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Un rassemblement à Tarbes pour protester contre les actions judiciaires visant les militants syndicaux

mercredi 19 octobre 2016 par Rédaction

Près d’une centaine de personnes se sont réunies mercredi midi à l’appel de la CGT devant le Tribunal de Grande Instance de Tarbes, pour protester contre les poursuites judiciaires à l’encontre des militants syndicaux, comme ceux de l’usine Goodyear à Amiens. Les manifestants ont « libéré symboliquement » les syndicalistes concernés, en remplaçant leurs photos par celles de personnalités politiques mises en examen dans des affaires publiques.

Un rassemblement placé sous le signe de l’humour, pour dénoncer une situation perçue comme contraire à la justice républicaine. Près d’une centaine de personnes ont répondu mercredi midi à l’appel de la CGT, et se sont retrouvées devant le Tribunal de Grande Instance de Tarbes. Objectif : soutenir les militants syndicaux comme ceux de l’usine Goodyear, à Amiens, traduits en justice à la suite d’actions collectives de protestation contre des plans sociaux ou des fermetures d’usines. Une grande banderole est déployée par plusieurs manifestants sur le parvis du Tribunal. Elle présente les visages de plusieurs des militants syndicaux concernés par ces actions en justice. François Dousseau, secrétaire départemental de l’UD CGT des Hautes-Pyrénées, empoigne alors le micro et précise l’enjeu de cette manifestation. « Dans quel type de démocratie sommes-nous lorsque la liberté d’expression est réprimée, lorsque des syndicalistes sont jetés en prison ? », clame le leader syndical. « Mécontent de trouver face à lui une opposition constructive à sa politique catastrophique, ce gouvernement, main dans la main avec le Medef, ne trouve d’autre réponse que de se livrer à une vague de répression à l’encontre du mouvement syndical », poursuit le secrétaire de la CGT. « Ainsi dès aujourd’hui, huit salariés de Goodyear sont convoqués devant la Cour d’Appel d’Amiens. Ils ont été condamnés en première instance à 24 mois de prison, dont 9 mois fermes, assortis d’une mise à l’épreuve de 5 ans, pour avoir défendu leurs emplois et ceux de leurs collègues. Cette procédure judiciaire a été enclenchée par le Procureur de la République d’Amiens, alors même que la direction de Goodyear avait retiré sa plainte », s’indigne François Dousseau.

 

Il cite encore le cas de Pierre Coquan, dans le Rhône, poursuivi pour une distribution de tracts sur un péage d’autoroute. Ou encore celui des 16 syndicalistes d’Air France, dans l’affaire de la « chemise déchirée » lors d’une manifestation consécutive à l’annonce d’un plan massif de suppressions d’emplois. Le leader de la CGT évoque aussi les mots utilisés par le Premier Ministre ou par le Président du MEDEF. « Ainsi, c’est monsieur Valls qui traite de voyou les salariés qui défendent l’emploi. Et monsieur Gattaz, qui nous qualifie de terroristes et nous assimile à Daech. Cet énergumène mesure-t-il réellement ce qu’est le terrorisme ? A-t-on le droit de banaliser à ce point les horreurs du terrorisme ? ». François Dousseau détaille aussi la situation dans les Hautes-Pyrénées, citant deux exemples de militants syndicaux dans la fonction publique, en difficulté avec leurs hiérarchies. « Mylène Palisse travaille au Service d’Insertion et de Probation de l’administration pénitentiaire de Tarbes. Cette camarade, dans le cadre de son mandat syndical, s’est exprimée dans la presse, pour dénoncer ce que la CGT considère être des dérives inquiétantes sur les missions de ce service public. Mylène est, à ce jour, menacée de sanction, puisqu’une procédure disciplinaire a été officiellement lancée à son encontre. Ludovic Arberet, membre du bureau de notre Union Départementale, membre CGT du Conseil Economique Social et Environnemental Régional, est victime d’entraves régulières à l’exercice de ses mandats ». Enfin, le leader de la CGT pointe aussi les difficultés rencontrées, selon lui, par un nombre croissant de militants syndicaux dans les établissements hospitaliers et de santé des Hautes-Pyrénées.

 

François Dousseau achève son discours par un appel à « l’arrêt des poursuites et la relaxe de tous les militants syndicaux harcelés, sanctionnés ou condamnés ». Il invite aussi les citoyens à participer à la Journée nationale d’action du 8 novembre 2016, pour « peser sur le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale 2017, et exiger une Sécurité sociale répondant réellement aux besoins des populations. » Puis, les manifestants, sous les éclats de rire, procèdent à la libération symbolique des militants syndicaux traduits en justice. Ils retournent les visages présentés sur la banderole. A leur place, apparaissent les visages de plusieurs élus de France, mis en examen pour différentes affaires en cours, mais pas encore jugés. En contemplant cette scène, le passant ne pouvait que songer à une célèbre fable de La Fontaine, conclue par ces mots : « selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir ».

Jean-François Courtille