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Retour sur Tarbes-Nice

lundi 11 septembre 2023 par Rédaction

Du côté tarbais

Pris de partout, dans l’envie, l’intensité et la vitesse

Inconsciemment peut-être, les tarbais mis en confiance parleur domination sur leur bête noire Blagnac, auront mésestimé des Niçois qui avaient perdu à Périgueux et qui s’étaient imposés difficilement malgré un bonus offensif à Vienne. Et ce contre deux promus !!! C’est ce qui en ressort quand on voit qu’ils ont été pris de partout, dans l’envie, dans l’intensité et la vitesse. C’est ce qui en ressort surtout des commentaires des deux entraîneurs qui n’ont pas du tout apprécié l’attitude de leurs joueurs sur la pelouse de Trélut, sans parler même du score historique par son ampleur.

Romain Terrain : Je suis en colère !

L’entraîneur des avants, visage tendu ne mâche pas ses mots. « Mon analyse est celle de tout le monde. La première chose, c’est cette impuissance manifestée tout au long du match qui fait que ça a été dur pour les garçons tout le match. Ce qui est regrettable, c’est que quand on a eu le ballon on a su créer des cassures dans leur défense mais on a fait tomber trop de ballons. Notre problème en attaque c’est qu’on n’a pas tenu un ballon. » Et l’ancien talonneur de pointer le déficit d’engagement de ses joueurs. « On a été en retard sur chaque ruck, on s’est fait contre-rucker jusqu’à la dernière action. On s’est contre-rucker à chaque ruck. Le point le plus critique c’est notre engagement en défense. » L’entraîneur critique ouvertement leur comportement. « C’est ce que j’ai dit aux garçons, vous pouvez l’écrire, vous vous êtes tous trompés de sport. Le rugby c’est un sport de combat et si vous n’avez pas envie de combattre, il faut le dire et vous changez de sport. On leur a dit qu’on n’accepterait plus ça. Là c’est une histoire de fierté. » Et d’enfoncer le clou pour faire mal à l’égo. « Les mecs de Nice, ils vous ont ri à la gueule, ils vous ont fait de tout. Il n’y a pas un mec qui s’est ouvert la tête, à part Bousquet qui s’est démis l’épaule. Il y a aucun mec qui s’est fait mal aux épaules de plaquer, c’est une métaphore. C’est un gros sentiment de colère qui domine. » Pour autant l’entraîneur veut se servir de ce match pour relancer la machine. « Nous, les entraîneurs, on ne lâchera pas. On va travailler, on va bosser. Ce match il faut que l’on s’en serve. Chaque épreuve doit nous servir et nous aider à avancer. Bien au contraire, je n’ai pas vraiment envie qu’on le mette de côté, qu’on l’efface, qu’on passe à autre chose. C’est hors de question. Nous allons nous en servir. Il n’y a pas d’échec si on sait en tirer les conclusions. Mais aujourd’hui quand on voit juste l’image des contre-rucks et des placages, ça dit tout sur le match. Du coup tu as l’impression qu’il y a deux vitesses, parce qu’il manque ces placages, qu’il manque ces rucks. » Romain Terrain, véritable guerrier et gagneur comme joueur, n’admet pas la demi-mesure au rugby. « Je pourrais vous montrer la feuille de route ou la stratégie du match : C’était  : Ne pas respecter son corps  ». C’est Fabien Galthier qui en a parlé à ses joueurs pour leurs premières sélections. En gros, ça veut dire, dans les duels tu dois être le premier et tu ne dois pas réfléchir à comment t’en sors. Je me suis inspiré de cette phrase pour préparer les mecs. Pour leur dire qu’il fallait gagner tous les duels en l’air, qu’il fallait gagner tous les placages, qu’il fallait gagner tous les rucks.

C’est une grosse colère parce que la stratégie était simple au final. Mais dans ce sport, malheureusement, si tu ne fait pas le minimum syndical qui est le combat tu ne peux pas rivaliser. Nous on savait que c’est une équipe qui est lourde, massive, destructrice et on n’a pas su s’y mettre en face.

Moi, c’est vraiment de la colère Je n’ai pas honte des 38 points, je suis en colère. Ce n’est pas à l’image de notre équipe, ce n’est pas à l’image de ce club et je suis en colère. On va travailler, on va bosser, on va essayer d’être efficace dans la semaine, d’être moins long mais avec plus d’intensité.

J’ai trouvé des garçons amorphes, sans électricité mis à part certains jeunes qui ont cette fougue. Mais c’est trop peu. On connaît les morceaux qui se présentent, il y a Bourgoin, il y a Albi, il y a Périgueux, qui sont des prototypes de ce que nous avons vu. Je suis en colère parce qu’aujourd’hui c’est la même incertitude qu’avant le match de Massy. On va bosser et se servir de ce match en pointant ce qui est blessant. Même s’il faut blesser les mecs, tant pis. Ce n’est pas la mentalité de l’équipe mais à un moment donné, il faut toucher où ça fait mal. Ce n’est jamais agréable pour moi et Nicolas mais 40 points à 3 à la maison contre Nice, pour moi ce n’est pas une honte mais c’est de la colère. » Le positif, en première période, avec des occasions manquées d’un rien sur la ligne, conforte Romain Terrain dans son analyse. « On se met des grains de sable dans la machine alors que la stratégie de contre-attaque a été respectée et était efficace. Sauf que, quand on a breaké, on a fait tomber les ballons. Après du coup tu pars sur leurs points forts. Tu rends le ballon à l’adversaire et comme tu ne défends pas tu te mets en difficulté. C’est un cercle vicieux et je suis colère parce que c’est une sacrée défaite. » 

Nicolas Cabanne : On a failli dans le comportement

Même constat chez l’entraîneur des trois-quarts qui n’a pas digéré la prestation de ses joueurs. « Bien sûr, on est en colère. On a manqué beaucoup de placages, on a été pris dans les rucks, les contre-rucks. On n’a pas existé dans les zones de combat, on n’a pas existé dans les zones de contacts. Pour moi, c’est psychologique. On a failli dans le comportement. » Même les occasions qui ont échoué près de la ligne et qui auraient pu faire basculer le match, ne le conforte pas. « Oui on s’est créé des occasions près des lignes mais au final, on ne marque que trois points. Il y a de l’inefficacité, on manque des placages et le score est très large. On s’est créé deux ou trois occasions en première mi-temps mais on n’a pas su scorer. Eux, chaque fois qu’ils ont eu une occasion, ils ont marqué. C’est la différence entre eux et nous et ils ont été bien meilleurs que nous. On a beaucoup perdu de ballons dans les zones de contact alors qu’on avait des situations favorables. On a été dominé athlétiquement, physiquement et mentalement. Je ne pense pas qu’on soit usé mais en ne marquant pas le moral en prend un coup. Il faut qu’on passe au dessus, qu’on se raccroche à d’autres choses. Surtout sur les bases, le placage, la conquête, l’agressivité. » Des bases essentielles au rugby qui font partie des fondamentaux et des ingrédients, nécessaires pour gagner. Les Tarbais les connaissent pour les avoir souvent utilisés ne serait-ce qu’il y a huit jours contre Blagnac. Nul doute qu’ils sauront les retrouver contre Bourgoin.

Du côté de Nice

Danses et cris de joie des Niçois à l’issue du match, comme s’ils ne s’attendaient pas à l’ampleur de leur victoire après deux premiers déplacements en demi-teintes chez les promus.

Alexandre Compan : On a fait un match plein

Le Manager niçois qui vantait vendredi les valeurs des Tarbais, ne s’attendait pas à un tel dénouement même si l’objectif affiché était de prendre des points en Bigorre. « On a fait un match plein, pour le coup, il faut le reconnaître. On s’est bien préparé, on a bien bossé dans la semaine. On se faisait un point d’honneur à pouvoir répondre dans le combat et là, il s’avère que les mecs ont répondu présent. On est content parce que le Groupe a montré qu’il sait aussi jouer à l’unisson. » Le retour de cinq joueurs Cutayar, Penc’Hoat, Vincent, Bolenaivalu, Freytes, a compté dans la prestation niçoise. « Je pense que ça a amené de la fraîcheur. On a beaucoup parlé, avec Mariano, c’est vrai qu’on a un Groupe plutôt homogène et on peut compter sur beaucoup de mecs. La concurrence est rude et ils le savent. En tout cas la concurrence est saine et on voit qu’ils ont su répondre présents. » Le jeu de vitesse avants-trois-quarts, d’attaque des intervalles, de passes dans la défense, prôné par Alex Campan, a donné sa pleine mesure à Trélut. « Il faut souligner déjà le gros travail des avants, parce qu’on sait que ça démarre devant et du coup, ils nous ont permis d’avoir des ballons à exploiter avec de la vitesse. Sans oublier bien sûr les rucks qui sont primordiaux et qu’on a réussi à plutôt bien gérer dans un sens comme dans l’autre. On a aussi fait la guerre dans les rucks défensivement et c’est un vrai travail devant. On le voit aussi sur les ballons portés et sur une grosse prestation en mêlée. »

Mariano Taverna : On monte crescendo

L’entraîneur argentin des avants estime que « Tarbes était à l’image du jeu proposé. On s’attendait à un rude combat devant. Ils ont une mêlée lourde et le match a mis du temps à se décanter. On a gagné le jeu d’occupation et de pression. Un match de rugby se gagne ou se perd sur des petits détails. A un moment, en début de seconde mi-temps, on a pu prendre le dessus et ils n’ont pas su trouver de solutions. C’est du sport et je pense que l’énergie mentale y fait et là, on a été plus fort. » A Tarbes Nice a vraiment franchi un cap par rapport à ses deux premières sorties. « On a 23 nouveau joueurs, on n’a eu qu’un match de préparation et là, on monte crescendo. Les phases de conquête demandent beaucoup de précisions et de connaissance entre les joueurs et ça monte crescendo. La mêlée et la touche aussi, depuis Périgueux, montent crescendo. C’est perfectible encore et je pense qu’on peut faire mieux. On va chercher à faire encore mieux la semaine prochaine mais ce match à Tarbes paye tout le boulot depuis deux mois que les mecs bossent comme des fous. » La preuve que les entraîneurs ne pensaient pas à un tel résultat, c’est que « les joueurs ont gagné le petit pari qu’ils avaient fait avec nous », avoue Mariano Taverna sans livrerla teneur du pari. Mais on peut imaginer que c’était une victoire bonifiée…

Propos recueillis par Jean-Jacques Lasserre