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Retour sur Tarbes-Strasbourg

mardi 16 janvier 2018 par Rédaction

Côté Strasbourgeois

Le serment du Tivoli

Les Strasbourgeois, privés de neuf joueurs, dont six titulaires à part entière (Peleseuma, Ormaechea, Fatafehi, Tabakanalagi, Peacock, Fakalelu) et non éligibles aux phases finales ont fait honneur à leur maillot, à leur club, à leur ville, à leurs dirigeants, à leurs supporters et à leur famille... Et ce, avec des jeunes joueurs qui ont tout donné sur le terrain rien que pour l’honneur et le plaisir. C’est la promesse que s’étaient faite les joueurs vendredi à leur hôtel du Tivoli à Vic-en-Bigorre, aussitôt après l’annonce par leur Président de la non éligibilité du club à la montée en Pro D2.

Julien Chastagnet :

« Le rugby, c’est la sincérité, l’envie de jouer, l’envie d’être avec les copains,
l’envie de bien faire, l’envie de rendre fières nos familles
 »

Le jeune Manager de Strasbourg (34 ans) n’était pas dans l’esbroufe en nous affirmant vendredi soir, qu’il était venu pour gagner, malgré de nombreuses absences et l’annonce de la non participation de son club aux phases finales. Immédiatement après le coup de téléphone de son Président, il avait réuni ses troupes. « On a demandé aux joueurs ce qu’ils voulaient faire. Il n’y avait pas de phases finales mais est ce qu’on voulait écrire dans le marbre notre classement dans cette Poule d’Accession et revenir aux bases de ce pourquoi on fait notre sport. De ce qui nous plaisait. Ce n’est pas la Poule d’Accession, ce n’est pas Strasbourg, ce ne sont pas les contrats, ce n’est pas tout ça ! C’est la sincérité, l’envie de jouer, l’envie d’être avec les copains, l’envie de bien faire, l’envie de rendre fières nos familles. Et on est resté sur ça ! Les gars, on l’a vu, ils ont joué avec beaucoup de cœur, avec beaucoup d’envie et ils n’ont rien lâché jusqu’au bout, d’autant plus qu’on avait laissé du monde à la maison. C’est vraiment une belle opération ! »

« Chapeau aux mecs, parce qu’avec une annonce comme ça,
c’est beau ce qu’ils ont fait.
 »

Malgré tout ça et un essai encaissé dès la cinquième minute, les Alsaciens sont restés fidèles à leur serment du ’’Tivoli’’. Ils n’ont rien lâché derrière. Privés de ballons, ils ont fait le dos rond en défense, en attendant que l’orage passe. « C’est exactement ça » confirme l’ancien pilier Julien Chastagnet qui pilote le projet alsacien. « On a pris un essai très rapidement et après Tarbes choisit de prendre des pénaltouches au lieu de prendre des points au pied. Donc, ils nous laissent collés au score, après qu’on ait réduit la marque sur pénalité. Ils prennent deux pénalités en fin de première mi-temps mais on profite de la pause pour recadrer certaines choses, notamment sur la mêlée et la touche. On leur demande de s’appliquer sur nos ballons et de mettre un peu plus de rythme et de vitesse. Petit à petit, ça c’est débridé et une fois qu’on a pris le score, on a très occupé le terrain avec le 10 (Michallet) pour les laisser dans leurs 22 m. » Julien Chastagnet s’est appuyé sur les enseignements du match Aller et les dernières prestations tarbaises pour élaborer un plan de jeu adapté aux forces et faiblesses des Tarbais. « On savait que c’était un paquet très dense, qui avait du mal dans les dernières minutes des matchs et que tout allait se décider sur la fin. C’est ce qui s’est passé. On savait qu’ils allaient démarrer tambour battant, sachant qu’en plus, ils n’avaient rien à perdre puisqu’ils étaient déjà qualifiés. C’était très, très, bien réalisé stratégiquement et dans l’engagement. Chapeau aux mecs, parce qu’avec une annonce comme ça, c’est beau ce qu’ils ont fait ».

Romain Lombard :

« On est tous des compétiteurs, donc même s’il n’y a plus la qualification au bout, on veut finir à cette cinquième place »

Romain Lombard, (ancien international U20, remplaçant de Pierre Bernard) confirme les propos de son entraîneur et manager. « On s’est dit qu’il ne fallait pas lâcher même si on ne pouvait pas jouer la qualification cette année. On était sur un projet de montée sur deux ou trois ans, donc on ne lâche pas. Maintenant on joue tout pour nous. On est tous des compétiteurs donc, même s’il n’y a plus la qualification au bout, on veut finir à cette cinquième place et continuer notre belle série. » Les Strasbourgeois ont fait le dos rond en attendant une baisse de régime de leurs adversaires. « On n’a rien lâché jusqu’au bout. On n’a pas eu trop de ballons en première mi-temps. Ils tenaient la balle, on était acculé dans notre camp et c’est compliqué, quand on n’a pas la possession de jouer au rugby. C’est une équipe qui est très dense, qui est très physique. En première mi-temps, je pense qu’ils ont tout donné. En seconde mi-temps on les a sentis un peu plus faibles. Nous, on a été mieux physiquement, on a eu des ballons et on a pu commencer à mettre notre jeu en place. »

Léandro-Perez-Galeone :

« On ne perd pas de vue que le rugby c’est du plaisir et notre objectif,
c’est de finir le plus haut possible.
 »

Le capitaine argentin Léandro-Perez-Galeone, confirme que les Strasbourgeois sont venus en Bigorre pour poursuivre leur belle dynamique. « Malgré les blessés, on était venu pour gagner. On s’est mis pour objectif, dans cette deuxième partie de championnat, de devenir une équipe performante, que ce soit à l’extérieur où chez nous. Ce n’était pas juste une revanche, ce match était important pour démarrer cette nouvelle partie de saison. On sait qu’on a perdu au match aller parce qu’on n’était pas en place et qu’on n’avait pas réussi à mettre notre jeu en place. » L’annonce, la veille, de la non participation aux phases finale n’a rien changé à la détermination de réussir une belle saison même si c’est sans enjeu désormais. « Non, on ne joue pas pour rien ! D’abord, au rugby, on joue pour le plaisir. C’est vrai qu’on est bloqué pour la montée mais ce n’était pas dans l’objectif du club cette année. On reste donc sur le projet à long terme mis en place par le club et dans lequel on a confiance. On connait la situation, on sait qu’aujourd’hui, c’est difficile partout dans le rugby français. Mais on ne perd pas de vue que le rugby, c’est du plaisir et notre objectif, c’est de finir le plus haut possible. »

Guillaume August :

« On veut montrer qu’on mérite notre place »

Guillaume August est issu d’une famille de rugbymen du Sud-Ouest, puisque ses deux frères Benoît et Olivier sont aussi joueurs professionnels. Comme son père et ses frères, le seconde ligne a débuté à Dax avec qui il est devenu Champion de France de Pro D2 en 2007. Après un passage à Tyrosse, il s’est exilé à Lille alors qu’il avait 33 ans, avant de rejoindre Strasbourg après le dépôt de bilan du club nordiste. A 38 ans il est toujours titulaire et il a joué pendant plus de 80 minutes à Trélut. « Je suis bien dans le Nord (rires…), j’ai passé quatre ans à Lille et là, dans le Nord-Est, je me plais à Strasbourg, c’est un bon club. » Un club où l’accent alsacien côtoie les accents du Sud-Ouest et anglo-saxons. « Il y a beaucoup de joueurs qui sont issus de la formation strasbourgeoise et alsacienne et c’est important de conserver cette culture. Les joueurs du Sud-Ouest et les étrangers essaient d’apporter un petit plus mais l’homogénéité du groupe est très bonne, comme on l’a démontré malgré des absences notables. » Des absences et un coup de massue fédéral qui n’ont pas brisé cette homogénéité. « Il y avait deux solutions. Soit on lâchait tout et on s’enterrait, soit on continuait à montrer qu’on n’est pas dans cette Poule Elite pour rien. Notre objectif, en début de saison, ce n’était pas de monter en Pro D2, c’était la qualification. Donc, on va essayer d’aller la chercher mathématiquement pour continuer à se montrer et à faire parler de nous. On veut montrer qu’on mérite cette place et on la méritera encore plus l’année prochaine ! » L’ancien dacquois se souvient. « Je savais que c’était difficile de venir gagner ici. Je n’y avais jamais gagné avec Dax et cette victoire nous fait bien. »

Côté tarbais

Nicolas Escouteloup :

« C’est incompréhensible de voir certaines choses
 et certains comportements, qui ressemblent à de la nonchalance 
 »

Côté tarbais c’est la désolation, les joueurs qui traînent d’habitude se sont dépêchés de prendre la douche et de quitter les vestiaires. S’ils se sont réunis, dès la fin du match, dans l’intimité des vestiaires, en demandant aux entraîneurs de les laisser entre eux, ils n’ont guère tardé pour s’en aller. Les entraîneurs eux, sont restés, prostrés et abattus, par l’incompréhension devant le manque de révolte de certains joueurs. « C’est incompréhensible de voir certaines choses et certains comportements qui ressemblent à de la nonchalance » constate Nicolas Escouteloup. Abattu mais pas en colère, comme si c’était trop gros pour être vrai. Mais très déçu aussi de l’occasion manquée de rebondir sportivement alors que tous les voyants étaient au vert financièrement et que les demi-finales s’ouvraient administrativement. « On avait tout pour se faire plaisir sur ce match. Je crois que les joueurs avaient envie de bien faire mais on a mis la charrue avant les bœufs en première mi-temps de temps en temps. En ne jouant pas des ballons qui étaient jouables et en en jouant d’autres qu’on aurait mieux fait de ne pas jouer. Globalement on a essayé d’être propre sur la conquête et ça a été quasiment le cas », analyse Nicolas Escouteloup. « On a été performant sur le contre en touche, on a eu toutes nos touches quasiment, sauf une. En mêlée, on est dominateur et après, c’est vrai qu’on a beaucoup de mal à poser notre jeu, à se mettre en place. On a fait deux ou trois très bons lancements derrière où on est vite sur l’avancée et ça nous a amené des points. Il y a ce ballon joué au pied, qui va en touche, sur lequel Morgan Rubio peut aller à l’essai. Mais on ne score pas, on reste à portée de fusil, on n’a pas de marge suffisante. On se fait prendre sur un contre assassin et derrière, on a l’impression que tout s’écroule. C’est ce qui est gênant. »

Les jeunes ne sont pas tout à fait prêts

En effet, on n’a pas senti les joueurs se révolter sur le terrain, on les a sentis plutôt perdus, affolés, faisant n’importe quoi, à l’image de Pees qui regrettait d’avoir joué un ballon de relance au pied directement en touche. Puis alors que les Tarbais venaient de prendre trois points de pénalité sur une mêlée et d’être de nouveau pénalisés en mêlée dans les 22 m alsaciens, ils ont repris une mêlée dans leurs trente mètres. Sur la pénaltouche, qui avait suivi, le lancer strasbourgeois n’avait pas été droit, mais les Tarbais n’ont pas eu le réflexe de demander la touche. Ils ont choisi une mêlée sur laquelle ils se sont de nouveau fait pénaliser offrant la victoire à Strasbourg 11-14. S’ils avaient pris la touche, comme ils en avaient le droit, ils auraient au pire perdu le ballon. Un match que les joueurs ont aussi perdu en n’écoutant pas les consignes des entraîneurs qui leurs demandaient de tenter les pénalités et notamment une 25 mètres face aux poteaux. L’entraîneur des avants ne se dérobe pas et admet que la rentrée des jeunes en première ligne a coïncidé avec le calvaire de la mêlée. « Forcément là dessus, c’est pour moi. Mais avant que la mêlée se fasse, on ne sait pas si elle va être gagnée ou perdue. Les enseignements à en tirer, c’est que les jeunes ne sont pas tout à fait prêts. Qu’il leur reste du travail à faire. »

Montrer un autre visage

Une mise en concurrence, réclamée par la vox-populi et les dirigeants qui voulait voir les jeunes jouer, mais totalement assumée par Nicolas Escouteloup. « On avait dit qu’on ferait jouer la concurrence et qu’on ferait des rotations plus tôt pour finir les matchs un peu plus frais. Sauf que là, la physionomie du match fait, que ces mêlées sont importantes et qu’on est pris. On rechange derrière, mais malheureusement, c’est trop tard. » Malgré cette nouvelle désillusion, Nicolas Escouteloup veut encore croire en ses joueurs. « Il faut repartir et aller à Chambéry avec l’envie de montrer un autre visage et se préparer pour jouer les Phases Finales puisque ça va être le cas. Le problème, c’est que là, ce n’est même pas la peine de se présenter en demi-finale dans l’état d’esprit où on est, avec le niveau de jeu qu’on réalise et l’envie qu’on montre sur le terrain. On a quelques mois pour travailler, il faut se retrousser les manches et que tout le monde fasse plus d’efforts pour qu’on puisse montrer un autre visage. »

Nicolas Gal :

« Dès que ça devient dur, dès qu’on met l’adversaire dans le match,
collectivement, on n’y est plus.
 »

L’ancien capitaine des Reichel du Stade Toulousain ne se dérobe pas non plus malgré sa jeunesse. « Notre début de match est bon, un peu comme contre Romans et Rouen, avant les vacances. Mais dès que ça devient dur, dès qu’on met l’adversaire dans le match, collectivement, on n’y est plus. Défensivement, on est bien, à part sur le renvoi et l’essai qu’on prend mais offensivement, on n’arrive pas à créer de différence. On ne franchit presque jamais. C’est un peu rageant parce qu’on a envie de bien faire mais on n’arrive pas à trouver des solutions. C’est à nous, les joueurs de se ressouder pour aller à Chambéry conquérants. »

 

Loïc Bernad :

« Le rugby, c’est une question de solidarité et si on n’aime pas jouer ensemble
et se faire mal pour le copain d’à côté, on ne va pas aller bien loin…
 »

Loïc Bernad, avait la tête des mauvais jours et se disait « abasourdi », n’hésitant pas à mettre les vrais mots sur les maux du match. « On est tombé dans la facilité. Déjà en première mi-temps, on est devant mais on peut l’être plus si on respecte l’adversaire et qu’on prend les pénalités. On est à 11-3 à la mi-temps, on est dans le match, on est bien et après, on s’est effrité. C’est essai de merde nous a plombé et eux, ils ont été solidaires. Ils nous ont montré ce que c’était d’être solidaire et de vivre bien ensemble. Je ne dis pas qu’on vit mal mais il va falloir qu’on se serre les coudes. Le rugby, c’est une question de solidarité et si on n’aime pas jouer ensemble et se faire mal pour le copain d’à côté, on ne va pas aller bien loin… »

Jean-Jacques Lasserre