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Mourir en Résistance à vingt-et-un ans : un dossier aux archives du Mont Valérien

mardi 18 juin 2019 par Rédaction

L’an prochain, il y aura soixante-quinze ans que s’achevait le second conflit mondial. Les derniers témoins sont peu nombreux. Des archives et documents subsistent dans les familles, ils sont précieux pour le Mont Valérien, haut lieu de mémoire nationale. C’était le cas chez Gwénolé Le Mest, un bagnérais originaire de Brest, qui s’est rapproché du Mémorial du Mont Valérien pour rappeler le parcours d’un résistant.

Georges Bernard a vingt ans en 1940, il est rédacteur au journal Ouest-Eclair dans ce grand port militaire qu’est Brest. Le 18 juin, Brest est déserté par les fleurons de la Marine nationale – le bâtiment de ligne Richelieu et le plus grand sous-marin du monde Le Surcouf -, la ville est occupée seulement le 19 juin au soir. Georges refuse la défaite, il présente une photo du général de Gaulle à la sortie d’un conseil des Ministres à un ami hésitant dès le 21 juin 1940 et prononce alors ces paroles : « Les causes qui meurent sont celles pour lesquelles on ne sait pas mourir ». Ces quelques mots sont le symbole de sa vie éphémère. Il s’engage dans l’action directe et l’espionnage ; le réseau de Résistance dont il est le fondateur a sa liste : il est démantelé et onze de ses membres sont exécutés dont Georges Bernard « pour menées gaullistes ».

Transporté à la prison de Fresnes (car la prison du Bouguen à Brest a été bombardée) ; Georges, avant d’être fusillé au Mont Valérien, écrit le 10 décembre 1941 à sa mère : « Ma chère petite Maman, Dans quatre heures je vais être fusillé. Il est midi. Ainsi, le Bon Dieu ne m’a pas permis de vivre. Que sa Volonté soit faite, que son Saint Nom soit béni  ». Pour parler comme Aragon dans La rose et le réséda, Georges était de ceux qui croyaient au Ciel et qui combattirent à côté de ceux qui n’y croyaient pas.

En 1996, la sœur de Georges Bernard adresse un lot de photocopies à Gwénolé Le Mest car Georges se trouvait être le cousin germain de la mère de ce dernier. Ce sont tous les articles de presse écrits dans la langue française jamais fautive et très stylée du jeune Georges ; jusqu’au dernier article qui est manuscrit et dont la rédaction est interrompue par la Gestapo ; ses derniers dessins à la prison de Fresnes qui dévoilent une main qui ne tremblait pas ; ses dernières lettres à sa mère et à sa sœur alors qu’il sait qu’il va être fusillé ; une brochure du réseau CND CASTILLE comportant le témoignage manuscrit du sous-officier allemand qui a conduit Georges au poteau d’exécution : « Que je vous parle des dernières heures de votre fils et de ses camarades, écrit ce soldat, je peux dire que je n’ai jamais vu un tel héroïsme  ». Et le sous-officier Werner Molter confesse que les larmes lui sont montées aux yeux quand Georges et ses dix camarades chantant La Marseillaise, refusent qu’on leur bande les yeux, et donnent eux-mêmes l’ordre « Feu  ».

C’est un ensemble de documents émouvants et des photos du jeune héros que Monsieur Le Mest a adressé à l’archiviste en charge de la valorisation scientifique du Mont Valérien afin que sous le nom de ce fusillé soient désormais mis un visage, un style, et le sens d’un engagement dans ce lieu d’exécution des martyrs de la Résistance. Tous ces documents ont été déposés dans un dossier et mis sur disque dur. 

Georges Bernard a été fait à titre posthume Médaillé de la Résistance Française, Croix de Guerre avec étoile d’argent, Chevalier de la Légion d’Honneur, sous-lieutenant par décret du 30 juin 1947.