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Stado-TPR

mardi 25 avril 2023 par Rédaction

Après Sarlat, Dominique Einhorn s’intéresse à Tarbes

La rumeur de la venue d’un gros sponsor courrait depuis des semaines et Lionel Terré nous avait confié lors d’une interview fin mars. « Je garde espoir qu’un acteur économique important viendra. » C’est chose faite, ce sponsor, c’est Dominique Einhorn, un milliardaire franco-américain, qui a rencontré le Président du Stado-TPR et le Maire de Tarbes.

Dominique Einhorn, n’est pas un inconnu dans le milieu du rugby, qu’il a défrayé en reprenant le club de Sarlat qui était exsangue après l’épidémie du Covid et l’arrêt complet des championnats de rugby. Sous sa houlette, le budget est passé de 350 000 à 1,2 M€ et le club a recruté des joueurs qui ont évolué, à plus ou moins haut niveau, comme Paea ou Fono, avec David Ellis, dans le staff. Les effets ne se sont pas fait attendre avec 22 victoires en 22 matchs de Poule et une montée en Fédérale 1. De quoi exciter des jalousies et des rancœurs qui ont débouché sur des dénonciations et une mise en examen, le 9 février 2022, de l’homme d’affaires, d’origine alsacienne, qui a fait fortune aux Etats-Unis. La justice ne fait pas dans la demi-mesure avec garde à vue à la Gendarmerie de Sarlat, des perquisitions par la Brigade Financière au siège du club et à son domicile. Le milliardaire est soupçonné de  « fraude fiscale, exécution d’un travail dissimulé, escroqueries aggravées, d’abus de bien sociaux, de non-dépôt des comptes annuels des sociétés  et d’aide à l’entrée à la circulation ou au séjour irréguliers d’étrangers en France* », selon le communiqué du parquet de Bergerac. L’association sportive du CAS est donc placée sous administrateur judiciaire, tout comme la société commerciale créée par l’homme d’affaires pour promouvoir la marque du club, l’entreprise « Sarlat Rugby Team ». Plusieurs autres sociétés, dont Dominique Einhorn est le représentant légal sont concernées par l’ordonnance du juge, notamment la société Uniqhorn, dont le logo s’affiche sur le maillot du club bleu et noir, les sociétés Mobcast, Formation Esport, SportsX, EFY1 ou encore Exponantial 1. Des Sociétés dont il est le gérant, le président ou le directeur. Du coup le club, qui ne reçoit plus les versements de ces sociétés, s’est retrouvé en difficultés financières et a demandé sa rétrogradation en Fédérale 3.

*Accusations portées à l’encontre des joueurs étrangers recrutés

Des accusations sans fondement selon Maître Garbarini

Un an a passé et l’Affaire pourrait faire un flop, selon son avocat Pascal-Pierre Garbarini, ancien défenseur d’Yvan Colonna et de Jacques Santoni. Maître Garbarini, outre le Droit Pénal, est aussi un spécialiste du « Droit des Affaires et Fiscalité » et du « Droit des Affaires et Commercial ». Joint par téléphone, il nous a confié que son client dénonçait l’ensemble des faits qui lui sont reprochés, avec de solides arguments à l’appui. Devant les anomalies relevées par la Défense, le Dossier a été dépaysé à Paris. « On reproche à Dominique Einhorn de ne pas avoir déposé le compte annuel de ses sociétés, lors de sa mise en examen le 9 février, alors qu’il avait jusqu’au 30 juin pour le faire » révèle Maître Garbarini qui s’étonne de la légèreté des accusations. Autre incongruité, Dominique Einhorn est accusé d’abus de biens sociaux sur une société américaine basée aux Etats-Unis où il n’existe pas d’abus de biens sociaux. Les autres accusations ne tiendraient pas non plus, puisque ni l’URSSAF, ni les Impôts, n’ont chiffré le montant des sommes qui auraient été détournées. Sur les accusations de travail dissimulé, la défense assure que ces travailleurs n’avaient le statut de salariés mais de travailleurs indépendants. « Lorsqu’on rentre dans le dossier et qu’on prend les explications, les unes après les autres, il n’y a pas d’infraction. Il n’y a aucune infraction », assure Pascal-Pierre Garbarini. « Il y un moment donné où on se pose la question de savoir si on n’a voulu détruire le club », interroge l’avocat. D’autant que ce serait le salarié d’une de ses sociétés qui aurait dénoncé les faits reprochés. Or ce « témoin à charge » serait, selon l’avocat, poursuivi aux Etats-Unis pour vol de licences informatiques d’une valeur de plusieurs millions de dollars qui appartenaient à M. Einhorn.

Requête en nullité de la mise en examen

Maître Garbarini nous a donné l’autorisation de faire état des informations qu’il nous a divulguées. « Nous n’avons rien à cacher. On est au début et vous allez voir, je pèse mes mots et vous me connaissez de réputation, on n’est qu’au début des surprises qui vont être au détriment de l’accusation. Déjà, obtenir que les Dossiers soient dessaisis, par le Premier Président de la Cour de Cassation de Paris, au détriment du Tribunal de Commerce de Bergerac, pour les transférer au Tribunal de Commerce de Paris, ce ne sont pas des décisions fréquentes. Surtout à peine un an après le jugement. La requête en nullité de la « mise en examen », sera elle jugée le 22 juin par le Tribunal de Bordeaux. L’avocat dénonce « la multiplication des infractions avec des dossiers mal dirigés et mal établis. Nous contestons tout. » Pascal-Pierre Garbarini prend ce dossier à cœur. « On est venu le chercher. Il n’a pris la place de personne et c’est ça, qui est scandaleux. »

Jalousies et rivalités sportives et économiques

Il est vrai que la réussite sportive de Sarlat n’a pas été sans provoquer des jalousies dans un Département où les rivalités rugbystiques sont grandes avec Périgueux et Bergerac qui sont des clubs historiques ambitieux. L’arrivée d’un mécène de cette envergure a pu déplaire à beaucoup de monde du milieu politique ou économique. D’autant que le modèle économique présenté détonnait complètement et pouvait paraître suspicieux, comme tout ce qu’on n’appréhende pas bien. Surtout venant, d’un « étranger », américain de surcroit, qui vit avec une compagne « asiatique ». De quoi intriguer et déranger dans le Périgord profond. « On est dans une situation où, à mon avis, le judiciaire est utilisé pour anéantir le projet économique de M. Einhorn. » Un projet économique qui aurait fait ses preuves à Sarlat et que d’autres clubs pourraient adopter à l’instar de Tarbes qui a reçu l’homme d’affaires franco-américain, pour discuter du modèle économique mis en place à Sarlat et qui a généré plusieurs centaines de milliers d’euros. Pour cela Dominique Einhorn a créé la « Sarlat Rugby Team », qui a été liquidée, par le Tribunal de Commerce de Bergerac, quelques semaines après sa mise en examen, entrainant le licenciement de ses huit salariés. Cette structure commerciale qui employait plusieurs joueurs et un membre du staff, générait de l’argent au profit du club. Pour Maître Garbarini, le modèle économique mis en place, respectait toutes les règles. Un modèle qui a permis de recruter des joueurs qui sont venus s’installer avec leurs familles à Sarlat et dans ses environs, relançant le commerce local avec l’engouement généré autour du club et de la ville de Sarlat. « C’est un manque à gagner considérable », estime l’avocat.

Dominique Einhorn libre d’investir

En l’état des choses rien n’interdit à Dominique Einhorn de continuer d’exercer ses conseils et de proposer aux clubs un modèle économique qui permet de générer des revenus qui alimentent les budgets et créent des emplois pour les joueurs en reconversion. L’engouement et la dynamique économique, autour de Sarlat, ont de quoi séduire les clubs qui peinent à trouver des financements. Si toutes ses sociétés, basées à Sarlat, ont été saisies, Dominique Einhorn, dispose toujours de sa fortune personnelle gagnée aux Etats-Unis, de son modèle économique sportif et de son génie de l’informatique.

Propos recueillis par Jean-Jacques Lasserre