Site d’informations en ligne, sur Tarbes et le Grand Tarbes

  Informations Lourdes et Grand Tarbes  Informations Lourdes et Pays de Lourdes  Informations Bagnères de Bigorre  Informations Argelès-Gazost Vallées des Gaves  Informations Pays de Lannemezan  Information Pays du Val Adour  Informations Hautes-Pyrénées     
         

Polyclinique : les grévistes se préparent à une occupation de longue durée à l’Ormeau-Centre, la direction dénonce « une situation intolérable »

lundi 5 décembre 2016 par Rédaction

Les salariés de la Polyclinique de Tarbes ont vécu ce lundi 5 décembre 2016 leur premier jour d’occupation du site de l’Ormeau-Centre. Ils se préparent à une action de longue durée, alors qu’ils ont voté la grève pour la quatrième semaine consécutive. La direction de la Polyclinique, dénonce « une situation intolérable » et affirme refuser de « négocier sous la contrainte ». Une rencontre a eu lieu cet après-midi entre une délégation de salariés et la directrice opérationnelle de l’établissement.

Sandra, infirmière, a passé la nuit dans la clinique de l’Ormeau-Centre à Tarbes, avec une quarantaine de ses collègues venues occuper les lieux dimanche soir. Elle affiche un sourire résolu ce lundi midi du 5 décembre 2016. « Nous avons bien dormi, sans stress. La lumière de la cafétéria nous gênait un peu, nous avons demandé au vigile de l’éteindre. Ce matin, nous sommes reparties chez nous pour prendre une douche. D’autres collègues ont pris le relais ». Quand les premiers salariés sont arrivés sur le site, ils ont vu le mur barrant l’accès au bureau du Programme des Médicalisations des Surveillances Informatisées. « La plupart d’entre eux ont souri et nous ont encouragé à poursuivre notre action », confie Sandra. « Par contre, beaucoup de médecins sont passés sans daigner nous lancer un regard. L’un d’entre eux nous a reproché de nuire à l’image de l’établissement. Un autre nous a pris en photo, en disant, pour plaisanter, qu’il allait envoyer le cliché à Marisol Touraine ». Bénédicte, une autre infirmière, a une pensée pour les patients de la clinique. « Cela nous fait beaucoup de peine que des personnes doivent reporter leur opération. Je déplore que nous soyons obligées d’en arriver là. Mais quel autre choix avons-nous ? ». En assemblée générale, les salariées votent la reconduite de la grève, pour la quatrième semaine consécutive. Elles n’ont aucune nouvelle de la direction du groupe Médipôle Partenaires, même si une rumeur évoque le passage du DRH Jean-René Legendre sur le site de l’avenue des Pyrénées. Aucun signe non plus du côté de Cyrille Dufourcq, le directeur de la Polyclinique. Alors, elles prévoient d’aller rencontrer le Grand Tarbes jeudi et le Conseil départemental vendredi, pour solliciter leur appui, sous forme d’une motion de soutien et d’une aide financière.

Dans l’après-midi de lundi, une délégation de salariés, accompagnée par la CGT, se rend à la clinique de l’avenue des Pyrénées, pour y rencontrer Madame Pedot, la directrice opérationnelle de la Polyclinique. « Nous avons évoqué avec elle les points de négociation qui continuent à poser problème, sur les conditions de travail et sur les salaires », raconte Sylvie une aide-soignante qui a participé à la rencontre. « Les salariés se sont exprimés très librement à propos de leur déception concernant la suspension des négociations et l’absence de prise en compte de leurs demandes. Madame Pedot a précisé qu’elle ferait part de notre rencontre à Monsieur Dufourcq ».

La direction de la Polyclinique, jointe par téléphone lundi soir, dénonce de son côté « une situation intolérable, en raison du blocage des accès », et elle assure que « la négociation ne peut pas se faire sous la contrainte ». Elle évoque les 71 patients actuellement hospitalisés à l’Ormeau-Centre et les 30 personnes en service ambulatoire. « Ils ont besoin d’un climat apaisé pendant leur présence à la clinique, c’est difficile en ce moment ». La direction n’a prévu aucun rendez-vous dans l’immédiat, ni avec les salariés en grève, ni avec la préfecture ou l’Agence Régionale de Santé. Le blocage de la négociation n’entame pas la résolution des grévistes, qui préparent une soirée de loto vendredi 9 décembre à 20h30 à la salle Léo Lagrange de Séméac. Ils ont reçu ces derniers jours l’appui de plusieurs élus, ainsi que celui des Verts et du PCF. « Les militantes et militants du PCF de la section Lannemezan, Nestes et Barousse apportent leur soutien indéfectible à ces femmes et ces hommes de courage : leur combat est aussi le nôtre », déclare ainsi Jean-Claude de Vita. « Les salarié(e)s de la clinique se battent pour la dignité de toutes et de tous », écrit de son côté Cécile Bourdeu d’Aguerre, secrétaire des Verts dans les Hautes-Pyrénées.

Fatima, infirmière, confie qu’elle n’a pas acheté de sapin de Noël cette année, car « nous serons peut-être encore là dans trois semaines, si la négociation n’a pas avancé ». Elle revient sur l’un des points de désaccord profond avec la direction de la Polyclinique : le regroupement de trois services. « La seule chose qui intéresse nos dirigeants, dans ce projet, est de pouvoir économiser deux équivalents temps plein. Mais nous avons un besoin vital de continuer à travailler avec nos équipes actuelles. Les collègues qui rentrent chez elles ne parlent jamais avec leurs conjoints de ce qu’elles vivent à la clinique, car la maladie et la mort font peur à tout le monde. Ce qui nous permet de supporter le stress et d’auto-réguler notre psyché collective, c’est justement de pouvoir parler avec nos collègues de travail ». Et Fatima donne un exemple révélateur : « quand je dois renouveler un pansement à un patient qui souffre beaucoup, le fait de pouvoir venir le voir avec une autre collègue permet de le distraire et de l’aider à mieux vivre ce moment difficile. Une aide-soignante avec laquelle je travaille régulièrement va savoir anticiper ce genre de situation. Et une ASH va jouer aussi le rôle de confidente qui va aider le patient à prendre du recul. Ceux de nos dirigeants qui ont travaillé comme soignants devraient se souvenir de ces évidences. Seul, le travail en équipe, avec des personnes solidaires, permet d’assurer du mieux possible les soins et l’accompagnement humain des patients ».

Jean-François Courtille