Site d’informations en ligne, sur Tarbes et le Grand Tarbes

  Informations Lourdes et Grand Tarbes  Informations Lourdes et Pays de Lourdes  Informations Bagnères de Bigorre  Informations Argelès-Gazost Vallées des Gaves  Informations Pays de Lannemezan  Information Pays du Val Adour  Informations Hautes-Pyrénées     
         

Hôpitaux de Tarbes et Lourdes en danger : Gérard Trémège, le maire de Tarbes, lance un cri d’alarme

mardi 2 octobre 2012 par Rédaction

Gérard Trémège, maire de Tarbes.

"Nous avons souhaité avec le maire de Lourdes vous entretenir d’un sujet qui nous préoccupe particulièrement : c’est l’avenir de nos deux hôpitaux et l’avenir du projet commun sur lequel nous travaillons depuis de longs mois. Je me permets de rappeler que Xavier Bertrand, ancien ministre de la Santé, nous avait écrit à tous les deux, quelques mois avant l’élection présidentielle, pour nous annoncer que notre projet avait été retenu et que l’État nous accompagnerait à hauteur de 50 % du financement. Aujourd’hui, il y a un nouveau ministre de la Santé. Celle-ci souhaitait qu’on puisse élaborer un projet médical commun, que l’on puisse s’engager sur des orientations claires et précises en matière de management et de gestion et que l’on puisse dans le même temps présenter un système d’organisation qui permette de démontrer qu’il y avait et qu’il y aurait une amélioration de la performance en matière médicale, en matière de gestion, en matière financière.

J’avais sollicité les parlementaires le 30 août pour attirer leur attention sur l’importance de notre projet. M. Glavany m’a envoyé une réponse de circonstance, Mme Dubié m’a répondu en me disant qu’une prochaine rencontre était prévue au ministère avec les quatre parlementaires et écrivait : « il me semble qu’avant d’envisager tout projet d’investissement, il est nécessaire de formaliser plus en détail le projet médical entre les établissements de santé de Tarbes et Lourdes ». Ce projet médical existe, le voici. Il a été adopté par le conseil de surveillance de l’hôpital de Tarbes à l’unanimité moins une voix (celle du délégué CGT). Il a été adopté par la CME de l’hôpital de Tarbes, par le CTE (Comité technique d’établissement) de l’hôpital de Tarbes. Nous pouvions penser que le processus avançait dans le bon sens. Une inquiétude néanmoins que j’ai évoquée lors de notre dernier conseil de surveillance de l’hôpital de Tarbes : alors que M. Bertrand nous avait dit que l’État nous accompagnerait sur ce projet à hauteur de 50 %, la nouvelle ministre de la Santé disait lorsqu’elle visitait le centre hospitalier du Mans : « Les caisses de l’État sont vides. Des engagements ont été pris entre mars et avril par mon prédécesseur. J’ai la liste des établissements concernés, Il y en a pour plusieurs milliards d’euros. En face, il n’y a rien, pas un centime ». Et elle ajoutait : " mais c’est surtout vers les banques que les hôpitaux devront se tourner pour financer leurs projets d’investissement". Je voudrais bien repositionner le sujet. Nos deux établissements de Tarbes et Lourdes sont dans une situation difficile. Avec d’une part une démographie médicale qui est problématique comme dans beaucoup d’établissements. Beaucoup de praticiens vont partir en retraite, autant à Tarbes qu’à Lourdes, la moitié dans les deux à trois années qui viennent. Aujourd’hui, on rencontre des difficultés pour trouver des successeurs à ces praticiens. Deuxième élément, c’est la situation financière et la situation d’exploitation qui est déficitaire. Déficit de l’hôpital de Tarbes : 7 millions d’euros. On est sur une trajectoire de 5, peut-être de 3,5. Déficit de l’hôpital de Lourdes : 800 000 euros. Ces situations concernant la démographie médicale et la situation financière ont des conséquences sur le fonctionnement des services (les effectifs ont diminué suite au non-remplacement des départs), sur l’investissement (on ne peut pas rénover ou entretenir l’outil) et évidemment difficultés sur le redressement budgétaire s’il n’y a plus d’ accompagnement de l’État. Tous les deux, nous nous sommes engagés vers une stratégie de véritable groupe hospitalier sur deux sites. Avec deux composantes en matière d’investissement et de fonctionnement de transition pour l’investissement, et orientation de reconstruction du site à Tarbes, à côté de la clinique. On sait que cela ne fait pas consensus. Néanmoins c’est une piste que nous avons engagée depuis plusieurs mois, à étudier. Deuxièmement, en matière de fonctionnement de transition, mise en place d’un schéma réaliste pour assurer le fonctionnement médical et conforter le service public hospitalier. Avec un directeur de sites, mise en oeuvre de moyens en matière de gestion, en matière médicale etc. Les grandes lignes du projet sur lesquels nous travaillons - le maire de Lourdes et moi-même - c’est je le répète : constitution d’un groupe hospitalier Tarbes- Lourdes fonctionnant sur la base d’équipes médicales uniques par spécialité et qui exercent sur les deux sites, ensuite répartition des activités entre les deux sites , un que l’on appelle pour l’instant site pivot pour celui de Tarbes et l’autre, site de proximité. Les deux sites faisant partie du même groupe. Autre remarque qui est une exception, c’est la maternité de Lourdes qui, elle, normalement, ne peut être maintenue pour des raisons de démographie et de sécurité. Notamment avec des perspectives de départs en retraite des obstétriciens. Donc évolution de la maternité de Lourdes en centre périnatal de proximité et création d’une maternité départementale. L’enjeu qui nous réunit aujourd’hui et qui est majeur pour l’avenir de l’offre de santé dans notre département c’est de garantir la pérennité du service public hospitalier dans les Hautes-Pyrénées et aujourd’hui, pour nous c’est un grand point d’interrogation. Le projet, je vous l’ai dit, a été accepté par les deux CME".

L’intervention du maire de Lourdes

"Je n’ai rien à ajouter à ce qu’a dit le maire de Tarbes. Il l’a bien dit. Il résume ce que nous avons fait et que nous pensons tous les deux en accord complet sur la question éminemment importante du maintien et j’ose dire avec lui de la sauvegarde de ce qui nous importe le plus, c’est-à-dire le service public de santé dans le Hautes-Pyrénées. Si nous sommes ici aujourd’hui, c’est malheureusement le fait du vote négatif du conseil de surveillance de l’hôpital de Lourdes sur la question importante des orientations médicales et stratégiques telles que Gérard Trémège a pu vous les définir. De quoi s’est-il agi ? Après un vote à l’unanimité de la commission médicale d’établissement (CME), un vote à l’unanimité de la commission des soins et un vote très majoritairement d’abstentions pour le CTE, donc dans un environnement excessivement positif quant à ces orientations médicales et stratégiques, et donc quant au projet que le maire de Tarbes vient de vous définir, le conseil de surveillance de l’hôpital de Lourdes a refusé par cinq voix contre deux (NDLR. Celles du maire de Lourdes et du docteur Basile) ces orientations stratégiques. Les deux représentants du personnel ont voté à l’inverse de ce qu’ils ont voté dans leurs commissions respectives. C’est excessivement grave, à la fois pour le projet commun mais c’est encore plus grave pour l’avenir de l’hôpital de Lourdes. Il n’y a pas de plan B pour l’hôpital de Lourdes, une fois ce conseil de surveillance et ce vote effectués.

L’hôpital de Lourdes se retrouve dans une situation très fragilisée devant la tutelle, c’est-à-dire devant l’agence régionale de santé. Très fragilisé dans son économie. L’hôpital de Lourdes comme l’hôpital de Tarbes est en déficit structurant lourd, et je dirais même que par rapport au poids de l’activité des deux hôpitaux, le déficit de l’hôpital de Lourdes est plus important que le déficit de l’hôpital de Tarbes. Il n’y a donc pas de plan B. Le maire de Tarbes à l’époque, le maire de Lourdes, les deux présidents de conseil de surveillance avaient demandé aux médecins d’être capables, suite à quelques admonestations plus politiques qu’autre chose, de construire un projet médical commun. Ce projet médical existe. Il est précis, moderne. Pour l’hôpital de Lourdes, c’était une solution équilibrée, visant à maintenir un hôpital de proximité avec un certain nombre d’activités et de spécialité maintenues. Avec, en accord avec l’agence régionale de santé, pour Lourdes la définition - avec le gérontopôle de Toulouse - d’un axe stratégique majeur en matière de gérontologie-gériatrie sur le département, dont la tête de pont serait Lourdes. Bref, avec selon moi toutes les conditions d’élaborer un schéma départemental de santé publique en direction des usagers mais aussi un projet modernisé capable de construire un hôpital pivot sur Tarbes, moderne, de coopérer avec le privé dans le cadre d’une collaboration afin d’assurer la permanence complète des soins aux usagers. Tout ceci est remis en cause après un vote négatif de l’assemblée départementale qui a dû très largement influer certaines humeurs politiques du côté de Lourdes.

Les questions que nous devons tous nous poser aujourd’hui sont très simples : au moment où le gouvernement semble dans le flou quant aux orientations à donner en matière de santé publique et en particulier en matière d’hôpitaux. Quid de la T2A si largement décriée, loi Bachelot incluse, par le gouvernement actuel ? Les propos de la ministre ne semblent ni infirmer ni affirmer le contraire. Quid du financement de nos hôpitaux ? Comment allons-nous financer les deux déficits dans les semaines, dans les mois, dans les années qui viennent alors que l’agence nous impose à l’un et à l’autre, aux uns et aux autres un plan de retour à l’équilibre excessivement douloureux, qui d’ailleurs nous le pensons tous les deux, ne peut pas être appliqué in fine. Pour l’hôpital de Tarbes, ça voudrait dire des suppressions d’emplois très importantes. Or, dans la perspective de la construction d’un hôpital pivot et du maintien d’un hôpital de proximité, cette période intermédiaire était bien évidemment prise en compte par l’agence et les pouvoirs publics. Ces questions sont en latence, elles ne sont pas résolues. Nous abordons les semaines qui viennent avec inquiétude du fait de deux contextes : le premier est typiquement lourdais je viens de le rappeler c’est le rejet des orientations médicales et stratégiques. L’autre contexte est celui d’une forme d’exclusion. Une réunion s’est tenue à Paris dernièrement en présence des parlementaires seuls. Sans les deux présidents de conseil de surveillance qui portent le double poids de la présence et du risque quant à ces questions. Je vous avoue que c’est une rupture par rapport à ce que nous connaissons et que nous avons connu depuis des années. Chaque fois qu’il s’est agi pour le maire de Tarbes et pour le maire de Lourdes de se rendre ici ou là et en particulier au ministère de la Santé, ce fut toujours dans un contexte d’association. Il semble que ce ne soit plus le cas aujourd’hui. Non seulement on trouve ça désagréable mais on trouve ça particulièrement spécieux. Nous attendons aussi en particulier des parlementaires qu’ils puissent nous informer de ce qui a bien pu se dire autour d’une table au ministère de la Santé. Je suis particulièrement énervé aujourd’hui parce qu’une fois ce vote effectué dans le contexte politique évoqué, il n’y a pas de plan B pour l’hôpital de Lourdes".

G.M.