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La médaille du Mérite agricole pour Marc Beillot, professeur au lycée Adriana

vendredi 9 décembre 2016 par Rédaction

C’est en présence de Jean-Luc Sagnard, directeur départemental des territoires, que Jean Glavany, député et ancien ministre de l’Agriculture, a remis les insignes de chevalier du mérite Agricole à Marc Beillot, professeur au lycée Adriana, à Tarbes.

Le discours de Marc Beillot

Monsieur le Directeur Départemental des territoires, je tiens tout d’abord, à vous remercier pour votre accueil. Que l’on se retrouve au sein de la DDT, ce service de l’Etat qui est au cœur de la territorialisation des politiques publiques, fait tout à fait sens, au regard de la cérémonie qui nous réunit ce soir. En effet, les collaborations entre enseignement agricole et services déconcentrés de l’Etat sont fréquentes ; je retiendrai tout particulièrement l’organisation de la 7ème journée technique d’Adriana du 27 janvier dernier sur les trames , fruit de cette synergie entre les différents services de l’Etat, qui a été un grand succès avec près de 330 participants. Elle fut l’illustration de la mission animation et développement territorial confiée aux établissements d’enseignement agricole.

Mon cher Jean, je te remercie d’avoir bien voulu me remettre cette médaille du mérite agricole. J’en suis d’autant plus honoré qu’en tant que ministre de l’Agriculture tu as beaucoup œuvré pour développer les liens entre enseignement et territoires.

Cette distinction m’a été attribuée pour les actions, que j’ai menées durant toute ma carrière au Ministère de l’Agriculture tant en France qu’à l’étranger, en lien avec l’établissement agricole et les territoires. Il n’est pas inutile de souligner l’importance de ce lien puisque le territoire est un laboratoire grandeur nature pour l’apprentissage de la gestion de la complexité et pour la compréhension des orientations publiques au service des acteurs territoriaux.

Dans ma carrière au Ministère de l’Agriculture j’ai travaillé sur plusieurs territoires et certains m’ont particulièrement marqué.

Le premier fut en Egypte, grâce à une bourse d’étude, octroyée par le Ministère de l’Agriculture. Jeune étudiant, j’ai eu mon premier choc culturel en rencontrant des agriculteurs égyptiens très ouverts et accueillants. Malheureusement, je crains de ne plus jamais pouvoir les revoir, leur territoire étant maintenant fermé.

Ensuite, je fus en poste dans l’Yssingelais. Des femmes d’agriculteurs sont venues au lycée, nous demander d’organiser une formation, leur permettant de développer de nouvelles activités sur l’exploitation agricole de leur conjoint. Un an après, elles nous sollicitaient de nouveau pour mettre en place une autre formation en comptabilité qui leur permettrait d’obtenir un diplôme de niveau BP. A l’époque, c’était une véritable révolution dans le monde agricole de l’Yssingelais. On passait d’une politique de l’offre de formation à une posture de réponse aux vrais besoins des populations, ancrées dans leur territoire.

S’en sont suivies, les actions internationales du lycée horticole de Blois qui m’ont permis de découvrir un territoire plus lointain : le Laos qui est devenu ma deuxième patrie. En collaboration avec les ONG, Ecoles Sans Frontières, le Comité de Coopération avec le Laos et avec le soutien du Ministère de l’Agriculture, nous avons mis en place des petits jardins et vergers dans 5 écoles primaires de Ban Pathao. Ils ont servi de support pédagogique et ont permis aussi de nourrir les élèves. Plus tard, nous avons mis en place un verger expérimental de plus grande taille et des formations adultes sur le district de Toulakhom. Nous avons rédigé des manuels scolaires horticoles pour les écoles primaires laotiennes. Puis, nous avons aménagé le laboratoire de biologie de l’université agronomique de Na Bong et avons formé le personnel au Laos et en France. Au niveau du lycée horticole de Blois, nous avons fait venir dans l’établissement des membres de la communauté laotienne de Blois et de la région Centre. Ces échanges ont permis d’enrichir considérablement notre enseignement. Grâce à cette collaboration, 3 expositions ont, entre autres, été réalisées. Elles ont été inaugurées par Son Excellence Monsieur l’Ambassadeur du Laos en Europe. La coopération internationale requiert la réciprocité !

Ayant pratiqué le développement local en autodidacte, j’ai souhaité reprendre des études dans ce domaine à l’université de Pau.

Comme terrain d’études, j’ai pris les gminy de Sorachew et Téresin en Pologne. Mes travaux de recherches sur le développement agricole polonais ont servi de support pour mes mémoires de Licence, de maîtrise et de DEA. Puis, c’est Jean GLAVANY qui, sans le vouloir, par son discours du 14 juin 2000 au CNEA, portant sur le PROSPEA (Projet pour le Service Public d’Enseignement Agricole) m’a suggéré mon sujet de recherche qui s’est terminé par une thèse sur la relation établissement agricole et territoire. Mes travaux ont porté sur des établissements des régions Aquitaine, Centre et Poitou - Charente. Ils m’ont permis d’enrichir ma réflexion professionnelle et d’établir des contacts avec des chercheurs et des étudiants, intéressés par cette problématique.

Avec son proviseur Jean Louis GRIFFON qui m’a désigné comme chargé de mission sur le territoire, le lycée Adriana s’est fortement impliqué dans les Hautes-Pyrénées et plus largement, dans la Bigorre. Nous avons structuré une collaboration avec la filière maraîchère bio, mis en place des formations zéro phyto, des diagnostics paysagers, des expérimentations et nous avons créé les journées techniques d’Adriana.

Toutes ces actions territoriales ont pu voir le jour avec la collaboration et la mise en synergie des divers acteurs. Je tiens à les remercier tous. Je ne les citerai pas individuellement pour être sûr de ne pas en oublier tant ils sont nombreux et je les associe à cette distinction en signe de reconnaissance de leur implication et de leurs engagements.

Je ne peux que louer le Ministère de l’Agriculture qui, par les cinq missions dévolues à l’enseignement agricole, nous permet de mener toutes ces actions territoriales.

Elles ont pu se réaliser parce que des chefs d’établissement nous ont fait confiance et nous ont donné les moyens de mener à bien des projets territoriaux, mais aussi, grâce aux collègues enseignants qui ont adhéré aux projets et les ont enrichi par leurs compétences, aux personnels non enseignants, de secrétariat, d’entretien et des cuisines qui ont contribué, par leur aide logistique précieuse, au succès des actions. Et puis, bien évidemment aussi, grâce aux apprenants qui ont participé très activement à la réalisation des projets, conduits bien souvent pour eux et par eux.

Enfin, tout cela n’aurait pas été possible sans le concours des acteurs territoriaux qui ont accepté de nous accueillir, de participer à des réflexions collectives qui ont débouché sur des actions. Ces acteurs sont très divers : des administrations, des collectivités territoriales, des organisations professionnelles, des organismes de développement, des associations et de simples professionnels et particuliers.

Merci vraiment à tous pour ce travail collectif d’échanges, de confrontation, de création de références, de connaissances, et de production que nous avons bien mené durant toutes ces années.

Un grand merci aussi à Gérard CROUAU, délégué régional du GNIS, mon parrain qui n’a cessé d’œuvrer pour que j’obtienne cette distinction et qui a souhaité m’offrir cette médaille. Merci Gérard pour cette grande preuve d’amitié.

Merci à Monsieur Hervé DURAND, Directeur Adjoint de la Direction de la performance économique au ministère de l’Agriculture qui a soutenu mon dossier.

Pour finir, je souhaite vous dire combien je suis particulièrement heureux, que ce soir, que Edgar LEBLANC ancien sous-directeur à la DGER, Inspecteur Général honoraire et Jean GLAVANY, ancien ministre de l’Agriculture soient ensemble, présents dans ces lieux. Pour les enseignants de ma génération, ils représentent deux figures emblématiques de la réforme pédagogique et du projet pour le service public d’enseignement agricole qui voulait, entre autres, que l’établissement agricole soit un acteur de ses territoires.

Arrivant au seuil de la retraite, j’espère que ces réformes ne seront pas mises à mal par une autre politique parfois trop sectorielle, basée uniquement sur des considérations comptables et sur une rigueur budgétaire, à court terme, bien souvent peu systémique, peu tournée vers un avenir porteur de sens, alors qu’il en va de l’éducation de nos jeunes par l’enseignement de compétences, et par la transmission de valeurs.

Pour terminer sur une note positive, je vous remercie tous du fond du cœur de votre présence, de vous être libérés ce soir, malgré vos agendas bien remplis et les distances parfois importantes qui nous séparent. J’apprécie énormément ces marques de reconnaissance, voire d’amitié.

Une dernière fois, je veux vous exprimer toute ma gratitude en vous invitant à partager le pot de l’amitié.

Diaporama