Poule d’accession fédérale : une septième journée pour décanter

La sixième journée a permis, à la fois de clarifier et de compliquer la situation dans cette poule d’accession où sont rassemblés tous les candidats à la montée. Clarifier, parce que Nevers, les plus gros moyens, Aix, Tarbes, les deux relégués, Bourg-en-Bresse, Massy et Auch, les anciens pensionnaires de Pro D2, faisaient et font toujours partie des prétendants sérieux à la montée après six journées. Compliquer, parce que Limoges et Chambéry se sont invités à la fête en s’imposant à l’extérieur et après six journées, ils sont neuf à postuler pour cinq places, même si Aubenas a grillé un joker. Romans est décroché et Saint-Nazaire vient de déposer le bilan. Cette septième journée devrait permettre de décanter un peu plus la situation avec le choc Massy-Aix et Chambéry-Tarbes, où les deux ex-pensionnaires de Pro D2 vont jouer leur crédit. Les autres affiches Bourg-en-Bresse-Romans, Nevers-Aubenas vont permettre aux mieux classés de creuser l’écart. Auch gagne par forfait contre Saint-Nazaire et marque 5 points terrain.

Chambéry-Tarbes, dimanche à 15 h

Un match capital pour les deux équipes

La qualification passe pour les deux équipes par une victoire. Si les Tarbais, qui ont connu un trou d’air de trois journées, veulent remonter, ils doivent impérativement gagner à Chambéry. Les Savoyards, Champions de France en titre de Fédérale 1, invaincus à domicile et vainqueurs à Romans, conserveraient des espoirs de qualification en cas de victoire. Une défaite seraient néfaste pour les deux équipes qui verraient leurs espoirs de qualification s’éloigner.

Les Tarbais en appel

Après la victoire contre Massy, les Tarbais sont en appel à Chambéry pour confirmer leur renouveau. Les Tarbais ont redoré leur blason en dominant Massy qui venait pour faire un coup et qui est reparti sans bonus défensif. Une victoire qui a fait un bien fou à un groupe qui vivait mal ses trois défaites consécutives et qui se retrouvait injustement, à ses yeux, sous le feu de la critique. Injustement, car pour eux, les deux défaites, dans les arrêts de jeu sur pénalité, à Limoges et contre Nevers, ne reflétaient en rien une infériorité quelconque et aurait pu ou dû être deux victoires. Celle d’Auch, par contre a fait très mal et a obligé les joueurs à se dire les quatre vérités. Rassurés sur leur état de forme, validé par des tests physiques, les Tarbais ont cherché les causes de leurs échecs dans leur comportement en seconde période. Il semble qu’ils aient trouvé en partie la réponse en dominant une équipe de Massy, solide en défense et très joueuse, comme Auch. Les résultats ont prouvé la valeur de leurs trois vainqueurs. Limoges a sèchement battu Bourg-en-Bresse 22-11 et s’est imposé à Aubenas 20-22. Nevers a battu Aix 23-17 (qui a décroché le bonus défensif en supériorité numérique dans les arrêts de jeu) et Auch a fait tremblé Aix (24-22)... De quoi conforter les Tarbais sur leurs possibilités, pour peu que leur travail de sape débouche sur des essais ou des pénalités réussies. Car c’est en partie de là que viennent leurs difficultés contre Auch où ils ont manqué de réalisme au contraire des Gersois qui ont marqué sur chaque occasion. De plus ils ont encaissé 13 points sur le carton de Tuilagi. Contre Massy aussi les intentions tarbaises n’ont pas été récompensées avec des occasions d’essais et de pénalités manquées mais la défense est restée hermétique contrairement aux derniers matchs.

Chambéry ambitieux

Auréolé d’un titre de Champion de France de Fédérale 1 contre Valence d’Agen, après avoir éliminé Rodez en demi, Rouen (le vainqueur de Bagnères au tour précédent) en quart et Bobigny en 8ème, Chambéry est devenu ambitieux. Un titre senior doublé d’ un titre Juniors Bélascain et d’une Labellisation du Centre d’Entraînement, le conforte dans son ambition. Michel Ringeval a réussi à faire l’amalgame entre les Champions de France 2016 et des recrues de qualité venues du Top 14 comme Ahotaeiloa (UBB), Matadigo (LOU), de l’Hémisphère Sud, comme Grant et Morgan (Nouvelle-Zélande), Puliuvea (Australie), de Pro D2, comme Adriaanse (Aurillac) et Mangione (Montauban), dont c’est le retour au club. Après six journées, mais avec un match en moins, le SOC occupe la neuvième place avec 10 points (2 victoires, 1 nul, 2 défaites, 0 point bonus). Un classement peu flatteur et trompeur, car en plus d’un match de moins, les Savoyards se sont déplacés trois fois ! Ils ont perdu de peu à Nevers (19-10), très lourdement à Massy (34-7) et viennent de gagner à Romans (16-20). A domicile, ils ont battu Auch (19-12) et fait match nul 23-23 avec Bourg-en-Bresse. Hormis la déroute à Massy, où Chambéry avait gardé au chaud quelques uns de ses titulaires, les Savoyards font un parcours respectable et seront un adversaire redoutable comme le reconnaît Marc Dantin (AUDIO 1556). Chambéry, un peu comme Tarbes, c’est un gros pack et un bon buteur avec le Sud-Africain Grant qui a réussi 11 pénalités, 2 drops et 3 transformations. Jusqu’ici l’attaque savoyarde n’a pas été flamboyante avec 5 essais marqués et sa défense n’est pas hermétique avec 9 essais encaissés, dont 4 contre Massy. Lors du match nul contre Bourg-en-Bresse et de la victoire à Romans, Chambéry a inscrit 1 essai mais en a pris 2. C’est son buteur, qui a fait la différence. Jusqu’ici Chambéry n’a jamais inscrit plus d’un essai mais a marqué à chaque match !

Un entraîneur légendaire

Michel Ringeval, un pur Lourdais* entraine le SOC depuis 2008, après être passé par Rome, Grenoble, Bourg-en-Bresse, Vichy et Montferrand, dont il a pris l’entrainement après y avoir été capitaine. Il est devenu un entraineur légendaire à Grenoble, sous l’ère de Fouroux et des fameux Mammouths, avec trois demi-finales et une finale perdue sur une erreur d’arbitrage reconnue. Sous sa conduite, Chambéry a gagné deux titres avec celui de Fédérale 2 en 2013. Devenu entraîneur à 28 ans, il entame sa 55ème saison sur le banc mais il est toujours aussi passionné. Il considère le rugby comme un jeu d’échec où la stratégie est primordiale. Depuis toujours, il réfléchit sans cesse au jeu et à son évolution, d’où son surnom ’’Migraine’’. C’est un adepte des ’’gros gabarits’’ depuis Monferrand, avec son pack surnommé ’’le monstre à seize pattes’’, derrière lequel il a mis en place les ’’temps de jeu’’ puis Grenoble et les ’’Mammouth’’. A Chambéry aussi il s’appuie sur un gros pack et des joueurs puissants.

*Natif de Lourdes, il débute à 17 ans au FCL, au côté de d’icônes comme Crauste et Gachassin. Il rejoint Monferrand à 23 ans où une grave blessure stoppe sa carrière cinq ans plus tard.

Un effectif conservé et renforcé

Des recrues de poids

Chambéry a conservé en grande majorité son effectif de l’an passé avec douze départs, dont deux à Bourgoin et un à Brive. Des départs compensés par les arrivées du demi-de-mêlée sud-africain d’Aurillac Adrianssen (28 ans, 1,67 m, 79 kg), du centre international tongien de l’UBB Ahotaeiloa (30 ans, 1,87 m, 108 kg), du N° 8 fidjien du LOU Matadigo (34 ans, 1,88 m, 109 kg), des troisième ligne Espoir de La Rochelle Meron (22 ans, 1,90 m, 104 kg) et de Suresnes Dumoulin (25 ans, 1,95 m, 115 kg), de l’ouvreur Espoir Villanove (Béziers), des piliers Espoir de Grenoble Azar (22 ans, 1,88 m, 119 kg) et du Racing Barbé (23 ans, 1,90 m, 120 kg) et du Camerounais de Tulle Tchapnga (29 ans, 1,84 m, 123 kg), des seconde ligne néo-zélandais Morgan (24 ans, 1,98 m, 113 kg) et australien Puliuvea (26 ans, 1,98 m, 133 kg), du centre argentin Mangione (28 ans, 1,75 m, 88 kg) et du Sud-Africain Fisher (25 ans, 1,83, 95 kg), de l’arrière fidjien de Lons Neiceru (25 ans, 1,75 m, 98 kg) et de l’ouvreur Sud-Africain Grant (27 ans, 1,82 m, 88 kg).

Des anciens de qualité

Le staff chambérien a conservé ses Champions de France avec les piliers Caldoni (26 ans, 1,83 m, 109 kg), Lafuye (25 ans, 1,82 m, 110 kg), Nostadt (23 ans, 1,85 m, 118 kg), Marcotte (25 ans, 1,73 m, 118 kg), l’international géorgien Gigashvili (26 ans, 1,79 m, 115 kg), les talonneurs Garcia (25 ans, 1,78 m, 98 kg), Kutil (29 ans, 1,75 m, 100 kg), les deuxième ligne Portzert (33 ans, 1,94 m, 112 kg), et Souvent (26 ans, 1,95 m, 114 kg), les troisième ligne Blanc-Mappaz (26 ans, 1,90 m, 98 kg), Vicente (31 ans, 1,85 m, 105 kg), l’international géorgien Bitsadze (25 ans, 1,93 m, 105 kg), le demi-de-mêlée Colliat (31 ans, 1,73 m, 84 kg), le centre Brethous (25 ans, 1,75 m, 88 kg), les ailiers Gauci (28 ans, 1,83 m,96 kg), Klouchi (27 ans, 1,83 m, 88 kg), Lohore (27 ans, 1,81 m, 100 kg) et l’arrière Carouillat (26 ans, 1,87 m, 92 kg) et intégré quelques uns de ses Champions de France Bélascain, comme le talonneur Palmieri (20 ans, 2,81 m, 98 kg) et l’ailier Gentil-Perret (20 ans, 1,81 m, 98 kg).

Un groupe de 24 joueurs bien rodés

Michel Ringeval s’appuie sur les ’’anciens’’, Klouchi, Blanc-Mappaz (5 titularisations), Carquillat, Bistadze, Gigasvhili (4 titularisations), Kutil, Lafuye, Vicente (3 titularisations), Colliat, Garcia, Nostadt (2 titularisations) et les ’’nouveaux’’ Ahotaeiloa, Grant (5 titularisations), Mangione, Lahore, Morgan (4 titularisations), Adriaanse, Matatigo, Puliuva (3 titularisations), Dumoulin (2 titularisations). Brethous, Souvent, Azar et Villanove, ont débuté une fois dans le quinze de départ. Soit un groupe de 24 joueurs, (dont plus de la moitié sont Champions de France), qui ont fait toutes les feuilles de matchs comme titulaires ou remplaçants. Donc un groupe bien rodé et bien soudé qui a l’habitude d’évoluer et de vivre ensemble.

Rémy Chartrusses (Côte d’Argent), 27 ans, dirigera la rencontre. Un arbitre qui a déjà porté bonheur à Jean-Baptiste Claverie qui l’a emporté 7-15 à Bergerac et à Marc Dantin qui s’est imposé, avec Bagnères, 10-13 à Valence d’Agen, sur un essai de pénalité (85ème). Il fait partie des « Arbitres Espoirs Nationaux » qui officient comme 4ème ou 5ème arbitre en Top 14 et comme arbitre de touche en Pro D2. Ce sera son quatrième match en Poule d’Accession après Nevers-Aix (5ème journée), Saint-Nazaire-Aubenas (4ème journée) et Auch-Bourg-en-Bresse (3ème journée)

Jean-Jacques Lasserre