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TGB : le bilan. François Gomez, du rêve au cauchemar

lundi 22 mai 2017 par Rédaction

Six saisons titrées

François Gomez et Tarbes, c’était, jusqu’ici, une histoire d’amour, parsemée de joies et de trophées, commencée en janvier 2009. Une arrivée inattendue alors que le TGB, (après deux changements d’entraîneurs en quelques mois), se morfondait en fond de classement, broyé par des dissensions internes. Le jeune entraîneur des équipes de France jeunes, débauché en cours de saison du Centre Fédéral, réussissait à sauver le TGB d’une possible relégation sportive. Mieux, il remportait le Challenge Round, réservé aux équipes classées de 5 à 8 et qualifiait Tarbes pour l’Eurocup. L’année suivante, le TGB disputait les deux Finales (Coupe et Championnat de France) et se qualifiait pour l’Euroligue. L’effet Gomez, perdurait la saison d’après avec l’obtention du premier titre de Tarbes, au dépend de l’ogre Bourges, qui dominait sans partage le basket français. Un titre obtenu malgré un fort différend avec le Président du club qui n’avait pas souhaité, pour des raisons personnelles, renouveler son contrat. Une saison difficile à vivre humainement mais ponctuée du plus beau titre du basket féminin français. François Gomez n’a pas tardé à rebondir en Ligue 2 à Perpignan avec, au bout de la saison 2012, un titre de Champion de France et une montée en LFB. Une saison réussie sur le plan sportif, avec une quatrième place et une qualification européenne, mais catastrophique au final, avec une relégation financière en LF2 en 2013. Une saison sportive suivante ponctuée d’un second titre de champion de France et d’une remontée sportive en LFB en 2014, avant un dépôt de bilan dans la foulée.

Un retour compliqué

Après une demi-saison sabbatique, François Gomez, revient à Tarbes en 2015 rappelé par Alain Coll qui a succédé à Michel Uriarte. Le nouveau Président, devant l’ampleur de la dette du club, choisit de déposer le bilan et le TGB est relégué en LF2. François Gomez, qui avait recruté pour disputer une coupe européenne, doit libérer les nouvelles joueuses. Il rebâtit une équipe autour des ’’anciennes’’ Sylvie Gruszczynski, Ouadad Najat et d’Elodie Bertal, (la seule recrue qui a choisi de rester malgré la relégation). Malgré une équipe reconstruite à la hâte, François Gomez continue de transformer en or, tout ce qu’il touche. Au terme d’une saison exceptionnelle, avec une seule défaite lors de la troisième journée, le TGB retrouve la LFB avec le titre de Champion de France de LF2. Après six saisons de rêve, ponctuées de nombreux succès et de titres, cette saison 2017 a été celle du cauchemar. La pire de l’histoire du TGB et la pire de la carrière de François Gomez, malgré une fin heureuse avec le maintien au bout d’une saison galère.

L’entraîneur du TGB se livre sans détour sur cette saison cauchemardesque.

C’est la pire saison depuis que vous êtes entraîneur d’un club pro ?

« C’est ma cinquième saison avec Tarbes et c’est la première année où je ne remporte rien avec le TGB. La première année, j’arrive en décembre, on remporte le Challenge Round, qui nous avait permis de jouer une Coupe d’Europe. La deuxième année, on n’avait rien gagné mais on avait disputé deux finales (Championnat et Coupe de France) qui avaient remis le TGB au sommet du basket français. La troisième année, on a dispute de nouveau les deux finales et on remporte le Titre. Trois années pendant lesquelles on n’avait pas perdu beaucoup de matchs... »

Oui, et après à Perpignan, l’embellie se poursuit...

« C’est vrai, on a remporté deux titres en Ligue 2 et terminé quatrième de Ligue 1. Mais pour rester sur Tarbes, l’an dernier, on est Champion en ne perdant qu’un match dans la saison. C’est vrai, on pouvait croire que tout ce que je faisais se transformait en or mais malheureusement je ne suis qu’un simple entraîneur (rires...) Cette année a été très difficile, puisqu’on ne gagne que cinq matchs et qu’on se retrouve en Play-Down. »

Comment l’avez-vous vécu ?

« La première chose, c’est de savoir où on met les pieds. Dès la préparation de la saison, je savais ce qui allait nous arriver. Mais il ne faut jamais tirer vers le bas une équipe car c’est de la nitroglycérine. Il faut trouver le bon discours, pour que les gens prennent conscience de leur véritable niveau et qu’ils sachent que l’année va être difficile. J’ai expliqué aux joueuses que ça allait être compliqué compte tenu du niveau de nos adversaires, qui avaient des équipes très bien construites. Et, ça c’est avéré très vite compliqué ! On a perdu un match à l’Open qu’on aurait dû gagner. On a pris une raclée à Basket-Landes, puis ça c’est enchaîné ici contre Villeneuve d’’Ascq où on prend 40 points. On s’est retrouvé dans les profondeurs. On ne gagnait pas mais en plus, on était dans l’incapacité de produire du jeu et de faire mieux avec une équipe reconstituée. »

Malgré tout l’équipe a répondu présent dans les moments clés de la saison ?

 

« Oui, il y a eu l’apport de nouvelles joueuses et on a eu la chance de gagner ces matchs importants par rapport aux Play-Down. Je savais qu’on serait dans les Play-Down car j’ai cherché en vain l’équipe qui nous remplacerait. Nice, qui était avec nous, a gagné quatre matchs de mieux. On était vraiment loin de tout le monde. Heureusement, qu’on a réussi à gagner ces matchs à pression contre Nantes, Nice, Lyon et Angers qui nous ont permis d’aborder les Play-Down avec un peu de sérénité. Des Play-Down, qui n’ont pas été faciles, dans la continuité de notre saison. On ne gagne que deux matchs mais ils sont hyper importants. On s’en sort, mais c’est une année noire en terme de résultats. »

Les excuses ou les raisons ne manquent pas pour expliquer cette saison catastrophique...

« C’’est simple, on a construit cette équipe en juillet/août, alors qu’aujourd’hui à mi-mai, j’ai une idée assez précise de la prochaine équipe. L’an dernier, à cette époque, on ne savait pas si la Fédé allait nous laisser monter. On s’est attaché au recrutement très tard alors que tout le monde l’avait fait depuis longtemps. Il n’y avait plus de françaises et les meilleures étrangères avaient été recrutées. De plus, on était parti sur une masse salariale très basse. On a dû puiser sur des étrangères de second rang, dont une qui n’est jamais venue et une qui n’était pas bonne ! C’est une erreur de casting que j’assume. Je me souviens, à l’Open Astan Dabo jouait dans le cinq majeur alors qu’elle n’avait que 3’ de temps de jeu à Nice. On a changé l’équipe. Des joueuses sont arrivées, comme Abby Bishop et Angie Bjorklund, puis il y a eu une succession de blessures (Dabo, Gruszczynski, Bertal, Bishop, Diemé-Marizy, Bjorlund). Je n’ai jamais vécu de saisons avec autant de blessures. On dit souvent que les blessures sont d’ordres psychologiques. Ce n’est pas simple de vivre au quotidien, quand on cumule les défaites. On n’a eu l’équipe au complet qu’une fois dans la saison. A part l’erreur sur l’Américaine, ce sont des choses qu’on ne peut pas contrôler et on a vécu toute l’année dans l’instabilité. »

Ce doit être très difficile à gérer...

« « Pas vraiment, car déjà, on a des raisons pour expliquer les défaites. Ce n’est pas comme si on avait construit une bonne équipe et qu’on ne gagne pas. On avait de bonnes raisons et on était prêt psychologiquement à vivre une saison compliquée. On a maintenu les Filles sur un objectif qui est très vite devenu celui du maintien. Il fallait gagner des matchs importants et on s’était fixé sur un objectif contre Nantes, Angers, Lyon, Nice... Il y a des matchs qu’on perdait, mais où on travaillait. On a fait de bons matchs comme Montpellier et Bourges chez eux. On a fait de bons matchs contre de bonnes équipes et ça nous rassurait un peu. Les Filles ont répondu présent quand il a fallu gagner. On ne jouait pas le titre mais le maintien et on a gagné les matchs qui comptaient. Le groupe est resté solidaire, il a travaillé même si ça n’a pas toujours été simple. »

Le match contre Lyon, c’était votre finale ?

« C’était un match hyper important, c’était notre finale. On a rompu avec tous les codes de l’année. J’ai fait intervenir des sportifs, comme Stéphane Doya, champion du monde de boxe française. Le président est venu parler aux Filles. Ce qu’il n’avait jamais fait de l’année. Un discours hyper positif. On a mis les Filles au vert. Elles ont parlé entre elles. Je les ai reçues en entretien individuel. J’ai utilisé tous les outils de cohésion, de motivation pour sortir ’’Le Match’’ qu’il fallait. Cette victoire, c’était comme gagner un titre, c’était impressionnant. C’est presque autant de plaisir, avec un groupe qui a eu du mal à vivre, à se construire. L’association des personnalités a été difficile. Il y a eu des conflits de personnalité. Tout le monde voulait être chef et personne n’a trouvé sa place parce qu’il n’y avait pas de leader naturel. On n’a pas trouvé de hiérarchie, de leadership. Il n’y a jamais eu de révolte. On a manqué de l’enthousiasme qu’il faut pour se dépasser. Parce que si on s’était dépassé, malgré tous nos soucis, on aurait pu faire autre chose. Je ne parle pas de la qualité des joueuses, je parle de l’état d’esprit. C’est la première saison que je vis, où il n’y a pas d’accrochage dans l’équipe. C’était à la limite ennuyeux. Si je ne m’étais pas préparé à vivre une saison compliquée, je me serais fâché. Là, je n’ai eu que deux grosses colères. Une à Basket-Landes, parce que c’est un match où on n’a pas le droit d’être absent et ici, contre Mondeville, parce que c’était un match important que l’équipe a lâché. On a raté le virage à ce moment là... »

On apprend beaucoup d’une telle saison

« Oui coacher une équipe qui perd, c’est complètement différent que de coacher une équipe qui gagne. Quand tu perds, il faut vraiment être solidaire des Filles. On perd et on doit trouver les solutions ensemble. On doit rassurer les gens. Il ne faut pas mettre la tête sous l’eau à quelqu’un qui est en difficulté. Il faut toujours rester dans le positif. Quand tu gagnes, tu peux être plus dur et plus exigeant. Tu peux demander encore plus. Quand tu perds, il faut accompagner, il faut trouver les solutions pour s’en sortir ensemble. Elles l’ont fait ! Contre Lyon, c’était impressionnant. Je ne les avais jamais vues comme ça de l’année. »

Pourtant contre Angers et Nice, elles avaient été absentes...

« Contre Angers, on perd Bintou (Dieme-Marizy) juste avant et on prend d’entrée un tir à 3 points. Je pense, qu’avec l’équipe au complet, on aurait gagné. Sylvie (Gruszczynski) était en grosse difficultés pour mener le jeu et Matic était complètement à côté. On perd de trois points, un match qu’on aurait pu gagner. Il nous manque deux ou trois paniers. Contre Nice, c’est le non match ! Ces deux défaites nous mettent au pied du mur. J’ai la pression, parce que les joueuses sensées nous rejoindre la saison prochaine me disent qu’elles ne peuvent pas attendre une semaine de plus. C’est une pression que mon Président et mes joueuses ne connaissent pas. Je l’ai gardée pour moi. J’ai cette pression supplémentaire contre Lyon que je ne peux pas partager. Heureusement, ces deux défaites contre Angers et Nice, ont provoqué cette superbe réaction des joueuses. Avec le recul, c’est une équipe qui a toujours été en réaction. Elle attendait d’être mal pour réagir. Elle n’a jamais anticipé, elle n’a jamais enchaîné les victoires. »

Vous avez choisi de rester à Tarbes alors qu’au jeu des chaises musicales, Bourges, Basket-Landes et Montpellier cherchaient un entraîneur...

« Là où on a été très, très, loin, c’est avec Montpellier. Le projet était intéressant avec une équipe qui joue pour le titre. C’est une équipe qui a des moyens, qui joue l’Euroligue et c’est vrai que c’est intéressant sportivement et financièrement. En plus, c’est au bord de la mer. Il y avait beaucoup d’arguments positifs que j’ai écouté attentivement. Mais je crois, qu’à aucun moment, je n’ai eu envie de partir. J’ai 57 ans à la fin de l’année, j’ai beaucoup bourlingué et j’ai envie de me poser. Je suis bien ici. Ma femme et mes enfants sont nés ici. Et puis, j’ai un challenge intéressant ici avec la reconstruction d’un club. Il y a deux ans en arrière, le club a failli mourir. Les gens ne s’en rendent pas compte. Il a été sauvé de justesse et les dirigeants m’ont associé au projet. A la Fédération, ils nous ont dit qu’on ne remonterait jamais ! On a réussi un vrai challenge et quand on réussit ce genre d’aventure humaine, faite de rencontres, on a envie d’aller au bout. On a un projet à 3 ans, pour le TGB, dans lequel je suis intégré et pour moi, c’est plus excitant que d’aller coacher une équipe européenne, de gagner des titres et un peu plus d’argent. Pour moi, c’est mieux de travailler avec des gens, qu’on est content de voir tous les matins, dans une structure qui évolue. Il ne faut pas croire que tous les gros clubs sont mieux structurés que le TGB. Quelques fois, on peut être surpris et je suis très content d’avoir choisi de rester. »

 

Avant de prendre une année sabbatique, vous aviez refusé d’entraîner Lyon. Vous connaissez Tony Parker, avez-vous été de nouveau contacté ? Que pensez-vous de ce projet ?

« Je l’ai croisé à l’INSEP, mais je ne le connais pas bien. C’est vrai, qu’après Perpignan, j’ai eu l’opportunité d’entraîner Lyon. Je m’étais plutôt bien entendu avec le Président Forel, qui vient de passer la main à Parker, et j’ai été à deux doigts de signer. Mais cette année, je n’ai pas du tout été approché... C’est un bon projet pour le basket français mais c’est un peu moins bien pour des clubs comme Tarbes. On va avoir une grosse écurie de plus. Ils récupèrent des joueuses qu’on ne peut pas s’offrir et ils ont le meilleur coach français avec Valéry Demory. Ils ont mis des moyens, dès cette année, et on sent que ça va aller en grandissant. »

Le fait d’entrainer la Suède, ça permet aussi de mettre du beurre dans les épinards, tout en restant à Tarbes ?

« Pas seulement... Ma femme me poussait à aller à Montpellier pour retrouver des titres et le basket de haut niveau. La Suède va me donner ça. Je vais retrouver la compétition de haut niveau et j’espère gagner des choses. Avec Tarbes aussi, on va tout faire pour jouer, à terme, le haut de tableau à l’exemple de Charleville-Mézières cette année. »

Les équipes qui ont réussi cette saison, sont celles qui ont conservé la majorité de leur effectif. Est-ce un choix que vous partagez ?

« Tout à fait. L’an passé, on n’a signé les joueuses que pour un an, parce qu’on était sous surveillance et qu’on ne pouvait pas faire de longs contrats. Cette saison, on va pouvoir faire des contrats de deux ans avec une clause suspensive d’un an pour les joueuses.... »

Pour le club aussi...

« ...Non, je me suis engagé à garder les joueuses sur un projet de deux ans. Notre ambition est de sortir dans les huit et d’aller chercher une coupe d’Europe pour la saison d’après. Le club a les reins plus solides, il va de mieux en mieux financièrement et on peut envisager jouer une Coupe d’Europe dans deux ans. On recrute des gens pour gagner l’an prochain, mais aussi pour être compétitif l’année d’après. On axé notre recrutement sur de jeunes joueuses au fort potentiel mais aussi sur des joueuses d’expérience, voire en période de reconversion comme Elodie (Bertal-Christmann). On est bien financièrement, mais on ne peut pas rivaliser avec les gros cadors. On propose aux plus jeunes de venir faire du développement. On s’est engagé à entraîner individuellement les jeunes pour les aider à progresser, pas seulement pour les intégrer à l’effectif. Le TGB pourrait devenir un club tremplin pour les jeunes joueuses qui viendraient, comme on l’a fait à Perpignan avec Tchatchouang et Ciak qui, aujourd’hui, sont en équipe de France et dans les plus grands clubs français et étrangers. »

Vous partez sur un effectif de sept, huit joueuses ?

« On part avec neuf joueuses sachant qu’on va intégrer, les deux joueuse du Centre Fédéral qui vont avoir un contrat professionnel. On est parti sur l’idée d’avoir un effectif un peu plus étoffé et de remettre à l’ordre du jour la formation des jeunes joueuses. »

Avec le recul comment jugez-vous cette nouvelle formule qui n’a pas changée grand chose puisque Villeneuve aurait disputé les demi-finales et pu devenir champion de France et qu’Angers, le dernier de la poule a été finalement relégué ?

 

« C’est vrai, c’est la réflexion que je me faisais... Mais ces Play-Down sont très stressants à vivre même si l’ordre est resté le même. Les deux dernières journées n’ont servi à rien pour Nice et pour nous. Comment motiver des gens contre Angers qui joue sa survie ou à Nice, où on s’est fait un petit match entre copains. On n’a même pas pu s’entraîner avec trois matchs en six jours. Le dernier match entre Lyon et Angers a compté mais quand on voit que tout se joue dans les dix dernières secondes sur une faute énorme d’arbitrage, c’est dur de jouer toute sa saison comme ça ! »

Comment jugez-vous le prochain championnat ?

L’an prochain le championnat va être hyper dense. Du fait qu’il n’y ait plus que douze équipes, les meilleures joueuses sont concentrées. Il n’y a plus qu’une descente, mais c’est la course à l’armement pour éviter la Ligue 2, car on n’est plus du tout certain de pouvoir remonter. C’est très compliqué, on l’a vu avec Arras, Calais ou Toulouse. Ce championnat va être hyper dense, avec une demi-douzaine de locomotives, dont Lyon, mais en même temps, les équipes qui sont en dessous sont constituées de bonnes joueuses qui, sur un malentendu d’un soir, peuvent accrocher un gros morceau. On va partir sur un championnat très, très, intéressant, même si c’est dommage qu’il n’y ait que douze équipes au lieu de quatorze comme en Espagne.

Propos recueillis par Jean-Jacques Lasserre