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Blocage du quai de transfert des déchets à Ibos et salve d’actions des opposants au projet El Khomri

jeudi 9 juin 2016 par Rédaction

Le quai de transfert des déchets d’Ibos a été bloqué ce jeudi matin par une cinquantaine d’opposants au projet de loi « Travail ». Pendant ce temps, une votation citoyenne était organisée par les retraités CGT et FSU au marché de Marcadieu. Les agents des centrales hydrauliques des Hautes-Pyrénées ont procédé à plusieurs baisses de production dans la nuit de mercredi à jeudi, et les cheminots ont reconduit leur grève jusqu’à vendredi matin à Tarbes.

« Pour un code du travail protecteur : retrait de la loi Travail ». La banderole de l’intersyndicale CGT-FO-FSU-Solidaires, en lettres rouges et noires sur fond jaune, barre l’entrée du quai de transfert des déchets à Ibos. A ses côtés, devant la camionnette de la CGT, une banderole apostrophe les députés Jean Glavany et Jeanine Dubié sur leur responsabilité concernant la loi El Khomri. Une cinquantaine d’opposants au projet sont rassemblés : militants de la CGT, de FO, de la FSU et participants au collectif « Nuit Debout ». Le haut-parleur diffuse des chansons du répertoire contestataire social.

« Le quai de transfert des déchets d’Ibos est géré par le Syndicat Mixte de Traitement des Déchets des Hautes-Pyrénées (SMTD 65) », explique Eliane, militante de la CGT. « Tous les camions de l’agglomération tarbaise et des communautés de communes d’Ossun et de Gespe Adour Alaric acheminent ici leurs déchets, qui sont ensuite acheminés vers le Centre régional ». Eliane précise que le blocage s’inscrit dans le cadre de la journée nationale d’action du 9 juin, avec « une insistance particulière sur les déchetteries partout en France ». Elle souligne aussi que les salariés du SMTD 65 « seront impactés l’année prochaine par l’augmentation de la durée du temps de travail, et aussi par le projet d’instituer trois jours de délai de carence lors des arrêts de travail ».

Gérard, militant de Force Ouvrière, rappelle que le blocage fait partie des « actions ciblées pour éveiller l’intérêt des décideurs et du gouvernement, qui reste toujours ‘droit dans ses bottes’ et refuse de prendre en compte le mécontentement de l’ensemble des salariés concernant cette loi El Khomri ». Michel, militant de la FSU, participe à cette action dans la même perspective. Il précise que « selon nos informations, les camions sont détournés vers le centre de tri sélectif d’Adé. Cela pose des questions concernant la capacité du département à absorber et traiter tous les déchets, avant leur renvoi vers la plateforme régionale ».

Fidèle participant au collectif « Nuit Debout », Yves est présent sur le site avec quelques autres membres de ce mouvement citoyen. « Nous sommes là dans le cadre de la ‘convergence des luttes’. Nous participons aussi à d’autres actions ciblées. Mardi soir, nous avons mené une opération « Accords de 1936 » devant le siège du Parti socialiste à Tarbes, en affichant un mur d’expression. Vendredi soir, nous nous réunissons pour notre assemblée générale à 20h devant la Mairie de Tarbes. Samedi matin, nous continuerons à faire signer des pétitions contre le travail du dimanche sur le parking du Leclerc Ormeau de Tarbes. Et nous diffusons une carte postale, réalisée par notre collectif, à envoyer au Président de la République pour exprimer nos revendications et nos attentes, à la manière des cahiers de doléances de la Révolution Française ».

Un peu plus tard, dans la matinée de jeudi, une dizaine de militants de la CGT et de FSU se retrouvent sur le marché de Marcadieu à Tarbes, pour distribuer des tracts et inviter les passants à prendre part à la « votation citoyenne » sur la loi « Travail ». « Nous menons aussi cette action pour sensibiliser le public à la situation des retraités, actuels et futurs », explique Pierre, qui s’occupe de l’urne pour la « votation ». « Le patronat, avec le soutien de certains syndicats, a décidé de bloquer pour trois années les retraites complémentaires. Beaucoup de salariés devront donc attendre l’âge de 67 ans pour obtenir une retraite complète, alors que le chômage des seniors explose ». Pierre évoque aussi les retraités qui « hésitent à se soigner, car ils n’ont pas les moyens de se payer une complémentaire santé ». La CGT et la FSU exposent dans leur tract commun six revendications. L’amélioration du pouvoir d’achat des retraités, avec un rattrapage immédiat de 300 euros par mois. L’indexation des pensions sur l’évolution du salaire moyen et non des prix. Aucune pension inférieure au SMIC pour une carrière complète. Le retour à une revalorisation annuelle des pensions au 1er janvier de l’année, prenant en compte l’évolution des salaires. Le maintien de l’intégralité des pensions de réversion. Et le rétablissement de la demi-part fiscale.

Sur le marché, une jeune femme, Marie, est de passage avec son bébé. « Je m’associe à la votation citoyenne sur la loi El Khomri, car je suis inquiète pour l’avenir de mon enfant, et aussi pour mon propre avenir. Je suis en congé parental, mais auparavant, j’étais intérimaire au sein de la société LATelec de Louey. Or, je viens d’apprendre qu’elle va fermer, avec 70 suppressions d’emploi à la clé. Ils préfèrent délocaliser le travail en Tunisie ou au Mexique, c’est lamentable ! Du coup, je ne sais pas ce que je vais devenir à la fin de mon congé parental. Je vais sans doute devoir chercher un autre emploi … ».

La journée nationale contre le projet de loi El Khomri a entraîné aussi une action des agents de plusieurs centrales hydrauliques des Hautes-Pyrénées, de l’Ariège et de la Haute-Garonne. Selon Eric Lolagne, délégué de la CGT sur le site de Saint Lary Soulan, « une baisse de production des centrales de production hydraulique a été effectuée sur les sites de Jourdanie, de Pragnères, du Val d’Azun, de Campan, d’Asasp, de Golfech, de Couserans, des Nestes, de Palaminiy, de Luchon, de Labarre, du Moulin de Foix, d’Orlu, et d’Orgeix Teich ». Là encore, les syndicats se mobilisent à la fois contre le projet de loi « Travail », et contre une mesure qui concerne directement leur profession : l’ouverture des barrages hydrauliques à la concurrence.

Enfin, de leur côté, les cheminots en grève se sont à nouveau réunis en assemblée générale à la gare de Tarbes dans la matinée de jeudi. Au menu des discussions : les propositions concernant l’accord d’entreprise de la SNCF et l’accord de branche du transport ferroviaire. Au terme de cette assemblée générale, peu après midi, ils ont décidé de reconduire la grève jusqu’à vendredi matin, a indiqué Pierre Lacaze, secrétaire de la CGT des Hautes-Pyrénées et du Comminges. A 24 heures du premier match de l’Euro de football, la situation sociale reste tendue, en France comme dans les Hautes-Pyrénées.

Jean-François Courtille