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Belle mobilisation pour le 1er mai à Tarbes

lundi 2 mai 2016 par Rédaction

Plus de 700 personnes, 1200 selon les syndicats, ont participé ce dimanche au traditionnel défilé du 1er mai dans les rues de Tarbes, à l’appel de l’intersyndicale CGT-FO-FSU-Solidaires. Au-delà des chiffres, la manifestation a révélé une grande diversité parmi les collectifs présents. Mais leur point commun reste l’exigence de retrait du projet de loi El Khomri.

« Comme partout en France, c’est aujourd’hui un vent de révolte qui se lève contre la casse du Code du travail et le dynamitage généralisé des garanties collectives. Ce vent de révolte qui se lève aujourd’hui ne connaîtra pas de repos jusqu’au retrait total du projet Gattaz-Hollande ». Les mots de l’intersyndicale CGT-FO-FSU-Solidaires, portés par Manuel Espejo, secrétaire de l’UL CGT de Tarbes, claquent dans l’air du 1er mai 2016 comme un avertissement sans frais au gouvernement. La fête du travail ce dimanche de printemps a rassemblé plus de 700 personnes, 1200 selon les syndicats. Une mobilisation significative, comme un deuxième souffle pour le mouvement social contre le projet de loi El Khomri.

Sur l’esplanade de la Bourse du travail de Tarbes, ce dimanche matin, pendant que les manifestants se rassemblent peu à peu, l’air porte un léger parfum de muguet, et un fort parfum de révolte. Les syndicats ne sont pas les seuls à avoir répondu « présent ! » au rendez-vous des quais de l’Adour. Armelle, responsable fédérale de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne, est venue avec quelques amis, pour « fêter le travail, et demander le retrait total du projet El Khomri ». Elle diffuse la parole de son mouvement, qui exprime clairement les motifs de ce rejet. « Nous, jeunes du milieu ouvrier, nous nous indignons de la manière dont cette loi est portée et écrite. Nous déplorons qu’avant son écriture, alors qu’elle concerne pourtant les jeunes, nous ne soyons pas consultés. Aussi, nous déplorons que le gouvernement se focalise sur une seule jeunesse : les étudiants. Nous, jocistes, sommes solidaires de leur cause. Mais nous rappelons qu’il n’y a pas qu’une jeunesse. A travers notre mobilisation, nous portons également les cris des jeunes scolaires, des apprentis, des jeunes travailleurs et des jeunes privés d’emploi ».

De son côté, Jean-Louis Imbert, porte-parole du Réseau Education Sans Frontières, diffuse avec les autres militants un tract intitulé « Travailleurs Français – Immigrés, mêmes patrons, mêmes combats ». « Notre présence au sein de cette manifestation du 1er mai, journée de la solidarité internationale des travailleurs, a pour motivation notre volonté de faire respecter le droit au travail pour tous, y compris pour ceux qui n’ont pas eu la chance de naître au bon endroit », précise Jean-Louis. Le tract de RESF dénonce « les tentatives de diviser les travailleurs entre eux, CDI contre CDD, travailleurs des petites entreprises contre ceux des grands groupes industriels, ou travailleurs étrangers contre travailleurs français ». Il affirme que « les migrants ont de bonnes raisons de migrer, et ont le droit de vivre décemment ». Il critique une politique à contre-sens de nos gouvernements. « En n’accordant pas le droit au travail pour tous les demandeurs d’asile, ils créent les conditions pour que se développe le travail au noir ». Enfin, il rappelle que dans les lycées et les universités de notre département, « des jeunes risquent d’être renvoyés dans le pays qu’ils ont fui, pays où leurs familles ont été décimées par la guerre, la mafia ou la faim ». RESF appelle donc à « la régularisation des travailleurs sans papiers et la régularisation des étudiants en situation irrégulière ».

Le collectif « Nuit Debout » est invité, comme RESF, à prendre la parole avant le départ de la manifestation. L’occasion pour lui d’appeler à accentuer « la convergence des luttes », tout en développant une réflexion de fond sur l’avenir de notre société. Dans la foule, Manu, membre du collectif, confie aussi son attachement à ce 1er mai, « le dimanche de l’année », occasion pour lui de prendre part au mouvement social. Marcel, militant d’ATTAC 65, rappelle que « le 1er mai est l’occasion de célébrer toutes les conquêtes sociales obtenues par les travailleurs au prix d’actions parfois violentes ». Il participe au défilé pour lutter à son tour contre « un projet de loi qui risque d’annuler toutes ces conquêtes si chèrement acquises ». Il a envie de se battre pour une société « où l’être humain soit au centre, et non l’économie ».

Marie, militante de l’Action Catholique Ouvrière, souligne que le 1er mai est « la fête du travail de tous ». Et pour elle, cette fête se combine avec une lutte nécessaire pour « rejeter le projet de loi El Khomri qui remettra en cause le droit à un vrai travail pour chaque personne ». Nils, lycéen, est fidèle comme chaque année au rendez-vous du 1er mai avec sa famille. « Nous agissons depuis plusieurs semaines pour défendre les droits des personnes qui travaillent, et aussi pour préparer notre avenir ».

A ces témoignages venus du monde associatif, l’intersyndicale CGT-FO-FSU-Solidaires clame en écho : « nous ne sommes ni réactionnaires, ni amnésiques, ni absurdes. Nous sommes les forces vives, l’espoir et l’avenir de ce pays. Ce sont bien les grandes conquêtes sociales, avec l’interdiction du travail des enfants, les congés payés, la réduction du temps de travail, l’édification d’un grand système de protection sociale et la création de nos services et entreprises publiques qui ont permis croissance, développement économique, développement des libertés pour toutes et tous ». Les syndicats demandent « le retrait de la loi El Khomri, l’augmentation massive des salaires et pensions, la réduction du temps de travail à 32 heures, pour travailler tous, travailler mieux ». Ils proposent de passer dès le 3 mai à un autre mode d’action des manifestations devant les permanences des députés, qui vont participer au débat à l’assemblée nationale sur le projet de loi « Travail ».

Avant le coup d’envoi de la manifestation, la vente du muguet bat son plein devant la Bourse du travail. Annie et Marie-Jo proposent les fleurs « pour soutenir financièrement le journal L’Humanité ». Sur une autre table, Séverine et Marie-Pierre, membres du « Point parents » du quartier de Laubadère à Tarbes, vendent brins de muguet et gâteaux. Objectif : participer au financement d’un voyage en Loire-Atlantique pour 25 familles de leur quartier cet automne, en lien avec la CAF. Les trois musiciens du groupe « Swingles » se préparent en vue de leur concert d’après manifestation. Alex, Escaf et Yannick sont des fans des Beatles, dont ils revisitent le répertoire en mode « swing ». « Nous avons répondu à l’appel des organisateurs de la fête du 1er mai, car dans le contexte social que nous vivons aujourd’hui, cela nous semble important d’être présents ». De son côté, Daniel Larregola, membre de la chorale « Résistances », attend l’heure du déjeuner pour « interpréter des chants qui mettent du baume au cœur de toutes ces personnes en lutte. Cela leur apporte un réconfort de pouvoir chanter avec nous des airs qui célèbrent la dignité des travailleurs, comme ‘Bella Ciao’ ou ‘Le chiffon rouge ».

Une centaine de cyclistes du club d’Alstom, « Les cygognes », et du club de la Jeunesse Athlétique Borderaise, participent à une randonnée de 90 kms aller-retour vers Galan, quand le cortège s’ébranle. Les manifestants du 1er mai quittent la Bourse du travail, portés par la musique des Colporteurs ou de Zebda, banderole intersyndicale en tête. Sur le trottoir, des militants de Lutte Ouvrière donnent de la voix, répétant leur slogan : « avec Hollande, comme avec Sarkozy le patronat commande, le gouvernement obéit ! ». Les autres formations politiques présentes sont plus discrètes : quelques drapeaux du Parti de Gauche ou de NPA, des badges du PCF, et des militants écologistes « incognito ». Henri Lourdou, porte-parole d’Europe Ecologie Les Verts, distribue avec sa compagne les tracts du Réseau Education Sans Frontières. « Nous voulons rappeler ainsi les valeurs de solidarité entre les travailleurs du monde entier, car la fête du 1er mai est un rendez-vous international ».

Le cortège se déplie le long du marché dominical de la place Marcadieu, puis arpente l’avenue Foch, avant de décrire une boucle autour de l’Hôtel de Ville et de revenir en arrière, en direction du quai de l’Adour. Plus de 700 personnes, 1200 selon les syndicats, participent à cette manifestation dans une atmosphère joyeuse. A l’arrivée devant la Bourse du travail, le concert des Swingles commence. Place au repas partagé, à la chorale, puis au concours de pétanque. En ce 1er mai 2016 à Tarbes, la « convergence des luttes » a franchi une nouvelle étape, qui annonce peut-être un printemps social mouvementé …

Jean-François Courtille