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Une nouvelle approche théâtrale pour l’histoire de Lord et Lady Macbeth

dimanche 2 octobre 2016 par Rédaction

 « Une saison avant la tragédie de Macbeth », la nouvelle pièce de Gloria Carreno, mise en scène par Eric Durand, va être présentée dans 3 villes des Hautes-Pyrénées par la Compagnie « Equipe de Réalisation  » et la Compagnie « Mosaïque », entre le 16 octobre et le mois de janvier. Les deux artistes nous confient de quelle manière ils se sont lancés dans cette aventure ambitieuse, qui pourrait renouveler le regard du public sur la célèbre tragédie de Shakespeare.

Gloria Carreno, pourquoi avez-vous souhaité aborder d’une manière nouvelle l’histoire, mille fois interprétée, de Lord et Lady Macbeth ?

Tout est parti d’une visite au château de Glamis, en Ecosse. J’attendais avec impatience que l’on me montre l’endroit où Duncan serait tombé, poignardé par Macbeth alors qu’en réalité, il est mort d’un coup d’épée sur le champ de bataille ! Il était clair qu’il existait une histoire très différente, derrière la fiction créée par William Shakespeare. Alors, je me suis intéressée à la vraie Histoire, où l’on découvre des personnages, Lord et Lady Macbeth, qui ont régné sur l’Ecosse pendant 17 ans, dans une atmosphère de paix exceptionnelle. En relisant la pièce de Shakespeare, devant ces deux trames de vie, j’ai imaginé suivre les parcours de ces deux personnages charismatiques. En m’appuyant plutôt sur les faits historiques, pour essayer de comprendre ce qui aurait pu les amener, dans la réalité comme dans la fiction, à fomenter un régicide. J’ajoute qu’il n’est pas du tout nécessaire de connaître au préalable le « Macbeth » de Shakespeare pour aller voir « Une saison..  ». La pièce a été présentée en anglais pour la première fois à Londres, en 2010. Et nous sommes ravis de présenter cette nouvelle version aux spectateurs bigourdans. Ils vont découvrir cet automne la pièce, jouée pour la première fois en France !

Eric Durand, comment avez-vous construit la mise en scène d’ « Une Saison avant la tragédie de Macbeth » ?

Je me suis d’abord informé sur l’histoire réelle de Lord et Lady Macbeth, sur la tragédie et sur l’univers de William Shakespeare. J’avais besoin de comprendre ces personnes, avant de me lancer dans la mise en scène. La pièce de Gloria Carreno comprend 4 personnages, sans compter le guerrier que j’interprète dans la première scène du 1er acte. Lady Gruoch, qui est bien sûr la future Lady Macbeth ; Lady Bodhe, la mère de Lady Gruoch ; Lord Macbeth ; et enfin le serviteur de Lord Macbeth, qui est beaucoup plus qu’un simple domestique. Je me suis lancé à la recherche d’une esthétique propre à la pièce. Ce texte fait songer à la partition d’un musicien. Il m’appartient de le mettre en mouvement et en esprit, pour interroger le spectateur, dans son humanité, dans ses relations avec les autres. Le terme « d’accompagnateur » me convient davantage que celui de « metteur en scène ». J’accompagne ainsi les comédiens, l’éclairagiste et le musicien, pour les aider à faire respirer le texte et à lui donner sens. Dès les premières lectures, j’ai trouvé très clair le texte de Gloria. Il m’a tout de suite inspiré des images précises. L’humour, souvent cynique et cinglant, est primordial pour la composition du personnage et du jeu sur scène.

Gloria Carreno, en quoi, selon vous, votre pièce résonne-t-elle avec notre actualité ?

Pour ne prendre qu’un élément évident, je dirais que le texte aborde la question, encore d’actualité, qui concerne le pouvoir et la façon dont on peut en abuser. En effet, que fait-on du pouvoir quand on l’exerce ? De quelle manière l’homme assume-t-il cette responsabilité ?

Eric Durand, vers quoi vous êtes-vous orienté pour la scénographie de la pièce ?

Le décor est très dépouillé. J’ai donné la priorité au travail de l’éclairagiste et à la création musicale, pour créer un univers en résonance avec le texte de Gloria. Le compositeur, Vianney Oudart, s’est orienté avec moi vers l’idée d’un univers « punk rock gothique », très noir, avec 4 personnages très stylisés. La recherche sur les costumes, menée par Annick Sinéus, témoigne aussi de cet aspect « classieux », « vie de château » des personnages de la pièce. Ils ont un côté guerrier et déjanté à la fois. L’éclairagiste, Philippe Jost, a ciselé des ambiances en clair-obscur, pour évoquer le décor de chaque scène : le champ de bataille, la forêt, le château de Glamis. Il nous attire en douceur vers des lieux différents, sans utiliser d’effets spéciaux. La lumière peut créer le malaise chez le spectateur, ou au contraire, traduire le brio des personnages, quand le dialogue politique atteint des sommets qualitatifs.

Et quelle est la part des comédiens dans la construction de ce projet ?

Ils ont des profils et des parcours très différents. Bernard Monforte interprète le rôle du serviteur de Macbeth. Elsa Beigbeder joue le rôle de Lady Gruoch qui deviendra Lady Macbeth. Dominique Prunier endosse le costume de Lady Bodhe. Et Lord Macbeth a les traits de Guillaume Groulard. De leur diversité naît une grande richesse d’expression. Nous avons risqué des contrastes frappants. Par exemple, Guillaume culmine à 1,86 m, face à Elsa qui mesure 1,62 m ! Lady Macbeth est, de mon point de vue, le plus beau rôle de théâtre que l’on puisse proposer à une comédienne.

La résidence de la pièce a eu lieu sur 5 sites différents. Est-ce un choix délibéré ?

Oui. Nous avons souhaité montrer qu’une compagnie théâtrale peut jouer dans des endroits très variés. Cela nous permet aussi de tester la pièce dans des univers et avec des acoustiques de toutes sortes. Le fait d’avoir dû loger sur place à deux ou trois reprises a aussi permis de cimenter l’équipe. Cela crée un esprit de famille, qui bénéficie à la pièce.

Gloria, quel regard portez-vous sur « l’accompagnement » des comédiens par Eric ?

Il a une grande bienveillance à leur égard. Eric sait s’appuyer sur ce que les comédiens peuvent lui proposer. J’ai aimé sa manière de déambuler d’un bout à l’autre de la salle, pour changer ses angles d’approche. Il a su aller trouver l’essence de chaque comédien.

Eric, avez-vous en tête un schéma de mise en scène quand vous travaillez ?

Non. Par contre, j’accorde beaucoup d’importance au visuel, et aux silences « chargés ». Comme dans la danse, où le mouvement est la continuité d’une phrase. Si je me déplace beaucoup dans la salle, pendant la répétition, c’est pour m’assurer que le spectateur va voir la même chose, quel que soit son angle de vision sur la scène. Par exemple, il est important de montrer au public la métamorphose physique de Lady Gruoch devenant Lady Macbeth. Elle choisit son destin, et change d’apparence. Ce n’est plus une jeune fille, c’est une femme, et même une future reine. Nous avons une heure et demie de spectacle pour évoquer visuellement toutes ces transformations, et les rendre perceptibles au public.

Propos recueillis par Jean-François Courtille

« Une saison avant la tragédie de Macbeth », de Gloria Carreno, mise en scène d’Eric Durand, Compagnie « Equipe de Réalisation », en co-production avec la Compagnie « Mosaïque ». Dimanche 16 octobre 2016 à 17h, au cinéma (Maison de la Communication) de Lalanne-Trie, dans le cadre des « Escales d’automne » organisées par le Département des Hautes-Pyrénées. Samedi 10 décembre 2016 à 20h30, au Théâtre des Nouveautés de Tarbes. Vendredi 27 janvier 2017 à 20h30, à l’espace Robert Hossein de Lourdes. Compagnie « Equipe de Réalisation » / Co-Production « La Compagnie Mosaïque » - 21 rue du 4 Septembre - 65000 Tarbes – Tél 05 62 33 13 18. http://equipederealisation.wix.com/theatre