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Tarbes-Bourgoin : Le débriefing de Fabien Fortassin

jeudi 4 février 2021 par Rédaction

On a maîtrisé les choses

Comme ses joueurs, Fabien Fortassin, sous pression ces derniers jours, pouvait savourer un succès mérité et incontestable contre une grosse équipe de Bourgoin. Dans ce match les Tarbais avaient mis tous les ingrédients pour l’emporter ; envie, agressivité, combat au sol et dans les airs, jeu au pied… « Oui, c’est simple le rugby » répondait avec un grand sourire l’entraîneur à notre interpellation « quand la conquête va, tout va. » Car ce qui a manqué, ces derniers temps aux Tarbais, c’était surtout de ballons en touche et d’une mêlée stable, à défaut d’être conquérante. « On n’a pas manqué d’envie contre Narbonne, on n’a pas manqué d’envie à Massy et à Nice par contre là, on a maîtrisé les choses. Il y avait de l’envie et de l’agressivité, ce qui est un minimum, si on veut jouer au rugby, mais j’ai surtout vu une équipe qui a maîtrisé les choses. Une équipe qui a maîtrisé sa conquête, qui a emmerdé la conquête adverse et le rugby, c’est aussi simple que ça. Au rugby, tu prives, un peu, l’adversaire de ballons en touche, là où c’était leur point fort. Là, où on avait vu qu’ils s’appuyaient beaucoup sur la touche, mauls, pénaltouches et où ils marquaient beaucoup d’essais comme ça. On les a sevrés de ballons en touche, on a eu une mêlée assez conquérante, un jeu au pied de qualité. On a maîtrisé nos sorties de camp, on n’a pas pris de risques et ça c’est du travail. On s’est ajusté, on a trouvé des solutions pour mettre nos lanceurs avec le moins de pression possible. C’est pour ça qu’on a vu beaucoup de lancers au fond ou devant, pour qu’ils soient vraiment dans un confort. C’est tout simple, on a nos ballons et on prive notre adversaire de ballons. On a un jeu au pied de qualité et la cerise sur le gâteau, c’est qu’on est hyper pragmatique et opportuniste. Ça fait plaisir de marquer des essais à zéro passe, parce qu’un mec va contrer un ballon en l’air, parce qu’un autre récupère… On a été opportuniste là où on n’avait pas été bon contre Narbonne, on l’a été contre Bourgoin et c’est bien d’avoir su en tirer les conséquences et d’avoir progressé. »

Un match quasi parfait en première mi-temps

L’entraîneur, heureux de cette victoire minutieusement préparée, reste mesuré, car au rugby rien n’est acquis et tout peut changer très vite. « C’est positif mais on a encore été un peu défaillant en seconde mi-temps mais c’est encourageant et c’est récompensant pour les garçons, car mêmes si les résultats n’étaient pas là, franchement on travaille dur. On était dégoûté parce qu’on n’était pas récompensé. Tout le travail qu’on faisait était anéanti par rapport aux conditions. » Cette fois malgré des conditions, compliquées, sous la pluie et un vent en rafales, les Tarbais ont rendu une copie quasi parfaite, face à un « Gros ». « La semaine dernière, il y avait des motifs de satisfaction à Nice, même s’il y avait un manque de maîtrise. Contre Bourgoin, tout s’est bien aligné et même si ce n’est pas le match parfait, la première mi-temps, s’en rapproche énormément. Il y avait une maîtrise énorme de tout, de notre sortie de camp, de notre jeu au pied, de notre conquête. On se fait prendre une ou deux fois en mêlée mais on récupère de suite sur la touche. Vraiment le match parfait. »

 

L’exclusion de Manu, sur une obstruction, a permis à Bourgoin de faire illusion en marquant un essai derrière une pénaltouche et une série de percussions au ras. « Oui, c’est dommage, on prend un carton jaune, pénalité, pénaltouche et on retombe dans leur jeu où ils gèrent. On s’est fait un peu peur mais heureusement, on a très vite réagi et on a réussi à marquer trois points aussitôt sur leur carton jaune. On n’a pas eu trop le temps de douter heureusement. » Sur la fin, la victoire tarbaise aurait pu être plus large sans deux échecs face aux barres, dus aux violentes rafales de vent. « Heureusement, il a mis les trois derniers qui étaient important pour mettre Bourgoin à seize points. Il fallait vraiment récompenser le travail des avants. Je sais très bien comment ça marche un buteur, ce n’est pas facile, mais à un moment donné, il y certaines pénalités qui ne peuvent pas être manquées. Ne serait ce que par rapport au job des avants qui avait été fait, il y en a qui doivent être obligatoirement récompensées par trois points. » D’où le choix d’une troisième tentative au lieu de chercher la pénaltouche. « Il fallait les mettre à seize points. En étant à seize points, on est à l’abri de deux essais transformés, on ne risquait rien. A treize points, on ne sait pas ce qui peut arriver. On prend sept points et derrière tout peut arriver. »

Berbizier, Pees ou Lhusero à l’ouverture ?

On n’hésite pas à aborder un sujet épineux, celui du poste d’ouvreur, où l’ancien demi d’ouverture de haut niveau, souhaitait installer Mathieu Berbizier contre vents et marées. « Ce qui est mieux, contre Bourgoin, c’est la qualité du jeu au pied. Ce n’est pas parce qu’on a un N°10 ou un N°15 dans le dos que ça change quelque chose. Contre Narbonne et à Massy, les deux (Pees et Berbizier) étaient sur le terrain. Et dans le jeu au pied, à un moment donné, on est capable d’alterner. Ce n’est pas parce que William (Pees) a le 12 dans le dos, qu’il ne peut pas se mettre en 10. Contre Narbonne, les deux étaient sur le terrain et ce n’est pas le N° dans le dos qui fait que tu joues mieux au pied, c’est la qualité du joueur. Contre Bourgoin, ils ont tous les deux été très bien, ils ont bien alterné, pied gauche, pied droit, chandelles mais ça aurait pu être la même chose avec l’un en 10 et l’autre en 15. » A Massy, après la sortie de Berbizier à la mi-temps, c’est Pees qui avait glissé du centre à l’ouverture à cause des circonstances. « A la base, ma première idée à Massy, c’était de mettre Thomas Millet à la mêlée et Thomas Lhusero à l’ouverture. Malheureusement Millet est tombé malade et j’ai dû revoir mes plans. »

Les « surprises » de Nice

A Nice, Fabien Fortassin avait, cette fois par choix, remis Pees en 10 et avait laissé Berbizier se régénérer physiquement sur le banc après une série de matchs où il avait été particulièrement visé par les adversaires. « J’avais décidé de faire des rotations, car c’est une équipe qu’on savait solide derrière et j’avais voulu densifier avec Williams (Pees), Maile (Mamao) et Teddy (Stanaway). J’avais laissé Mathieu (Berbizier) sur le banc et dans le contexte du match, il a fait une très bonne rentrée à l’arrière, il a mis le feu… » Des choix dictés par l’adaptation au profil de l’adversaire, qui ont offert une plus large palette d’options à l’entraîneur des trois-quarts, qui a découvert une nouvelle facette du jeu de Pees. « Il a longtemps été blessé et il a manqué tout le début de saison. Il n’est revenu qu’à Dax, comme remplaçant au départ. C’était compliqué de l’injecter de suite à l’ouverture. » Il est vrai que le Béarnais, a énormément progressé au niveau de sa gestuelle et de sa vitesse de passe, qui étaient ses deux points faibles lors de ses débuts, en dépannage, à l’ouverture. Des petits défauts compensés par un énorme coup de pied et une défense agressive tout terrain. « C’est vrai, j’ai eu une bonne surprise à Nice » reconnaît Fabien Fortassin. « L’année dernière, j’avais tendance à le voir un peu lent dans sa transmission et c’est par rapport à ça, que j’avais fait le choix de basculer Berbize à l’ouverture. Mais à Nice, William (Pees) a montré qu’il était efficace. »

Ça me donne plein de solutions

Contre Bourgoin la formule Berbizier en 15 et Pees en 10, a démontré toute la complémentarité de Berbizier en fond, sur les balles hautes, et de Pees en défense et en pénétration. De plus, Dumestre et Rubio, se sont montrés efficaces et leur entente, leurs automatismes sur un terrain, avec Berbizier et Pees, ne sont plus à démontrer. « Il y a aussi le côté défaillant à Nice et même régulièrement, où au fond du terrain, on a du mal à quadriller, où on ne prend pas les ballons de volée. Là aussi, Mathieu (Berbizier) rentre dans cette logique de bien connaître le poste. Le fait de basculer à l’ouverture, moi je l’ai connu, ça aide pour rentrer un peu dans la tête de l’adversaire et anticiper le jeu au pied. Contre Bourgoin, on a pris tous les ballons de volée. Le triangle 11-14-15 a fait un gros match et a été très efficace. » Heureux Fabien Fortassin, qui peut adapter, ses choix et ses rotations, au gré des circonstances et des adversaires. « Ça me donne plein de solutions, tant mieux. Mais sur la qualité du jeu au pied, ce n’est pas parce que l’un était en 10 et l’autre en 15, que le jeu au pied était mieux. Les deux étaient sur le terrain. L’avantage, avec les deux, c’est qu’on a un pied droit et un pied gauche. La qualité de William (Pees), c’est d’avoir un jeu au pied long et c’est à lui de prendre le jeu au pied de dégagement, même s’il joue en 12. »

Un dix qui réponde à la volonté de déplacer le jeu

Fabien Fortassin, explique les raisons techniques pour lesquelles il souhaitait installer Mathieu Berbizier à l’ouverture. « C’est par rapport à notre volonté de vouloir déplacer le jeu. Et en tant qu’animateur, c’est le joueur qui est le plus doué. C’est celui qui a la plus belle passe, qui met le plus de vitesse et c’est dans ce sens là, que je voulais l’installer. » Les prestations de Pees, à l’entraînement, en partie à Massy et surtout à Nice, ont convaincu l’ancien ouvreur des aptitudes du Béarnais à lancer le jeu. « J’ai vu qu’il pouvait jouer dans ce registre aussi, peut-être avec un poil de moins de vitesse que Mathieu (Berbizier), mais il a su animer et on a mis du volume de jeu à Nice. J’ai vu que la formule William (Pees), à l’ouverture ne nous empêche pas de mettre du volume de jeu. Mathieu (Berbizier), à l’arrière, je savais très bien qu’il n’y avait pas de souci. Contre Bourgoin, les conditions de mauvais temps et le profil des trois-quarts adverses, où il ne manquait que Hanssel Pune, m’ont incité à mettre Williams en 10 et Mathieu à l’arrière. Mais rien n’est figé, Mathieu (Berbizier) rejouera à l’ouverture et William rejouera au centre. Ça dépendra des conditions mais je sais que William (Pees) est capable d’animer aussi et qu’il apporte beaucoup en défense. C’est un chien, il ne lâche rien, mais il finit les matchs cuit, il ne sait pas s’économiser. Et des fois, à l’ouverture, on a besoin de rester frais pour garder de la lucidité. Des fois, on a besoin d’un peu de recul à ce poste. Encore, heureusement que ce n’est pas le buteur », souligne Fabien Fortassin qui savait préserver son physique pour garder sa régularité au pied. Contre Bourgoin, à la sortie de Pees, Berbizier est resté à l’arrière et c’est Lhusero qui a reculé à l’ouverture.

Bonnes prestations de Hourclé en attendant les retours de Vigne et Taputaï

Adrien Vigne, qui a pris quatre matchs de suspension, en a purgé deux et purgera les deux autres à Bourg-en-Bresse et contre Dax. Taputaï, qui a participé à l’échauffement d’avant match, a encore besoin de retrouver du physique après plusieurs mois sans jouer. « Il revient petit à petit et j’espère qu’on va pouvoir bientôt compter sur lui, car devant, on tire sur les mecs et il reste encore un paquet de matchs. » Heureusement, les Espoirs appelés ont bien rempli leur intérim. « On a eu une bonne surprise avec Sylvain Hourclé qui a intégré le Groupe, qui a fait le job à Nice et qui a encore fait le job contre Bourgoin. Tant mieux, parce que ça nous a permis de gérer les mecs. »

Propos recueillis par Jean-Jacques Lasserre