Election à la présidence de la FFR : Alain Doucet démarre sur ses terres

La campagne pour l’élection du treizième président de la FFR est une exception depuis 1920 avec, pour la première fois en près d’un siècle, quatre candidats qui comptent aller jusqu’au bout. Bernard Laporte, le plus connu médiatiquement, Pierre Salviac, ancien journaliste spécialiste du rugby sur France 2 et Alain Doucet, le moins connu médiatiquement, mais pas le moins implanté au coeur du rugby du terroir que la FFR représente. Tous les trois mènent campagne contre Pierre Camou, successeur de Bernard Lapasset (1991-2008) et d’Albert Ferrasse (1968-1991) preuve que la gouvernance du Président sortant n’a pas convaincu et preuve de la faiblesse d’un pouvoir qui se veut pourtant omniprésent. Tous lui reprochent son projet de Grand Stade et son manque de transparence et de modernité.

Le troisième homme

Alain Doucet croit en ses chances malgré un manque évident de moyens financiers par rapport à Pierre Camou et Bernard Laporte. De fait il pourrait être le troisième homme et coiffer ses deux rivaux au poteau le 3 décembre, fort du soutien de la base. Le projet de Grand Stade de Pierre Camou fait peur à beaucoup et Bernard Laporte, (considéré comme le représentant des Clubs Pro), dérange par son comportement trop agressif. Alain Doucet, nommé Secrétaire Général de la FFR du temps de Bernard Lapasset, est un homme du sérail bien connu et apprécié des Présidents de clubs, qui pourrait tirer profit de la guerre entre Camou et Laporte. Le projet du Grand Stade, a été le détonateur et l’objet de sa rupture avec Pierre Camou. Résolument contre ce projet qu’il juge inutile et surtout néfaste pour l’avenir des petits clubs (AUDIO), il a pris le risque de quitter une fonction qu’il appréciait et d’abandonner une rente financière assez lucrative. Avec Eric Champ et Lucien Simon, il compte réformer la FFR qui en a bien besoin au niveau de la transparence et du développement de la formation des joueurs.

Projet de D3 (Promotion Professionnelle) et refonte de la Fédérale

Alain Doucet (AUDIO), sensibilisé par l’exemple des clubs professionnels qui descendent en Fédérale et qui tombent dans un monde complètement inconnu, veut créer une division intermédiaire de 28 clubs, appelée Promotion Professionnelle. Elle serait composée de 14 clubs de fédérale 1 et des 14 équipes Espoirs de Top 14, répartis à égalité en deux poules (7 clubs et 7 Espoirs). Aux dix clubs de la poule d’accession actuelle, s’ajouterait des clubs à fort potentiel comme Rouen, Strasbourg ou Nantes. Les équipes réserves de ces 14 clubs ne joueraient plus en lever de rideau (un non sens économique) mais disputerait un championnat avec les clubs de Fédérale 3. Pour cela, Alain Doucet compte suivre l’exemple du foot pour développer le rugby amateur en créant le CFA 1 et le CFA 2. Les 26 clubs restant de Fédérale 1 (moins les deux relégués), les 80 clubs de Fédérale 2 et les 16 équipes Espoirs de Pro D2, joueront en CFA 1. Celui-ci sera composé de dix poule de 12 clubs avec une seule descente par poule pour sécuriser les projets des clubs. Le CFA 2 sera composé des 180 clubs issus de la Fédérale 3 et des réserves des clubs de la Promotion Professionnelle. Les équipes réserves restent liées à l’équipe fanion et suppression de la Coupe de la Fédération qui fait l’unanimité contre elle. Alain Doucet veut aussi développer le rugby féminin en lui octroyant des aides spécifiques pour ne pas qu’il soit à la charge des clubs.

L’argent du Grand Stade au service des clubs amateurs

L’argent non dépensé pour la construction du Grand Stade, il compte le redistribuer aux clubs sous forme de dotations. Il veut simplifier la réglementation qui étouffe les clubs à qui il veut donner plus de liberté. Il propose aussi de développer les ressources de la FFR en développant les partenariats nationaux. Il entend sauvegarder les Comités Territoriaux au sein des 13 nouvelles Régions pour garantir l’identité de compétition des clubs excentrés par rapport à un siège régional implanté à Narbonne. Un discours sincère et plein de bon sens qui a touché et conquis la centaine de présidents de clubs, de représentants du Comité Armagnac-Bigorre, qui avaient pris place dans le beau Club-House de l’USC Pouyastruc. René Daubriac, le Président de Lombez-Samatan (AUDIO) lui a apporté un soutien inconditionnel. Quelques voix discordantes se sont élevées mais elles concernaient surtout la relégation du TPR jugée encore plus injuste au vu des derniers développements de l’enquête judiciaire. Alain Doucet s’est dit navré, de la décision, parlant même de d’enfumage présidentiel et de corbeau noir qui rôde sur les Hautes-Pyrénées, faisant référence à plusieurs décisions arbitraires contraires à plusieurs clubs bigourdans. Un enfumage présidentiel qui a été jusqu’à cacher une lettre du ministère, qui donnait l’autorisation au vote décentralisé, afin de rester dans l’opacité et la peur. Opacité des votes et peur des représailles pour les clubs qui ne voteraient pas pour le pouvoir en place. D’autant qu’une simple majorité relative en % de voix donne une majorité écrasante au premier.

Jean-Jacques Lasserre