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Culture - Nadia Beugré fait danser les femmes pour la liberté

mardi 2 février 2016 par Rédaction

« Legacy », le spectacle de danse contemporaine créé par Nadia Beugré, a été présenté jeudi soir à la Scène Nationale du Parvis. Cette œuvre audacieuse rend hommage au combat des femmes pour la liberté, notamment en Afrique. Dix Bigourdanes ont accepté de participer à ce spectacle aux côtés des deux danseuses professionnelles. Elles ont eu le courage de danser à moitié nues devant le public, pour évoquer la marche des femmes de Bassam en 1949.

Elles courent sur place, groupées, tournant progressivement au milieu de la scène, entourées par les spectateurs assis en cercle sur les gradins ou les coussins. Un rythme lancinant de percussions accompagne leur effort. Au fond de la scène, un amoncellement de soutiens gorges multicolores compose une étrange pyramide. Le souffle des danseuses s’accélère, les tee-shirts tombent, les seins se dévoilent. Un appel guttural retentit par alternance. Soudain, la course s’arrête. Les femmes s’effondrent sur place, allongées les unes contre les autres. En quelques minutes, « Legacy », le spectacle de danse contemporaine de Nadia Beugré, aimante le public du Parvis. Le voilà emporté dans l’élan d’une aventure artistique hors du commun.

Les dix danseuses bigourdanes, formées en trois soirées par le dramaturge Boris Hennion, se retirent au milieu du public. Nadia Beugré l’Ivoirienne, et Hanna Hedman la Suédoise-Ethiopienne, entament leur chorégraphie en duo. Elles expriment tour à tour la colère, l’épuisement, la douleur, la surprise, la déception, l’espoir. Dans un assemblage qui évoque l’équipage d’un canoë, elles avancent à l’unisson, se séparent puis se retrouvent. Sur la scène, Manou Gallo, la musicienne, transfuge du groupe « Zap Mama », les accompagne à la guitare et au chant. Hanna s’éclipse et un dialogue dans une langue de Côte d’Ivoire s’engage entre Nadia et « Gallo ». Puis, c’est au tour d’Hanna d’occuper la scène. Elle entraîne dans sa danse un spectateur charmé, lance au public des ellipses et des onomatopées. Enfin, toutes les danseuses reviennent sur scène. Hanna les exhorte : « ne t’arrête pas de conter, de lutter, de sauter, d’écouter, de lire, de sourire, d’observer … ».

Pendant que Manou joue de la musique en sifflant dans un flacon, les danseuses assemblent les soutiens gorges colorés en un gigantesque filet de pêcheur. Elevé dans les airs, ce filet devient une voile ou un arbre à palabres. Les danseuses se dirigent alors vers le public. Elles partagent des flacons et murmurent à l’oreille des spectateurs les récits légendaires de la lutte des femmes africaines. De place en place, un récit oral collectif prend naissance. La marche héroïque des Ivoiriennes de Bassam, venant réclamer nues la libération de leurs maris emprisonnés, avant d’être brutalisées par les soldats coloniaux. Le sacrifice de la reine ghanéenne Pokou, qui offrit son fils pour permettre la fuite de son peuple persécuté. Ou encore, la résistance des femmes sénégalaises, qui choisirent de s’immoler par le feu plutôt que d’être réduites en esclavage par les guerriers mauritaniens …

Le spectacle s’achève en douceur par ces conciliabules entre le public et les danseuses. Avant de s’en aller, Marie confie son émotion : « j’ai beaucoup aimé. Certains moments du spectacle étaient très forts. Cela m’a fait songer au destin que connaissent de nombreuses femmes aujourd’hui. En particulier, celles qui tentent de se réfugier en France, pour fuir la violence de leur pays d’origine ».

Jean-François Courtille