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Polyclinique de Tarbes : les contacts reprennent entre la direction et les grévistes via un cabinet privé

vendredi 9 décembre 2016 par Rédaction

Une timide éclaircie a surgi jeudi, après un mois de grève à la Polyclinique de l’Ormeau-Pyrénées : Médipôle Partenaires a mandaté un cabinet privé, Alexio, pour prendre contact avec les grévistes. Mais la condition avancée par la direction pour reprendre les négociations a été refusée par les salariés en grève : écarter les représentants interprofessionnels CGT de la délégation, à l’exception de Christophe Couderc, responsable régional Santé Action sociale du syndicat. Les grévistes préparent activement leur soirée loto de vendredi à Séméac. Ils attendent aussi samedi midi la venue du secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, avant celle du docteur Patrick Pelloux dimanche midi.

« La direction de la Polyclinique de l’Ormeau souhaite poursuivre la négociation avec les salariés de la clinique et leurs représentants », affirme jeudi 8 décembre 2016 un communiqué de presse envoyé par Maylis Pedot, la directrice opérationnelle de l’établissement. Une proposition qui rejoint le souhait formulé depuis vendredi dernier par les grévistes et la CGT, seul syndicat présent dans l’entreprise. Mais le retour à la table des négociations n’est pas encore acquis. « La proposition faite ce matin par la direction de poursuivre les négociations avec une délégation des salariés de la Polyclinique, assistée du coordinateur CGT Santé Action sociale, a été rejetée », affirme le texte du communiqué. « Cyril Dufourcq, directeur de la Polyclinique, a entendu les revendications et le malaise exprimé par les salariés et leurs représentants. Il souhaite proposer des avancées, tant en matière salariale qu’en matière de conditions de travail. Ce jour, la direction regrette ce blocage dommageable pour l’entreprise, ses salariés, et les patients dont elle a la charge. Elle appelle au dialogue et reste toujours disponible pour poursuivre rapidement des échanges constructifs, avec les salariés de la Polyclinique ».

Du côté des salariés en grève, l’analyse des raisons du « blocage » est différente. « Médipôle Partenaires a mandaté un cabinet privé, Alexio - dont le PDG est un ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy, Raymond Soubie - pour nous contacter. Alexio nous a présenté les conditions émises par la direction pour reprendre les négociations : limiter la délégation des salariés et de la CGT aux seuls personnels soignants. Cela reviendrait à écarter de cette délégation tous les représentants de l’interprofessionnel de la CGT, à part Christophe Couderc, responsable régional du syndicat pour la Santé et l’Action sociale, qui est lui-même soignant. En assemblée générale, les salariés en grève ont refusé cette condition, car ils ne demandent pas de leur côté à contrôler la composition de la délégation constituée par la direction. Nous voulons reprendre les négociations avec la même délégation qu’auparavant ».

Les divergences d’analyse distinguent aussi les médecins, qui ont signé une déclaration publique mardi, et les personnels soignants de leurs services. Ainsi, les médecins ont affirmé dans leur communiqué : « Nous avons vu entre autres des patients mis en difficulté pour rejoindre leur unité de chimiothérapie ». Ce jeudi après-midi, Isabelle, infirmière au service de la chimiothérapie ambulatoire, a tenu à témoigner au nom de ses collègues non-grévistes. « Nous n’avons pas rejoint le mouvement de grève, car nous ne serions pas remplacées, les réquisitions ne pouvant pas s’exercer dans notre service dont l’activité n’est pas considérée comme « vitale » pour les patients. Mais nous soutenons les grévistes à notre manière. D’abord, en pratiquant la grève administrative : nous refusons de toucher aux ordinateurs. Ensuite, en confectionnant des gâteaux pour nos collègues grévistes. Les patients nous remercient d’avoir effectué ce choix, mais ils comprennent tout à fait la motivation des personnels en grève ». Isabelle tient aussi à souligner que, « contrairement à ce que les médecins ont affirmé dans leur communiqué, les patients sont tous pris en charge dans le service de chimiothérapie ambulatoire, et correctement accompagnés ».

 

Dans la cafétéria de la clinique de l’Ormeau-Centre, ce jeudi après-midi, comme d’habitude, plusieurs personnes sont venues soutenir les salariés en grève. « Je viens les voir tous les jours pour prendre de leurs nouvelles », confie Daniel, cheminot retraité. « Je suis un citoyen. Et je m’intéresse aussi à l’évolution du secteur de la santé. Si cela doit devenir une activité commerciale, cela va poser problème à beaucoup de gens. La santé est l’un des fondements de la société humaine ». Charlotte, infirmière, tient à apporter son appui à ses anciennes collègues. « J’ai travaillé à la Polyclinique pendant 18 mois, en contrat à durée déterminée. On m’a envoyé un mail au terme de ce contrat pour m’annoncer qu’on n’avait plus besoin de mes services. Je trouve normal de soutenir ce mouvement de grève ». Le personnel a reçu ce jeudi soir un message de soutien des responsables de l’Action Catholique Ouvrière des Hautes-Pyrénées (voir notre article à ce sujet par ailleurs). Avant la venue du docteur Patrick Pelloux, dimanche midi, une autre célébrité du mouvement social est attendue par les salariés en grève, samedi en fin de matinée : le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez.

 

Dans un coin de la cafétéria, plusieurs grévistes échangent leurs impressions, au terme de ce mois de conflit social. Anita, aide-soignante, exprime son « ras-le-bol. La direction ne nous écoute pas. Nous vivons une grande fatigue physique et morale. Mais je pense qu’au point où nous en sommes rendus, il ne faut rien lâcher ! ». « Nous avons été les premières, dans mon service à être touchées par les réorganisations horaires », confie Nadine, Agent de Service Hospitalier. « Nous n’avons pas envie de travailler pour des gens comme cela, qui nous laissent mariner, sans réponses. Ils espèrent sans doute que nous cédions, à cause de nos petits salaires. Tout s’est détérioré quand le groupe Médipôle a racheté la Polyclinique. La seule chose qui les intéresse, c’est le fric. Nous avions une bonne ambiance dans nos services. Ils ont mis un coup de pied dans la ruche. A présent, les abeilles sont à l’extérieur et ont sorti leurs dards ! ». Sylvie aide-soignante, avoue qu’elle a « envie de faire monter la pression sur cette direction. Ce qui nous fait tenir pendant ce long conflit : le groupe, la ferveur, les collègues ». Fatima, infirmière, ajoute : « nous sommes maltraitées. Mais nous n’avons pas envie, à notre tour, de maltraiter nos patients, souvent des personnes âgées, faute du temps nécessaire pour assurer des soins de qualité ». Morgane, aide-soignante, souligne que « le fait d’être toujours aussi nombreuses à participer au mouvement de grève nous motive. Et nous allons voir régulièrement les collègues non-grévistes dans les services. Il y’a autant de manières de voir les choses que de personnes rencontrées ». Et Nathalie, une autre aide-soignante, conclut ainsi l’échange : « nous attendons que la direction se préoccupe enfin de nous ».

 

Sur l’un des murs de la cafétéria, plusieurs messages de solidarité, venant de toute la région Occitanie, sont affichés. L’un d’entre eux est libellé ainsi : « je vous envoie un petit chèque pour vous soutenir dans cette lutte, qui, j’espère, finira bientôt. Elle ne peut être que victorieuse, car vous toutes et tous, vous méritez de gagner. Votre lutte est belle parce qu’elle est juste et pleine de dignité. Les syndicats de la santé et de l’action sociale du Gers vous embrassent toutes et tous. Hasta la victoria siempre ! »

 

Jean-François Courtille