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Interview de Thierry Murie, Vice-Président de la FFR, en Charge du Rugby Amateur

lundi 31 décembre 2018 par Rédaction

Plans d’accompagnement obligatoires pour échapper à la relégation

Comprendre le système de contrôle de la FFR est un vrai casse-tête au niveau des dates. Et au moment où plusieurs clubs de Fédérale 1 (Saint-Médard-en-Jalles, Rodez, Nice, Nantes et Tarbes) viennent d’être sanctionnés, il était intéressant d’avoir les explications du grand patron du rugby fédéral.

Joint par téléphone Thierry Murie précise : « Au mois de juin, les clubs ne nous donnent rien. Ils nous donnent un budget prévisionnel de la saison en cours au 15 juillet. Ensuite au 15 octobre, ils nous donnent les comptes définitifs de la saison précédente arrêtés au 30 juin. Il n’y a qu’au 15 octobre qu’on peut constater la situation des clubs par rapport aux engagements qu’ils avaient pris la saison précédente. »

Q : Pourquoi Tarbes est t-il sanctionné ?

 « Le club de Tarbes, qui a été saisi par la DNACG l’année dernière, comme l’année précédente d’ailleurs, s’était engagé à ce que ses comptes soient apurés au 30 juin. Après, moi je ne connais pas le dossier puisqu’il appartient à la DNACG. Mais je suppose que s’ils ont été convoqués au Conseil Supérieur du mois de décembre, c’est que les comptes, présentés au 30 juin, n’étaient pas satisfaisants*. Sinon, je ne vois pas pourquoi le conseil Supérieur les aurait convoqués. C’est bien qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas. Après, a priori, il y a des sanctions de points qui ont été prises et le club va se voir proposer un plan d’accompagnement**. »

*Des comptes présentés au 30 juin, avec la caution écrite d’Antoine Nunes, qui s’engageait à couvrir toutes les créances et tous les partenariats non réalisés. Or au 30 juin, les comptes n’étaient pas arrêtés. Personne ne connaissait à ce moment là, le montant exact de la dette, entre les diverses créances, le partenariat en cours de paiement, etc... Il fallait donc arrêter tous les comptes, les faire valider par le cabinet comptable, en tenant compte des congés, pour connaître le montant exact du déficit pour qu’il soit couvert, comme s’y était engagé Antoine Nunes. Au 15 octobre, l’ancien Président avait soldé tous les comptes et le club, qui a réglé ses fournisseurs, l’URSSAF et ses arriérés, n’a plus aucune dette. Le club a une situation nette positive et un fonds de roulement de 100 000 € au 15 octobre 2018. « Toutes les dettes et arriérés du passé ont été apurés », assure Bruno Larroux. « S’il y a un club qui part d’une situation saine, c’est nous. »

**Tout au long de l’interview Thierry Murie, a parlé d’un plan d’accompagnement et non d’un plan de redressement qui a dû trop heurter les clubs. Mais le résultat est le même, les clubs seront sous la coupe de la DNACG avec ce plan, qui est une condition sine qua none à la levée des sanctions. Nantes et Tarbes, s’ils acceptent ce plan, seront maintenus en Fédérale 1, alors que Saint-Médard-en-Jalles, Rodez et Nice seront relégués en Fédérale 2 au lieu de la Fédérale 3.

« Tarbes va se voir proposer un plan d’accompagnement et s’ils respectent ce plan, ils pourront jouer en Fédérale 1 »

Q : Pourquoi un plan d’accompagnement ?

« C’est la nouveauté, parce qu’on a pu constater que des clubs étaient tout le temps convoqués et qu’ils s’engageaient tout le temps à améliorer la situation mais qu’ils ne l’amélioraient jamais, la preuve. Donc maintenant nous, on va leur proposer un plan d’accompagnement. S’ils acceptent ce plan d’accompagnement, tel que nous on le décrit, en se projetant sur pas mal d’éléments, ils peuvent être maintenus dans la Division dans laquelle ils jouent. Par exemple la Fédérale 1 ou la Fédérale 2, s’ils ne peuvent pas jouer en Fédérale 1. Si le club l’accepte, après, il sera suivi tout le temps pour savoir s’il respecte bien son plan. Le jour où il ne respecte plus son plan, il est rétrogradé systématiquement en Fédérale 3. »

Q : Ce qui veut dire que vous contrôlerez tout en amont ?

« Oui, on contrôlera en permanence. Le plan d’accompagnement peut contenir dedans une limitation de la masse salariale, une non accession dans les phases finales, des retraits de points, etc. C’est la DNACG qui va préparer un plan pour que le club puisse l’accepter. Si le club ne l’accepte pas, il fera Appel et il verra bien ce qui lui arrivera. Si c’est confirmé en Appel, il sera en Fédérale 3, voilà ! Une bonne fois pour toute, on s’aperçoit, que même avec des lettres d’engagements, les clubs ne sont pas dans les clous. Donc, on va les accompagner, on va les aider à assurer le système.

« Je pense que Tarbes n’a pas respecté ses engagements, je pense… »

Q : Dans le cas de Tarbes, selon nos informations, le club aurait honoré tous ses engagements au 15 octobre y compris les 100 000 € de fonds de roulement. Si cela était avéré en Appel que se passerait-il ?

« Ils ont de mémoire un retrait de points. Celui-là, ne pourra pas être revu, selon la décision qui a été prise. Si le club dit que tout va bien, c’est que tout va bien, mais a priori, ce n’est pas ce que dit la DNACG aujourd’hui. Ils vont avoir la proposition d’un plan et ils acceptent ce plan, ou ils ne l’acceptent pas. Tous les ans, c’est la même chose. Tout va bien, on va bien. Mais il n’y a pas que Tarbes, il y a d’autres clubs. Tout le monde va très bien, sauf que quand on fait les comptes, tout ne va pas très bien. Le club de Tarbes a pris des engagements écrits l’année dernière, devant la Commission d’Appel et devant le Conseil Supérieur de la DNACG. Je pense qui si ils ont été convoqués, c’est que ce plan, je pense, n’a pas été respecté, je pense... »

Thierry Murie est clair, tous les clubs épinglés devront signer un plan d’accompagnement qui pourra être, dans le cas des clubs qui ont commencé à apurer leurs comptes, celui mis déjà en place mais qui devra être écrit, validé par la DNACG et respecté. « Si les clubs, en cas de contrôles, viennent, pour une raison quelconque, à ne pas respecter ce plan, ils iront systématiquement en Fédérale 3, et ils n’auront plus aucune possibilité, ni de faire Appel, ni rien du tout. » Le Président prend l’exemple du club de Périgueux qui a mis en place, de lui-même, un plan de remboursement de sa dette. « Pour Périgueux, c’est très clair. Périgueux est parti dans un redressement du club, avec des remboursements de dettes, etc... La DNACG va écrire ce plan, le faire signer et valider par le club et personne ne pourra ignorer. Et si le club ne le respecte pas, ce sera fini, terminé. Au même titre pour Tarbes qui va se voir proposer un plan et s’ils respectent ce plan, ils pourront jouer en Fédérale 1. »

« C’est fort possible, tout peut arriver »

Q : Et si, comme le dit Tarbes les comptes sont complètement apurés, comme s’y était engagé Antoine Nunes, les sanctions pourraient être levées ?

« Oui, mais je ne sais pas, je ne connais pas le dossier. S’ils ont respecté tout ce qu’ils ont dit, je suis assez surpris qu’ils aient été convoqués devant le Conseil Supérieur. Mais pourquoi pas, c’est fort possible que le Conseil Supérieur ait pris ce type de sanctions. C’est fort possible, tout peut arriver. »

Q : La FFR ne devrait-elle pas communiquer sur son site ce genre de sanctions, à l’image de la Ligue qui communique toutes les sanctions prises à l’encontre des clubs de Top 14 ou de Pro D2 ?

« Ce qui est paru dans le Midol, ce n’est ni plus ni moins que les décisions qui ont été notifiées aux clubs. Après, les plans d’accompagnement, ça ne regarde personne. Les sanctions qui ont été prises sont publiques puisqu’elles sont envoyées à la Ligue et aux clubs. Après, le club, il les interprète et je comprends. Chacun l’interprète à sa sauce, comme il en a envie. Après, si tout va bien, tant mieux (agacé...). Moi, je suis très heureux si tout va bien. Mais il faut surtout qu’ils valident les plans qu’on va leur donner et qu’ils les respectent. Si c’est comme ça, effectivement tout se passera bien. Après bien sûr, dès qu’il tombe une sanction, on s’est trompé. C’est nous, peut-être qui ne savons pas lire. L’avenir nous dira, si on sait lire ou si on ne sait pas lire... »

La Poule Elite n’était plus possible

Q  : Avez-vous l’impression que la situation s’est améliorée, depuis la disparition de la Poule Elite ?

« Oui, la situation s’améliore parce qu’il y a beaucoup de clubs qui ont pris conscience que maintenant, ils ne pouvaient plus gérer leurs clubs comme il les géraient avant. Parce qu’il y a des instances qui les surveillent et qui rendent l’équité sportive à tout le monde. Aujourd’hui, je défie qui que ce soit, de mettre une Poule Elite en place. Je défie, qui que ce soit de me dire qui répond aux critères de l’accession à la Pro D2 dans les 47 clubs. Vous allez voir que quand vous aurez fait le tour, il ne va pas rester grand monde. Donc ça veut dire que la Poule Elite n’était plus possible et on a rendu une certaine équité. Puisque sur le papier, en début de saison, si on avait continué une Poule Unique, on aurait inclus dedans Narbonne, Dax, Tarbes..., et quand vous voyez les classements aujourd’hui, il n’y a pas d’erreur. »

Q  : Pour plus d’équité sportive et de sécurité, ne faudrait-il pas regrouper tous les clubs à plus d’1 M€ dans les mêmes Poules ?

« Non ! Non, je vous dis non, car ce serait de la discrimination par l’argent. Et ce n’est pas parce que vous avez du pognon que vous êtes bons. La preuve, quand vous prenez le Top 14, regardez le budget de Castres par rapport à Montpellier au Racing, qui est de trois fois inférieur, sauf, qu’ils sont champions de France ! Donc, il n’y a pas matière à discussions (rires...).

On est déterminé à assainir la situation

Q : Beaucoup de clubs, qui ont moins de 0,7 M€, ont des effectifs dignes de certains clubs millionnaires, qui eux ont des charges structurelles et qui sont assujettis à l’URSSAF, d’où une autre sorte de discrimination. Vous savez très bien qu’il y a divers systèmes de tricherie pour défrayer les joueurs, quand allez vous prendre des sanctions ?

« On va y venir, on les a prévenus, ils savent qu’il ne faut pas le faire. Ceux qui continuent à le faire, qu’ils n’aient aucun doute, on va les attraper. Surtout qu’ils ne s’inquiètent pas, on va arriver. On procède par ordre. On a décidé d’assainir la situation et on est déterminé à assainir la situation. Voilà, point ! Si chacun veut en prendre conscience, c’est bien. Ceux qui n’en prendront pas conscience seront sanctionnés et ils comprendront qu’on ne peut pas continuer comme ça. »

Propos recueillis par Jean-Jacques Lasserre