Pro D2 (dernière journée) : TPR s’offre le champion Agen 29-27

Tarbes-Agen : 29-27 (Mi-temps : 20-10)

• Pour Tarbes : 2 essais de Magrakvelidze (6e) et de Lacrampe (34e), 2 transformations, 4 pénalités (16e, 50e, 57e, 67e) et 1 drop (40e) de Bourgeois. carton jaune à Toetu (72e)

• Pour Agen : 4 essais de Barnard (1ère), de Caucaunibuca (54e), de Vaka (64e), de O Fonua (74e), 2 transformations de Barnard (1ère) et de Sola (55e).

Pour le match de clôture de la saison 2009-2010, le TPR s’est offert le nouveau Champion de France Agen. Des Agenais qui n’étaient pas venus pour faire un match de gala avant de recevoir leur bouclier mais pour livrer un véritable match de rugby. D’ailleurs pour bien montrer leurs intentions les Lot et Garonnais avaient aligné 20 des vainqueurs du match de la montée contre Lyon sur les 23 joueurs inscrits sur la feuille de match. De plus, dès la 1ère minute de jeu, après un ballon capté dans les 22 m tarbais et un maul bien structuré, l’ouvreur Barnard, bien lancé dans l’intervalle, marquait au pied des poteaux (0-7). Les Tarbais qui présentaient une équipe bis, privée de nombreux titulaires, dont les deux ouvreurs, Apanui et Kopetzky, et composée à majorité de jeunes issus du centre de formation, ont réagi aussitôt. Vexés d’avoir encaissé un essai surprise les Tarbais, au lieu de taper deux pénalités consécutives, choisissaient deux pénaltouches et égalisaient par Magrakvelidze (7-7).

Dès lors le TPR prenait le match en main et se procurait les meilleures occasions. C’est sur un superbe mouvement, initié de ses 22 m, mais qui échouait près des poteaux que Tarbes prenait l’avantage sur pénalité 10-7. Dès lors, les Bigourdans n’allaient plus quitter la tête. Agen envoyait du jeu mais la défense tarbaise faisait bonne garde et c’est Lacrampe, au terme de plusieurs enchaînements, qui inscrivait un second essai (17-7).

Caujolle allait même inscrire un essai de 80 m au coude à coude avec Huget mais M. Dubes, signalait une faute au départ que Barnard convertissait en but (17-10) à la 37ème minute. Tarbes repartait à l’assaut et Bourgeois claquait dans la sirène un superbe drop (20-10). Agen tentait de réagir mais c’est Tarbes, sur pénalité, qui accentuait son avantage (23-10). Le champion faisait alors entrer son banc monstrueux avec notamment Narjissi, Fa’Aoso, Fonua, Te Moana, trois colosses du Pacifique Sud... En face Tarbes n’avait que sa classe biberon à opposer et à l’heure de jeu la puissance d’Agen finissait par payer. D’abord par un superbe essai à mille temps de jeu, un essai à l’Agenaise conclu par le fantasque et fantastique Caucaunibuca, jusque là bien contenu par Duhen et la 3ème ligne tarbaise (23-17)).

Encore une fois les Tarbais réagissaient sur le coup d’envoi, se procuraient une occasion d’essai et obtenaient une pénalité (26-17). Tarbes se montrait de nouveau dangereux mais sur la touche rapidement jouée dans ses 22 m, Agen balayait le terrain, jouait dans l’axe, puis retrouvait le large pour un essai de Vaka sur le drapeau de coin (26-22). Les jeunes Tarbais démontraient une nouvelle fois leur force de caractère et obtenaient une nouvelle pénalité (29-22). Le calvaire du pack bigourdan allait commencer. Toetu qui rentrait après 4 mois d’absence commençait à souffrir, à bout de condition physique. Hurou absent et Magrakvelidze et Anglade sortis pour blessures, les entraîneurs du TPR ne pouvaient rien faire pour enrayer cette domination. Finalement c’est M. Dubes qui mettait fin au calvaire de Toetu en lui donnant un carton jaune (72ème). C’est sans surprise que le puissant O’Fonua inscrivait le 4ème essai à proximité des poteaux (74ème), derrière une mêlée réduite. Sola, comme Bourgeois à Colomiers, manquait l’immanquable et le TPR préservait sa victoire 29-27.

Christophe Deylaud : "On avait à coeur de gagner"

• Christophe Deylaud l’entraîneur agenais confirme qu’Agen était venu à Tarbes pour terminer sur une victoire malgré la fatigue des festivités. "Agen a voulu honorer son titre mais d’une façon un peu décousue. Les joueurs étaient fatigués, la semaine a été longue, avec un peu trop d’alcool... Les garçons ont voulu bien faire, ça ne réagissait pas trop au début, mais au fur et à mesure du match, on est revenu dans la partie. On a fait des choses intéressantes et un match nul aurait été logique. On avait à coeur de gagner ce match, on ne l’a pas fait tant pis mais les garçons ont fait une belle saison." L’entraîneur agenais n’en veut pas trop à ses joueurs. "C’est logique, il y a eu une décompression après le match contre Lyon. On a essayé de donner du spectacle et je crois que le public n’a pas dû s’ennuyer. Les deux équipes ont joué un beau match et un vrai match de rugby. ça n’a pas été une foire d’empoigne, ça a été un vrai match de rugby et il faut féliciter les deux équipes."

Hervé Dubes : "Un vrai match de rugby"

• Hervé Dubes, l’arbitre de la rencontre confirme. "Aujourd’hui c’était un vrai combat. Je ne m’y attendais pas parce qu’avant le match les joueurs étaient un peu décontractés mais les valeurs du rugby sont revenues sur le terrain. Chacun voulait gagner. Agen d’entrée a marqué un essai et Tarbes n’a pas voulu prendre une volée et s’est bien accroché. Il y a eu une belle première mi-temps en faveur de Tarbes. Les Tarbais ont tout donné et dans les dix dernières minutes ils n’en pouvaient plus et Agen pressait pour marquer. Agen qui aurait pu égaliser a essayé de passer devant en vain. Ce qui prouve que c’était vraiment un vrai match de rugby, plaisant à arbitrer avec des joueurs qui se sont accrochés et qui ont tout donné."

Ludovic Duhen : Face à face avec Caucaunibuca

• Ludovic Duhen, le jeune centre tarbais, avait face à lui l’extraterrestre Caucaunibuca. "C’est un honneur de jouer face à un joueur aussi talentueux et aussi puissant. Il y a 4 ans je le regardais à la télé en Top 14 et le jouer aujourd’hui, c’était un rêve qui se réalisait." Pour arrêter l’innarrêtable les Tarbais avaient mis au point un plan. "On s’était promis de ne pas lâcher. On avait décidé de défendre avec Loïc en 10 parce qu’on avait vu qu’il venait chercher souvent l’axe du terrain avec le n° 8. On avait décidé de renforcer cet axe et ça a plutôt bien fonctionné." Caucau n’a jamais pu passer jusqu’à la 54ème minute où, suite à plusieurs temps de jeu près d’un regroupement, il a pu placer deux crochets et une accélération dont il a le secret.

Mickaël Etcheverria : "Ils nous ont respecté en mettant une belle équipe"

• Mickaël Etcheverria, le Capitaine tarbais, savoure cette victoire sur le Champion. "Je très heureux de la réaction de notre équipe. On prend un essai très rapidement et un peu bêtement mais on ne s’est pas mis la tête au fond du seau. On est reparti sur nos bases et sur ce qu’on savait faire. On mène de 10 points à la mi-temps et après, physiquement, on accuse un peu le coup. On a eu une longue saison avec un effectif plus réduit que celui des Agenais et c’est ce qui fait la différence." Une saison teintée de regrets. "Je crois, sincèrement, qu’il y avait la place pour faire les qualifications. Le destin en a décidé autrement mais je très content de finir à Trélut par une victoire contre le Champion de France." D’autant qu’Agen n’a pas pris le match à la légère. "Ils sont venus avec une très belle équipe et ils m’ont fait penser aux Toulousains contre Castres. Ils enlèvent des joueurs mais ils en font entrer des aussi bons ! On ne s’est pas pris la tête. Ils nous ont respecté en mettant une belle équipe et nous on leur a fait honneur. Ils ont mis du combat et nous aussi. Chacun a répondu présent. On a eu un peu de chance sur certains moments mais tant mieux pour nous, car je crois qu’on mérite cette victoire. On voulait cette victoire pour le public mais surtout pour nous."

• Razvan Mavrodin : "Un groupe soudé et solidaire"

Razvan Mavrodin, l’entraîneur des avants, est fier de ses joueurs malgré les difficultés en mêlée. "On a perdu Magrakvelidze et Anglade sur blessure et on ne pouvait plus faire de changement." Pas question pour autant de jouer des mêlées simulées. Pourtant réduits à 7 suite à l’exclusion de Toetu, la mêlée tarbaise à l’agonie et qui venait de concéder un essai, a dominé ensuite sa rivale. "C’est l’effet psychologique qui entre en jeu. Les nôtres ont peur d’exploser et ils s’y filent deux fois plus et eux pensent que ça va être facile. On les a enfoncé sur leurs introductions et on les a contenu sur les nôtres." L’ex-internationnal roumain pense lui aussi qu’Agen était venu pour gagner. "Tu ne viens pas à Tarbes pour recevoir le Bouclier et repartir faire une grande fête à Agen, en pensant perdre le match. Ce n’est pas possible. Après, s’il leur avait fallu gagner à tout prix ici pour être Champion, ça n’aurait peut-être pas été pareil. On a bien su gérer en mêlée pendant 50’ mais apès notre banc ne pouvait pas apporter plus que ce qu’il a fait. La saison a été très dure et on avait beaucoup de blessés." Mavrodin qui a dû arrêter sa carrière pour entraîner ne regrette rien. "Je crois que je n’aurais pas eu ma place tant le groupe a progressé cette année. Au niveau de l’état d’esprit, je n’ai jamais connu ça en club de toute ma carrière. J’ai rarement vu des groupes aussi soudés sauf en équipe de Roumanie quand on a joué pendant 15 ans ensemble sans qu’il y ait beaucoup de changement de joueur. Des groupes comme ça, bien soudés et solidaires, franchement, je n’en ai pas connu beaucoup."

Philippe Bérot : "On leur a fait honneur"

Philippe Bérot, l’ex-Agenais, est fier d’avoir battu l’équipe Championne. "On s’était dit qu’il ne fallait pas faire de complexe, qu’il fallait oser et qu’on avait beaucoup de choses à démontrer. Il fallait garder une continuité au travers de nos derniers matchs. On avait l’honneur de recevoir le Champion de France qui a un gros potentiel et on a été à la hauteur de ce qu’on pouvait espérer. On leur a fait honneur. Un match de rugby reste un match de rugby. Agen l’avait annoncé, ils venaient ici pour gagner. Pour parachever leur oeuvre. Il y a eu beaucoup d’engagement. Les joueurs se sont investis de part et d’autre. On a fait une bonne première mi-temps. On a souffert à l’heure de jeu, notamment en mêlée fermée, quand ils ont fait rentrer leur banc. Mais pour moi, ça ne s’appelle plus un banc, c’est une autre équipe ! Ils nous ont mis en difficulté mais encore une fois on n’a rien lâché. On a conservé la victoire jusqu’à la fin. Les joueurs étaient très fatigués mais ils se sont accrochés jusqu’au bout. Il était temps pour nous que la saison se termine mais on finit sur une note positive devant notre public."

Recueilli par Jean-Jacques Lasserre