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Journée mouvementée pour les salariés de MG Call

mardi 22 septembre 2015 par Rédaction

Intervention de la police au Pôle emploi de l’Arsenal, annonce de la procédure de redressement judiciaire contre MG Call par le Tribunal de commerce, rencontre avec le directeur régional de Pôle emploi, réunion de travail en préfecture : la journée des salariés de la plateforme d’appels a été mouvementée. Avec quelques lueurs d’espoir au bout du compte.

Mohamed Gueday cède sa place à un administrateur judiciaire nommé par le Tribunal de commerce de Tarbes pour prendre en charge l’entreprise MG Call. La décision finale des juges concernant l’avenir de la plateforme d’appels sera prise lors d’une nouvelle audience le 5 octobre. En attendant, les délégués des salariés de MG Call et de l’IRC ont vécu aujourd’hui deux rencontres importantes, avec le directeur régional de Pôle emploi, puis à la préfecture de Tarbes.

La journée a commencé de façon mouvementée, lorsque les salariés de l’entreprise ont souhaité entrer dans l’antenne du Pôle emploi de l’Arsenal, pour y attendre le rendez-vous avec le directeur régional. Les policiers sont intervenus, et ont baissé les volets du bâtiment, coupant en deux le groupe des salariés. Révoltés par cette décision, les « exclus » sont restés devant le Pôle emploi, pendant que les responsables de l’UD-CGT passaient des coups de téléphone. Un demandeur d’emploi qui avait rendez-vous avec son conseiller en fin de matinée s’est vu répondre, selon son témoignage : « le Pôle emploi est fermé pour aujourd’hui, et on ne sait pas quand il va rouvrir ».

Vers 13h15, le volet a finalement été relevé par les policiers, laissant le passage aux salariés, soulagés de retrouver leurs collègues à l’intérieur des locaux. « Nous remercions le directeur régional de Pôle emploi et madame la Préfète d’avoir accepté de débloquer cette situation », a aussitôt déclaré François Dousseau, secrétaire de l’UD-CGT. « Nous leur avons expliqué que les salariés de MG Call et de l’IRC ne sont pas des voyous, et que leurs intentions sont pacifiques. Ils nous ont entendus ».

A l’entrée du Pôle emploi, Stéphanie exprime sa déception par rapport à la réunion de la cellule d’urgence sociale qui s’est réunie le matin dans l’hôtel d’entreprises « Libération ». « Nous avons rencontré des gens de la CAF, de la Mission locale, des Impôts, du Conseil départemental, du Pôle emploi et du CCAS de Tarbes. Plusieurs personnes ont vu leurs demandes refusées. Une jeune femme qui avait eu un trop perçu d’allocation s’est même vu répondre qu’il lui fallait mettre deux mois de salaire de côté pour le rembourser, alors qu’elle n’a pas été payée depuis le 10 août ! ».

Après les deux réunions avec les interlocuteurs du Pôle emploi et de la préfecture, Mina, l’une des déléguées des salariés de MG Call et de l’IRC, dresse un tableau nuancé de cette journée de négociation. « Le rendez-vous avec la Préfète a essentiellement permis d’établir un bilan de toutes les actions d’accompagnement qui ont été mises en place. Madame Baudouin-Clerc va aussi prendre de nouvelles initiatives, comme le fait de contacter le maire de Tarbes pour lui demander d’aider les 55 salariés de sa ville qui ont des enfants dans des crèches ou des haltes garderies ».

En ce qui concerne la rencontre avec le directeur régional du Pôle emploi, Mina estime « qu’ils ont fait des choses positives, comme le fait d’effacer les trop-perçus de 18 salariés ou de mettre en place un dispositif renforcé pour les formations. En revanche, nous sommes déçus de ne pas avoir obtenu le CSP et l’indemnisation de 12 mois. Nous avons demandé que lors de notre prochaine rencontre, une personne du ministère de tutelle du Pôle emploi soit présente ».

Madame Anne-Gaëlle Baudouin-Clerc a organisé une conférence de presse en fin d’après-midi. Elle y a associé Michel Weber, responsable de l’Unité territoriale de la DIRECCTE, Serge Lemaitre, directeur régional du Pôle emploi et Catherine Guilbaudeau, directrice du Pôle emploi Hautes-Pyrénées et Gers. La Préfète a détaillé les mesures qualifiées par elle « d’exceptionnelles » pour accompagner les salariés de MG Call et de l’IRC.

Tout d’abord, les salaires du mois d’août seront versés « dans les prochains jours ». La cellule sociale d’urgence, installée dans l’hôtel d’entreprises « Libération », a démarré son activité mardi matin, avec l’accueil de 40 personnes. La cellule d’accompagnement psychologique poursuit son activité. Elle a déjà reçu 57 salariés.Le médecin-chef des sapeurs-pompiers va se rendre sur le site de MG Call mercredi. Plusieurs aides d’urgence concernant le logement, les cantines ou les crèches ont été débloquées par la CAF et par les CCAS des villes de résidence des salariés. « J’ai aussi contacté le directeur des finances publiques, pour attirer son attention sur les demandes d’exonérations d’impôts locaux formulées par les salariés », ajoute la Préfète, qui a remis à chaque salarié une lettre destinée à leurs banques, où elle précise les mesures de soutien adoptées en leur faveur.

En revanche, Mme Baudouin-Clerc reconnaît que la principale revendication des salariés de MG Call et de l’IRC n’a pas été honorée : l’attribution du CSP et d’une indemnisation d’un an. « Mais une autre proposition a été travaillée par le Pôle emploi », assure la Préfète. « J’entends bien la détresse des salariés et leur désir de compensation. Mais la meilleure des réparations consiste à leur redonner un avenir en les aidant à retrouver un emploi ».

Serge Lemaitre, directeur du Pôle emploi Midi-Pyrénées, explique à son tour les mesures d’accompagnement présentées aux salariés de la plateforme téléphonique. « Dans un délai de 15 jours, un espace de travail et une cellule d’appui aux projets professionnels vont être mis à la disposition des salariés. Un conseiller et une psychologue du travail y seront présents. L’objectif est d’aider les salariés à retrouver rapidement un emploi ou une formation », souligne M.Lemaitre.

« Dans le même délai, nous donnerons aux salariés une estimation de leurs droits, en étudiant chaque situation. Nous allons aussi régulariser la situation de 18 personnes ayant eu des ‘trop perçus’. Pour le 19ème, son dossier sera présenté devant la commission paritaire », ajoute Serge Lemaitre.

« Nous allons identifier les projets de formation des salariés et les soutenir en ce sens, pour leur permettre aussi de prolonger leurs droits à l’indemnisation. Enfin, nous allons débloquer une enveloppe pour financer les déplacements et les repas des salariés de MG Call et de l’IRC concernant leurs démarches de recherche d’emploi ou de formation », conclut le directeur régional du Pôle emploi, qui a fixé un nouveau rendez-vous aux salariés de la plateforme téléphonique le 8 octobre.

Questionné sur le discernement du Pôle emploi concernant Mohamed Gueday et son projet d’entreprise, Serge Lemaitre donne sa version des faits. « Le Grand Tarbes est venu nous présenter ce projet d’implantation d’un centre d’appels. Nous ne sommes pas des spécialistes de l’entreprise. Nous avons vérifié que Monsieur Gueday n’avait pas laissé d’ardoise. Il n’en avait pas. Pour l’entreprise de Rambouillet, il avait payé ses cotisations sociales. Nous nous sommes engagés sur la base de ces éléments ».

Le sort des salariés qui ont quitté l’entreprise avant la fin du mois d’août est aussi évoqué par Catherine Guilbaudeau, directrice du Pôle emploi du Gers et des Hautes-Pyrénées. « 19 personnes se trouvent dans cette situation. Nous chercherons aussi des solutions pour leur permettre de retrouver leurs droits ».  

Mercredi matin, les salariés se rassembleront sur le site de la plateforme téléphonique, pour effectuer un bilan des négociations et pour définir les prochaines actions. Dans la journée, l’administrateur judiciaire nommé par le Tribunal de commerce viendra sur place. A Tarbes, l’après Mohamed Gueday a commencé …

Jean-François Courtille