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Tarbes-Saint-Jean-de-Luz, dimanche à 15h00 à Trélut

vendredi 4 janvier 2019 par Rédaction

Le point de vue d’Eric Balhadère

L’entraîneur luzien est un homme cash qui ne fait pas dans la langue de bois même si ses propos peuvent heurter certains, comme cela avait été le cas lors des réactions d’après match dans l’euphorie de la victoire. Mais l’homme, qui a un long passé rugbystique de joueur et d’entraîneur, a une vision pertinente des choses du rugby. Il annonce haut et fort que son équipe fera tout pour garder sa seconde place. Qu’il ne comprend pas qu’on oppose des joueurs, pour qui le rugby est un métier à d’autres, pour qui le rugby est un sport-loisir. Il se pose la question du professionnalisme en Fédérale 1. Il analyse les forces et les faiblesses de son équipe. Il explique ses convictions sur le jeu. Pour lui, Tarbes est la meilleure équipe de la poule. (D’ailleurs au goal-average particulier le TPR est devant Albi (18-11 et 16-10). Il explique pourquoi il a refusé de jouer samedi. Enfin, il regrette ses propos du match Aller.

Saint-Jean veut jouer les Qualifications

Certains risquent de le prendre pour de la flagornerie mais Eric Balhadère n’est pas surpris par le parcours de son équipe et de ses huit victoires consécutives, dont dix au total. Le tout dans une poule régionale difficile avec deux ex-clubs de Pro D2, au statut professionnel et le Champion de France en titre. « Oui, pas comme ça, mais on connaissait quand même la valeur des joueurs ». Depuis plusieurs saisons, Saint-Jean est un habitué des phases finales comme le fait remarquer l’entraîneur mais jamais dans une poule de ce niveau. « Oui, c’est une Poule très difficile, très dense sur les paquets d’avants. On va dire, qu’à mis parcours plus un match, on n’est pas trop mal et on peut envisager de terminer l’année correctement pour espérer jouer les phases finales. » Second au classement avec huit points et neuf points d’avance sur Tarbes et Anglet et dix-sept sur Tyrosse et Lavaur, Saint-Jean-de-Luz peut espérer jouer dans la cour des grands. C’est à dire disputer les quarts de finale d’accession aux côtés de Rouen, d’Albi ou de Romans, qui ambitionnent de monter en Pro D2. Même si le club, tout comme Nantes, Nice, Dijon, Blagnac, Cognac, ne remplit pas le Cahier des Charges pour postuler à la montée. Mais en cas de qualification, les Luziens ne cèderont pas leur place pour briller en Du Manoir. « C’est hors de question. Quand on est des compétiteurs, on a envie de jouer au plus haut niveau auquel on s’est donné le droit de jouer. Nous, on sait que si on termine second, on pourra jouer les Phases Finales. » Allusion aux Tarbais et aux Albigeois, qui fait que dans la Poule, Saint-Jean et Anglet pourraient jouer les Phases finales, sportivement pour l’un et administrativement pour l’autre.

« Est-ce-que pour jouer à ce niveau, on a besoin d’être professionnel ? »

Un championnat sur lequel plane, outre les sanctions annoncées contre Saint-Médard, Nantes, Nice et Tarbes, de nouvelles menaces lors de l’examen des comptes du 15 janvier. Le technicien basque souligne le non sens de cette formule. « Nous, on n’a pas choisi. On nous a imposé de pratiquer notre sport, en tant que loisirs de compétition, face à des joueurs et à des clubs dont c’est le métier. C’est le seul sport collectif où on oppose des professionnels, qui font leur métier, à d’autre qui font du sport loisir. La question qui se pose : Est ce que les clubs, qui sont aujourd’hui professionnels à ce niveau, ont besoin de l’être ? Est-ce-que pour jouer à ce niveau, on a besoin d’être professionnel ? Avec deux à trois entraînements par semaine, on peut finir en tête de poule, sans payer des joueurs entre trois et cinq mille euros. A ce niveau, on peut avoir des pluriactifs qui s’amusent qui prennent du plaisir, le problème c’est qu’aujourd’hui, on impose aux clubs qui veulent monter d’être professionnel. » Ce qui impose des charges que n’ont pas les clubs qui ne veulent pas monter et qui mettent en danger les clubs qui ont pour ambition de remonter comme Albi, Tarbes, Dax ou Aubenas.

Deux défaites qui montrent les limites de l’effectif

Saint-Jean-de-Luz, n’a concédé que deux défaites, dont une à Albi jugée un peu lourde (32-13) avec douze points encaissés en trois minutes (essai de pénalité 77ème, essai 80ème) alors que les Basques (13-10 à la mi-temps et 20-13 à quatre minutes de la fin) pouvaient espérer décrocher un bonus défensif. « On prend douze points en trois minutes à la fin mais on peut dire, que sur tout le match, on est au score. » Les Albigeois ont pris les Basques sur leur point faible devant, ce qui est de bonne guerre. « On ne s’est jamais caché de nos points forts et de nos points faibles. Peu à peu, on travaille sur nos points faibles afin d’améliorer un petit peu la conquête et la densité physique. » Ensuite, les Luziens se sont inclinés de très peu à Marmande (40-37) au terme d’un match fou avec huit essai (quatre partout), dont celui de la défaite à la 76ème minute. Après deux matchs difficiles, le derby contre Anglet et Albi, les joueurs étaient épuisés. « On est passé à côté dans l’engagement physique. A la mi-temps on menait 31 à 24 et à l’heure de jeu, on s’effondre complètement physiquement. On n’est plus capable de défendre et la fin du match est un peu anecdotique, car on peut même le gagner mais on s’emmêle les pinceaux. Mais, ce match là, on n’aurait jamais dû le perdre ! » Jouer deux matchs contre trois équipes très denses physiquement était de trop pour Saint-Jean comme le reconnaît l’entraîneur luzien. « On était dans le dur et là, on est dans les limites de notre effectif. On n’a pas trois joueurs par poste, on en un, voire deux, de temps en temps, mais le deuxième n’est pas du même niveau. Quand on essaye de faire tourner, on perd un peu de qualité mais on perd surtout de la densité. »

« Chez nous le plaisir est vraiment quelque chose d’essentiel » 

Derrière ces deux défaites consécutives, les Basques ont immédiatement rebondi en enchaînant deux succès consécutifs. « On a eu deux semaines de repos, on coupe tout, on met les crampons à sécher et dix jours après, quand ils reviennent à l’entraînement, ils sont tout souriants et ils ont de nouveau envie de jouer au rugby. Chez nous le plaisir est vraiment quelque chose d’essentiel et nos joueurs n’en prennent que quand ils ont le ballon. On n’a pas un profil d’équipe à défendre, à attendre que l’adversaire fasse des fautes pour marquer des points. On aime tenir le ballon et on aime imposer un rythme rapide au match. » Pendant cette trêve hivernale d’un mois, le règlement n’est pas le même pour les équipes amateurs et les équipes pros qui elles, doivent donner des jours de congés obligatoires à leurs joueurs. A part Albi et Tarbes, toutes les autres équipes de la poule pouvaient continuer à s’entraîner deux ou trois fois par semaine. Mais si on en croit, Eric Balhadère ça n’a pas été le cas. « C’est très compliqué de s’entraîner pendant la période de Noël et du 9 décembre à ce mercredi, on a dû s’entraîner trois fois. On ne peut pas imposer à des joueurs amateurs de ne pas respecter les rendez-vous familiaux de fin d’année. On les laisse libre. On leur donne un petit programme qu’ils suivent ou pas.  »Ce qui ne manque pas d’inquiéter le technicien luzien. « Pour le jeu qu’on veut pratiquer il faut que les joueurs soient en forme physique et puissent courir longtemps. Notre jeu est très énergivore et donc, on n’a fait que du physique. » Mais cette coupure était nécessaire pour recharger les batteries. « On est dans un sport qui demande énormément d’engagement et il faut couper. »

Les Basques ont abusé des Fêtes

Une coupure régénérative avant de rencontrer Tarbes même si trois joueurs, dont deux importants manqueront à l’appel pour cause de vacances en famille ou à l’étranger. Le demi-de-mêlée Alliot (Amérique du Sud) et l’ailier Jon Elissalde (Nouvelle calédonie) seront absents et le seconde ligne Paillard, de retour ce jeudi, est incertain. Alliot (12 matchs, 8 titularisations) et Elissalde (12 matchs, 12 titularisations), sont des joueurs clés alors que Paillard (11 matchs, 3 titularisations) est un bon joueur de rotation. « Le demi-de-mêlée est important dans notre projet et l’ailier est notre seul joueur qui répond dans la densité physique. » Eric Balhadère affirme que le choix de jouer le dimanche, au lieu du samedi, comme à Albi, n’est dicté que par la sécurité de ses joueurs. « Au Pays Basque, on fait la fête le 31 mais surtout le 1er. J’ai des joueurs qui, le 1er dans l’après-midi, étaient encore à 1 gramme et demi voire à 2 grammes d’alcool. Ma première préoccupation, c’est de ne pas les envoyer au casse-pipes. Ce qui m’importe avant tout, c’est la santé de mes joueurs. Jouer le samedi soir, en n’ayant eu que deux jours de récupération et un seul entraînement, autant envoyer les Balandrades, ils auraient été aussi bons (rires...). Si on veut faire un bon match, pour le respect de la compétition, de l’adversaire, du public et un petit peu pour notre image, on ne pouvait pas jouer le samedi soir. C’était impossible à faire, il ne nous restait que deux jours. J’espère que ce troisième jour va permettre d’éliminer tout ce qu’ils se sont mis dans le museau (rires...). Mais suite à l’entraînement de mercredi, j’ai encore d’énormes doutes qu’ils soient performants dimanche.  » Du coup Eric Balhadère a prévu un entraînement le samedi plutôt que le vendredi pour garder un oeil sur ses joueurs. « Pour éviter qu’ils aillent fêter les voeux chez tonton avec une coupe de champagne. Samedi, on se retrouve à 10h30, on fait entraînement, on mange ensemble, on bouffe un bout de galette et tout le monde au lit de bonne heure pour jouer le lendemain un adversaire de gros calibre. »

« C’est pour moi, la meilleure équipe de la poule »

Malgré ses défaites à l’extérieur, le technicien basque tient Tarbes en haute estime. « Pour moi, c’est la meilleure équipe de la poule, sauf qu’ils sont encore en rodage et qu’ils ont commencé à carburer à Albi. Pour gagner à l’extérieur, il faut être dominant. C’est d’abord être dominant dans le combat. Aujourd’hui, comme ils ont une obligation de jouer la remontée en Pro D2 et ils ne veulent pas se découvrir moi, je pense le contraire. Mais ça, ce sont des philosophies différentes d’entraîneurs. A partir du moment où vous n’êtes pas dominants, dans tous les domaines, il faut essayer d’exacerber sur un domaine. Ils ont choisi le combat et la conquête. En conquête, pour moi, c’est la meilleure équipe de la poule. Sur la mêlée et sur la touche, même Albi rivalise difficilement. Les deux matchs contre Albi, la mêlée tarbaise était au dessus. C’est peut-être un fait du hasard, mais je ne suis pas persuadé que les mêlées dissimulées soient un avantage pour Tarbes à la fin de match à Albi. Je vous garantie que sur le paquet d’avants et sur des formes de jeu très directes, c’est pour moi, la meilleure équipe de la poule. Par contre, ils sont adaptés à un jeu qui est beaucoup plus calculé, parce que ce sont des joueurs qui sont plus adaptés au rugby professionnel que nous. Nous, on est un petit peu, tout feu tout flamme et d’un ballon qui roule, on va en faire un ballon d’essai. A ce jeu pour gagner, il faut marquer des essais à un moment. Si on attend que l’arbitre nous donne les points, vous pouvez vous faire couillonner à la fin. Tarbes a un profil d’équipe de Pro D2 où les matchs se jouent dans le dernier quart d’heure. Forcément, ils tiennent le match et attendent, une pénalité par ci ou un maul pénétrant par là. Regardez les deux matchs de Tarbes contre Albi, c’est flagrant. Ce ne sont pas du tout des matchs de Fédérale 1. Le match est fermé, serré et ça se joue sur un coup de dés. »

« On dépose difficilement les armes »

Un concert de louanges qui semble sincère même s’il est peut-être destiné à endormir son adversaire. D’autant que le technicien basque lâche : « On va être très attentif à notre préparation contre Tarbes. Je ne veux pas revenir avec six blessés, alors que j’ai le derby contre Nafarroa le week-end d’après. Je vous garantie, que pour le Pays Basque, c’est plus important de recevoir Nafarroa que d’aller jouer à Tarbes. Les miens, ils ont déjà tous la tête à Nafarroa., c’est sûr. » Même le beau temps annoncé sur la Bigorre ne rassure pas Eric Balhadère, dont le crédo est le jeu. « Pour jouer au rugby, il faudra d’abord le ballon. On va essayer de cacher la misère le plus tard possible. En essayant de ne pas être trop loin au score et de récupérer quelques miettes pour embêter les Tarbais. J’ai dit la même chose à Albi : Le vainqueur du match de dimanche, on le connait. Après nous, on dépose difficilement les armes ».

« J’ai été trop loin dans mes propos »

Eric Balhadère, qui a des antennes en Bigorre, regrette que ses propos à la fin du match aient été mal compris par les joueurs bigourdans. « Je sais les Tarbais revanchards. Ils ont coché ce match parce que le match Aller leur est resté en travers de la gorge. Quelques propos que j’ai eus ont été très, très, mal interprétés. Je ne suis pas du style à fanfaronner et je connais trop bien ce sport pour aller fanfaronner. On est fier, on défend nos valeurs mais on reconnaît nos forces et nos faiblesses. En aucun cas le discours du match Aller et ce que je vous ai dit n’est pas un manque de respect pour les joueurs professionnels. Sous l’émotion et l’euphorie peut-être que j’ai été trop loin dans mes propos. Sur le match, je trouve qu’on avait été plutôt performants défensivement, alors que c’était un gros doute. En conquête on avait été moyen comme on l’est à tous les matchs. Tarbes aurait pu gagner mais la pièce est tombée de notre côté. »

Une équipe construite pour la vitesse

Un choix parfaitement assumé par le technicien basque qui privilégie la vitesse à la puissance, parce qu’il a construit son effectif comme ça. « Moi, j’ai choisi mes joueurs, c’est ma quatrième année. En trois ans, on a construit un truc et tous les ans on a rajouté des joueurs qui étaient dans le projet de jeu. Je n’ai pas pris de gros deuxièmes lignes pousseurs parce que je n’en veux pas. Je n’ai pas pris des piliers de 130 kg pour caler la mêlée parce que je veux des piliers qui courent et que je ne veux pas les mettre en danger sur les déplacements. Je sais que notre conquête est légère mais je sais aussi, que dans les déplacements et dans la circulation, j’ai des mecs très rapides et très mobiles. Et c’est ce que je veux, parce que c’est ce que j’aime faire. »

Jean-Jacques Lasserre