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Rugby Bigourdan : Chronique d’une mort annoncée*
Ceci est un article que nous avons préparé, il y a plus de deux mois, pour prévenir du danger qui guettait le rugby bigourdan, si l’ensemble des clubs continuaient à se faire une guerre d’égos et à se tirer dans les pattes. Notre intention était d’attendre l’intersaison pour publier cet article qui était un plaidoyer à l’adresse des dirigeants de clubs. L’actualité nous pousse à faire paraître cet article dans l’urgence, sans l’avoir achevé. Car aujourd’hui, sans une prise de conscience des décideurs politiques et économiques, ça deviendra une réalité. Seul le club de Tarbes a l’obligation, de par son statut de club pro, d’avoir un Centre d’Entraînement Labellisé qui ne peut pas fonctionner sans l’aide des Collectivités au travers de l’Association. Or cette formation est indispensable à la survie de tous les clubs bigourdans (voir ci-dessous).
Plus d’international bigourdan, passés un club bigourdan, depuis trente ans
Il faut remonter trente ans en arrière* pour trouver un international bigourdan sélectionné sous les couleurs de Tarbes, de Lourdes ou de Bagnères. Depuis les internationaux** d’origine bigourdane n’ont jamais porté le maillot d’un de ces trois clubs emblématiques même en juniors. Même Tarbes, lorsqu’il était en Pro D2, avec un Centre de Formation reconnu, n’attirait pas les meilleurs minimes ou cadets du département pour des raisons non sportives. Les Ecoles de rugby des clubs bigourdans préféraient envoyer leurs meilleurs jeunes ailleurs, sans se douter qu’ils se tiraient une balle dans le pied. Et aujourd’hui, le rugby bigourdan va vers une mort certaine car les jeunes de qualité quittent le département avant d’être Cadets. La conséquence, c’est que le rugby bigourdan s’appauvrit et va finir par disparaître si son élite quitte le département dès les Cadets, les U 16 aujourd’hui.
*Roland Bertranne Stade Bagnérais 1971-1981, Pierre Berbizier CA Lannemezan et FC Lourdes, Philippe Dintrans Stadoceste Tarbais 1979-1990, Jean-Pierre Garuet FCL : 1983-1990, Aubin Hueber 1990-2000, a porté les maillots tarbais, lourdais et bagnérais avant de finir sa carrière de joueur à Tarbes.
** Wenceslas Lauret formé à Pouyastruc jusqu’en cadets est parti en deuxième année à Biarritz. Antoine Dupont, Castelnau-Magnoac, rejoint en Cadets Auch avec qui il est Vice-Champion de France Crabos avant de rejoindre Castres. Aucun n’est passé par une des trois Ecole de Rugby et ils se sont exilés dès leur plus jeune âge, à une époque où le TPR était encore en Pro D2, avec Biarritz et Auch. Julien Marchand, originaire de Loures-Barrousse a été formé à Montréjeau et a rejoint le Stade Toulousain en Crabos. Cyril Baille, d’origine paloise, mais formé jusqu’en Cadets à Lannemezan, est parti au Stade Toulousain en Cadets 2..
Tarbes n’est plus assez attractif
Jusqu’à présent Tarbes, de par son attractivité de club de Pro D2 et la qualité de son Centre de Formation Labellisé, attirait encore des jeunes de qualité même si les graines de futurs internationaux partaient ailleurs. Les jeunes, qui restaient, étaient confrontés dès les Minimes, aux meilleurs clubs nationaux. S’ils ne faisaient pas la maille pour jouer en Pro D2 avec le TPR, ils irriguaient les clubs de Fédérale 1 du Département, Lourdes, Bagnères et Lannemezan. Or cette filière est en train de s’éteindre depuis la relégation administrative du TPR en Fédérale 1. Privé de son pouvoir d’attraction et toujours confronté à l’opposition des clubs bigourdans à envoyer leurs meilleurs éléments, la Formation tarbaise s’appauvrit d’année en année. Redescendu en Fédérale 1 et n’ayant plus les moyens de recruter à l’extérieur Tarbes, conserve ses meilleurs jeunes qui ne vont plus enrichir ses voisins bagnérais, lannemezanais et lourdais. Mais Tarbes s’appauvrit lui aussi, car ses jeunes ne vont plus être confrontés aux meilleurs clubs nationaux. C’est le cercle infernal, c’est le serpent qui se mord la queue et en meurt !
Il n’y a plus de confrontation de haut niveau chez les jeunes
Il devient vital pour la survie du rugby bigourdan que celui-ci retrouve un représentant en Pro D2 et celui-ci pour des raisons économiques et structurelles ne peut être que Tarbes. La haine contre Tarbes doit elle conduire à la mort du rugby en Bigorre où d’ici quelques années il n’y aura plus de représentants en Fédérale 1, ni peut-être même en Fédérale 2. Les clubs basques, Anglet, Saint-Jean-de-Luz et même Nafarroa profiteront toujours de l’expérience de leurs jeunes passés par les cadets, les juniors, et les Centres de Formations de Bayonne et de Biarritz. Marmande, Lavaur, Valence d’Agen tireront encore profit de leurs jeunes passés par Castres, Agen, voire le Stade Toulousain, pour présenter un effectif qui tient la route en Fédérale 1. Mais qui alimentera Lannemezan et Bagnères, si Tarbes ne peut plus inculquer l’expérience du haut niveau à ses Minimes, Cadets, Juniors et Espoirs. Déjà, le niveau baisse en Espoirs depuis que le TPR ne dispute plus le Championnat National. Ce sont donc des joueurs de moins pour alimenter Tarbes et a fortiori les autres clubs bigourdans.
Réagir tant qu’il en est encore temps
S’il n’y a pas une prise de conscience des clubs bigourdans, la Bigorre se retrouvera au niveau de l’Ariège qui ne compte aucun club en Fédérale 1*. Un département autrefois très rugbystique avec Foix, Lavelanet, Pamiers, Saverdun, Saint-Girons…, qui a fourni aussi de nombreux internationaux à l’équipe de France. Bagnères, Lannemezan, Lourdes et les « petits clubs » dits « sans grades », doivent jouer le jeu et envoyer leurs meilleurs éléments vers Tarbes. Pour que Tarbes, qui a brillé au niveau national chez les Minimes en Coupe Melet, chez les Cadets et le Juniors puissent présenter au niveau national des équipes dans chaque catégorie d’âge, y compris en Espoirs. Il en va de la survie, non seulement de Tarbes mais de tout le rugby bigourdan.
*Depuis le 26 mai, Pamiers est remonté en Fédérale 1
Jean-Jacques Lasserre
Rédaction
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