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Musique en Madiran

lundi 15 juillet 2019 par Rédaction

Edouard Ferlet, séduit son auditoire

Pour cette première musicale l’église de Madiran n’avait pas fait le plein, mais les absents ont eu tort comme le prouvent les applaudissements nourris et les trois rappels d’Edouard Ferlet, qui joue du piano pieds nus. Mais ce n’est pas la seule originalité de ce virtuose qui cache dans son piano d’autres instruments et qui s’en sert en ouverture de certains morceaux. Un musicien déroutant qui se laisse emporter par ses émotions et qui embarque le public dans son voyage lyrique. Edouard Ferlet, revisite la musique de Bach, dont il est un fervent admirateur. Dans sa « Lettre à Jean-Sébastien Bach », il se livre : « Depuis longtemps maintenant, je te joue et joue avec toi en te suivant sur le sentier d’à côté… Chacune de tes inventions font de moi un homme plus vivant, plus présent, plus heureux… Depuis, j’ai compris que je devais être un musicien de chaque instant, me laissant guider par la beauté du son, l’incandescence du rythme, les mélodies souterraines. Je ne veux pas m’enfermer dans la musique pour me protéger, je veux qu’elle soit une porte d’entrée grande ouverte pour aimer. » Et en l’Eglise de Madiran, les auditeurs se sont laissés emporter par les improvisations d’Edouard Ferlet, ravis du voyage. Même les plus sceptiques, les puristes de la musique classique, ont été conquis par ce musicien de talent, qui livre son âme sur scène au gré de ses émotions. « Les modules écrits ou improvisés, s’enchaînent au gré de mes envies, sans que l’ordre en soit fixé… Il m’arrive souvent de jouer une pièce de Bach et de la prolonger en l’improvisant. Je me sens inspiré pour me connecter à mon intimité musicale. »

Impressions d’après concert

Edouard Ferlet :

Quand j’improvise, je m’embarque dans une autre dimension

Après trois rappels et de longues ovations, Edouard Ferlet a signé des autographes et a vendu des DVD et des Partitions dédicacées, en échangeant longuement et gentiment avec chacun. Très disponible aussi pour la presse (malgré ses fans et les organisateurs qui l’attendaient pour une intronisation surprise) pour livrer ses premières impressions, lui qui est habitué à jouer dans de grandes salles. « Je me suis senti bien, parce que ce qui est souvent agréable de jouer dans ce genre de lieux. C’est de jouer avec l’acoustique du lieu, avec l’histoire du lieu. C’est aussi la façon dont on est accueilli. C’est toujours agréable de savoir que les gens nous attendent, que les gens sont aux petits soins pour nous. C’est vrai que ça touche un peu à notre ego mais c’est aussi vraiment un échange. Nous, on a envie après, de donner et on est heureux aussi de donner aux personnes qui nous ont accueillies et qui ont organisé tout cela. Je sais que c’est compliqué d’organiser des concerts, c’est important de prendre ça en compte et ça me donne de l’énergie pour pouvoir donner après. » Une énergie qu’il a déployée sur scène et qui est passée dans sa musique, au point de subjuguer un public qui n’était pas acquis d’avance. « Quand je commence à jouer et que j’improvise, je m’embarque dans une autre dimension. En fait, je ne sais pas si c’est bien ou mal musicalement, la seule chose que je peux dire c’est que je me sens bien en fait. Après, je peux aussi juger par rapport aux retours du public, mais le public peut être introverti. »

Petit à petit, les gens rentrent dans mon univers

 « Le plus important pour moi, quand j’arrive sur scène, c’est de ne pas me dire qu’il faut que ça soit bien. Parce qu’en fait, ça me bloque. L’idée, c’est de me désidentifier complètement de la musique et d’arriver à me faire confiance, par rapport au travail en amont que j’ai fait. Il faut juste laisser les choses aller tout simplement, sans trop réfléchir et sans me dire, est ce que ça va plaire ? » Après un premier moment d’étonnement, les gens se sont laissés emporter et lui ont fait un véritable triomphe. « Les gens prennent du temps à entrer dans la musique. Les gens ne savent pas à quoi s’attendre et les premiers morceaux les surprennent. Puis, petit à petit, ils rentrent dans mon univers. L’idée, pour moi, est de les emmener en voyage. D’oublier le piano, d’oublier Bach, juste de partir en voyage et de fermer les yeux. C’est ça qui me plait dans ces petits programmes. » Et le voyage fut agréable si on en juge par les ovations et les réactions à la fin du concert.

Mary-Laure Foray : C’était énorme et particulièrement généreux

Cette année, le Festival de Musique en Madiran a décidé d’innover, en présentant des musiciens qui sortent des sentiers de la Musique Classique. « Oui, c’est une programmation qui sort complètement des sentiers battus. » avoueMarie-Laure Foray qui est, depuis quinze ans, la responsable de la programmation. « C’était inattendu et complètement innovant pour le Festival et pour le public. » Même si une partie des habitués n’avait pas répondu autant présent que d’habitude, ceux qui étaient venus étaient très satisfaits. « Les retours ont été excellents, tout le monde est unanime pour dire que c’est une belle personne. » En effet l’artiste a conquis tous ceux qui ont pu l’approcher par sa gentillesse, sa simplicité et sa disponibilité, avant et après le concert. » C’est quelqu’un d’extrêmement généreux qui est uniquement branché sur le partage et qui a séduit tout le monde. Il vit sa musique intensément et pour la faire partager. C’est un musicien authentique, qui part de Bach mais après, c’est vraiment de l’improvisation avec sa musique et son style propre. » Un style et une personnalité qui lui ont valu trois rappels, ce qui n’est pas très fréquent et inattendu pourun public habitué à la musique classique. « C’est vrai que c’est exceptionnel, normalement c’est un bis. » Le seul à avoir eu droit à ce genre d’ovation, c’est le pianiste italien Maurizio Bagglini qui est un habitué et le chouchou du Festival. « Là, c’était énorme et particulièrement généreux », reconnaît la programmatrice du Festival. Marie-Laure Foray est aussi dans la vie professeur de piano au Conservatoire de Tarbes et son jugement est intéressant. « C’est différent de la musique purement classique même s’il part de Jean-Sébastien Bach sur des œuvres que l’on connaît. C’est retravaillé et un peu transformé mais c’est un monde complètement différent. Nous, on travaille uniquement sur l’écrit, sur les phrasés et lui, il part d’une écriture au niveau harmonique et après, il rajoute et il part dans tous les sens. C’est de l’improvisation complète à partir d’une œuvre écrite. » 

Jean-Jacques Lasserre