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Jean-Claude Carrière au Mai du Livre à Tarbes : « la force de résistance des peuples est beaucoup plus forte que n’importe quel pouvoir »

samedi 6 mai 2017 par Rédaction

Invité d’honneur de la 39ème édition du « Mai du Livre », organisé par la Ligue de l’Enseignement des Hautes-Pyrénées, l’écrivain Jean-Claude Carrière a présenté une conférence samedi 6 mai 2017 au Haras de Tarbes, devant plus de 200 personnes. Il nous a accordé cette interview avant de reprendre l’avion.

Vous définiriez-vous comme un conteur, un écrivain, un réalisateur ou un scénariste ?

Réalisateur, non. Ecrivain, oui, mais utilisant toutes les formes d’expression possibles aujourd’hui, que ce soit le livre, le cinéma ou le théâtre.

En quoi le conte vous semble-t-il un moyen de transmettre une histoire au plus grand nombre de personnes ?

Je ne suis pas spécialement un conteur, même si j’utilise les techniques comme la télévision ou le cinéma pour raconter. J’aime bien, en effet, une histoire qui aille au-delà de ce qu’elle raconte. Une histoire qui soulève des échos à droite, à gauche, pas forcément les mêmes chez tout le monde. C’est ce que j’ai toujours beaucoup aimé. Voilà pourquoi j’ai rédigé deux livres d’histoires, qui s’appellent « Le cercle des menteurs ». Ils ont été un peu l’œuvre de ma vie, le recueil des meilleures histoires entendues à travers le monde entier.

Vous avez beaucoup voyagé et rencontré des personnes de toutes cultures. Quel est le trait d’union entre ces cultures, qu’est-ce qui permet de dépasser ces différences entre les êtres humains ?

Cela ne peut être que ce que l’on appelle la sympathie. C’est-à-dire, sentir, ressentir ensemble quelque chose. Pas forcément des sentiments d’amour. On peut très bien sympathiser autour d’une tristesse, d’un deuil, de quelque chose que nous avons perdu. C’est chercher, non dans le domaine intellectuel, mais dans le domaine sentimental et sensoriel, ce que nous avons en commun, ce qui réunit nos émotions plus que nos connaissances.

Nous sommes dans une période de bouleversements politiques, en France et à l’étranger. Vous avez coopéré au film « Danton » de Wajda. Qu’y avez-vous trouvé comme leçons à tirer pour les temps que nous vivons ?

A travers « Danton », à l’évidence, c’est l’illusion du pouvoir. On croit avoir le pouvoir de changer une société comme cela, en un tournemain, par quelque simple décret. Mais c’est impossible. La force de résistance des peuples est beaucoup plus forte que n’importe quel pouvoir, si tyrannique soit-il.

Vous participez au Mai du Livre, organisé par la Ligue de l’Enseignement des Hautes-Pyrénées. En quoi vous semble-t-il important de défendre le livre aujourd’hui ?

Je défends le livre, le film, le théâtre, toutes les formes d’expression culturelle. Si on nous enlève cela, on nous enlève tout. L’essentiel est de pouvoir communiquer entre nous nos sentiments, nos connaissances, nos désirs, nos frustrations quelquefois, nos tristesses aussi. Le livre, évidemment, reste aujourd’hui l’un des éléments moteurs, majeurs de cette compréhension mutuelle. Quand je lis un livre, je me sens toujours très proche de l’auteur qui l’a écrit, comme s’il était à côté de moi. J’entends sa voix !

Quels sont vos projets d’avenir ?

Un film avec Louis Garrel, et la publication d’un livre au mois de septembre, chez Odile Jacob, avec deux astrophysiciens. Il s’appellera : « du nouveau dans l’invisible ».

Propos recueillis par Jean-François Courtille

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