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Un Inspecteur des Impôts à l’Opéra

mercredi 12 janvier 2022 par Rédaction

Une triple vie réussie

La quarantaine rayonnante, mariée avec trois enfants, Marie-Laure Levallois, cadre administratif dans la fonction publique, est aussi une Soprane talentueuse qui compte plusieurs centaines de concerts au sein de plusieurs « Ensembles » de Toulouse qui tournent dans toute la France. Elle s’est produite cet Eté avec l’Ensemble « Les Conférences Vocales » à Madiran et à Aureilhan. Sa triple vie, de cadre des impôts, de chanteuse lyrique et de mère de famille, méritait d’être connue à titre d’exemple.

Etudes et musique menées de pair

Originaire du Tarn, elle a passé son enfance à Orléans où son père était notaire et sa mère fonctionnaire. Par tradition familiale, sa mère a choisi d’accoucher dans le Tarn. « On est comme les saumons, on naît tous à Mazamet  », confie Marie-Laure en rigolant. Mazamet où enfant, elle passait toutes ses vacances scolaires. Sa passion du chant est aussi familiale puisque ses parents chantaient dans une Chorale. Elle a toujours été bercée par les chants lors des repas familiaux. « Il y a de très belles voix dans ma famille, même si personne n’a chanté au niveau professionnel. Mes oncles, mes cousins, chantent à l’église et ils ont de très belles voix. » Marie-Laure a d’abord chanté dans la Chorale de la Ferté Saint-Aubin avec ses parents. « Le curé était musicien et il avait monté une petite chorale, dont je suis devenue la soliste. » Ceux qui l’entendent, tombent sous le charme de sa voix et conseillent à ses parents de l’inscrire à des cours de chant, en plus de ses cours de flûte traversière, qu’elle suit depuis l’âge de sept ans. A onze ans, elle intègre le Chœur de Jeunes Filles des « Cantilènes à Cœur Joie d’Orléans » et rejoint le Conservatoire d’Orléans à 17 ans, tout en continuant le Lycée. Bac en poche, elle s’inscrit à la Fac de Droit d’Orléans dans le but de devenir juge. « En parallèle, je continuais le Conservatoire. Et comme j’étais plus au Conservatoire qu’à la Fac, mes parents m’ont demandé d’être plus sérieuse, si je voulais qu’ils continuent à payer mes cours au Conservatoire. » Il est vrai que passionnée par la Musique, Marie-Laure, en plus de ses cours de chant, prenait des cours de contrebasse. C’est alors que la jeune fille a choisi de passer des concours administratifs pour pouvoir être indépendante financièrement et aller au Conservatoire de Paris. « Du coup, je n’ai fait que deux ans de droit et j’ai passé plusieurs concours. J’ai été reçue à deux et j’ai choisi les impôts où j’ai demandé le Centre des impôts le plus proche du Conservatoire du 16ème arrondissement. J’étais au bureau le matin à 7h30, de 11h30 à 14h00, j’étais au Conservatoire. De 14h00 à 16h00, j’étais au bureau puis j’allais au Conservatoire jusqu’à 22h00. »

Deux carrières et une vie de mère en parallèle

Marie-Laure enchaîne les cours du Conservatoire auprès de grands professeurs mais hésite à franchir le pas du professionnalisme. « N’étant pas de ce milieu d’artistes, je me suis un peu fait peur. Je ne connaissais pas bien le milieu des intermittents et chez nous, c’était la sécurité de l’emploi qui primait, avec des « vrais » métiers traditionnels. J’avais déjà rencontré mon mari et j’ai choisi de continuer à bon niveau en tant que choriste. » Marie-Laure rentre alors au « Jeune Chœur » de l’Orchestre de Paris, puis intègre l’Orchestre de Paris où elle fait de grandes scènes dirigées par des grands chefs. Et ce, tout en poursuivant son travail d’agent aux impôts et en passant des concours en interne pour grimper les échelons administratifs.Dans le même temps, elle s’occupe de la petite fille de son mari et devient maman à son tour. « Oui, je n’ai jamais arrêté. Mon fils est né au mois d’août et on avait une production des « Contes d’Hoffman », montés par Jérôme Savary, en janvier qui suivait sa naissance. Je l’allaitais avant de partir aux répétitions et je repartais très vite après les répétitions pour l’allaiter. » Même si elle n’était que simple choriste, elle avait un rôle de figurante sur scène et il fallait apprendre par cœur les textes et la mise en scène. Une aventure qui a duré, entre répétitions et représentations, pendant plus de trois mois. Entre temps, Marie-Laure continuait à chanter dans de grands chœurs d’orchestre, notamment sous la direction de Raphaël Pichon et faisait de l’Opérette dans des rôles de soliste. Insatiable, elle trouvait le temps de faire des concerts d’Oratorios avec des amis pour le plaisir, tout en préparant le Concours de Radio France où elle avait été, selon la tradition, cooptée. Une préparation au concours de deux ans qu’elle a dû interrompre pour des raisons professionnelles.

Un choix douloureux

En 2010, la carrière de Marie-Laure prend un nouveau tournant, elle abandonne sa carrière artistique parisienne, pour déménager à Toulouse où elle venait d’être mutée professionnellement. « Du coup, j’ai laissé tomber ce projet avec Radio France qui m’aurait obligé à quitter les impôts. Pour la deuxième fois, j’ai renoncé à la musique professionnelle, et on est arrivé sur Toulouse. » Pour autant, il n’était pas question d’arrêter de chanter et elle devient membre de l’Ensemble vocal féminin « Les Eclats », du « Chœur d’Opérette Mélopée » et soliste du chœur « A contretemps. » Ensuite, elle a créé avec deux amis l’Octuor « Octambule », dont elle ne fait plus partie. Puis, elle est reçue au concours de « Supplémentaire au Chœur du Capitole », où elle se produit à la demande et selon sa disponibilité. A Toulouse, comme à Paris, elle continue à mener sa triple vie familiale, artistique et professionnelle. « Je mène tout de front, les ensembles amateurs d’un côté, avec « Quinte & Sens », le « Trio Sélima », « La Manufacture » et « Les Conférences Vocales. ». Même si elle ne le crie pas sur les toits, ses proches collègues connaissent sa passion et ses activités artistiques. « Au début, je ne le disais pas trop mais maintenant que je suis au Capitole, tout le monde le sait parce que je m’absente. Quand je suis en production, je fais un mi-temps au bureau et ils le savent. » Du coup, certains collègues vont au Capitole ou assistent à ses concerts pour l’écouter. « Je suis un peu un ovni au pays des fonctionnaires. Prendre des congés pour aller faire de la scène, c’est assez original (rires…). » Par contre, son engagement artistique est assez bien perçu par sa hiérarchie qui est, bien sûr, au courant de sa double activité. « Pour faire ce genre de parcours, il faut une autorisation, pour cumul d’activité et on passe devant une Commission. Et franchement, ils sont plutôt fiers. C’est plutôt bien perçu », avoue Marie-Laure qui met autant de conscience professionnelle dans son travail que sur scène. Chanter est un besoin vital pour elle. « Oui, c’est vital. C’est ma psychothérapie (rires…). Je ne sais pas comment on peut vivre sans passion. Je ne pourrais pas. N’avoir que le boulot et la famille, je péterais un câble. J’ai besoin de ces respirations. J’ai vraiment un plaisir physique à chanter. C’est comme un massage de l’intérieur. Je me sens pleine et entièrement moi-même quand je chante. C’est aussi le plaisir de créer quelque chose en groupe. Je trouve ça magique. C’est un plaisir que je ne ressens nulle part ailleurs. Il n’y a que la musique qui me l’apporte. » 

Retour à la vie musicale

Avec le confinement, les concerts ont été annulés pendant pratiquement une année. Mais heureusement Marie-Laure et ses partenaires de « Quinte & Sens » ont pu répéter. « On s’est débrouillé pour chanter les uns chez les autres dans les horaires autorisés. Franchement, on n’a pas arrêté de chanter. Avec « Sélima », on n’est que trois et on a fait exactement pareil. On était comme une famille et on a continué de répéter les uns chez les autres avec des horaires aménagés. On n’a pas vraiment arrêté et en plus, on a fait pas mal de vidéos pendant le confinement. Chacun s’enregistrait chez soi, puis on a fait un montage collectif. » Un confinement qui a aussi permis de bâtir des nouveaux projets, d’explorer le répertoire et de travailler des nouvelles partitions. « Franchement, ça s’est plutôt pas mal passé. La seule chose qui manquait, ce sont les concerts en live et le public bien sûr. » Depuis, la vie normale a repris. Avec la vaccination et le « Pass Sanitaire », les Concerts sont revenus peu à peu. Marie-Laure a pu retrouver le public qui lui manquait tant. D’abord avec le Chœur du Capitole à Toulouse début juillet pour chanter le sublime « Carmina Burana », puis en Résidence Musicale avec la « Manufacture Vocale » à Béziers suivie de deux concerts fin août, par l’ensemble vocal parisien sous la Direction de Clara Brenier. En septembre, à Albi et à Toulouse, deux concerts « Ô Nata Lux » à « guichets fermés » avec « Les Conférences Vocales », sous la Direction de Laetitia Toulouse, le spectacle présenté par « Musique en Madiran » en juillet dernier. Début octobre, Marie-Laure a participé au Concert de Rentrée de la « Manufacture Locale » à Paris en l’Eglise Sainte Rosalie. Entre temps l’Inspectrice des Impôts, a continué son parcours interne et a été promue, sur « sélection », Inspectrice Divisionnaire. Une promotion de cadre supérieur qui devrait entraîner sa mutation professionnelle, dans les trois ans qui viennent, à partir du 1er janvier 2022. Marie-Laure Levallois a près de mille jours pour trouver un Centre des Impôts assez proche pour continuer à répéter et à se produire avec des Ensembles Toulousains. Pour l’instant, elle savoure sa promotion chèrement acquise, car elle fait partie des 30%, des Inspecteurs qui se sont présentés dans toute la France, à avoir été promus Divisionnaires.

Carmen avec le Chœur du Capitole

Elle vient d’enregistrer le Teaser (bande-annonce vidéo) de « Quinte et Sens » avec qui elle a participé au Concert de Noël à Longages, près de Toulouse. Une séance de tournage qui a duré une journée mais qui a demandé des heures de préparation et de répétitions « pour que tout soit cadré et cadencé ». Ensuite Marie-Laure Levallois intègrera en tant que « Supplémentaire », le « Chœur du Théâtre du Capitole », pour huit représentations de « Carmen » du 21 au 30 janvier 2022. Elle a commencé les répétitions de l’œuvre de Bizet le 26 décembre à raison de plusieurs heures par jour. Marie-Laure Levallois a aménagé ses horaires de travail pour participer aux répétitions qui ont lieu du mardi au vendredi en journée et le soir. Elle travaille entre les répétitions ou prend des demi-journées, selon le planning du « Chœur du Capitole. » Les déplacements ne sont pas un frein puisque son travail est à un quart d’heure en métro du Capitole.

Une double réussite au plus haut niveau

Avec sa promotion au titre « d’Inspecteur Divisionnaire des Impôts », sa participation à « Carmen » avec le Théâtre du Capitole, (coproduit avec l’Opéra de Monte-Carlo et l’Opéra de Marseille), l’année 2021 est une année exceptionnelle pour Marie-Laure Levallois qui est un exemple de triple réussite. Marie-Laure a réussi sa vie professionnelle et sa passion d’artiste au plus haut niveau, tout en réussissant sa vie de famille, avec vingt ans de mariage et trois enfants à élever. Elle a réussi à tout mener de front. « J’ai besoin de cet équilibre entre ces trois pôles, Famille, Profession et Musique en semi-pro. C’est finalement ce qui me convient sans doute le mieux, chacun nourrissant les deux autres… La sécurité, fait peut-être le berceau de ma réussite, même si le rêve d’une vraie carrière musicale me chatouille toujours… Cette part de rêve est-elle, elle aussi, un ingrédient nécessaire à mon alchimie vitale ? » s’interroge encore l’insatiable Marie-Laure Levallois. L’unique, sans aucun doute, « Inspecteur Divisionnaire des Impôts » à chanter « Carmen » dans un chœur professionnel d’Opéra.  

Propos recueillis par Jean-Jacques Lasserre