Retour sur Lavaur-Tarbes

Les réactions du côté de Lavaur

L’envie a fait la différence

C’est plus de la satisfaction que de l’exubérance, qui règne dans le vestiaire où la musique hurle. On sent les joueurs heureux mais épuisés par un match où ils se sont investis comme jamais. Mathieu Bonello, confirme, qu’en termes d’engagement, c’est le meilleur match de Lavaur. Un avis partagé par Alexandre Albouy, l’entraîneur des trois-quarts et l’ensemble des joueurs.

Mathieu Bonello : La générosité c’est la fondation

Mathieu Bonello, s’active auprès de ses joueurs et on sent un grand soulagement après cette victoire référence. « On a été investi, on a été généreux. C’est ce qui nous manque sur beaucoup de matchs où, cette année, par le manque de concurrence et des blessés, on ne peut pas trop faire trop tourner et on se repose sur nos lauriers. Les mecs savent qu’ils vont jouer et ça nous manque. Nous, pour bien jouer on a besoin de générosité, c’est la fondation. Si on ne le met pas en premier, tout le reste, le jeu, les touches, les mêlées..., ça ne marche pas. Et aujourd’hui, on l’a mis en premier, de la première à la quatre vingtième. Même si on a mal négocié le début de match avec deux touches perdues. Après, on s’est réglé et il faut féliciter les joueurs. Mais ce n’est pas une fin en soi. Il fallait gagner à la maison, on a gagné et c’est bien. » Puis sans y faire allusion Mathieu Bonello confirme les propos tenus lors de la présentation du match : « Je souhaite vraiment à Tarbes qu’il se qualifie dans les deux premiers, parce que c’est un club historique et j’espère qu’ils y arriveront. J’espère que nous aussi on va se qualifier mais qu’on ne disputera pas le même championnat qu’eux. » Et quand on lui fait remarquer que Lavaur est la seule équipe à avoir pris un bonus offensif à Tarbes, il fait la mou. « Ouais, mais on a aussi perdu contre des équipes contre lesquelles les autres n’ont pas perdu. Aujourd’hui, c’est la victoire qui compte, pour le bonus tant mieux. Mais on a du boulot. Aujourd’hui, je perds encore un mec (Zanarelli, luxation de l’épaule) et je vais finir par prendre une licence avec Alex (Albouy, rires...). Non, sérieusement, c’est compliqué mais quand on fait des matchs comme ça, généreux, le rugby c’est toujours plus facile. »

Damien Lavergne : Avec beaucoup d’envie, on peut réussir de belles choses

Le seconde ligne a inscrit son quatrième essai mais l’ex-briviste s’en moque quand on lui dit que c’est le meilleur marqueur de son équipe et préfère retenir l’état d’esprit du groupe. « Avec beaucoup d’envie, on peut réussir à faire de belles choses. C’est ce qu’on n’arrivait pas à faire avant et tant mieux, ça nous remet dedans. Il y a des matchs qu’on peut gagner et qu’on perd et là, tout nous sourit. Mais il ne faut pas se croire arriver. Il faut continuer de bosser et d’avoir de l’envie surtout. » Et l’envie était présente face à une équipe tarbaise qui était crainte après sa sortie chez le voisin albigeois. « On a bien travaillé dans la semaine et on est arrivé à le remettre en place. C’est ce qui fait notre force car quand on arrive à avancer, les trois-quarts avancent aussi. C’est bénéfique pour tout le monde. » Damien Lavergne confirme les propos de ses entraîneurs : « Oui, il y a eu une prise de conscience. On arrive à faire des matchs, avec beaucoup d’engagement comme au match Aller où on les avait embêtés. Mais, on a eu aussi beaucoup de passages à vide. Là, on a retrouvé notre engagement et ça nous permet de basculer. Après, ils avaient des absences, ils avaient fait tourner un peu mais ça fait partie du jeu et nous, il faut qu’on continue à prendre des points. »

Gilen Queheille : On les a empêchés de développer leur jeu

Pour le demi-de-mêlée, le bonus contre Tarbes était inespéré avant la rencontre. « Tous les points comptent autant au classement, que ce soit contre Bagnères, Lannemezan, Oloron, ou Marmande, mais prendre cinq points contre Tarbes, on ne s’y attendait pas. On les craignait beaucoup parce que c’est très costaud mais on a su mettre notre défense en place. On est bien monté, on est allé les chercher très haut et ils n’ont pas pu développer leur jeu. Et nous, on a joué, un peu à l’instinct comme d’hab. et on marque trois essais. Cela nous fait beaucoup de bien et je suis hyper content. » Malgré le froid et le vent en rafale, Lavaur a pu développer un beau rugby. « Pour le froid ça va, on se réchauffe bien sur le terrain (rires…), même les mains. Mais avec le vent et le ballon mouillé, ce n’était pas facile de jouer. Mais tout le monde était appliqué et quand tout le monde tire dans le même sens et qu’on a la concentration qu’il faut, on ne fait pas autant de fautes de mains que d’habitude. »

Alexandre Albouy : Au rugby il faut avoir la peur au ventre

« On a pris le bonus tant mieux, mais on savait que notre salut passerait par le jeu. En début de match, on a été frileux, on avait un peu la peur au ventre. Mais au rugby, il faut avoir cette peur au ventre. Lors des derniers matchs, on ne l’a pas eu, ce qui fait qu’on est passé à côté. Quand on a la peur au ventre, on est agressif. Le rugby, c’est un sport de combat et jouer au ballon, je sais qu’on sait le faire. Du moment qu’il y a l’état d’esprit de l’équipe et que les mecs ont envie, il se passe des choses comme ça. Pour le point bonus, je pense que Tarbes est sorti de son match car il n’y a pas autant d’écart entre les deux équipes. »

Les réactions du côté de Tarbes

C’est un peu la soupe à la grimace dans les vestiaires, car les Tarbais sont conscients d’avoir raté leur match, avec beaucoup trop de fautes de main pour espérer mieux.

Jean-Baptiste Claverie : On a été déficient

L’ouvreur tarbais s’est beaucoup investi dans la conduite du jeu avec beaucoup de variation, avec des redoublées, des sautées et un somptueux service au pied pour un essai d’Esteves refusé pour un hors-jeu imaginaire. Pour lui, les conditions, froid, vent, ne sont pas une excuse aux nombreuses fautes de main. « Les conditions étaient peut-être meilleures que contre Saint-Jean-de-Luz et il ne faut pas chercher d’excuses. On fait une bonne entame, on bouge bien, on écarte la défense, on les met à la faute et on prend 6 points. Après, c’est nous qui commençons à déjouer. On commence à être pris devant, où on a été déficient sur ce match. On commet des fautes, on prend des cartons, on est trop indiscipliné pour espérer gagner à l’extérieur. On fait des fautes bêtes. Plusieurs fois, on est dans l’avancée et on perd des ballons importants. C’est un match à oublier car ce n’était pas un bon match. »

Mickaël Lacroix : C’est la meilleure équipe qui gagne

Le seconde ligne, mal remis de sa blessure, a dû sortir avant la fin du match. De plus, il n’a pas compris pourquoi il avait écopé d’un carton jaune. Cependant le capitaine, malgré sa déception, livre son analyse : « On fait une bonne entame et après, on perd pied complètement Aujourd’hui, c’est clairement la meilleure équipe qui gagne mais je regrette qu’on ait lâché sur certains coups. Ils ont été très réalistes et nous, on manque cruellement de réalisme. On ne finit aucun coup. C’est notre plus mauvais match depuis le début de la saison. Il va falloir se poser les bonnes questions, parce qu’il ne reste pas beaucoup de matchs. A l’extérieur, on n’y arrive pas et je n’ai pas la réponse ! » Comme par hasard, Tarbes s’est mis à déjouer après le carton jaune donné aux deux capitaines. « Les deux équipes jouent à 14 mais à nous, ça nous a plus perturbé et on a eu du mal à repartir de l’avant. J’ai l’habitude de dire qu’on manque de maturité à l’extérieur, mais aujourd’hui, c’est une partie de la cause mais il n’y a pas que ça. C’est un tout et Lavaur a été bien meilleur que nous et pour eux, c’est une belle victoire bien méritée. »

Yannick Vignette : On a été dominé dans les impacts

L’entraineur est désabusé mais il reconnaît sportivement la supériorité de Lavaur. « On fait une bonne entame pendant vingt minutes et après, on prend deux cartons jaune et on joue à 14 jusqu’à la mi-temps. On sort complètement du match et ça permet à Lavaur, qui a été opportuniste, de faire la différence alors qu’on avait la rencontre plutôt en main. En deuxième mi-temps, on est revenu avec de bonnes intentions pour essayer de revenir. On a eu pas mal de temps forts qui ont été mal négociés près des lignes et on n’est jamais passé. Ces temps forts se sont souvent soldés par des fautes de mains. On a été dominé dans les impacts, on n’a pas dominé nos adversaires, ni individuellement, ni collectivement.

Lavaur a été meilleur que nous

 Il n’y a rien à dire, si ce n’est que Lavaur a été meilleur que nous. Défensivement, ils ont pris le dessus. On savait qu’on avait un groupe diminué, mais on a voulu tenter crânement notre chance mais on a été dominé dans les duels. On n’a eu de nombreuses occasions de marques et on n’a jamais marqué, ce n’est pas du hasard si on a été refoulé. C’est qu’on est moins bon que l’adversaire. On a essayé de jouer un rugby qu’on n’a pas l’habitude de jouer mais on a fait tomber beaucoup de ballons. Le seul point positif, c’est que les jeunes des Espoirs ont emmagasiné un peu d’expérience. »

Romain Dumestre : C’est dur de se remettre dans le rythme

L’ailier s’est signalé sur le coup d’envoi par un énorme carton sur Tafili, le massif troisième ligne centre, qui est tombé net à la renverse. Revenu des Etats-Unis après un an d’absence Dumestre s’est rapidement imposé à l’aile où la concurrence est pourtant nombreuse avec Rubio, Esteves, Paulet, Vunisa et Pees... Remplaçant à Albi, il était rentré en fin de match. Toujours remplaçant contre Saint-Jean-de-Luz, il était rentré très tôt suite à la blessure de Pees. Pour la troisième fois consécutive, il était sur la feuille de match, mais cette fois dans le Quinze de départ. Un bel exploit pour un joueur qui n’avait plus joué depuis dix-huit mois mais qui a convaincu le staff par sa hargne et son engagement. « Parfois j’allais m’entraîner avec une équipe d’université qui pratiquait le rugby à XV », explique l’ailier. Sur un terrain Romain Dumestre est toujours aussi explosif mais il avoue : « C’est dur, c’est très dur de se remettre bien dans le rythme car je n’ai pas fait de matchs depuis un an et demi. Il y a des progrès à faire. »

Jean-Jacques Lasserre