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Musique en Madiran

lundi 5 juillet 2021

Retour sur les « Conférences Vocales »

A la vue des visages rayonnants des artistes, à la fin de leur concert, on pouvait deviner qu’ils s’étaient régalés autant que les spectateurs. D’autant que c’était leur premier concert depuis huit mois et qu’ils se retrouvaient eux aussi, puisqu’ils sont éparpillés entre Toulouse, Auch, Tarbes, le Pays Basque et Lyon… Pour répéter, ils se retrouvaient un week-end par mois à Toulouse mais le confinement avait tout bouleversé et ils venaient tout juste de reprendre les répétitions. Ce concert « O Nata Lux » était programmé pour la saison 2020 et les artistes l’avaient répété à plusieurs reprises même si tous les spectacles avaient dû être annulés pour cause de pandémie.

Laetitia Toulouse : C’est exploit de chanter comme ça pendant une heure

Laetitia Toulouse dirige l’Ensemble « Les Conférences Vocales » depuis 2010 et « O Nata Lux », sa dernière création a vu ses premières dates de tournées stoppées par les deux premiers confinements. « On a passé l’année, pratiquement sans se voir en vrai, même si on a fait quelques visios. On est en stand-by depuis le 4 octobre 2020 et là on reprend à peine, on a fait juste deux répétitions » avoue Laetitia Toulouse. Le résultat est une réussite, si on en croit les applaudissements nourris et les réactions du public à la fin du concert. D’autant que les chanteurs et la cheffe de chœur étaient tous masqués. Outre les gestes classiques des bras et des mains des chefs d’orchestres ou de chœurs, les mimiques du visage et de la bouche, sont importantes et là, elles sont cachées par le masque. « En fait, je les fais avec les doigts » explique, en mimant les différentes positions des doigts qui représentent les différentes positions de la bouche. « J’essaie de représenter le maximum de choses pour les aider mais c’est surtout un challenge pour eux. » Malgré les masques, la puissance et la clarté des voix ne semblent pas altérées. « On a fait des masques spéciaux pour éviter que ça revienne sur la bouche quand ils inspirent et c’est adapté aux chanteurs. Mais ça reste, quand même, un exploit de chanter comme ça, un programme entier, pendant plus d’une heure avec le masque. » Laetitia Toulouse est satisfaite de cette reprise malgré les handicaps qui pourraient être liés au port des masques. « En fait, le masque ne gêne pas, ça dépend des masques mais ces masques là, font partie des masques qui n’obstruent pas le son. Il y a des harmonies qui sont un peu enlevées mais ça n’enlève pas la puissance. » Laetitia Toulouse a formé cet Ensemble composé, à parité, de trente-trois chanteurs et chanteuses, venus d’horizons divers. « C’est un groupe que j’ai depuis plus de dix ans maintenant et qui a beaucoup évolué. Je suis très contente de ce que ça donne et de comment ils s’approprient le spectacle et le concept. » Un concept original, imaginé par la cheffe de chœur qui mêle chant choral et chorégraphie. « On prend des pièces contemporaines, a capella, c’est notre marque de fabrique et tout ce qu’on fait en gestes, en mise en espace et en mouvements, c’est de la création avec notre chorégraphe. On est les seuls à faire ça. C’est pour ça que c’est un challenge pour les chanteurs et que ce groupe est super. » D’autant les paroles, selon les auteurs, sont en lituanien, en anglais, en suédois, en letton, en finlandais, en danois, en indonésien, en espagnol ou en dialecte sud-africain. « Les Conférences Vocales » se produisent dans des églises pour des raisons d’acoustiques même si la plupart des morceaux sont inspirés d’hymnes religieux, traditionnels ou folkloriques. « L’acoustique est super et ici c’était vraiment l’idéal pour nous, parce qu’on n’était pas resserré, il y avait de l’espace pour bouger. »

Marie-Laure Levallois : La joie d’avoir donné du plaisir

Marie-Laure, une des choristes, reconnaît que chanter avec un masque, ce n’est pas si facile même si celui-ci est adapté au chant. « Oui, il empêche un peu le retour du tissu dans la bouche, quand on aspire, mais c’est quand même difficile, parce que le son est étouffé et nous-mêmes, on ne s’entend pas de la même façon. Mais on a l’habitude de répéter avec et c’est notre deuxième concert avec masque. On s’y fait et c’est mieux que rien. » Car ce premier concert remonte au 4 octobre 2020 juste avant le second confinement. Malgré tout aucun stress ne semblait la troubler pour une première après huit mois sans jouer. « On était tous très heureux de chanter et ça l’a emporté sur le stress », avoue la soprane qui a chanté avec plusieurs ensembles toulousains.Une des autres difficultés c’est de suivre la cheffe de chœur qui est masquée elle aussi. « C’est vrai, ça nous manque un peu mais elle communique beaucoup avec les yeux, avec les mains et les doigts. Elle nous donne des codes de lecture depuis qu’on ne voit plus sa bouche et son visage. » Au début, le public est frustré de ne pas pouvoir applaudir à la fin de chaque pièces pendant les secondes de silence qui s’écoulent avant l’enchaînement du suivant. Mais les applaudissements perturberaient la concentration des choristes. « C’est un spectacle qui se vit entièrement » explique Marie-Laure. « Donc ça casserait le rythme pour les gens aussi. Il faut se remettre à chaque fois dans le morceau, dans l’énergie du concert, alors que là, j’espère les gens prennent cette énergie. Et après, la nôtre retombe, l’écoute s’apaise avec le silence. Après, ce sont les applaudissements, la joie d’avoir donné du plaisir, j’espère... » 

Jean-Jacques Lasserre