TPR : Débrief de Romain Terrain

Le manque de continuité engendre un manque de confiance

Romain Terrain a longuement débriefé le match dans le couloir des vestiaires après un match capital dans l’optique du maintien contre Bourg-en-Bresse. Comme si l’entraîneur voulait faire comprendre aux journalistes son ressenti personnel après un match gagné dans la difficulté. Mais aussi expliquer que les entraîneurs ne se satisfaisaient pas de la pauvreté du jeu produit et qu’au contraire ils souhaitaient que les joueurs envoient du jeu et se lâchent sur le terrain. Pour lui c’est avant tout une question de confiance car les joueurs ont du potentiel. Il est vrai que les Tarbais n’arrivent pas à enchaîner les bons résultats qui engendreraient de la confiance. Après le bonus défensif à Massy (20-13) et une victoire convaincante (dans la manière) contre Blagnac (23-20), Nice est venu les étriller à Trélut (3-38). Derrière les Tarbais se reprenaient contre Bourgoin (17-9) mais ils se faisaient de nouveau étriller à Albi (36-3). Tarbes assurait contre Périgueux (30-13) mais offrait sa première victoire à Vienne (13-11) et se retrouvait du coup sous pression contre Bourg-en-Bresse.

On a un meilleur potentiel que ce qu’on produit

L’entraîneur parait soulagé après une semaine sous tension après la défaite à Vienne. « Déjà, c’est toujours bon de gagner. C’est le plus positif car on se prépare pour gagner des matchs. » C’était l’essentiel en vue de la course au maintien mais pas suffisant pour Romain Terrain qui s’attache surtout au contenu. « Après quand tu as gagné, tu regardes un peu la manière et tu restes un petit peu sur ta faim, car je pense qu’on a un meilleur potentiel que ce qu’on produit. » Après un début de match tonitruant avec plusieurs temps de jeu les Tarbais ne sont plus arrivés à enchaîner. « On a l’impression que ça démarre bien. Pendant les cinq premières minutes, on est dans le truc et tu ne joues que dix minutes en première mi-temps. » C’est vrai que pénalisés sur leur avancées par l’arbitre et par des ballons tombés les Tarbais se sont repliés dans leur coquille et ont fait le dos rond face aux Bressans. Une attitude que ne comprend pas Romain Terrain. « Tu joues contre le vent et tu te retrouves à 3-9 à la mi-temps. Et en seconde mi-temps quand tu es passé devant au score t’arrêtes de jouer. C’est là que c’est un peu incompréhensible. On leur demande d’avoir tout le temps de l’excitation, d’avoir de l’énergie positive, d’être excité sur le terrain, d’être enthousiaste… Mais il manque encore ce petit truc qui derrière fait la différence. »

Un match et un contenu de bas de tableau

Les Tarbais après être revenus au score et avoir marqué l’essai de la gagne n’ont pas pu enchaîner les temps de jeu derrière des ballons portés dévastateurs non récompensés. Pire ce sont eux qui se faisaient pénaliser à la sortie. Mais dans une fin de match tendue les Tarbais ont su trouver les ressources pour résister au va-tout des Bressans qui visaient un troisième succès de rang. Car il ne faut pas s’y tromper malgré son mauvais classement dû à des dissensions entre le staff et les joueurs, Bourg-en-Bresse, de par son budget et son effectif faisait partie tout comme Massy (autre mal classé) faisait partie des favoris pour la montée. Mais cinq défaites consécutives ont plongé les Bressans au fin fond du classement. D’où un match tendu entre deux équipes en plein doute qui luttent pour leur survie en Nationale. « On gagne contre un concurrent direct sur le bas de tableau, sur la partie maintien. C’est un match de bas de tableau et ça c’est vu je pense sur le contenu. » Rassurés au plan comptable les Bigourdans vont avoir une semaine entière de repos avant de repasser aux choses sérieuses. « On laisse les joueurs tranquilles cette semaine mais on leur dit de bien se préparer car le prochain match c’est contre un club de haut de tableau. Ce sera d’un autre niveau, ce sera d’un autre calibre. Et ce n’est pas avec ce genre de prestation qu’on arrivera à inquiéter Narbonne. »

On s’est fait peur mais on a su gagner

Au-delà du contenu, qui peut se comprendre compte tenu du contexte, Romain Terrain aimerait que ses joueurs se libèrent. « Au moins que quand on sort du terrain, on ne soit pas déçu de ce qu’on a fait. On leur demande tout le temps de sortir sans regret, de sortir avec le sentiment du devoir accompli. Là c’est bien on a gagné, surtout après Vienne où tu perds un match que tu as la capacité de gagner. » Pour lui les Tarbais ont le potentiel de faire beaucoup mieux au niveau du jeu.« Quand tu gagnes, c’est le principal, mais nous, en tant qu’entraîneur, on sait ce qu’ils sont capables de faire mieux que ce qu’on a fait dans le jeu. Il faut tenir le ballon. Dès qu’on l’a tenu, on a été intéressant et après, on a arrêté de jouer. Voilà ! Il faut bosser, il faut qu’on bosse, qu’on travaille. C’est vrai qu’on manque beaucoup de ballons. On s’est compliqué la tâche en touche même s’il est vrai qu’on ne l’avait pas trop travaillé dans la semaine. » D’après nos retours, l’entraîneur avait demandé d’assurer sur le premier sauteur, ce qui n’a pas été fait. « On s’est compliqué un peu trop et du coup tu as moins de ballons et voilà. On s’est fait peur mais on a su le gagner. »

La défense nous fait gagner le match

Un match que les Tarbais ont peut-être gagné défensivement en première période au plus fort de la domination bressanne. « Oui, parce qu’on a deux grosses séquences défensives en première mi-temps qui sont ultra positives. On ne se met pas à la faute, on prend la largeur, on tape fort, du coup on récupère des ballons. Ils jouent un jeu au pied qui va directement en touche, ils tentent un drop qui passe à côté… Je pense que la défense en première mi-temps nous a fait gagner le match. Ils jouent avec le vent et ils ne tournent qu’à + 6 et ça c’est très positif. Le fait de bien défendre, de faire preuve de caractère, c’est très positif. » Mais l’entraîneur n’en démord pas les joueurs doivent se libérer sur le terrain, car le potentiel est là depuis l’arrivée des deux Fidjiens qui apportent une puissance qui faisait défaut derrière jusque là. « Il faut qu’ils se lâchent. On veut qu’ils se lâchent. Nous, on ne les bride pas. Quand on a la possession il faut qu’on lâche les chevaux, qu’ils s’amusent. » Dans le rugby actuel la différence se fait par le jeu souligne Romain Terrain. « On le voit en Pro D2, les équipes qui ne jouent pas sont en bas et c’est pareil en Nationale il faut jouer. Il ne faut pas faire n’importe quoi non plus, bien sûr. Mais il faut arriver à tenter des choses et à prendre du plaisir sur le terrain. Ils sont plein de bonne volonté et c’est de bon augure pour la suite. »

Il faut se lâcher, il faut s’éclater sur le terrain

L’entraîneur se projette sur le match à Trélut du 4 novembre. « Le prochain morceau c’est Narbonne et on sait que ce sera un autre genre de match. Ce sera complètement différent. On les a joués en préparation et aujourd’hui, ils sont en haut de tableau. (Premier à égalité avec Albi au soir de la huitième journée). Nous on est une équipe qui se bat avec Vienne, Massy et Bourg-en-Bresse pour le maintien. On sait où on est et c’est à nous d’avoir plus d’ambition parce que c’est un peu terne. Il faut que nos joueurs aient conscience de leur potentiel. Il faut que la flamme s’allume, il faut que des jeunes passent devant, il faut que des leaders s’assument et qu’ils s’excitent un peu plus. Des fois dans les vestiaires, on dirait qu’on part à un enterrement alors qu’ils jouent des gros matchs et qu’ils devraient s’éclater. Maintenant, il faut s’éclater. Il faut se lâcher quand on joue à la maison. »

C’est mental, il faut arriver à gérer la pression

Pas évident non plus quand on joue le couteau sous la gorge à domicile de se lâcher au risque de prendre un contre, surtout quand les fautes de mains et les imprécisions de passes s’accumulent. « Oui, c’est mental. On devait gagner à Vienne et on ne gagne pas. Après, on doit absolument gagner à la maison après la défaite contre Nice. Il faut jouer avec la pression. Ça fait partie de notre championnat à nous, d’être sous la pression à la maison. C’est comme ça. Ce sont des matchs qu’il faut arriver à gérer. Il faut que la pression soit positive et pas négative. Pour cela il faut se concentrer plus, s’appliquer plus. Ils y arrivent mais c’est par alternance. On aimerait avoir des matchs plein avec de la maîtrise. »

Propos recueillis par Jean-Jacques Lasserre