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Les lieutenants de louveterie à l’honneur

mardi 16 juin 2015 par Rédaction

En fin d’après-midi, une réception présidée par la préfète Anne-Gaëlle Baudouin-Clerc a eu lieu dans les salons de la préfecture à l’occasion de la remise de carte et de médailles aux 27 lieutenants de louveterie des Hautes-Pyrénées. Une grande première.

L’hommage de la préfète Anne-Gaëlle Baudouin-Clerc

Madame et messieurs les Lieutenants de louveterie,

Monsieur le Directeur,

Mesdames, Messieurs,

J’ai souhaité nous réunir pour vous rendre hommage, Madame et Messieurs les 27 lieutenants de louveterie, renouvelés ou nouvellement nommés, qui constituez le corps départemental de la louveterie des Hautes-Pyrénées.

Cet hommage, c’est la reconnaissance de votre engagement, de votre dévouement, de votre bénévolat. J’y reviendrai. Vous méritez de « sortir de l’ombre », d’être connu, reconnu, soutenu, écouté et remercié. C’est bien le but de cette cérémonie. Elle est organisée à un moment exceptionnel : depuis le 1er janvier dernier, date du renouvellement général, et pour la première fois, depuis plusieurs années, l’effectif des louvetiers est complet dans les Hautes-Pyrénées.

Votre statut, vous le connaissez. Je veux rappeler que les lieutenants de louveterie, les « louvetiers » sont des personnes privées, collaborateurs bénévoles et occasionnels du service public. On parle parfois de « fonctionnaires bénévoles ». Vous êtes nommés par le préfet de département, vous concourez, dans l’intérêt général, à la régulation et à la destruction des animaux susceptibles d’occasionner ou occasionnant des dégâts. Vous êtes assermentés et vous avez la qualité pour constater les infractions à la police de la chasse, dans votre circonscription. Vous êtes des conseillers techniques de l’administration pour les problèmes de gestion de la faune sauvage, y compris sur le plan sanitaire. Les chasses et battues administratives sont organisées sous votre contrôle et votre responsabilité technique.

Un lieutenant de louveterie, c’est d’abord un homme (ou une femme) de terrain qui doit faire preuve d’autorité et de diplomatie. C’est un chasseur, parfois agriculteur (ça aide !), intégré dans le monde cynégétique. En agissant au service de tous, vous veillez à maintenir dans nos plaines, nos montagnes et nos forêts une vie animale compatible avec les activités humaines, la santé publique, l’agriculture et la sylviculture. Aider, servir, conseiller, agir pourraient être votre devise.

Bien qu’œuvrant dans l’intérêt général, l’institution de la louveterie est méconnue. Pourtant, elle accompagne notre histoire depuis plus de 1200 ans. Au IXe siècle, dans un capitulaire de 813, Charlemagne crée une institution chargée de protéger les habitants et leurs élevages contre les loups. Ce capitulaire fixait les règles de gestion agricole et les obligations des intendants des villas, domaines agricoles, en matière de lutte contre les loups. Bien que millénaire, cette institution exerce une importante mission d’actualité non plus sur le loup, mais sur le grand gibier. En particulier, le sanglier prolifère, augmentant les risques pour la sécurité publique, routière, et les dégâts causés à l’agriculture ou à la forêt.

Le contrôle des populations de sangliers est un vrai « casse-tête » pour l’ensemble des partenaires mais je compte sur vous, avec l’appui des chasseurs, pour résorber les points noirs identifiés. Votre rôle est essentiel. Je sais que des tensions existent. Il faut que le monde de la chasse entende que vous ne vous substituez pas aux chasseurs, mais que vous êtes complémentaires. Il n’y a dans vos actions aucune ingérence, mais bien une volonté de l’État - légitime - de rétablir des équilibres entre la faune et le milieu. Sachez que vous pouvez compter sur le soutien de l’État dans vos actions et qu’il ne sera toléré aucun débordement qui pourrait nuire à vos conditions de travail, à l’exercice de vos missions ou encore moins à votre intégrité. Pour limiter les dégâts, seule une volonté commune peut permettre de répondre aux attentes des agriculteurs et de nos concitoyens - le monde agricole a besoin tout à la fois des chasseurs, des piégeurs et des lieutenants de louveterie. Sur le plan sanitaire, les louvetiers sont engagés dans le réseau d’épidémio-surveillance de la tuberculose bovine dans la faune sauvage. Concernant les blaireaux, vous avez, sous l’impulsion de la DDT, réalisé un travail remarquable de recensement des terriers.

La complexité des domaines d’intervention nécessite une formation continue. Droit de la chasse, sécurité, manipulation des armes, secours aux victimes... L’administration de tutelle, avec l’ONCFS, accompagne cette démarche d’amélioration des connaissances. Ainsi, certains d’entre vous sont devenus des personnes ressources sur la gestion du cerf, du chevreuil et de l’isard ou sur la sécurisation des interventions et la gestion du matériel. 

(…)

Vous avez signé la charte des lieutenants de louveterie, initiative de votre association nationale. Elle rappelle les devoirs de votre fonction et votre engagement : répondre dans les meilleurs délais à toute demande, remplir votre rôle de conseil avec impartialité, parfaire vos connaissances, favoriser les liens entre les chasseurs et le monde rural, ne tirer aucun profit ou avantage de votre fonction...

Le renouvellement général des louvetiers a mobilisé les services de l’Etat, plus particulièrement la DDT. L’équipe, rajeunie, est complète et compte une femme dans son effectif, Patricia Camillo, une des 25 femmes lieutenants de louveterie en France. Vous avez été nommés, non seulement en considération des critères requis, mais aussi de vos qualités humaines, de vos compétences cynégétiques, de vos connaissances en matière de réglementation de la chasse et des règles de sécurité et de vos bilans d’activités pour les louvetiers renouvelés. Complémentaires, vous cultivez l’esprit de groupe avec solidarité et cohésion. L’entraide et la mise en commun des compétences permettront à cette nouvelle équipe, que vous formez maintenant, de remplir ses missions avec efficacité.

Pour que cette nouvelle équipe et son action soient mieux connues, une page internet des services de l’Etat est dédiée à la louveterie. Vous pourrez y consulter la carte des circonscriptions et des louvetiers avec leurs coordonnées.

Vous faites honneur à l’uniforme que vous portez. Vous le portez bien. Vous honorez cette vieille institution qu’est la Louveterie. Restez ce que vous êtes, des hommes et des femmes capables de donner du temps, dans notre monde, si matérialiste, où il semble introuvable.

Pour témoigner la reconnaissance de l’Etat envers votre engagement bénévole, votre dévouement, c’est en son nom que je vais maintenant remettre votre commission et votre carte de service, qui attestent de votre qualité de lieutenant de louveterie. Puis, je remettrai la médaille de l’honorariat à Monsieur Fradin que nous aurons l’occasion de remercier tous ensemble, pour son engagement passé dans la louveterie.

Je vous remercie.

Le discours de Yves Paulvaiche,
président des lieutenants de louveterie des Hautes-Pyrénées

Madame la Préfète,

Vous mettez aujourd’hui les lieutenants de louvèterie des Hautes-Pyrénées à l’honneur, nous en sommes très touchés.

Si c’est l’occasion pour vous de nous installer officiellement dans notre fonction, suite au renouvellement général du mois de janvier dernier, nous y voyons un signe fort de l’administration à notre égard, une reconnaissance officielle de notre existence et de notre investissement au sein de la louvèterie. De mémoire, une telle réunion est une première dans le département et nous vous en remercions très sincèrement.

C’est un honneur aussi d’être entouré de toutes les personnalités ici présentes, bonjour à tous.

***

Je vais vous épargner un long discours et ne m’étendrai pas sur ce qu’est la louvèterie. Je souhaite cependant souligner que, créée en 813, elle a traversé toutes les époques et tous les régimes. Cette institution a donc aujourd’hui 1200 ans. Son évolution, sa modernisation et les missions toujours plus nombreuses et variées qui ont pu se rajouter au fil des années sont la preuve de son utilité.

L’association départementale des Hautes-Pyrénées que je préside a pour sa part été créée le 8 juin 1961, elle a donc 54 ans.

Elle compte 27 membres dont une femme, la totalité des postes de lieutenants de louvèterie étant pourvus dans le département. C’est une équipe motivée, passionnée et rajeunie.

C’est une association que vous soutenez et je remercie l’administration à travers la Direction Départementale des Territoires qui nous a équipés de vêtements règlementaires et de matériels divers, ce qui nous aide financièrement et nous facilite grandement la tâche.

Je remercie les mairies (98 en 2014 sur les 474 sollicitées), la Chambre d’Agriculture, la FD 65 qui grâce à leurs subventions participent aussi à son fonctionnement. Avec ces fonds nous finançons, par exemple, l’assurance spéciale obligatoire qui nous couvre pour toutes les interventions et missions (un ordre d’idée de son montant : 2 200 € environ par an).

Sans vous, il nous serait difficile de continuer, car agents bénévoles de l’Etat, nous ne tirons pas de revenus de notre fonction et l’investissement financier est de plus en plus lourd y compris à titre personnel (munitions, carburant, entretien des chiens, etc.).

***

La louvèterie, c’est aussi un investissement en termes de temps. Pour ce qui concerne notre activité, en 2014, nous lui avons consacré globalement environ 11 739 heures soit 1467 jours et avons parcouru de l’ordre de 54 000 kms.

Vous connaissez certainement notre mission principale d’organisation et d’encadrement de battues administratives (sangliers, renards) ou de tirs de nuit (sangliers, renards, blaireaux) ordonnés par arrêté préfectoral, pour répondre aux demandes d’agriculteurs victimes de dégâts.

Nous assurons aussi des interventions sur des sites sensibles, à Lannemezan (Arkéma, Knauf, CM 10), plus près, à la Socata et l’aéroport Tarbes-Ossun-Lourdes pour des problèmes de sangliers et dans Tarbes (à titre d’exemple, Cercle mixte de Gendarmerie Mobile, Centre Hospitalier, le plus souvent pour des chevreuils déplacés et apeurés).

Nous participons, avec la Fédération de Pêche et l’ONCFS, au comptage et à la régulation du Grand Cormoran sur l’Adour, la Neste, le Gave, les étangs et piscicultures.

En partenariat avec la Fédération des Chasseurs, nous assurons des comptages IKA (cerf), comptage pédestre chevreuils dans le Madiranais, comptages mouflons et isards.

Nous pouvons aussi être appelés par la Gendarmerie, la Police, les Pompiers ou les Maires pour l’abattage des animaux dont le comportement peut présenter un risque pour la sécurité publique ou impliqués dans un accident.

A ce sujet, je voudrais évoquer les nombreux accidents matériels provoqués par des animaux sauvages (chevreuils, sangliers, cerfs), sur lesquels nous sommes appelés. Notre rôle est de les signaler à l’administration. Lorsqu’ils sont répétitifs dans un même secteur, cela permet de matérialiser des points noirs pour prendre des mesures adaptées qui peuvent passer par de la prévention.

Un exemple de prévention d’accident sur l’Autoroute A64 : des prélèvements de sangliers, cerfs et chevreuils aux abords des voies de circulation ont été effectués. Ces interventions se font avec l’appui d’ASF et des services de Gendarmerie pour maîtriser et canaliser la circulation. Il s’agit d’assurer une sécurité optimale autant pour les usagers que pour les intervenants. Ce sont des opérations délicates et difficiles à mettre en place et à mener, avec des véhicules qui conservent une vitesse de 90 km/h. Elles se sont, malgré tout, toujours déroulées avec succès.

J’en terminerai avec le terrain par la dernière mission qui nous est confiée depuis cette année. Il s’agit, suite à l’apparition dans le département de foyers de tuberculose bovine, de la responsabilité de prélever des blaireaux dans le cadre du programme Sylvatub, amenant ainsi un contact nouveau pour nous avec le service santé et protection animales au sein de la Direction Départementale de la Cohésion Sociale et de la Protection des Populations.

Comme dans toutes ces missions, nous encadrons des équipes, nous sommes formés aux premiers secours pour intervenir en cas d’accident, la dernière formation s’est d’ailleurs déroulée tout récemment. Car malgré les mesures de sécurité que nous respectons et que nous faisons appliquer, notre activité n’est pas sans risque et malheureusement des accidents mortels touchent des louvetiers.

Nous sommes des hommes de terrain mais aussi des conseillers techniques de l’administration. Nous participons aux travaux de la commission départementale de la chasse et de la faune sauvage et à celle des classement des nuisibles. Il y a parmi nous des personnes ressources pour les cerfs, chevreuils et isards.

Comme vous le voyez des responsabilités nombreuses qui ne vont pas sans une connaissance approfondie de la réglementation et sans tâches administratives. Une fonction qui demande de la diplomatie, beaucoup de disponibilité et nous faisons tout notre possible pour agir à chaque fois dans les meilleurs délais, de la réactivité, une prise de décision adaptée à chaque situation. C’est une activité riche de contacts et de situations.

Je dirais que le lieutenant de louvèterie est un moyen direct d’action souple, efficace et rapide au service des Préfets, des Maires et des citoyens, qu’il a un rôle de conciliateur avec le monde agricole et qu’à travers ses actions il participe au maintien de la biodiversité.

Pour terminer, je voudrais souligner les excellentes relations de travail que nous entretenons avec la DDT et la collaboration active et fructueuse que nous trouvons auprès de nos différents interlocuteurs.

Je souhaite que nous puissions continuer à travailler, avec vous tous, dans ce sens, c’est indispensable pour exercer nos missions dans de bonnes conditions, en toute sérénité. C’est aussi indispensable pour pouvoir répondre aux attentes de chacun et atteindre les objectifs fixés par l’administration.

***

Madame la Préfète, je vous redis tout le plaisir que nous avons à nous trouver à vos côtés et en fin de séance, je souhaiterais, au nom des lieutenants de louveterie des Hautes-Pyrénées vous remettre la médaille d’honneur et le livre de la Louveterie.

Mesdames, messieurs, je vous remercie de votre écoute.

Madame la Préfète, j’ai le plaisir de vous remettre au nom de l’association départementale, la médaille d’honneur et le livre de la louveterie.

Remise des commissions et des cartes de service
aux Lieutenants de Louveterie

Après l’appel des 27 Lieutenants de Louveterie par M. Duclos, il était procédé à la remise de l’Honorariat à Monsieur Clément FRADIN.

« Vous avez exercé durant 28 années les fonctions de Lieutenant de Louveterie dans la 14e circonscription. Votre engagement plein et entier dans la gestion de la faune sauvage, vous vaut aujourd’hui de recevoir la médaille de l’honorariat des mains de Madame la Préfète ».


Documents joints

16 juin 2015
info document : PDF
446.9 kio