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Entre 1000 et 1400 manifestants à Tarbes contre le 49.3 et le projet de loi El Khomri

jeudi 12 mai 2016 par Rédaction

Plus de 1000 personnes, 1400 selon l’intersyndicale CGT-FO-FSU-Solidaires, ont défilé ce jeudi matin dans les rues de Tarbes. Pour dénoncer le « déni de démocratie » que constitue à leurs yeux l’utilisation du 49.3 par le gouvernement. Et pour réclamer une nouvelle fois le retrait du projet de loi El Khomri. Des membres du collectif « Nuit Debout » et d’ATTAC 65, ainsi que les syndiqués CFDT de la Socata, ont participé à la manifestation.

« Qu’on soit ou chômeurs, ou salariés. On est tous des travailleurs, c’est ensemble qu’il faut lutter ». « Ne pas tenir ses promesses, c’est déchoir. Descendez de vos perchoirs, écoutez les citoyens. Arrêtez cette politique de Draûche ». Un slogan et une pancarte qui résument la motivation des manifestants jeudi 12 mai à Tarbes. Plus de 1000 personnes, 1400 selon les syndicats, ont répondu à l’appel lancé par l’intersyndicale CGT-FO-FSU-Solidaires. Pour une fois, la banderole de tête du défilé ne présente pas les mots d’ordre habituels. C’est le visage des députés PS Jean Glavany et PRG Jeanine Dubié qui apparaît, sur fond rouge, avec cette apostrophe : « les citoyens des Hautes-Pyrénées ne vous ont pas élus pour que vous détruisiez leur bien commun : le Code du travail. Ne trahissez pas votre mandat ! ».

Mathieu, militant de la CGT, est salarié d’Eiffage Energie à Tarbes. « Nous avons débrayé deux heures ce matin pour protester contre la manière dont se passent les Négociations Annuelles Obligatoires (NAO). Nous manifestons à la fois contre la loi El Khomri, qui n’est pas une loi de gauche, et contre l’utilisation du 49.3. 24 salariés d’Eiffage Energie étaient en grève à Tarbes, et une dizaine à Pau ». Si la loi est finalement adoptée, Mathieu avoue sa « crainte pour l’avenir. Celui des anciens comme nous, et surtout celui des plus jeunes ». Bernard est l’un des rares militants de la CFDT présents lors de la manifestation. Il est venu avec d’autres salariés de Socata. « On a bien compris que c’était cuit et que la loi allait passer. Maintenant, nous manifestons pour exprimer notre opposition à un gouvernement ‘de gauche’, qui a pourtant été mis en place par une majorité d’ouvriers et de salariés. Nous sommes très déçus que cela se passe comme ça ». Bernard confie que les syndiqués de Socata « ont fait remonter leur position au niveau de la confédération, mais sans être entendus ». Il dévoile aussi une information préoccupante pour lui et ses collègues. « Un comité d’entreprise extraordinaire s’est réuni la semaine dernière. Le groupe envisage de transférer du travail vers le Maroc, à Casablanca. Nous sommes très inquiets pour l’avenir ».

Les jeunes ont aussi participé à la manifestation dans les rues de Tarbes. Angélique est en formation au CFA. Mickaël, Jérémy et Jean-Philippe suivent des formations à l’AFPA. « Pour un gouvernement qui se dit socialiste, utiliser le 49.3, c’est vraiment un comble ! », dénoncent les quatre jeunes gens. « Nous ne voulons pas nous retrouver demain à devoir travailler 60 heures par semaine, ou à faire des journées de 11 heures fractionnées sur une semaine. Dans ces conditions, comment accomplir son travail correctement ? Et comment arriver à vivre, tout simplement ? ».

Place de Verdun, François Dousseau, secrétaire de l’UD CGT, prend la parole en premier pour relater l’invasion de l’Hôtel du Département la veille. Il annonce la rencontre prévue entre les syndicats et le président Michel Pélieu vendredi 13 mai à 12h15, après la réunion de la commission départementale permanente. Puis, il passe la parole à Claude Martin, responsable de la FSU, qui présente le discours de l’intersyndicale CGT-FO-FSU-Solidaires. « Ce gouvernement impopulaire et minoritaire use du recours à l’article 49.3. C’est un aveu de faiblesse, qui traduit le rejet massif de cette loi dans le pays et à l’assemblée. Pour un gouvernement qui voulait du dialogue l’alpha et l’omega de son action politique, c’est vraiment lamentable », dénoncent les syndicats.

« Ce gouvernement tourne le dos de façon systématique aux salariés, retraités, privés d’emploi et à la jeunesse qui l’ont porté au pouvoir. Cette décision ne vient que s’ajouter à un processus antidémocratique. En effet, depuis l’annonce de cette proposition de loi, nous n’avons cessé de condamner la non-consultation des organisations syndicales avant l’écriture du texte, les rencontres-éclair avec la Ministre du travail, et depuis le début de la semaine, le blocage des votes à l’Assemblée nationale ».

Les syndicats pointent une loi « d’inspiration néo-libérale qui porte en elle clairement la signature du MEDEF. Contrairement à ce que dit le gouvernement, un seul camp y trouvera son compte, le patronat. Gouverner, c’est choisir : il faut retirer ce texte, il faut revenir à des décisions politiques en accord avec les intérêts des salariés du public et du privé, des privés d’emploi, des retraités et de la jeunesse ». L’intersyndicale conclut par un appel à deux journées de grève et de manifestation le mardi 17 mai et le jeudi 19 mai. Un membre du collectif « Nuit Debout » prend ensuite la parole pour inviter les personnes présentes à la prochaine assemblée générale de ce mouvement citoyen, vendredi 13 mai à 20h, place de l’Hôtel de Ville de Tarbes.

Dans la foule des opposants à la loi El Khomri, une jeune femme brandit une pancarte, comme un suprême appel désespéré au gouvernement : « nos vies valent plus que leurs profits ! ».

Jean-François Courtille