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Les éleveurs contrôlent les grandes surfaces…

dimanche 10 octobre 2010 par Rédaction

Samedi matin, les éleveurs de bovins de la FDSEA ont mené une nouvelle opération de contrôle de la viande dans les grandes surfaces en posant des sticks sur les barquettes de viande de veau et de bœuf.

Leur revendication ?
Les prix à la production. Acheté 2,29 euros le kg à l’éleveur, le prix moyen acheté par le consommateur est de 12,90 euros. Pourquoi ? A qui profite la marge ? Sans parler de la viande achetée à bas prix à l’étranger. C’est ainsi qu’il nous dise avoir trouvé de la viande du Brésil au magasin Métro.

Nous avons suivi les éleveurs menés par Michel Dubosc ,de la FDSEA à Intermarché à Juillan et au Méridien d’Ibos. Que de la viande française. Mais la différence de prix est édifiante. D’où vient ce décalage prix producteur / prix consommateur ? « Tout le monde dit que c’est l’autre » nous dit Michel Dubosc. « Mais aujourd’hui nous sommes dans les grandes magasins, demain chez les chevillards… » Le combat risque de se poursuivre. En effet, la concurrence est pratiquement inexistante. Il existe deux grands « grossites » qui achètent, transforment, conditionnent et revendent : Bigard et Arcadi. « Ils font le pluie et le beau temps » nous disent les éleveurs qui sont financièrement étranglés et ne peuvent plus faire face à leurs engagements. Et un autre problème pointe à l’horizon selon Michel Dubosc : « Les importations c’est pour le futur avec le Mercosur qui négocie avec l’Union Européenne ».

Le département compte environ 2500 producteurs de bovins (3000 en rajoutant les producteurs d’ovins dont certains produisent ovins et bovins). Ce qui n’est pas nul sur le plan économique et social si on compte les emplois induits. Le vrai problème semble être que « la transparence des marges ne fonctionne pas. Les entreprises contournent le système » nous disent les éleveurs. Comment ?

Sur certains documents nous voyons que les bêtes sont nées dans divers pays mais au final « élevé et abattu en France » et deviennent ainsi dans les barquettes des supermarchés de la viande « origine France ». Il suffit à une bête étrangère de passer quelques jours dans une prairie française.

Pour les directeurs et les bouchers des grandes surfaces, ils vendent tous de la viande françaises. Et même régionale. Pour Intermarché à Juillan : « que du français et du bigourdan ». Le problème pour le consommateur est que ça ne se voit pas. La transparence d’origine est légalement mentionnée. Rien à dire. Mais comment distingue-t-on la viande bigourdane du reste de la France ? Et si elle est bigourdane, pouvons nous voir de quel élevage ? Non ! Il n’y a rien. Il faudrait que les producteurs vendent directement au magasin pour avoir la garantie que le consommateur a de la viande de qualité. Pour le directeur M. Gianduzzo : « leur demande est logique… Si on peut s’organiser avec la filière viande, on ne demande que ça ». L’idée pourrait être d’acheter des carcasses pour les 9 magasins du département. « Je ne suis pas là pour truander les clients » nous dit-il.

Chez Méridien Leclerc, la situation est la même. Le directeur Thierry Planques ne demande qu’à travailler avec la filière bovine départementale. Une association de producteurs a même été créée pour assurer des ventes directes avec pour Président Paul Gayat. « Il faut baliser les produits locaux pour que ce soit vu par les clients ». C’est ce qui se fait notamment avec le mouton AOC Barèges-Gavarnie. Mais pour maintenir une boucherie traditionnelle au sein des magasins Leclerc, se pose un autre problème : le personnel. « Il faut trouver des bouchers avec un savoir faire ». Le directeur, Thierry Planques, nous précise que « trois jeunes sont en formation et préparent un CAP de boucherie ». Et également de préciser que pour un boucher formé, le salaire est conséquent.

Des situations où toutes les parties ont intérêt à dialoguer pour trouver des solutions afin de réduire les coûts entre producteurs et consommateurs pour jouer gagnant-gagnant… très probablement, à terme, au détriment des chevillards.

Pour en savoir +, lire  :
• Le détail des coûts de production et e prix moyen au libre service (pdf)

• Dossier de presse de la FDSEA (pdf)

Louis Dollo (texte et photos)

Et le prix de la viande de cheval ?

Il n’est plus dans le goût des français de consommer de la viande de cheval. Et pourtant, très longtemps en France, il existait des boucheries chevalines. La viande de cheval avait (et a toujours) des qualité nutritionnelles recommandées par les médecins.

Au magasin Méridien-Leclerc, il existe un petit rayon proposant de la viande de cheval en barquette. Selon le directeur, Thierry Planques, les ventes sont négligeables par rapport au chiffre d’affaires du rayon boucherie.

Alors que les éleveurs de bovins manifestaient leur mécontentement sur le prix d’achat qui leur revenait et les marges supportées par les consommateurs, nous avons été attiré par le prix du cheval. Pas moins cher que la moyenne du bœuf ou du veau pour le consommateur puisqu’il est affiché 11.81 Euros le Kg à la vente. Le problème est que le prix à la vente du cheval par les producteurs français ne dépasse pas 1 Euros. Où passe la différence ?

Peut-être une explication lorsque nous voyons de mentionner l’origine de la viande de cheval : « Argentine ».

Pour le directeur du Méridien-Leclerc : « c’est un problème de filière ».

Achat de viande : des consommateurs sans scrupule !

S’il y a des vendeurs c’est qu’il y a des acheteurs. Acheteurs de mauvaise viande à pas cher… ça existe pour des consommateurs, parfois un peu forcés, recherchant des petits prix.

Nous avons été récemment interpellés par plusieurs personnes quant à la qualité des produits offerts aux clients de collectivités mais aussi de restaurants.

La cuisinière saisonnière d’une congrégation religieuse lourdaise recevant des pèlerins qui nous dit : « Venez voir les frigos de chez nous. Il n’y a que du surgelé en provenance d’Allemagne, Pologne, Chine…. Alors que nous pourrions faire la même chose avec des produits locaux ». Il faut dire que depuis longtemps, « pour des raisons d’hygiène » selon ce qui nous a été dit sous le sceau de l’anonymat, que le lait, les œufs, la purée de pomme de terre ou des crèmes ne sont connues que sous forme de poudre.

A la suite de la fête des côtelettes à Luz, une famille de touristes rencontrée lors de la dégustation de mouton AOC Barèges-Gavarnie nous a fait part de son étonnement de l’absence de goût et d’odeur forte comme ce qu’ils avaient mangé comme « mouton du pays » dans un hôtel-restaurant d’Argelès-Gazost. Le nom nous ayant été donné, nous sommes allés discrètement déguster ce mouton qui nous avait été recommandé. Il s’agissait bien de mouton et non d’agneau, du gigot roulé. Mais comme tout le reste du menu TOUT était issu d’une « grande surface » pour collectivité déjà visité par les éleveurs de bovins et où avait été trouvé du bœuf du Brésil. Le goût était à la hauteur de l’odeur qui nous laissait penser que nous étions en plein hiver dans une grange de montagne.

Ce genre de comportement ne tire pas le tourisme local vers le haut. Par ailleurs, c’est l’élevage local qui est discrédité et plus généralement toute une filière. Quand sera-t-il imposé aux restaurateurs de mettre au menu la véritable origine de leurs produits notamment viandes et légumes ? Une manière de servir les circuits courts lorsqu’ils sont possibles avec les productions locales. Mais il est tellement plus facile de payer des cuisiniers au bas de l’échelle en utilisant des produits tout préparés sans se soucier de la qualité gustative et de l’origine.

Louis Dollo