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Parc national des Pyrénées : un choix de gouvernance

lundi 17 mai 2010 par Rédaction

La modification de la loi sur les parcs nationaux de France de 2006, conséquence du rapport au Premier Ministre du député du Var Jean-Pierre Giran http://www.pyrenees-pireneus.com/ENVIR_PN_RapportGiran.pdf réalisé en 2003, porte notamment sur la problématique de la gouvernance. La gouvernance environnementale, sujet ayant fait débat à l’occasion du Grenelle de l’environnement. Sujet toujours très sensible.

Philippe Toulouzet en a fait un sujet de Master 1 professionnel « Géographie et Aménagement » http://www.pyrenees-pireneus.com/PNP-Gestion-environnement-choix-mode-gouvernance-parc-national-pyrenees-philippe-toulouzet.pdf . Sujet qui le concerne d’autant plus qu’il habite une vallée de la zone potentielle d’adhésion au Parc National des Pyrénées et qu’il est adjoint au maire de Sireix dans le Val d’Azun.

Cette réforme, selon les sensibilités de chacun, fera l’objet d’une approbation ou d’une réprobation, d’une admiration, parfois naïve, ou de critiques. Pour sa part, Philippe Toulouzet analyse cette nouvelle gouvernance avec un regard critique sans pour autant remettre en cause le principe et les fondements de l’institution elle-même. Il met l’accent sur le rôle des associations de protection de la nature dont le dogmatisme est souvent sources de conflits plutôt que l’expression d’une démocratie participative y compris avec l’administration.

Les territoires de montagne et l’environnement, une histoire conflictuelle

Philippe Toulouzet retrace l’histoire en rappelant que : « Au cours des siècles dans les Pyrénées, la gestion de l’environnement a toujours été un motif de conflits ; conflits relatifs au droit de propriété entre communautés mais aussi et surtout entre niveaux décisionnels. Par la suite avec l’avènement de l’aménagement du Territoire mais aussi de ses excès, les associations de protection de l’environnement ont joué activement un rôle de sentinelle. Dès lors, les conflits ont opposé les tenants d’un développement parfois incontrôlé et les tenants d’une protection nécessaire ».

Il rappelle également que : « Sur ces territoires de montagne difficiles et hostiles, les pouvoirs Judiciaire, Religieux et Royal accordaient des droits particuliers, une réelle « autonomie », une organisation à ces sociétés, prémices d’une démocratie participative ». Mais aussi : « Par exemple, entre les villages d’Arras et de Sireix, propriétaires indivis des estives et de la forêt, les conflits trouvaient leur résolution lors des « conciliabules du bout du pont » sur le gave qui sépare les deux communautés ». Les conflits se réglaient à l’amiable par nécessité de vie. Mais ne négligeons pas non plus les « guerres » assez brutales entre Béarnais et Bigourdans ou encore avec le versant espagnol.

Le sentiment d’expropriation

Le sentiment d’expropriation conduisant à la révolte n’est pas d’aujourd’hui. L’auteur rappelle des faits historiques d’opposition au pouvoir religieux, royal ou de l’administration centrale. Il évoque l’intervention de l’évêque Bertrand du Comminges qui, avec sa mule, « y subiront quelques vexations ». Nous pouvons aussi noter au-dessus d’Argelès-Gazost, le « saut du procureur » en souvenir de celui qui y fut poussé. Il ne peut pas passer sous silence ce qui fut l’exemple le plus remarquable de « la révolte des demoiselles en Ariège » de 1829 à 1872. Une opposition des « populations locales à l’administration centrale » encore rappelée de nos jours avec les importations d’ours (Cf. Manifestation de Bagnères de Bigorre le 13 mai 2006).

Le rapport Giran, toujours d’actualité

Les conflits récents dans certaines vallées ne sont que la confirmation des propos tenus dans le Rapport Giran en 2004. Ainsi, Philippe Toulouzet rappelle quelques observations pour ne pas dire griefs déjà exprimés il y a plusieurs années : « les connaissances techniques et scientifiques sont une chose, la connaissance du milieu culturel d’un territoire donné, de son vécu, de ses traditions, de son histoire en sont une autre. »… « Tout en conservant ses compétences techniques, le personnel des parcs doit développer la dimension humaine de son activité. »

La critique de l’auteur est assez claire : « Il devrait être possible de défendre une autre opinion dans tous ces dossiers, la défendre au moins seulement face à cette vision biocentrique dominante et ceux qui l’expriment, ceux qui dicteraient demain la politique du directeur, seul décisionnaire dans ce domaine ». C’est justement toute la problématique d’aujourd’hui qui ne trouve que des solutions partielles au coup par coup selon le niveau de conflit sur chaque territoire. Néanmoins, on ne peut pas dire, au regard des actions menées contre l’ASPP 65 et sa présidente, Marie-Lise Broueilh, lors des nominations au conseil d’administration que ce soit de nature à ouvrir l’expression d’une « autre opinion dans tous ces dossiers… ». De même, à en croire certaines interventions lors des conseils d’administration ou de la dernière commission d’indemnisation des dégâts d’ours, pudiquement occultées dans les conférences et communiqués de presse. Manifestement, le régime de la pensée unique a encore de beaux jours à vivre au sein du Parc National des Pyrénées ?

Néanmoins, Philippe Toulouzet tente une réponse : « Peut-être une nouvelle structure comme le conseil économique social et culturel permettra l’expression d’un point de vue différent, mais c’est bien le conseil scientifique qu’il faudra ouvrir comme le préconisait le rapport Giran à des « conceptions plus anthropocentriques ».
Et il avertit : « Si le parc veut jouer un rôle d’expertise, d’accompagnement auprès des collectivités il faudra immanquablement que l’établissement public et ses agents adoptent et traduise une autre posture que celle, dogmatique, figée, dictée par les associations de défense de la nature à l’activisme démesuré, enfermées dans un jeu de rôle stérile ». C’est bien là tout le problème du Parc National et non son existence.

Un document à lire dans son intégralité tant il traduit une réalité malheureusement bien d’actualité. L’avenir des territoires de montagne du Parc National des Pyrénées est sans doute moins dans l’existence ou non du parc que dans sa forme de gouvernance et l’exercice de celle-ci.

Louis Dollo

A lire  :
Gestion de l’environnement : Le choix déterminant du mode de gouvernance - L’exemple de la modification du décret de création du Parc National des Pyrénées - Université de Pau et des Pays de l’Adour - Master 1 professionnel Géographie et Aménagement - Année universitaire 2008-2009 – Philippe Toulouzet - 38 pages http://www.pyrenees-pireneus.com/PNP-Gestion-environnement-choix-mode-gouvernance-parc-national-pyrenees-philippe-toulouzet.pdf