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Réaction de Mgr Perrier concernant deux cas douloureux

mercredi 18 mars 2009
Sur deux cas douloureux
Réaction de Mgr Jacques Perrier

_ Après le scandale Williamson, la lettre du pape aux évêques

Cette lettre pathétique demande une lecture attentive. Je la résume en quelques points.

_ . La levée des excommunications a suscité une discussion véhémente, dans et hors de l’Eglise. Le cas Williamson se superposant à cette mesure, déjà contestée par certains, en a complètement changé le sens. Comme si le pape reniait Vatican II sur un point-clé, les relations avec le judaïsme. Heureusement, dit le pape, les amis juifs ont vite dissipé le malentendu.

. L’excommunication des quatre évêques ordonnés contre la volonté du pape était une punition pour les amener à réfléchir et à revenir dans l’Eglise. A leur demande, la levée de la punition vise le même objectif. N’importe quel parent peut comprendre cela.

. Le problème avec la Fraternité-Saint-Pie-X n’est pas seulement disciplinaire (l’indiscipline de quatre évêques mal ordonnés). Il est doctrinal. Il sera donc traité par la Congrégation romaine compétente. Il n’est donc pas question de brader, à la sauvette, des affirmations majeures du concile Vatican II.

. L’histoire de l’Eglise ne s’est pas arrêtée en 1962 (1ère session du concile Vatican II). Elle n’a pas, non plus, commencé en 1962.

. Ne nous trompons pas sur les priorités. La mission de l’Eglise est d’ouvrir aux hommes l’accès à Dieu. L’unité interne de l’Eglise catholique en est une des conditions de crédibilité, mais aussi l’œcuménisme, le dialogue interreligieux et le témoignage de l’amour.

. Le tournant de la lettre réside, pour moi, dans ces quelques mots banaux : « Mais maintenant je demande… » Dans cette seconde partie, j’ai relevé, au moins, treize points d’interrogation. Les questions se résument en celle-ci : fallait-il ne rien faire, laisser la flottille lefebvriste dériver et les positions se scléroser ? C’est le point que j’avais abordé dans l’éditorial du 5 février.

. Peut-on, a priori, dénier aux prêtres et séminaristes de cette Fraternité la volonté de faire connaître le Christ et de l’aimer ? Que la grande Eglise n’ait pas peur !

. Je qualifiais plus haut cette lettre de « pathétique ». Je cite : Parfois on a l’impression que notre société a besoin d’un groupe au moins, auquel ne réserver aucune tolérance ; contre lequel pouvoir tranquillement se lancer avec haine. Les Lefebvristes jouent ce rôle et le pape, parce qu’il s’est rapproché d’eux, est atteint par cette malédiction.

L’enfant du Brésil

Comme tout un chacun, j’ai été scandalisé en lisant que l’archevêque de Recife avait excommunié une femme qui avait demandé l’avortement de sa fille, violée constamment par son jeune beau-père et enceinte de deux jumeaux. Le même homme avait, en plus, violé le sœur de la fillette, handicapée mentale. Bref, l’horreur absolue et, en face, la monstruosité de l’évêque qui, dit-on, déclare que le viol est moins grave que l’avortement. En plus, le cardinal romain qui est en relation avec les évêques du monde entier, s’empresse de couvrir le prélat brésilien. Le cas paraît donc simple.

En s’informant un peu davantage, on apprend que cette affaire survient à un moment où, au Brésil, l’extension de la loi sur l’avortement, est en discussion. Cela nous rappelle quelque-chose. Que ce soit pour l’avortement ou pour l’euthanasie, la tactique est de contourner le législateur par un mouvement d’opinion. Et pour susciter le mouvement d’opinion, rien ne vaut le cas-limite où les repères deviennent flous et où la solution de mort paraît la seule humaine.

Dans cet affrontement sur un sujet aussi primordial, l’Eglise catholique tient une position qui est connue. Pour ceux qui combattent cette position, il importe donc que l’Eglise devienne ce groupe qui, comme dit le pape, ne mérite plus aucune tolérance, à cause de son intolérance. Alors qu’il faudrait dire des paroles nuancées mais claires, tel homme d’Eglise risque de se laisser entraîner à des propos tellement simplistes qu’ils sont faux, ridicules et meurtriers. Mais garder raison et trouver les mots justes dans une tourmente médiatique entretenue n’est pas chose facile.

En s’informant, on apprend aussi que la mère a subi de fortes pressions, que (selon la conférence épiscopale brésilienne) elle n’a jamais été personnellement excommuniée, que sa communauté paroissiale l’entoure, que les avis des assistantes sociales et des conseillers municipaux étaient partagés ou hostiles à l’avortement et qu’un lobby est intervenu en dernière heure pour emporter la décision.

Même en ayant compris le mécanisme qui aboutit presque immanquablement à la faute, je suis tout aussi scandalisé à la fin de l’article qu’au début du paragraphe. Le très respectable Recteur de l’Université du Latran, Mgr Fisichella, publie dans le journal officiel du Vatican un article qui regrette les déclarations faites avec « tant d’urgence et de publicité ».

Quant à moi, je regrette aussi que ce coup de Trafalgar jette le discrédit sur ceux qui, même à contre-courant, défendent la vie ; que l’on oublie un autre drame, les 200 000 avortements annuels en France ; que soient oubliées dans le débat les associations, chrétiennes ou non, qui accompagnent les femmes pour surmonter le traumatisme post-avortement ; que l’annonce du Dieu Vivant soit rendue plus difficile alors que, comme le rappelle le pape dans sa lettre, telle est la mission de l’Eglise.

+ Jacques Perrier

évêque de Tarbes et Lourdes

Mis en ligne mercredi 18 mars 2009