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Première condamnation en correctionnelle pour l’ancien directeur de MG Call et IRC

mercredi 12 octobre 2016 par Rédaction

Pour abus de biens sociaux, Mohamed Gueday, ancien directeur du Centre de téléphonie MG Call et de l’organisme de formation IRC, a été condamné mardi soir à 12 mois de prison avec sursis, assorti d’une interdiction de gérer une société pendant 10 ans et d’une mise à l’épreuve de 5 ans. Il devra aussi régler une amende de 3000 euros, et verser aux sociétés IRC et MG Call les sommes respectives de 36 237 et 1500 euros. Du côté des 143 anciens salariés du Centre de téléphonie et de l’organisme de formation, licenciés à l’automne 2015, le sentiment dominant est le soulagement. Et aussi l’impatience de connaître tous les fruits de l’instruction judiciaire qui se poursuit.

« Il est enfin passé en jugement ! ». Réunis dans un café proche du tribunal de Tarbes, après l’audience en correctionnelle de Mohamed Gueday, mardi en fin après-midi, plusieurs anciens salariés de MG Call et IRC attendent patiemment l’annonce de la délibération. Plus tard dans la soirée, le jugement est enfin prononcé. Il est légèrement plus clément que les réquisitions présentées par le substitut du Procureur de la République, au cours de l’audience. Mais c’est bel et bien une condamnation pour abus de biens sociaux. Prison avec sursis, interdiction de gérer une société, lourdes sommes d’argent à verser : les arguments présentés par l’ancien directeur de MG Call-IRC n’ont pas convaincu les juges du tribunal correctionnel de Tarbes. Dès le mardi, en fin de matinée, un groupe de militants de la CGT est venu soutenir les anciens salariés du Centre de téléphonie et de l’organisme de formation. A 11h, ils voient Mohamed Gueday entrer dans le tribunal, et ils se donnent rendez-vous pour l’ouverture de l’audience à 13h30. Regroupés sur les bancs de la salle du tribunal, ces femmes et ces hommes qui avaient placé leurs espoirs dans le projet d’entreprise de Monsieur Gueday observent, furtivement, leur ancien patron converser avec son avocat. Après la présentation des affaires jugées par le tribunal en ce mardi 11 octobre 2016, ils savent que l’attente sera longue : son dossier est le sixième sur la liste.

En milieu d’après-midi, après une suspension d’audience, Mohamed Gueday, pantalon bleu et veste beige, s’avance à la barre du tribunal. Il écoute la présidente résumer les éléments de son dossier. « Si je n’aborde pas en partie les faits d’escroquerie qui vous sont reprochés, on ne peut pas comprendre l’abus de biens sociaux, seul aspect de l’affaire pour lequel notre tribunal est saisi aujourd’hui ». L’histoire du Centre d’appels MG Call et de l’organisme de formation IRC est rappelée. L’accueil bienveillant des pouvoirs publics envers un porteur de projets qui annonce plus d’une centaine de créations d’emplois avec la création d’une plateforme numérique à Tarbes. La fondation de l’IRC en vue de former les salariés du Centre, pour la plupart chômeurs de longue durée, à leur futur métier de téléconseillers. Le retard dans les travaux sur le site du Centre d’appels et la période de chômage technique. Les doutes qui commencent à agiter les salariés. La visite contrariée de l’inspection du travail. Puis, le versement des salaires en utilisant les subventions, faute de contrat avec un client. Et enfin, la cessation de paiement, la révélation publique de l’affaire, la révolte des salariés et la liquidation judiciaire des deux sociétés.

Mohamed Gueday tente lui-même de se justifier : « MG Call, ce n’était pas une coquille vide. Le bâtiment dans lequel nous nous sommes installés n’était ni connecté, ni exploitable pour mon activité. Je me suis fait avoir ! ». La présidente lui fait remarquer : « vous ne vous êtes pas gênés pour dire que vous aviez un contrat avec un client, alors que vous n’en n’aviez pas ! ». Maître Paul Chevallier, l’avocat du cabinet Legrand, chargé de la liquidation judiciaire des sociétés MG Call et IRC, souligne que « Monsieur Gueday a un pouvoir de persuasion au-dessus de la moyenne. Mais a-t-il songé à ces personnes en situation précaire, à qui il a fait espérer un vrai travail, et qui se sont retrouvées à nouveau au chômage ? ». Il réclame le versement de 36 237 euros pour la société IRC et de 1 641 428 euros pour la société MG Call, ainsi que deux amendes de 1500 euros au titre de l’article 75 du code de procédure pénale.

Le substitut du procureur déplore à son tour que le tribunal de Tarbes doive seulement juger les abus de bien sociaux reprochés à Mohamed Gueday, et pas le soupçon d’escroquerie. Il évoque aussi l’emploi d’un stagiaire rémunéré en juin 2015 par le directeur de MG Call-IRC, pour une mission de communication dont « aucun rapport écrit n’a été fourni au tribunal ». Le substitut requiert 2 ans de prison avec sursis, et une mise à l’épreuve de 18 à 24 mois, à l’encontre de Monsieur Gueday. Il demande aussi une interdiction de gérer toute société pendant une durée de 10 ans. Et enfin, il réclame, au moins pour la durée de l’instruction judiciaire, une interdiction de travailler dans un centre d’appels ou dans un centre de téléphonie. Maître Antoine Terneyre, avocat de Mohamed Gueday, plaide la bonne foi de son client, « qui ne retire aucun bénéfice et aucune satisfaction dans ce dossier ». Il rappelle qu’avec 400 euros de retraite par mois, il aura « du mal à régler les sommes qui lui sont réclamées, et qu’il lui faudra bien reprendre une activité salariée ». En fin de compte, le tribunal suit la majeure partie des réquisitions pour abus de biens sociaux, mais ne retient pas l’interdiction de travailler. Cette première condamnation en correctionnelle satisfait les anciens salariés de MG Call et IRC. « La justice a fait un pas vers nous », estime Laurent, licencié par Mohamed Gueday « uniquement parce que j’avais une relation amoureuse avec une collègue du Centre d’appels ». Le jeune homme confie avoir « galéré depuis la fermeture de l’entreprise ». Il passe le permis avec l’aide du Pôle emploi, mais se demande s’il mentionnera désormais dans son CV son expérience au sein de MG Call. « Nous sommes perçus comme des personnes vulnérables, alors que nous avons dû lutter pour simplement faire respecter nos droits ». Valérie, qui a hésité longtemps à venir assister à l’audience, raconte avoir vécu « une longue période de dépression après la fin de MG Call, le vide total ! ». Elle a remonté la pente depuis, et a entamé une formation. De son côté, Véronique est « soulagée de voir que Mohamed Gueday a enfin été condamné pour abus de biens sociaux ». Elle affirme avoir « toujours eu des doutes sur la crédibilité de son projet ». Après avoir rencontré de grosses difficultés financières pendant plusieurs mois, elle a réussi à retrouver du travail. Plusieurs anciens salariés du Centre d’appels ont recherché des informations pour contribuer à faire la lumière sur cette affaire. Ils ont relancé la justice, qui continue à mener une instruction de longue haleine sur le soupçon d’escroquerie dans l’affaire MG Call-IRC. Plusieurs dossiers ont aussi été présentés devant le tribunal des Prud’hommes de Tarbes.

Une autre personne semble avoir, elle aussi, été victime dans l’affaire Gueday : son ancienne compagne, Béatrice. Elle souhaitait venir à l’audience mardi, mais un problème de santé l’en a dissuadée. « Mohamed a affirmé devant le tribunal de Tarbes qu’il m’avait quittée en juin 2015. Mais en réalité, c’est moi qui lui ai demandé de partir, fin décembre 2015, quand j’ai découvert qu’il entretenait une liaison depuis un an avec la Directrice des Ressources Humaines de MG Call ». Un témoignage qui éclaire d’un jour nouveau la personnalité de Mohamed Gueday. Et qui sème la consternation parmi les anciens salariés du Centre d’appels. « Nous avons tout de même rencontré de belles personnes, pendant la période où nous avons travaillé chez MG Call », se souvient Valérie. « Mais Monsieur Gueday a tout gâché ! ».

Jean-François Courtille