Accueil > ACTUALITE TARBES ET GRAND TARBES
L’ours dans les Pyrénées : une véritable catastrophe
Il y a longtemps que nous n’avions connu une telle catastrophe liée aux attaques et prédations de l’ours en dehors des dérochements ponctuels comme en 2013 sur l’estive de Pouilh (Ariège), http://www.pyrenees-pireneus.com/Faune/ours/France/Ariege/2013-09-12-Predations-Estive-Pouilh-Conflit-ouvert-Ecologistes-ONCFS.html, 2016 sur Bachebirou (Hautes-Pyrénées) http://www.tarbes-infos.com/spip.php?article17059 et aujourd’hui, avec un record de 209 brebis (tout le troupeau n’est pas encore retrouvé) sur le Mont-Rouch versant catalan du Haut Salat (Ariège / Couserans)
Ça frappe partout
Depuis le début des estives (en mai pour certains) le Béarn (Pyrénées-Atlantiques) a été préservé.
Dans les Hautes-Pyrénées, l’ours Néré (Canellito étant mort en juillet 2016) semble avoir migré vers des vallées bigourdanes voisines du Béarn où il était le plus souvent préalablement. Nous retrouvons des attaques et prédations au Pays Toy (Saugué), Cauterets, Estaing /Val d’Azun, Batsurguère.
La vallée d’Aure n’est pas épargnée notamment sur le Rioumajou http://www.tarbes-infos.com/spip.php?article19726 , Azet, lac de Bareilles…. sans parler d’un animal mort officiellement non déterminé. C’est plus discret en vallée du Louron où un certain silence est organisé sur certaines estives. Mais la présence de l’ours est bien là, sous la forme de passages, depuis un certain temps.
Passages qui se retrouvent en Haute-Garonne sur le Larboust, le Luchonnais, la vallée de la Garonne…. Jusqu’à voir se créer le « Camp de l’ours » à Melles sur le GR10 selon un reportage de Luchonmag.com http://www.luchonmag.com/A-Melles-le-Camp-de-l-Ours-un-projet-eco-tourisme-sur-le-GR-10_a6580.html
En Ariège, au moins 209 brebis dérochées
Passé la Haute-Garonne, l’Ariège est gravement impactée dans le Biros, sans le Salat à Arréou, Pouilh, Port de Salau. Des brebis, tuées, blessées, disparues. Mais aussi des chèvres disparues au village de Salau….
Le pire reste le dérochement de 209 brebis dans le secteur du Mont Rouch de Couflens vers le port de Marterat sur le versant catalan (Espagne). Le drame se serait vraisemblablement produit dimanche en fin de soirée ou dans la nuit de dimanche à lundi. 209 brebis ont été retrouvées mortes dont une prédatée en haut de la falaise, ce qui ne laisse aucun doute quant à l’implication de l’ours sur le dérochement. Un chien de protection Patou a également été retrouvé mort. L’autre reste introuvable. Faits confirmés par la Préfète de l’Ariège, Marie Lajus, qui s’est rendue sur place. Quant au reste du troupeau, il était introuvable en raison des mauvaises conditions météo. L’équipe d’éleveurs qui s’est rendue sur place pour faire les recherches avec les autorités catalanes et françaises ne sont rentrées à Llavorsi qu’à 18h.
Une procédure d’indemnisation urgente
Comme en pareil cas où les éleveurs ont perdu plus du quart de leur troupeau, une procédure d’indemnisation urgente est lancée (Cf. Barème des indemnisations des dégâts des ours http://www.occitanie.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/Decision_bareme_2016.pdf ). Mais un troupeau ne se remplace pas comme une paire de chaussettes que l’on va acheter au supermarché. L’indemnisation ne fait pas tout notamment une longue sélection des bêtes, parfois sur plusieurs générations, sans parler de l’aspect affectif.
La colère des éleveurs
Dans un tel contexte, la colère est sans précédent même si la Préféte parle de climat « apaisé » qui a entouré l’expertise.
Le Président de la Fédération Pastorale de l’Ariège, Alain Servat, rappelle ce qui a toujours été dit par l’ensemble des éleveurs : « Nous avions dit, au moment de la réintroduction, que les attaques de ce type allaient redoubler. Aujourd’hui, c’est une catastrophe. »
David Eychenne, un des porte-parole de la Confédération Paysanne, confie à la Gazette Ariègeoise : « L’espoir d’être entendus, d’être écoutés par les pouvoirs publics se renforce quelque peu. Avec l’arrivée de Nicolas Hulot au ministère de l’écologie, les choses vont peut-être évoluer : il a affiché une position plutôt favorable aux éleveurs victimes du loup… pour l’ours, rien n’est encore annoncé, nous devons donc être vigilants et tenaces ! Nous attendons des signaux forts de l’Etat ! » On peut toujours rêver lorsque nous lisons l’article de Jean-François Arnaud, Journaliste à « Challenges.fr https://www.challenges.fr/france/pourquoi-l-elysee-a-desavoue-hulot-sur-le-loup_436152 « Pourquoi l’Elysée a désavoué Hulot sur le loup ».
D’autres réactions syndicales et associatives pourraient bien avoir une vision différente de la Confédération compte tenu de l’histoire et tout ce qui s’est passé depuis plus de 20 ans.
Une cohabitation impossible
Les associations dites de « protection de la nature » ne cesse de répéter depuis 25 ans que la cohabitation est possible. Le problème est que nous n’avons jamais vu aucune proposition réaliste et efficace (même chose pour le loup).
Au Val d’Aran, le Conseil Général demande le retour de l’ours Goiat en Slovénie. Mais le gouvernement s’y oppose. http://www.lavanguardia.com/local/lleida/20170717/424111423172/govern-devolver-oso-goiat-eslovenia-ataques-ganado.html Selon Paco Boya, Président de l’association des élus de la montagne espagnols (ancien député de Catalogne et Président du Conseil Général d’Aran) que nous avons rencontré, « il y a au moins 50 ours dans le Val d’Aran. Ils sont même dans les villages. Ma fille, l’autre jour, en sortant de chez elle, s’est retrouvée face à un ours ». Voilà qui en dit long de la situation…. Mais des illuminés pensent toujours à en introduire d’autres, notamment des femelles dans le Béarn….
Le programme de financement européen LIFE Coex http://www.pyrenees-pireneus.com/Ecologistes-Ecologie/Life-Coex/ECOLO-COEXLIFE.htm, qui n’a bénéficié qu’à quelques associations pro-ours, n’a strictement rien apporté en dehors de recommandations connues depuis longtemps (approche d’un ours, approche des chiens de protection). Les actes sont là pour le prouver.
Des responsables du réseau se suivi de l’ours (ONCFS) écrivent dans plusieurs rapports de la LCIE destinés à l’Union Européenne, ainsi que dans leurs propres rapports d’activités, qu’une cohabitation apaisée est aujourd’hui possible. C’est une certitude là où il n’y a ni ours ni attaque.
Les prédations sont, certes, 10 fois inférieures à celles du loup en France. Mais pour combien d’ours et combien de loups ?
- Prédations 2016 imputables au loup (officiellement environ 300 loups) http://www.pyrenees-pireneus.com/Faune/Loups/France/Predations-Degats-Indemnisation/2016/Predation-degats-Loups-2016.php A noter que Nicola Hulot a avancé le chiffre officiel de 12 000 bêtes tuées
- Prédations 2016 imputables à l’ours (officiellement environ 37 ours pour les français) http://www.occitanie.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/2016-bilan-dommage-ours.pdf
Rien ne permet de dire aujourd’hui que la cohabitation avec l’ours est possible sauf pour ceux qui n’y sont pas confrontés. Après plus de 20 ans de palabres inutiles il faudra bien passer aux actes et au concret. Il faudra aussi que l’Etat respecte l’article L113-1 du Code Rural http://www.pyrenees-pireneus.com/Pastoralisme/Droit/Article-L113-1-Code-Rural.html et assume très rapidement ses responsabilités autrement qu’en distribuant des aides. Il faudra aussi que l’Etat, responsable de la présence des ours dans les Pyrénées, assume pleinement ses engagements internationaux quant au bien-être animal notamment le point 5 (Cf. site du Ministère de l’Agriculture http://agriculture.gouv.fr/bien-etre-animal-contexte-juridique-et-societal )
La balle est dans le camp de l’Etat et non celui des éleveurs. Mais combien de temps ceux-ci vont-ils encore attendre ?
A lire :
- La réintroduction de l’ours - L’histoire d’une manipulation http://www.pyrenees-pireneus.com/Bibliographie/Faune/Ours/Reintroduction-de-l-ours-Histoire-d-une-Manipulation-David-Chetri.html
- Bibliographie sur l’ours http://www.pyrenees-pireneus.com/Bibliographie/Faune/Ours/BIBLI-ours.htm
Louis Dollo
Rédaction
Articles de cet auteur
- Benoît Mournet rencontre les Anciens combattants, vendredi 24 mai (Communiqué)
- Un séisme très superficiel de magnitude 4,1 a été signalé dans la matinée près de Tarbes, Hautes-Pyrénées, Occitanie, France. (Communiqué RENASS)
- Hôpital : Communiqué du PCF 65
- Oursbelille : l’Adapei 65 crée un lieu de rencontre au château de la Montjoie
- Etape 12 - Relais de la Flamme Olympique - Les Pyrénées-Atlantiques célèbrent les 100 jours avant le lancement des Jeux Paralympiques (Communiqué)
- [...]