Retour sur le match Tarbes-Vienne

Les réactions des Viennois

Les « remplacés » viennois n’ont pas cessé d’encourager et d’applaudir leurs coéquipiers qui résistaient aux assauts tarbais sur leur ligne. Un groupe solidaire comme annoncé, composé de bons copains qui « ont de vrais boulots à temps pleins » qui doivent prendre des congés ou des RTT pour faire les longs déplacements et qui « sont crevés pour reprendre le boulot le lundi. » Des joueurs défrayés 400 euros par mois, qui n’ont pas le temps de faire de la musculation comme les Pros et qui s’entraînent le soir trois fois le soir par semaine y compris la séance de mise en place. Gibierge, Durand, qui disputent leur dernière saison ne regrettent pas l’aventure en Nationale, où ils « ont joué dans de grands stades contre des équipes historiques. »

Dominique Mahuet : C’est un match qui nous laisse des regrets

« On prend un essai d’entrée, un peu trop vite, après on revient bien dans le match. On rivalise complètement pendant 55 minutes. On est même performant en conquête où on leur pique quelques ballons en touche et on est bien en mêlée » fait remarquer l’entraîneur des avants. Malheureusement offensivement, on est inexistants, on n’arrive pas à trouver des solutions. On a deux occasions où on peut marquer, qui nous auraient permis de repasser devant ou de recoller. Mais on ne concrétise pas et derrière il y a des petits détails qui font qu’on encaisse deux ou trois essais », regrette l’ancien N° 8 de Mâcon. Un match qui ressemble aux dernières sorties des Viennois avec beaucoup d’engagement et beaucoup moins de réussite. « Oui, c’est un match qui nous laisse des regrets et qui est un peu à l’image de notre saison où on a vraiment du mal à marquer et où, à l’heure de jeu, on marque le pas physiquement. »

Même si c’est dur ça reste une belle aventure à vivre

Malgré une seule victoire en vingt journées et une série de treize défaites consécutives les Viennois ne regrettent pas d’être venus. « On tient le coup parce qu’on n’a pas le choix et qu’on a choisi d’être là. Après, même si c’est dur, ça reste une belle aventure à vivre. Le niveau est super, on joue dans de beaux stades historiques du rugby, contre des équipes historiques. L’aventure reste belle à vivre même si effectivement, mentalement, c’est dur. » Relégable sportivement à la dernière place, Vienne est devenu barragiste à la suite du Forfait Général de Blagnac et pourrait même se maintenir directement en cas de nouvelles défaillances financières. « A titre personnel, si on a la possibilité de rester je préfèrerai rester en Nationale car après ce sera très, très, dur de remonter avec le nouveau format. Personnellement, je pense que si on a l’opportunité de rester en Nationale, il faut y rester. »

On n’a pas dépensé les millions qu’on n’avait pas

L’ancien entraîneur du LOU Féminin regrette que tous les clubs ne respectent pas les règles financières et annoncent de gros budgets prévisionnels pour pouvoir effectuer un meilleur recrutement à l’intersaison. « Nous on a fait les choses dans les règles et le club est sain financièrement. On n’a pas dépensé les millions qu’on n’avait pas. S’il y a des clubs qui descendent parce qu’ils n’ont pas fait les choses dans les règles c’est normal parce que s’ils avaient fait les choses dans les règles on les aurait peut-être battus. » Dominique Mahuet qui a rejoint Vienne en 2022 et qui a participé à la montée en Nationale juge que le club a des atouts pour perdurer à ce niveau. « On a du monde au Stade, on a un bassin économique très puissant mais aujourd’hui on a un modèle économique pluriactif. Si on veut grandir il va falloir basculer sur un modèle un peu plus professionnel pour arriver à être à 100% professionnel. C’est à nos dirigeants de trouver les moyens pour. Ça ne se fera pas du jour au lendemain mais il faut déjà s’y préparer. »

Cirian O’Flynn : Physiquement c’était très dur, devant c’est très solide

L’ancien seconde ligne de Tarbes confirme que son équipe avait une idée derrière la tête. « On est des compétiteurs et on voudrait faire des résultats partout, à l’extérieur et la maison où on a aussi du mal. Là, on s’était mis dans de bonnes dispositions pour faire quelque chose à Tarbes qui est la seule équipe qu’on a battue. Mais on est tombé sur une équipe de Tarbes qui était très présente. On n’a rien pu faire et physiquement ça s’est ressenti. On craque à l’heure de jeu, c’est sur le cardio et sur le physique. Physiquement, c’était très dur, devant Tarbes c’est très solide. » Cirian O’Flynn n’a pas reconnu l’équipe tarbaise du match Aller. « A l’Aller Tarbes n’avait pas trop mis de combat. Nous on était plus engagé aussi. Là on a voulu aussi s’engager mais ils ne nous ont jamais lâchés. Devant, c’était très dur pour nous et derrière, ils ont envoyé beaucoup de jeu. Ils étaient à l’affût de toutes nos erreurs, on le voit quand ils font l’interception. C’est cruel pour nous mais eux ils le méritent. »

Pluriactif, mentalement c’est mieux, physiquement c’est compliqué

Pour la première fois de sa jeune carrière le deuxième ligne a quitté le monde Pro pour travailler à plein temps dans une banque depuis son arrivée en 2022 à Vienne. « C’est bien d’être pluriactif, ça permet de bien dissocier rugby et vie perso. C’est un équilibre à trouver et au début c’était dur. L’année dernière, ça m’a demandé pas mal d’adaptation mais après, une fois qu’on trouve le rythme ce n’est pas mal. C’est une vie différente de Pros, c’est sûr que mentalement c’est mieux mais physiquement, on voit la différence. On n’est pas beaucoup à pouvoir aller en muscu et quand on arrive sur des matchs comme ça, c’est compliqué. Et quand on tombe sur un N° 8 puissant comme ça, c’est très compliqué. »

Propos recueillis par Jean-Jacques Lasserre