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Tarbes-Carcassonne, samedi à 18h00 à Trélut

vendredi 17 novembre 2023 par Rédaction

Entretien avec Eric Escribano

Eric Escribano est le nouvel entraîneur des avants de Carcassonne en remplacement de Mathieu Cidre. Entraîneur des avants de Blagnac depuis 2017, Eric Escribano est devenu iconique après le départ de Christophe Deylaud en 2021 en portant la saison dernière les « Caouecs » aux portes de la Pro D2 avec une élimination en demi-finale contre Dax, malgré un succès dans les Landes au match Retour. Depuis la création de la Nationale en 2020 Blagnac, avec son statut pluriactif, a damné le pion aux équipes professionnelles à « Gros Budgets et Gros Effectif ». Sa démission en fin de saison a surpris tous les observateurs qui pensaient que le destin de Blagnac et d’Escribano étaient solidement liés.

Un choix de vie sur des valeurs

Un changement de Direction à la tête du club a tout fait basculer, alors qu’un contrat de trois ans de Manager Général lui était promis et avait été annoncé en interne. « C’est la vie, c’est comme ça. J’ai fait un choix car je ne pouvais pas m’entendre avec ce Monsieur qui n’avait pas les mêmes valeurs que moi et j’ai fait le choix de rester chez moi. Dans la vie, il faut faire des choix et les assumer. »Un choix dur car Eric Escribano n’avait reçu aucune proposition puisque lui et Blagnac ne semblaient faire qu’un. Un choix de conscience et d’intégrité morale difficile car il mettait fin à une riche aventure humaine mais un choix pleinement assumé. « J’ai démissionné après la demi-finale Retour. » Un choix qui semblait précipité mais mûrement réfléchi. « Dans la vie, je travaillais, mes filles sont casées et ont un boulot, ma femme a une situation correcte. »

Un rebond inattendu et un changement de vie radical

Un entraîneur, au bilan humain et sportif comme celui d’Eric Escribano, ne pouvait pas rester longtemps sur la touche. « Carcassonne m’a appelé dix jours après et l’affaire s’est rapidement conclue. » A l’époque Carcassonne, relégué sportivement de Pro D2, avait une infime chance d’être repêché par la relégation financière de Grenoble qui avait fait Appel. « Ils savaient qu’ils allaient se retrouver en Nationale et je correspondais au profil qu’ils recherchaient. » Un changement complet de vie, centré essentiellement sur le rugby avec des entraînements quasi quotidiens en journée au lieu de trois séances le soir après la sortie du travail. « Oui, pour la première fois de ma vie, même si à Auch je travaillais à 25%, je ne fais plus que ça. C‘est un changement complet dans ma vie avec un meilleur équilibre. C’est un autre fonctionnement, qui est intéressant et passionnant. » Un fonctionnement 100% rugby qui peut être parfois usant mentalement. « Oui, travailler en dehors du rugby permet de se vider plus la tête et j’ai plus la pression d’être entraîneur à temps complet. J’avais l’avantage de travailler avec des personnes en situation de handicap et on relativise très, très, vite après une défaite face à des gens qui te font penser que ce n’est pas si grave de perdre un match. Là on cette pression qui est présente à chaque entraînement quand on n’a pas de résultats. Ce qui fait qu’on n’est pas bien, mais c’est le jeu quand on est .entraîneur.

Un recrutement malin

Eric Escribano dispose d’un effectif recomposé majoritairement avec des joueurs qui ont ferraillé en Nationale et plusieurs Espoirs venus de Top 14 et de Pro D2. « Oui, on a recruté des joueurs qui avaient de la maturité à ce niveau et des jeunes. Tout le monde pense que parce qu’on vient de Pro D2, on a un gros budget. Mais on n’a que le onzième ou douzième budget à égalité avec Blagnac et Périgueux et il faut être malin, comme on dit. » Un budget de 2,8 M€, bien supérieur cependant de ceux de Tarbes et de Vienne. Carcassonne a réussi à séduire des grosses pointures comme Fearns ou Graham. « Oui, ce n’est pas mal, ce sont des joueurs d’expérience qui ont connu des difficultés physiques et qu’il faut savoir ménager. Graham avait signé pour jouer en Pro D2 et il est resté en Nationale pour aider le club à monter en Pro D2, si c’est possible. » En plus, Carcassonne disposait d’un réservoir de jeunes qui font la maille comme Narmania, Petriashvili, Bedou, Dreno, Gianet, Darrelatour, Niang… « Oui c’est très intéressant. On travaille beaucoup avec le Centre de Formation et c’est important. » D’autant plus que ces jeunes sont venus pallier aux blessures qui ont touché l’effectif. « On a énormément de blessés derrière. On a une pénurie de joueurs au centre. Comme toutes les équipes, on traverse une période difficile. On a toujours des blessés à des postes importants. Pour le moment presque toute notre ligne de trois-quarts est à l’infirmerie mais on s’adapte. » Tutuila Vaea Vaea, qui n’avait pas convaincu Fabien Fortassin à Tarbes, en a profité pour prendre du temps de jeu à Carcassonne. « Je n’ai plus que deux centres mais il a su saisir sa chance et il nous fait du bien. Il s’accroche et il est à l’écoute du Papa Jordan Puletua (33 ans) qui est toujours là. »

C’est difficile de se projeter

A trois journée de la fin des matchs Aller, Carcassonne 33 points (7 victoires, 3 défaites, 3 bonus) occupe la deuxième place derrière Narbonne 34 points (7 victoires, 3 défaites, 4 bonus) mais devant Nice 32 points (6 victoires, 4 défaites, 6 bonus), Albi 31 points (6 victoires, 4 défaites, 5 bonus), Périgueux 30 points (6 victoires, 4 défaites, 3 bonus) et Blagnac 28 points (6 victoires, 4 défaites, 2 bonus), qui complètent le Top 6. Selon Eric Escribano, l’USC ne veut pas bruler les étapes. « Le club découvre ce Championnat après treize ans passés en Pro D2. On a dit qu’on ferait vraiment le point en décembre et que si on était en bonne position, on penserait à la qualification. Pour l’instant, c’est difficile de se prononcer car le championnat est pollué par le nombre de matchs joués à domicile ou en déplacement qui n’est pas le même pour toutes les équipes. C’est donc difficile pour se projeter. » D’autant plus que le niveau de la Nationale augmente d’année en année avec un promu Périgueux qui fait partie du Top 6. « Oui, on le voit sur tous les matchs, à part Vienne. Périgueux a fait un recrutement XXL, avec des retraités de Top 14 et de Pro D2. »

Une équipe tarbaise impressionnante à la maison

Eric Escribano aborde ce match à Tarbes avec circonspection. « Cette équipe, me fait penser aux étapes de montagnes pyrénéennes avec des montées et des descentes. Ils sont impressionnants à la maison où ils font de très, très, belles prestations. Contre Narbonne ou contre Périgueux, ils sont capables de mettre des scores de trente points à des équipes qui sont dans le haut du panier. A part contre Nice qui, à l’époque marchait un peu sur l’eau, ils n’ont pas laissé le bonus défensif à Bourgoin ou à Périgueux. » Des Tarbais qui sont nettement moins performants à l’extérieur n’a pas manqué de constater Eric Escribano. « J’ai l’impression qu’ils ont du mal à s’exporter, alors qu’ils arrivent à se transcender à la maison, avec les valeurs d’une équipe tarbaise et de Romain Terrain. Je ne connais pas Nicolas Cabanne mais Romain doit les transcender pour arriver à faire des choses fantastiques. » L’entraîneur des avants carcassonnais tient le pack tarbais en très haute estime. « A la maison, ils sont durs à manipuler et quand je les vois à la vidéo, ils ont un sacré paquet d’avants qui a gagné les matchs avec sa puissance. A mon avis, c’est même meilleur que l’année dernière, avec Armary qui leur fait énormément de bien. Il tient la baraque en touche et c’est un joueur qui a des valeurs et que j’ai toujours admiré.Et puis, il y a ce Fuertes qui s’amuse derrière ce bon paquet d’avants et qui est terriblement efficace comme buteurs. »

On s’attend à un vrai combat

En bon stratège, Eric Escribano, essaie d’endormir les Tarbais en ne tenant pas des propos vindicatifs ou prétentieux mais son discours en interne sera assurément tout autre. Son parcours et ses résultats avec Blagnac attestent qu’il sait lui aussi transcender ses joueurs et qu’il va appuyer sur les faiblesses bigourdanes. « Je sais que ça va être très dur de venir jouer à Tarbes où ce sera un combat d’avants. Nous, pour l’instant, on ne s’exporte pas bien. Tout le monde le sait. A Périgueux, on a chargé. A Nice, on a chargé. On a du mal à s’exporter hors de nos bases même si on a gagné à Bourgoin et à Bourg-en-Bresse. Nous on s’attend à un vrai combat vu qu’ils ont perdu à Hyères, ils vont être prêts, on va dire. Ce qui est sûr, c’est que ça va être un rude combat avec un choc frontal devant. Nous on a aussi un paquet d’avants qui tient la route et ça va taper fort. Ça va être un vrai match d’hiver qui va se jouer devant ! »

Jean-Jacques Lasserre