme durable adoptée à Lanzarote aux Canaries et le Code mondial d’éthique du tourisme adopté par l’Organisation Mondiale du Tourisme permettaient de définir les engagements ; notamment ceux d’associer les populations locales aux projets touristiques et de déconcentrer les flux de visiteurs, dans le temps et dans l’espace.

Plus récemment, l’année internationale de l’écotourisme en 2002 et le premier forum international du tourisme solidaire en 2003 mettaient en lumière les pionniers (parcs naturels, voyagistes d’aventure] et les destinations fragiles (pays en développement, territoires « sauvages »).

Mais finalement, à l’image de l’association française Agir pour un Tourisme Responsable qui destine son label ATR à l’ensemble des acteurs engagés dans le développement durable du tourisme, l’enjeu est d’inviter l’ensemble des professionnels à partager et valoriser leurs bonnes pratiques.

C’est aussi le diagnostic de Guillaume CROMER, Président de l’association interprofessionnelle des Acteurs du Tourisme Durable (ATD), auteur d’un rapport du gouvernement sur l’écotourisme. Au-delà du développement et de la promotion de cette forme de tourisme, il est indispensable pour la destination France de se doter d’une stratégie de développement durable, afin de pérenniser et de mieux faire fructifier son positionnement de première destination touristique mondiale, tout en préservant et en valorisant son patrimoine naturel, culturel et humain.

D’autant que les voyageurs sont de plus en plus sensibles au développement durable. Ainsi, en 2012, 84% de français déclaraient avoir déjà entendu parler de tourisme responsable. Quant aux touristes britanniques, ils sont 81% à prendre en compte l’environnement pendant leurs vacances et 61% à faire du développement durable un critère de choix.

Ainsi, alors que les premières universités d’été du tourisme durable viennent d’être organisées à Paris en septembre dernier - permettant ainsi de réunir les acteurs engagés, et de présenter les nombreuses solutions professionnelles offertes à ceux qui souhaitent s’engager-, et que les Nations Unies s’apprêtent à consacrer 2017 « l’année internationale du tourisme durable, facteur de développement » [50 ans après avoir célébré l’année internationale du tourisme facteur de paix et de développement en 1967), quelles réponses les professionnels du tourisme peuvent apporter pour positionner les Pyrénées comme une destination durable ?

C’est ce que cette journée du 24 novembre s’est attachée à montrer.