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« La Petite Venise » a touché les spectateurs du Ciné des CE et des COS à Séméac

jeudi 7 juillet 2016 par Rédaction

La projection du film primé par la Mostra de Venise a été un succès jeudi soir au Centre Albert Camus de Séméac. Les spectateurs ont ensuite, pour la plupart, participé au débat consacré au destin des femmes migrantes en Europe, en présence des responsables de la Cimade et du Réseau Education Sans Frontières. Une belle initiative du Ciné des CE et des COS des collectivités territoriales.

La salle de cinéma du Centre Albert Camus de Séméac est au trois quarts pleine, ce jeudi 30 juin 2016, pour la projection d’un chef d’œuvre du cinéma italien : « La Petite Venise », récompensé lors du festival de la Mostra. Après la présentation du film et du débat par Robert Tamburello, membre de l’équipe du « Ciné des CE et des COS » des collectivités territoriales, le public découvre cette perle méconnue du septième art. L’histoire d’une jeune femme chinoise, mère d’un petit garçon, qui arrive sur une île de la lagune vénitienne pour y travailler comme serveuse. Son intégration professionnelle et sociale est d’abord difficile. Elle est observée avec curiosité et un brin de mépris par les clients du bar, pêcheurs pour la plupart. Mais l’un d’entre eux, un vieux marin d’origine serbe, s’intéresse à elle et noue une relation d’amitié paternelle avec la jeune femme. Un lien qui déplaît aux pêcheurs italiens, et surtout, à la mafia chinoise qui la menace de la renvoyer en Chine si elle ne renonce pas à voir son ami. Le cœur brisé, la jeune chinoise obtempère pour réussir à faire venir son fils. Mais le vieux pêcheur continue à veiller sur elle, avant de mourir …

« C’est un film dont le sujet principal est le droit à la différence », résume Jean-Louis Imbert, coordinateur du Réseau Education Sans Frontières 65, pour lancer le débat avec le public. « Les femmes qui émigrent vers l’Europe sont toujours les plus exposées à la violence ou à la misère », assure de son côté Geneviève Pefourque, responsable de la Cimade 65. Une spectatrice souligne que « les femmes migrantes ne sont pas seulement des victimes, mais qu’elles savent aussi lutter pour faire respecter leur dignité ». Un spectateur demande quel est le coût social réel de l’accueil des demandeurs d’asile en France. Geneviève Pefourque répond que, contrairement aux idées reçues, ces personnes n’ont droit ni au RSA, ni aux allocations familiales pour leurs enfants. « Il manque dans notre pays 23 000 places dans les Centres d’Accueil des Demandeurs d’Asile (CADA), et la majeure partie des demandes en France est actuellement rejetée ». Jean-Louis Imbert évoque le cas d’une vingtaine de demandeurs d’asile accueillis cette année dans un centre à Lourdes, et qui se retrouvaient à la rue, dans le froid et sous la pluie, pendant toute la journée. « D’une manière générale, nous constatons que la France et les autres Etats européens durcissent leurs législations à l’égard des étrangers, qui sont de plus en plus stigmatisés », dénoncent les deux responsables associatifs. « Les Européens oublient que personne ne quitte son pays pour le plaisir. Près de 10 000 migrants sont morts cette année en Méditerranée. S’ils prennent de tels risques, c’est que leur situation dans leur pays d’origine est vraiment désespérée ».

Une spectatrice remarque la différence de langage concernant les étrangers qui partent dans un autre pays. « Quand ce sont des Européens, on les qualifie d’expatriés. Mais quand ce sont des Africains, des Orientaux ou des Asiatiques, on utilise le terme de migrants ! ». Après le débat, les spectateurs se retrouvent dans le hall du Centre Albert Camus de Séméac pour un verre de l’amitié. Ils admirent aussi la belle exposition photographique présentée par la Cimade, qui évoque les itinéraires de plusieurs femmes accueillies en France ces dernières années. Un véritable chemin de croix pour beaucoup d’entre elles. Et la découverte que, dans la patrie des Droits de l’Homme, la valeur républicaine de fraternité n’est pas toujours au rendez-vous …

Jean-François Courtille